[938] (938a) Καὶ γὰρ γελοῖον περὶ μονῆς τῶν ἐκεῖ διαπορεῖν, εἰ μὴ γένεσιν μηδὲ
σύστασιν ἔχειν δύνανται. Ὅπου γὰρ Αἰγύπτιοι καὶ Τρωγλοδῦται, οἷς ἡμέρας
μιᾶς ἀκαρὲς ἵσταται κατὰ κορυφὴν ὁ ἥλιος ἐν τροπαῖς εἶτ´ ἄπεισιν, ὀλίγον
ἀπέχουσι τοῦ κατακεκαῦσθαι ξηρότητι τοῦ περιέχοντος, ἦπου τοὺς ἐπὶ τῆς
σελήνης εἰκός ἐστι δώδεκα θερείας ὑπομένειν ἔτους ἑκάστου, κατὰ μῆνα τοῦ
ἡλίου πρὸς κάθετον αὐτοῖς ἐφισταμένου καὶ στηρίζοντος, ὅταν ᾖ πανσέληνος;
Πνεύματά γε μὴν καὶ νέφη καὶ ὄμβρους, ὧν χωρὶς οὔτε γένεσις φυτῶν ἔστιν
οὔτε σωτηρία γενομένοις, (938b) ἀμήχανον ἐκεῖ διανοηθῆναι συνιστάμενα διὰ
θερμότητα καὶ λεπτότητα τοῦ περιέχοντος. Οὐδὲ γὰρ ἐνταῦθα τῶν ὀρῶν τὰ
ὑψηλὰ δέχεται τοὺς ἀγρίους καὶ ἐναντίους χειμῶνας, ἀλλ´ - - - ἤδη καὶ σάλον
ἔχων ὑπὸ κουφότητος ὁ ἀὴρ ἐκφεύγει τὴν σύστασιν ταύτην καὶ πύκνωσιν. Εἰ μὴ
νὴ Δία φήσομεν, ὥσπερ ἡ Ἀθηνᾶ τῷ Ἀχιλλεῖ νέκταρός τι καὶ ἀμβροσίας
ἐνέσταξε μὴ προσιεμένῳ τροφήν, οὕτω τὴν σελήνην, Ἀθηνᾶν λεγομένην καὶ
οὖσαν, τρέφειν τοὺς ἄνδρας ἀμβροσίαν ἀνιεῖσαν αὐτοῖς ἐφημέριον, ὡς
Φερεκύδης ὁ παλαιὸς οἴεται σιτεῖσθαι τοὺς θεούς. Τὴν μὲν γὰρ Ἰνδικὴν
ῥίζαν, ἥν φησι Μεγασθένης τοὺς μήτ´ ἐσθίοντας (938c) μήτε πίνοντας ἀλλ´
ἀστόμους ὄντας ὑποτύφειν καὶ θυμιᾶν καὶ τρέφεσθαι τῇ ὀσμῇ, πόθεν ἄν τις
ἐκεῖ φυομένην λάβοι μὴ βρεχομένης τῆς σελήνης;»
Ταῦτα τοῦ Θέωνος εἰπόντος «Κάλλιστά γε» ἔφην «καὶ ἄριστα τῇ παιδιᾷ
τοῦ λόγου τὰς ὀφρῦς ἡμῶν ἔλυσας· δι´ ἃ καὶ θάρσος ἡμῖν ἐγγίνεται πρὸς
τὴν ἀπόκρισιν, μὴ πάνυ πικρὰν μηδ´ αὐστηρὰν εὐθύνην προσδοκῶσι. Καὶ γὰρ
