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[79] εἰ δὲ δεῖ καὶ περὶ τῶν θυμιωμένων
ἡμέρας ἑκάστης εἰπεῖν, ὥσπερ ὑπεσχόμην, ἐκεῖνο
διανοηθείη τις ἂν πρότερον, ὡς ἀεὶ μὲν οἱ ἄνδρες ἐν
σπουδῇ μεγίστῃ τίθενται τὰ πρὸς ὑγίειαν ἐπιτηδεύματα,
μάλιστα δὲ ταῖς ἱερουργίαις καὶ ταῖς ἁγνείαις καὶ διαίταις
οὐχ ἧττον ἔνεστι {τουτὶ} τοῦ ὁσίου τὸ ὑγιεινόν. οὐ
γὰρ ᾤοντο καλῶς ἔχειν οὔτε σώμασιν οὔτε ψυχαῖς
ὑπούλοις καὶ νοσώδεσι θεραπεύειν τὸ καθαρὸν καὶ ἀβλαβὲς
πάντῃ καὶ ἀμίαντον. ἐπεὶ τοίνυν ὁ ἀήρ, ᾧ πλεῖστα
χρώμεθα καὶ σύνεσμεν, οὐκ ἀεὶ τὴν αὐτὴν ἔχει διάθεσιν
καὶ κρᾶσιν, ἀλλὰ νύκτωρ πυκνοῦται καὶ πιέζει τὸ
σῶμα καὶ συνάγει τὴν ψυχὴν εἰς τὸ δύσθυμον καὶ πεφροντικὸς
οἷον ἀχλυώδη γινομένην καὶ βαρεῖαν, ἀναστάντες
εὐθὺς ἐπιθυμιῶσι ῥητίνην θεραπεύοντες καὶ
καθαίροντες τὸν ἀέρα τῇ διακρίσει καὶ τὸ σύμφυτον τῷ
σώματι πνεῦμα μεμαρασμένον ἀναρριπίζοντες ἐχούσης τι
τῆς ὀσμῆς σφοδρὸν καὶ καταπληκτικόν.
αὖθις δὲ μεσημβρίας αἰσθανόμενοι σφόδρα πολλὴν καὶ βαρεῖαν
ἀναθυμίασιν ἀπὸ γῆς ἕλκοντα βίᾳ τὸν ἥλιον καὶ καταμιγνύοντα
τῷ ἀέρι τὴν σμύρναν ἐπιθυμιῶσι· διαλύει γὰρ ἡ θερμότης καὶ σκίδνησι
τὸ συνιστάμενον ἐν τῷ περιέχοντι θολερὸν καὶ ἰλυῶδες.
καὶ γὰρ οἱ ἰατροὶ πρὸς τὰ λοιμικὰ πάθη βοηθεῖν δοκοῦσι φλόγα πολλὴν
ποιοῦντες ὡς λεπτύνουσαν τὸν ἀέρα· λεπτύνει δὲ βέλτιον, ἐὰν εὐώδη
ξύλα καίωσιν, οἷα κυπαρίττου καὶ ἀρκεύθου καὶ πεύκης.
Ἄκρωνα γοῦν τὸν ἰατρὸν ἐν Ἀθήναις ὑπὸ τὸν μέγαν
λοιμὸν εὐδοκιμῆσαι λέγουσι πῦρ κελεύοντα παρακαίειν
τοῖς νοσοῦσιν· ὤνησε γὰρ οὐκ ὀλίγους. Ἀριστοτέλης δέ
φησι καὶ μύρων καὶ ἀνθέων καὶ λειμώνων εὐώδεις
ἀποπνοίας οὐκ ἔλαττον ἔχειν τοῦ πρὸς ἡδονὴν τὸ πρὸς
ὑγίειαν, ψυχρὸν ὄντα φύσει καὶ παγετώδη τὸν ἐγκέφαλον
ἠρέμα τῇ θερμότητι καὶ λειότητι διαχεούσας. εἰ δὲ καὶ
τὴν σμύρναν παρ´ Αἰγυπτίοις σὰλ καλοῦσιν, ἐξερμηνευθὲν
δὲ τοῦτο μάλιστα φράζει τῆς ληρήσεως ἐκσκορπισμόν,
ἔστιν ἣν καὶ τοῦτο μαρτυρίαν τῷ λόγῳ τῆς αἰτίας δίδωσιν.
