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[67] οὐ γὰρ ἄνουν οὐδ´ ἄψυχον οὐδ´ ἀνθρώποις
ὁ θεὸς ὑποχείριον· ἀπὸ τούτων δὲ τοὺς χρωμένους
αὐτοῖς καὶ δωρουμένους ἡμῖν καὶ παρέχοντας ἀέναα καὶ
διαρκῆ θεοὺς ἐνομίσαμεν, οὐχ ἑτέρους παρ´ ἑτέροις οὐδὲ
βαρβάρους καὶ Ἕλληνας οὐδὲ νοτίους καὶ βορείους· ἀλλ´
ὥσπερ ἥλιος καὶ σελήνη καὶ οὐρανὸς καὶ γῆ καὶ θάλασσα
κοινὰ πᾶσιν, ὀνομάζεται δ´ ἄλλως ὑπ´ ἄλλων, οὕτως
ἑνὸς λόγου τοῦ ταῦτα κοσμοῦντος καὶ μιᾶς προνοίας
ἐπιτροπευούσης | καὶ δυνάμεων ὑπουργῶν ἐπὶ πάντα τεταγμένων
ἕτεραι παρ´ ἑτέροις κατὰ νόμους γεγόνασι
τιμαὶ καὶ προσηγορίαι, καὶ συμβόλοις χρῶνται καθιερωμένοις
οἱ μὲν ἀμυδροῖς οἱ δὲ τρανοτέροις, ἐπὶ τὰ θεῖα
τὴν νόησιν ὁδηγοῦντες οὐκ ἀκινδύνως· ἔνιοι γὰρ ἀποσφαλέντες
παντάπασιν εἰς δεισιδαιμονίαν ὤλισθον, οἱ
δὲ φεύγοντες ὥσπερ ἕλος τὴν δεισιδαιμονίαν ἔλαθον αὖθις
ὥσπερ εἰς κρημνὸν ἐμπεσόντες τὴν ἀθεότητα.
| [67] Dieu, en effet, n'est point un être privé de vie et de
raison, que les hommes puissent avoir sous la main. Mais
d'après les choses que les Immortels fournissent à nos
besoins et qu'ils nous prodiguent avec autant d'assiduité
que d'abondance, nous les reconnaissons pour des créatures
divines, et nous ne croyons pas qu'ils soient différents chez
les différentes nations ; nous ne voulons pas les croire de
préférence ou Barbares ou Grecs, ou habitants du Midi,
ou habitants du Nord. Non : de même que le soleil, la
lune, le ciel, la terre, la mer, sont communs à tous, bien
qu'appelés diversement chez les divers peuples, de même
cette raison unique qui règle l'univers, cette Providence
suprême qui le dirige, ces forces secondaires appliquées à
toutes les parties, sont l'objet d'hommages et de noms divers
selon que les législateurs l'ont réglé. Tout cela constitue
des symboles que la religion a consacrés, les uns
plus obscurs, les autres plus sensibles, mais conduisant tous
à la connaissance des choses divines. Au reste, cette voie
n'est pas sans danger : car les uns, ayant fait fausse route,
sont tombés complétement dans la superstition comme en
un marais fangeux, les autres n'ont pas vu qu'ils se jetaient
dans le gouffre de l'athéisme.