ὡς ἀληθῶς τῶν σφόδρα πεπεισμένων τὰ τοιαῦτα διαφέρουσιν οὐδὲν οἱ σφόδρα
δυσκολαίνοντες αὐτοῖς καὶ διαπιστοῦντες ἀλλὰ μὴ πράως τὸ δυνατὸν καὶ τὸ
ἐνδεχόμενον ἐθέλοντες ἐπισκοπεῖν. Εὐθὺς οὖν τὸ πρῶτον οὐκ ἀναγκαῖόν ἐστιν,
εἰ μὴ κατοικοῦσιν ἄνθρωποι (938d) τὴν σελήνην, μάτην γεγονέναι καὶ πρὸς
μηθέν. Οὐδὲ γὰρ τήνδε τὴν γῆν δι´ ὅλης ἐνεργὸν οὐδὲ προσοικουμένην ὁρῶμεν,
ἀλλὰ μικρὸν αὐτῆς μέρος ὥσπερ ἄκροις τισὶν ἢ χερρονήσοις ἀνέχουσιν ἐκ
βυθοῦ γόνιμόν ἐστι ζῴων καὶ φυτῶν, τῶν δ´ ἄλλων τὰ μὲν ἔρημα καὶ ἄκαρπα
χειμῶσι καὶ αὐχμοῖς, τὰ δὲ πλεῖστα κατὰ τῆς μεγάλης δέδυκε θαλάσσης. Ἀλλὰ
σύ, τὸν Ἀρίσταρχον ἀγαπῶν ἀεὶ καὶ θαυμάζων, οὐκ ἀκούεις Κράτητος
ἀναγινώσκοντος
«Ὠκεανός, ὅσπερ γένεσις πάντεσσι τέτυκται
ἀνδράσιν ἠδὲ θεοῖς, πλείστην ἐπὶ γαῖαν ἵησιν.»
Ἀλλὰ πολλοῦ δεῖ μάτην ταῦτα γεγονέναι· καὶ γὰρ ἀναθυμιάσεις (938e) ἡ
θάλασσα μαλακὰς ἀνίησι, καὶ τῶν πνευμάτων τὰ ἥδιστα θέρους ἀκμάζοντος ἐκ
τῆς ἀοικήτου καὶ κατεψυγμένης αἱ χιόνες ἀτρέμα διατηκόμεναι χαλῶσι καὶ
διασπείρουσιν, «ἡμέρας τε καὶ νυκτὸς» ἕστηκεν ἀτρεκὴς ἐν μέσῳ «φύλαξ»
κατὰ Πλάτωνα «καὶ δημιουργός». Οὐδὲν οὖν κωλύει καὶ τὴν σελήνην ζῴων
μὲν ἔρημον εἶναι, παρέχειν δ´ ἀνακλάσεις τε τῷ φωτὶ περὶ αὐτὴν διαχεομένῳ
καὶ συρροὴν ταῖς τῶν ἀστέρων αὐγαῖς ἐν αὐτῇ καὶ σύγκρασιν, ᾗ συνεκπέττει
τε τὰς ἀπὸ τῆς γῆς ἀναθυμιάσεις ἅμα τε καὶ τοῦ ἡλίου τὸ ἔμπυρον ἄγαν καὶ
σκληρὸν ἀνίησι. Καί πού τι καὶ παλαιᾷ φήμῃ διδόντες Ἄρτεμιν (938f) αὐτὴν
νομισθῆναι φήσομεν ὡς παρθένον καὶ ἄγονον, ἄλλως δὲ βοηθητικὴν καὶ
ὠφέλιμον.
