[22] Ἀφθονίας δὲ παραδειγμάτων οὔσης πρός γ´ ὑμᾶς τοὺς ὁμοχώρους
τοῦ θεοῦ καὶ θιασώτας, ὅμως τὸ περὶ Κάμμαν
οὐκ ἄξιόν ἐστι τὴν Γαλατικὴν παρελθεῖν. ταύτης γὰρ
ἐκπρεπεστάτης τὴν ὄψιν γενομένης, Σινάτῳ δὲ τῷ τετράρχῃ
γαμηθείσης, Σινόριξ ἐρασθεὶς δυνατώτατος Γαλατῶν
ἀπέκτεινε τὸν Σινάτον, ὡς οὔτε βιάσασθαι δυνάμενος
οὔτε πεῖσαι τὴν ἄνθρωπον ἐκείνου ζῶντος. ἦν δὲ
τῇ Κάμμῃ καταφυγὴ καὶ παραμυθία τοῦ πάθους ἱερωσύνη
πατρῷος Ἀρτέμιδος· καὶ τὰ πολλὰ παρὰ τῇ θεῷ
διέτριβεν, οὐδένα προσιεμένη, μνωμένων πολλῶν βασιλέων
καὶ δυναστῶν αὐτήν. τοῦ μέντοι Σινόριγος τολμήσαντος
ἐντυχεῖν περὶ γάμου, τὴν πεῖραν οὐκ ἔφυγεν οὐδ´
ἐμέμψατο περὶ τῶν γεγονότων, ὡς δι´ εὔνοιαν αὐτῆς καὶ
πόθον οὐκ ἄλλῃ τινὶ μοχθηρίᾳ προαχθέντος τοῦ Σινόριγος.
ἧκεν οὖν πιστεύσας ἐκεῖνος καὶ ᾔτει τὸν γάμον· ἡ δ´
ἀπήντησε καὶ δεξιωσαμένη καὶ προσαγαγοῦσα τῷ βωμῷ
τῆς θεᾶς ἔσπεισεν ἐκ φιάλης μελίκρατον, ὡς ἔοικε,
πεφαρμακωμένον· εἶθ´ ὅσον ἥμισυ μέρος αὐτὴ προεκπιοῦσα
παρέδωκε τῷ Γαλάτῃ τὸ λοιπόν· ὡς δ´ εἶδεν ἐκπεπωκότα,
λαμπρὸν ἀνωλόλυξε καὶ φθεγξαμένη τοὔνομα
τοῦ τεθνεῶτος ‘ταύτην’ εἶπεν ‘ἐγὼ τὴν ἡμέραν, ὦ
φίλτατ´ ἄνερ, προσμένουσα σοῦ χωρὶς ἔζων ἀνιαρῶς· νῦν
δὲ κόμισαί με χαίρων· ἠμυνάμην γὰρ ὑπὲρ σοῦ τὸν κάκιστον
ἀνθρώπων, σοὶ μὲν βίου τούτῳ δὲ θανάτου κοινωνὸς
ἡδέως γενομένη.’ ὁ μὲν οὖν Σινόριξ ἐν φορείῳ κομιζόμενος
μετὰ μικρὸν ἐτελεύτησεν, ἡ δὲ Κάμμα τὴν ἡμέραν
ἐπιβιώσασα καὶ τὴν νύκτα λέγεται μάλ´ εὐθαρσῶς καὶ
ἱλαρῶς ἀποθανεῖν.
| [22] «Bien qu'il y en ait une foule d'exemples, au moins
chez vous qui êtes les compatriotes de l'Amour et ses adorateurs
fervents, il est néanmoins à propos que je ne passe
point sous silence l'histoire de la Gauloise Camma. C'était
une femme de merveilleuse beauté, épouse du tétrarque
Sinatus. Sinorix, un des plus puissants entre les Gaulois,
devint amoureux d'elle; et, convaincu que, le mari vivant, il
ne pourrait avoir Camma ni de force ni de bon gré, il fit
mourir Sinorix. La jeune veuve trouva un refuge et une
consolation à son malheur dans ses fonctions héréditaires
de prêtresse de Diane. La plus grande partie de son temps,
elle le passait aux pieds de la Déesse, sans recevoir personne;
et pourtant, une foule de rois et de puissants seigneurs
briguaient sa main. Sinorix eut l'audace de se mettre
au nombre des prétendants. Elle ne déclina pas sa
poursuite, et elle n'articula aucun reproche sur ce qui s'était
passé : comme si l'amour et la passion, sans aucun autre
dessein criminel, avait déterminé Sinorix. Celui-ci se présenta
donc avec confiance et lui demanda de l'épouser.
Camma vint à sa rencontre, lui présenta la main; et, l'ayant
conduit devant l'autel de la Déesse, elle versa, de la coupe
destinée aux libations, un mélange de vin et de miel que
l'on reconnut plus tard pour être empoisonné. A la suite
de cette libation elle but, la première, environ la moitié de
la coupe, et offrit le reste à Sinorix. Puis, quand elle le vit
tomber, elle éclata en sanglots, et, prononçant le nom du
mort : «Jusqu'à ce jour, ô le plus cher des époux, s'écria-t-elle,
j'ai attendu; et, séparée de toi, je vivais inconsolable.
Maintenant, accepte-moi joyeux; j'ai vengé ton trépas
sur le plus lâche des hommes, et, de même que j'étais
heureuse de partager avec toi l'existence, je le suis de mourir
en même temps que lui." On emporta Sinorix dans une
litière, et au bout de peu d'instants il expirait. Pour Camma,
elle vécut encore tout un jour et toute une nuit; et l'on dit
qu'elle vit arriver sa dernière heure avec une fermeté et une
joie sans égales.
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