| [68] Διὸ δεῖ μάλιστα πρὸς ταῦτα λόγον ἐκ φιλοσοφίας
μυσταγωγὸν ἀναλαβόντας ὁσίως διανοεῖσθαι τῶν λεγομένων
καὶ δρωμένων ἕκαστον, ἵνα μή, καθάπερ Θεόδωρος
εἶπε τοὺς λόγους αὐτοῦ τῇ δεξιᾷ προτείνοντος ἐνίους
τῇ ἀριστερᾷ δέχεσθαι τῶν ἀκροωμένων, οὕτως ἡμεῖς ἃ
καλῶς οἱ νόμοι περὶ τὰς θυσίας καὶ τὰς ἑορτὰς ἔταξαν
ἑτέρως ὑπολαμβάνοντες ἐξαμάρτωμεν. ὅτι γὰρ ἐπὶ τὸν
λόγον ἀνοιστέον ἅπαντα, καὶ παρ´ αὐτῶν ἐκείνων ἔστι
λαβεῖν. τῇ μὲν γὰρ ἐνάτῃ ἐπὶ δέκα τοῦ πρώτου μηνὸς
ἑορτάζοντες τῷ Ἑρμῇ μέλι καὶ σῦκον ἐσθίουσιν ἐπιλέγοντες
’γλυκὺ ἡ ἀλήθεια‘· τὸ δὲ τῆς Ἴσιδος φυλακτήριον,
ὃ περιάπτεσθαι μυθολογοῦσιν αὐτήν, ἐξερμηνεύεται ’φωνὴ
ἀληθής.‘ τὸν δ´ Ἁρποκράτην οὔτε θεὸν ἀτελῆ καὶ νήπιον
οὔτε χεδρόπων τινὰ νομιστέον, ἀλλὰ τοῦ περὶ θεῶν ἐν
ἀνθρώποις λόγου νεαροῦ καὶ ἀτελοῦς καὶ ἀδιαρθρώτου
προστάτην καὶ σωφρονιστήν· διὸ τῷ στόματι τὸν δάκτυλον
ἔχει προσκείμενον ἐχεμυθίας καὶ σιωπῆς σύμβολον,
ἐν δὲ τῷ Μεσορὴ μηνὶ τῶν χεδρόπων ἐπιφέροντες λέγουσιν
’γλῶσσα τύχη, γλῶσσα δαίμων.‘ τῶν δ´ ἐν Αἰγύπτῳ
φυτῶν μάλιστα τῇ θεῷ καθιερῶσθαι λέγουσι τὴν περσέαν,
ὅτι καρδίᾳ μὲν ὁ καρπὸς αὐτῆς, γλώττῃ δὲ τὸ
φύλλον ἔοικεν. οὐδὲν γὰρ ὧν ἄνθρωπος ἔχειν πέφυκε
θειότερον λόγου καὶ μάλιστα τοῦ περὶ θεῶν οὐδὲ μείζονα
ῥοπὴν ἔχει πρὸς εὐδαιμονίαν. διὸ τῷ μὲν εἰς τὸ χρηστήριον
ἐνταῦθα κατιόντι παρεγγυῶμεν ὅσια φρονεῖν, εὔφημα
λέγειν· οἱ δὲ πολλοὶ γελοῖα δρῶσιν ἐν ταῖς πομπαῖς καὶ
ταῖς ἑορταῖς εὐφημίαν προκηρύττοντες, εἶτα περὶ τῶν
θεῶν αὐτῶν τὰ δυσφημότατα καὶ λέγοντες καὶ διανοούμενοι.
| [68] Il faut donc, en ces questions particulièrement,
prendre pour guide la raison aidée des lumières de la philosophie,
si nous voulons nous initier aux mystères et n'avoir
que des pensées pieuses sur tout ce qui s'y dit et
s'y fait. Théodore disait que les discours qu'il présentait
de la main droite étaient reçus de la gauche par quelques-uns
de ses auditeurs. Nous de même, si nous prenons
autrement qu'il ne convient ce que les lois ont sagement
établi touchant les sacrifices et les fêtes, nous ne manquerons
pas de tomber dans l'erreur. C'est d'après les analogies de
la raison que tout doit s'expliquer; et par les exemples suivants
on peut en avoir la preuve. En effet, le dix-neuf du
premier mois les Egyptiens célèbrent une fête en l'honneur
de Mercure; on y mange du miel et des figues, en disant :
"Douce est la vérité". L'amulette d'Isis, qu'elle se met,
dit la fable, autour du cou, signifie "parole véritable".
Pour Harpocrate, il ne faut point voir en lui un dieu incomplet
et à peine né; ce n'est pas non plus un légume. Il faut
plutôt le regarder comme celui qui dirige et qui rectifie
les traditions ébauchées, imparfaites, inexactes, répandues
parmi les hommes sur le compte des Dieux. Aussi tient-il
le doigt appliqué sur sa bouche, comme un symbole de discrétion
et de silence. Dans le mois mésori, on lui offre
des légumes en disant : "Langue est fortune, langue est
génie". De toutes les plantes qui croissent en Égypte, le
perséa est, dit-on, celle que l'on consacre de préférence
à ce Dieu, parce que son fruit ressemble à un coeur, et sa
feuille, à une langue. Aucun attribut, en effet, entre ceux
que l'homme a reçus de la nature, n'est plus divin que la
parole surtout lorsqu'il l'applique à la connaissance des
dieux : aucun ne contribue à son bonheur d'une manière
plus efficace. Aussi, quand une personne, chez nous, entre
dans le sanctuaire, lui recommandons-nous d'avoir des pensées
pures, un langage décent. Mais la plupart se conduisent
d'une manière ridicule au milieu des cérémonies et
des fêtes; ils proclament bien hauts qu'il faut des paroles de
bon augure, et après cela il n'est pas d'inconvenances qu'ils
ne débitent et ne pensent sur le compte de ces Dieux mêmes.
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