Ἐπεὶ τῶν γ´ εἰρημένων οὐδέν, ὦ φίλε Θέων, ἀδύνατον δείκνυσι τὴν λεγομένην
ἐπ´ αὐτῆς οἴκησιν. Ἥ τε γὰρ δίνη πολλὴν ἔχουσα πραότητα καὶ γαλήνην
ἐπιλεαίνει τὸν ἀέρα καὶ διανέμει συγκατακοσμούμενον,
| [938] (938a) Car il serait ridicule de disputer sur leur habitation dans la
lune, s'ils ne pouvaient ni naître ni subsister dans cette planète. Si
les Égyptiens et les Troglodytes, qui n'ont qu'un seul jour dans les
solstices le soleil perpendiculaire sur leur tête, et qui le voient
aussitôt s'éloigner, sont presque brûlés par la sécheresse de l'air qu'ils
respirent, comment les habitants de la lune pourraient-ils soutenir tous
les ans les chaleurs de douze étés, lorsque le soleil à chaque pleine lune
frapperait à plomb sur leur tête ? Quant aux vents, aux nuages et aux
pluies, sans lesquels les fruits de la terre ne peuvent naître ni se
conserver, (938b) est-il possible d'en supposer dans une planète où l'air
est si vif et si chaud, puisqu'ici-bas même les plus hautes montagnes
n'éprouvent point des hivers âpres et rigoureux. Comme l'air y est
pur et tranquille à cause de sa légèreté, il est à l'abri de la
condensation que le nôtre éprouve pendant l'hiver. A moins qu'on ne dise
que comme Minerve donnait à Achille du nectar et de l'ambroisie quand ce
héros ne prenait aucune nourriture, de même la lune, qui s'appelle et qui
est véritablement Minerve, nourrit ses habitants, en faisant croître tous
les jours pour eux l'ambroisie, cet aliment ordinaire des dieux, suivant
l'ancien Phérécyde. Pour cette racine indienne que font brûler, suivant
Mégasthène, (938c) certains peuples de l'Inde, qui, n'ayant point de
bouche, sont, pour cette raison, appelés Astomes, qui ne mangent ni ne
boivent, et ne font que respirer l'odeur de cette plante, comment
pourrait-elle naître dans la lune, qui n'est jamais arrosée d'aucune pluie? »
Quand Théon eut fini, je pris la parole : «Vous avez, lui dis-je, égayé
fort à propos par cette plaisanterie le sérieux de notre entretien,
et je n'en suis que plus hardi à vous répondre,
parce que, si je me trompe, je n'aurai pas à craindre une punition bien
sévère ; car, en vérité, ceux qui s'offensent de cette doctrine et qui la
rejettent absolument, sans même vouloir examiner de sang-froid ce qu'elle
a de vraisemblable et de possible, ne sont pas plus raisonnables que ceux
qui en sont trop fortement persuadés. Premièrement, quand la lune n'aurait
pas d'habitants, (938d) il ne faudrait pas en conclure qu'elle aurait été
créée inutilement et sans aucun but. Notre terre elle-même n'est ni
habitée ni cultivée partout ; ce n'est que sa moindre partie qui,
semblable à des promontoires ou à des presqu'îles élevées au-dessus de la
mer, produit des animaux et des plantes. Tout le reste est désert et
stérile à cause des grands froids et des chaleurs excessives (45), et la
plus grande partie du globe est couverte par les flots de la mer. Mais
parce que vous aimez et admirez toujours Aristarque, vous n'écoutez point
Cratès quand il vous dit :
"Des dieux et des mortels l'Océan est le père ;
Il couvre de ses flots presque toute la terre".
Cependant il s'en faut de beaucoup que tout cela ait été fait en vain.
(938e) La mer nous envoie des exhalaisons douces; et au fort de l'été, il
s'élève des vents très agréables qui nous viennent des contrées froides et
inhabitées lorsque les neiges commencent à y fondre. Le milieu est occupé
par la terre, gardien fidèle du jour et de la nuit, comme dit Platon. Rien
n'empêche donc que la lune, quoique privée d'animaux, n'occasionne les
réflexions de la lumière qui se répand autour d'elle, qu'elle ne reçoive
l'influence des rayons des astres qui s'y mêlent et s'y confondent, et lui servent à
élaborer les vapeurs qui s'élèvent de la terre, en même temps qu'ils
adoucissent la chaleur trop dévorante du soleil. Ainsi, en donnant à la
tradition des anciens toute l'autorité qu'elle mérite, nous dirons qu'ils
l'ont nommée Diane (938f) parce qu'elle est vierge et sans fécondité, mais
d'ailleurs utile et salutaire au monde.
«Au reste, dans tout ce qui a été dit, mon cher Théon, rien ne prouve que
la lune ne puisse pas être habitée. Sa révolution douce et tranquille rend
l'air qui l'environne léger et uni et lui donne une agréable température;
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