| [79] Faut-il parler aussi, comme j'en ai fait la promesse,
des parfums qui se brûlent chaque jour? Une première observation
à constater à cet égard, c'est que les Égyptiens ont
toujours tenu très grand compte des prescriptions utiles à
la santé. Dans les pratiques religieuses, surtout dans les
purifications et dans le régime de chaque jour, s'ils se préoccupent
de la sainteté, ils ne songent pas moins à la salubrité.
De tout temps ils ont cru, qu'il n'était pas convenable
que des âmes ni des corps souillés d'impuretés secrètes
et de maladies se consacrassent au culte d'un être essentiellement
pur et exempt de toute altération, de toute tache.
Ainsi donc, comme l'air que nous respirons le plus souvent
et au milieu duquel nous vivons n'a pas toujours les mêmes
conditions atmosphériques et la même température : que la
nuit il se condense, pesant sur le corps et communiquant
une sorte de découragement et d'inquiétude à l'âme qui
devient en quelque sorte ténébreuse et alourdie; en raison de
cela, les prêtres, aussitôt qu'ils sont levés, brûlent de la résine.
Ils pensent que c'est renouveler l'air et le purifier de
tout mélange; que c'est réveiller de son état d'engourdissement
l'âme qui est unie au corps, et que de tels effets sont dus
à la vertu active et pénétrante de cette odeur.
Plus tard, à midi, à l'heure où ils supposent que le soleil attire du
sein de la terre d'épaisses et pesantes vapeurs qu'il mêle avec l'air,
ils font brûler de la myrrhe. Car la chaleur de ce parfum dissout
et dissipe les exhalaisons grossières et impures qui se condensent
autour de nous.
En effet, les médecins croient qu'un excellent remède contre les
maladies épidémiques c'est d'allumer de grands feux, comme pour
raréfier l'air; et ce dernier résultat est encore mieux atteint lorsqu'on
brûle des bois odoriférants, tels que le cyprès, le genévrier et le pin.
C'est ainsi, dit-on, que dans la peste violente qui ravageait Athènes,
le médecin Acron s'acquit de la renommée en ordonnant que l'on
allumât du feu auprès des malades : il en guérit ainsi un grand nombre.
Aristote dit que l'agréable odeur qui s'exhale des parfums, des fleurs
et des prairies ne contribue pas moins à la bonne santé qu'au plaisir;
parce que ces émanations produisent une douce chaleur qui détend
peu à peu le cerveau, naturellement froid et disposé à s'épaissir.
S'il est vrai, en outre, que les Egyptiens donnent à la myrrhe le nom
de "Sal", le sens de ce dernier mot, qui veut dire "dissipation de la
folie", est une preuve de plus, confirmant la raison d'un tel usage.
| [80] τὸ δὲ κῦφι μῖγμα μὲν ἑκκαίδεκα μερῶν συντιθεμένων
ἐστί, μέλιτος καὶ οἴνου καὶ σταφίδος καὶ κυπέρου
ῥητίνης τε καὶ σμύρνης καὶ ἀσπαλάθου καὶ σεσέλεως,
ἔτι δὲ σχίνου τε καὶ ἀσφάλτου καὶ θρύου καὶ
λαπάθου, πρὸς δὲ τούτοις ἀρκευθίδων ἀμφοῖν (ὧν τὴν
μὲν μείζονα τὴν δ´ ἐλάττονα καλοῦσι) καὶ καρδαμώμου
καὶ καλάμου. συντίθενται δ´ οὐχ ὅπως ἔτυχεν, ἀλλὰ γραμμάτων
ἱερῶν τοῖς μυρεψοῖς, ὅταν ταῦτα μιγνύωσιν, ἀναγιγνωσκομένων.
