[6,3,21] Περὶ δὲ κινήσεως, εἰ δεῖ γένος θέσθαι, ὧδ´ ἄν τις θεωρήσειε· πρῶτον μέν, εἰ μὴ εἰς ἄλλο γένος ἀνάγειν προσῆκεν, ἔπειτα, εἰ μηδὲν ἄνωθεν αὐτῆς ἐν τῷ τί ἐστι κατηγοροῖτο, εἶτα, εἰ πολλὰς διαφορὰς λαβοῦσα εἴδη ποιήσει.
Εἰς ποῖόν τις γένος αὐτὴν ἀνάξει; Οὔτε γὰρ οὐσία οὔτε ποιότης τῶν ἐχόντων αὐτήν· οὐ μὴν οὐδ´ εἰς τὸ ποιεῖν—καὶ γὰρ ἐν τῷ πάσχειν πολλαὶ κινήσεις—οὐδ´ αὖ εἰς τὸ πάσχειν, ὅτι πολλαὶ κινήσεις ποιήσεις· ποιήσεις δὲ καὶ πείσεις εἰς ταύτην. Οὐδ´ αὖ εἰς τὸ πρός τι ὀρθῶς, ὅτι τινὸς ἡ κίνησις καὶ οὐκ ἐφ´ αὑτῆς· οὕτω γὰρ ἂν καὶ τὸ ποιὸν ἐν τῷ πρός τι· τινὸς γὰρ ἡ ποιότης καὶ ἔν τινι· καὶ τὸ ποσὸν ὡσαύτως. Εἰ δ´ ὅτι ὄντα ἐκεῖνά τινα, κἄν τινος ᾖ καθό ἐστι, τὸ μὲν ποιότης, τὸ δὲ ποσότης εἴρηται, τὸν αὐτὸν τρόπον, ἐπειδή, κἄν τινος ἡ κίνησις ᾖ, ἔστι τι πρὸ τοῦ τινος εἶναι, ὅ ἐστιν ἐφ´ αὑτοῦ ληπτέον ἂν εἴη. Ὅλως γὰρ πρός τι δεῖ τίθεσθαι οὐχ ὅ ἐστιν, εἶτ´ ἄλλου ἐστίν, ἀλλ´ ὃ ἡ σχέσις ἀπογεννᾷ οὐδενὸς ὄντος ἄλλου παρὰ τὴν σχέσιν καθὸ λέγεται, οἷον τὸ διπλάσιον καθὸ λέγεται διπλάσιον ἐν τῇ πρὸς τὸ πηχυαῖον παραβολῇ τὴν γένεσιν λαβὸν καὶ τὴν ὑπόστασιν οὐδὲν νοούμενον πρὸ τούτου ἐν τῷ πρὸς ἕτερον παραβεβλῆσθαι ἔσχε τοῦτο λέγεσθαί τε καὶ εἶναι.
Τί οὖν ἐστι τοῦτο, ὃ ἑτέρου ὄν ἐστί τι, ἵνα καὶ ἑτέρου ᾖ, ὡς τὸ ποιὸν καὶ τὸ ποσὸν καὶ ἡ οὐσία; Ἢ πρότερον, ὅτι μηδὲν πρὸ αὐτοῦ ὡς γένος κατηγορεῖται, ληπτέον. Ἀλλ´ εἰ τὴν μεταβολήν τις λέγοι πρὸ κινήσεως εἶναι, πρῶτον μὲν ἢ ταὐτὸν λέγει ἢ γένος λέγων ἐκεῖνο ποιήσει ἕτερον παρὰ τὰ πρόσθεν εἰρημένα· εἶτα δῆλον, ὅτι ἐν εἴδει τὴν κίνησιν θήσεται καί τι ἕτερον ἀντιθήσει τῇ κινήσει, τὴν γένεσιν ἴσως, μεταβολήν τινα κἀκείνην λέγων, κίνησιν δὲ οὔ. Διὰ τί οὖν οὐ κίνησις ἡ γένεσις; Εἰ μὲν γάρ, ὅτι μήπω ἐστὶ τὸ γινόμενον, κίνησις δὲ οὐ περὶ τὸ μὴ ὄν, οὐδ´ ἂν μεταβολὴ δηλονότι ἂν εἴη ἡ γένεσις. Εἰ δ´ ὅτι ἡ γένεσίς ἐστιν οὐδὲν ἄλλο ἢ ἀλλοίωσίς τις καὶ αὔξη τῷ ἀλλοιουμένων τινῶν καὶ αὐξομένων τὴν γένεσιν εἶναι, τὰ πρὸ τῆς γενέσεως λαμβάνει. Δεῖ δὲ τὴν γένεσιν ἐν τούτοις ἕτερόν τι εἶδος λαβεῖν. Οὐ γὰρ ἐν τῷ ἀλλοιοῦσθαι παθητικῶς τὸ γίνεσθαι καὶ ἡ γένεσις, οἷον θερμαίνεσθαι ἢ λευκαίνεσθαι—ἔστι γὰρ τούτων γενομένων μήπω τὴν ἁπλῶς γένεσιν γεγενῆσθαι, ἀλλά τι γίνεσθαι, αὐτὸ τοῦτο τὸ ἠλλοιῶσθαι—ἀλλ´ ὅταν εἶδός τι λαμβάνῃ ζῷον ἢ φυτόν {ὅταν εἶδός τι λαμβάνῃ}. Εἴποι δ´ ἄν τις τὴν μεταβολὴν μᾶλλον ἁρμόττειν ἐν εἴδει τίθεσθαι ἢ τὴν κίνησιν, ὅτι τὸ μὲν τῆς μεταβολῆς ἄλλο ἀνθ´ ἑτέρου ἐθέλει σημαίνειν, τὸ δὲ τῆς κινήσεως ἔχει καὶ τὴν οὐκ ἐκ τοῦ οἰκείου μετάστασιν, ὥσπερ ἡ τοπικὴ κίνησις. Εἰ δὲ μὴ τοῦτο βούλεταί τις, ἀλλ´ ἡ μάθησις καὶ ἡ κιθάρισις, ἢ ὅλως ἡ ἀφ´ ἕξεως κίνησις. Ὥστε εἶδός τι ἂν εἴη κινήσεως μᾶλλον ἡ ἀλλοίωσις ἐκστατική τις οὖσα κίνησις.