τὸν δ´ ἀριθμόν, εἰ καὶ πάνυ δοκεῖ
τετράγωνος ἀπὸ τετραγώνου καὶ μόνος ἔχων τῶν ἴσων
ἰσάκις ἀριθμῶν τῷ χωρίῳ τὴν περίμετρον ἴσην ἀγαπᾶσθαι
προσηκόντως, ἐλάχιστα ῥητέον εἴς γε τοῦτο συνεργεῖν,
ἀλλὰ τὰ πλεῖστα τῶν συλλαμβανομένων ἀρωματικὰς
ἔχοντα δυνάμεις γλυκὺ πνεῦμα καὶ χρηστὴν
μεθίησιν ἀναθυμίασιν, ὑφ´ ἧς ὅ τ´ ἀὴρ τρεπόμενος καὶ
τὸ σῶμα διὰ τῆς πνοῆς κινούμενον λείως καὶ προσηνῶς
ὕπνου τε κρᾶσιν ἐπαγωγὸν ἴσχει καὶ τὰ λυπηρὰ καὶ
σύντονα τῶν μεθημερινῶν φροντίδων ἄνευ μέθης οἷον
ἅμματα χαλᾷ καὶ διαλύει· καὶ τὸ φανταστικὸν καὶ δεκτικὸν
ὀνείρων | μόριον ὥσπερ κάτοπτρον ἀπολεαίνει καὶ
ποιεῖ καθαρώτερον οὐδὲν ἧττον ἢ τὰ κρούματα τῆς
λύρας, οἷς ἐχρῶντο πρὸ τῶν ὕπνων οἱ Πυθαγόρειοι, τὸ
ἐμπαθὲς καὶ ἄλογον τῆς ψυχῆς ἐξεπᾴδοντες οὕτω καὶ
θεραπεύοντες. τὰ γὰρ ὀσφραντὰ πολλάκις μὲν τὴν αἴσθησιν
ἀπολείπουσαν ἀνακαλεῖται, πολλάκις δὲ πάλιν ἀμβλύνει
καὶ κατηρεμίζει διαχεομένων ἐν τῷ σώματι τῶν
ἀναλωμάτων ὑπὸ λειότητος· ὥσπερ ἔνιοι τῶν ἰατρῶν τὸν
ὕπνον ἐγγίνεσθαι λέγουσιν, ὅταν ἡ τῆς τροφῆς ἀναθυμίασις
οἷον ἕρπουσα λείως περὶ τὰ σπλάγχνα καὶ ψηλαφῶσα
ποιῇ τινα γαργαλισμόν. τῷ δὲ κῦφι χρῶνται καὶ
πόματι καὶ χρίματι· πινόμενον γὰρ δοκεῖ τὰ ἐντὸς
καθαίρειν, - - - χρῖμα μαλακτικόν. ἄνευ δὲ τούτων ῥητίνη
μέν ἐστιν ἔργον ἡλίου καὶ σμύρνα πρὸς τὴν εἵλην τῶν
φυτῶν ἐκδακρυόντων, τῶν δὲ τὸ κῦφι συντιθέντων ἔστιν
ἃ νυκτὶ χαίρει μᾶλλον, ὥσπερ ὅσα πνεύμασι ψυχροῖς καὶ
σκιαῖς καὶ δρόσοις καὶ ὑγρότησι τρέφεσθαι πέφυκεν·
ἐπεὶ τὸ τῆς ἡμέρας φῶς ἓν μέν ἐστι καὶ ἁπλοῦν καὶ τὸν
ἥλιον ὁ Πίνδαρος ὁρᾶσθαί φησιν ’ἐρήμης δι´
αἰθέρος‘, ὁ δὲ νυκτερινὸς ἀὴρ κρᾶμα καὶ σύμμιγμα πολλῶν
γέγονε φώτων καὶ δυνάμεων οἷον σπερμάτων εἰς ἓν
ἀπὸ παντὸς ἄστρου καταρρεόντων. εἰκότως οὖν ἐκεῖνα
μὲν ὡς ἁπλᾶ καὶ ἀφ´ ἡλίου τὴν γένεσιν ἔχοντα δι´ ἡμέρας,
ταῦτα δ´ ὡς μικτὰ καὶ παντοδαπὰ ταῖς ποιότησιν ἀρχομένης
νυκτὸς ἐπιθυμιῶσι.
| [80] Le Kyphi est un parfum composé de seize espèces de
substances : de miel, de vin, de raisins secs, de souchet, de
résine, de myrrhe, d'aspalathe, de séséli, de lentisque,
d'asphalte, de jusquiame, de patience, de grand genièvre,
de petit genièvre (car il y en a deux espèces), de cardamome
et de calame. Ces ingrédients ne sent pas mêlés au hasard,
mais selon une formule indiquée par les livres saints et dont
il est fait lecture, pendant l'opération, à ceux qui sont chargés
de composer ce parfum. Reste à expliquer le nombre de
seize. Il est bien vrai qu'il semble être l'objet d'une préférence
motivée, puisque c'est le carré d'un carré, puisque
c'est la seule figure rectiligne dans laquelle, tous les côtés
étant parfaitement égaux les uns aux autres, la somme du
périmètre soit identique à l'aire. Mais il faut dire pourtant
que la géométrie n'est ici d'aucune importance. Comme
la plupart des matières employées ont des vertus aromatiques,
il s'en exhale une vapeur suave et profitable, qui change les
conditions de l'air. Cette vapeur s'insinuant dans le corps
au moyen du souffle, le berce d'une manière douce et insensible,
l'invite au sommeil, et répand autour de lui une
influence délicieuse. Les soucis journaliers, qui sont comme
autant de chaînes si pénibles, perdent de leur douleur et de
leur intensité ; ils s'affaiblissent et se relâchent, sans le secours
de l'ivresse. Agissant aussi sur l'imagination, faculté
si puissante dans les songes, ces exhalaisons la rendent
en quelque sorte nette comme le miroir le plus uni. L'effet
obtenu n'est pas moins merveilleux que celui des sons de la
lyre, dont les Pythagoriciens se servaient avant de goûter
le sommeil. De cette manière se charment et s'adoucissent
les troubles et les désordres de l'âme. Du reste les odeurs
ont plus d'une fois ranimé le sentiment qui s'évanouissait;
plus d'une fois aussi elles ont calmé et apaisé le système
nerveux par la subtilité de leur influence : de même que,
selon certains médecins, le sommeil se produit après que
l'estomac a reçu les aliments. On suppose, en effet, que
de ceux-ci est dégagée une vapeur qui se répand doucement
autour des intestins et y détermine une espèce de
chatouillement. Quoi qu'il en soit, les Egyptiens usent encore
du Kyphi comme de breuvage mélangé; et il paraît que c'est
une boisson purgative et émolliente.
En laissant à part ces considérations, on peut remarquer
que la résine et la myrrhe sont l'ouvrage du soleil, puisque
c'est le produit des larmes que la chaleur du jour fait
répandre aux plantes. D'un autre côté, parmi les ingrédients
il en a qui s'accommodent mieux de la nuit, comme
toutes les substances qui sont faites pour être alimentées
par les vents frais, par l'ombre, par la rosée et l'humidité :
attendu que la lumière du jour est une, et simple; et Pindare
dit du soleil,
"Qu'on le voit à travers les déserts de l'espace".
Au contraire, l'air de la nuit est un composé et un mélange
de plusieurs lueurs, de plusieurs influences, qui,
comme autant de germes, partent de chaque astre et se
combinent dans l'atmosphère. C'est donc avec raison que
les deux premières substances sont brûlées pendant le
jour, comme étant simples et comme tenant leur naissance
du soleil, tandis que toutes les autres, qui présentent
le mélange d'une foule de propriétés différentes, sont
brûlées au commencement de la nuit.
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