| [6,3,21] {Mouvement.} Passons au mouvement. On reconnaît qu'il est un genre aux caractères suivants : d'abord le mouvement ne se ramène à aucun autre genre ; ensuite, on ne saurait affirmer de lui rien de plus élevé sous le rapport de l'essence ; enfin, il offre un grand nombre de différences qui constituent des espèces.
A quel genre voulez-vous ramener le mouvement? Il ne constitue ni la substance ni la qualité des êtres dans lesquels il se trouve. Il ne se ramène même pas à l'action : car il y a dans la passion plusieurs sortes de mouvements ; ce sont au contraire les actions et les passions qui se ramènent au mouvement. Ensuite, de ce que le mouvement n'existe pas en lui-même, qu'il appartient à un être et qu'il est dans un sujet, il ne s'en suit pas qu'il soit un relatif ; sinon, il faudrait placer aussi la qualité dans le genre de la relation : car la qualité appartient à un être et est dans un sujet; il en est de même de la quantité. Dira-t-on que, bien qu'elles soient chacune dans un sujet, l'une en tant que qualité et l'autre en tant que quantité, elles n'en sont pas moins en elles-mêmes des espèces d'êtres? Le même argument s'appliquera au mouvement : quoiqu'il appartienne à un sujet, il est quelque chose avant d'appartenir à un sujet, et nous devons considérer ce qu'il est en lui-même. Le relatif n'est pas ce qui est d'abord quelque chose par lui-même et est ensuite la chose d'une autre chose, mais ce qui naît du rapport même existant entre deux objets et n'est rien autre chose en dehors du rapport auquel il doit son nom : ainsi le double, en tant qu'il est appelé double, n'est engendré et n'existe que dans la comparaison qu'on établit entre lui et la moitié, puisque, n'étant point conçu auparavant, il doit son nom et son existence à la comparaison qu'on établit.
Qu'est donc le mouvement ? Tout en appartenant à un sujet, il est par lui-même quelque chose avant d'appartenir à un sujet, comme le sont la qualité, la quantité et l'essence. D'abord, rien ne s'affirme avant lui et de lui en qualité de genre. Dira-t-on que le changement est antérieur au mouvement? Changement est ici identique à mouvement, ou, si l'on fait du changement un genre, il formera un genre à ajouter à ceux qui ont été déjà reconnus. Ensuite, il est évident que, dans cette hypothèse, on fera du mouvement une espèce, et qu'on lui opposera une autre espèce, la génération, par exemple: on dira de celle-ci qu'elle est un changement, et non un mouvement. Pourquoi alors veut-on que la génération ne soit pas un mouvement? Est-ce parce que ce qui est engendré n'existe pas encore et que le mouvement ne saurait exister dans le non-être? Il en résultera que la génération ne sera pas non plus un changement. Est-ce parce que la génération n'est qu'une altération et un accroissement, et qu'elle suppose que certaines choses sont altérées et s'accroissent? Parler ainsi, c'est s'occuper des choses qui précèdent la génération. Pour qu'il y ait ici génération, il faut qu'il y ait production d'une autre forme : car la génération ne consiste pas dans une altération subie passivement, telle qu'être échauffé ou être rendu blanc; ces effets peuvent être produits avant que la génération ne soit réalisée. Que se passe-t-il donc alors dans la génération ? Il y a altération. La génération consiste dans la production d'un animal ou d'une plante, dans la réception d'une forme. Il serait donc plus raisonnable de faire du changement une espèce que du mouvement, parce que le mot changement signifie qu'une chose prend la place d'une autre, tandis que mouvement signifie l'acte par lequel un être passe de ce qui lui est propre à ce qui ne l'est pas, comme dans la translation d'un lieu à un autre. Si l'on n'admet pas cela {pour définir le mouvement}, on reconnaîtra du moins que l'action d'étudier, celle de toucher de la lyre, et, en général, tous les mouvements qui modifient une habitude, rentrent dans notre définition. L'altération ne saurait donc être qu'une espèce de mouvement, puisqu'elle est un mouvement qui fait passer d'un état à un autre.
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