HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 191

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[191] αἰσχυνοίμην γὰρ ἂν ὑπὲρ ἡμῶν, ἐν ἀποροῦμεν, ἀναγκαζομένων (191a) ὁμολογεῖν οἷα λέγω. ἀλλ´ ἐὰν εὕρωμεν καὶ ἐλεύθεροι γενώμεθα, τότ´ ἤδη περὶ τῶν ἄλλων ἐροῦμεν ὡς πασχόντων αὐτὰ ἐκτὸς τοῦ γελοίου ἑστῶτες· ἐὰν δὲ πάντῃ ἀπορήσωμεν, ταπεινωθέντες οἶμαι τῷ λόγῳ παρέξομεν ὡς ναυτιῶντες πατεῖν τε καὶ χρῆσθαι ὅτι ἂν βούληται. οὖν ἔτι πόρον τινὰ εὑρίσκω τοῦ ζητήματος ἡμῖν, ἄκουε. (ΘΕΑΙ.) Λέγε μόνον. (ΣΩ.) Οὐ φήσω ἡμᾶς ὀρθῶς ὁμολογῆσαι, ἡνίκα ὡμολογήσαμεν τις οἶδεν, ἀδύνατον δοξάσαι μὴ οἶδεν εἶναι αὐτὰ (191b) καὶ ψευσθῆναι· ἀλλά πῃ δυνατόν. (ΘΕΑΙ.) Ἆρα λέγεις καὶ ἐγὼ τότε ὑπώπτευσα, ἡνίκ´ αὐτὸ ἔφαμεν τοιοῦτον εἶναι, ὅτι ἐνίοτ´ ἐγὼ γιγνώσκων Σωκράτη, πόρρωθεν δὲ ὁρῶν ἄλλον ὃν οὐ γιγνώσκω, ᾠήθην εἶναι Σωκράτη ὃν οἶδα; γίγνεται γὰρ δὴ ἐν τῷ τοιούτῳ οἷον λέγεις. (ΣΩ.) Οὐκοῦν ἀπέστημεν αὐτοῦ, ὅτι ἴσμεν ἐποίει ἡμᾶς εἰδότας μὴ εἰδέναι; (ΘΕΑΙ.) Πάνυ μὲν οὖν. (ΣΩ.) Μὴ γὰρ οὕτω τιθῶμεν, ἀλλ´ ὧδε· ἴσως πῃ ἡμῖν (191c) συγχωρήσεται, ἴσως δὲ ἀντιτενεῖ. ἀλλὰ γὰρ ἐν τοιούτῳ ἐχόμεθα, ἐν ἀνάγκη πάντα μεταστρέφοντα λόγον βασανίζειν. σκόπει οὖν εἰ τὶ λέγω. ἆρα ἔστιν μὴ εἰδότα τι πρότερον ὕστερον μαθεῖν; (ΘΕΑΙ.) Ἔστι μέντοι. (ΣΩ.) Οὐκοῦν καὶ αὖθις ἕτερον καὶ ἕτερον; (ΘΕΑΙ.) Τί δ´ οὔ; (ΣΩ.) Θὲς δή μοι λόγου ἕνεκα ἐν ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν ἐνὸν κήρινον ἐκμαγεῖον, τῷ μὲν μεῖζον, τῷ δ´ ἔλαττον, καὶ τῷ μὲν καθαρωτέρου κηροῦ, τῷ δὲ κοπρωδεστέρου, καὶ σκληροτέρου, (191d) ἐνίοις δὲ ὑγροτέρου, ἔστι δ´ οἷς μετρίως ἔχοντος. (ΘΕΑΙ.) Τίθημι. (ΣΩ.) Δῶρον τοίνυν αὐτὸ φῶμεν εἶναι τῆς τῶν Μουσῶν μητρὸς Μνημοσύνης, καὶ εἰς τοῦτο ὅτι ἂν βουληθῶμεν μνημονεῦσαι ὧν ἂν ἴδωμεν ἀκούσωμεν αὐτοὶ ἐννοήσωμεν, ὑπέχοντας αὐτὸ ταῖς αἰσθήσεσι καὶ ἐννοίαις, ἀποτυποῦσθαι, ὥσπερ δακτυλίων σημεῖα ἐνσημαινομένους· καὶ μὲν ἂν ἐκμαγῇ, μνημονεύειν τε καὶ ἐπίστασθαι ἕως ἂν ἐνῇ τὸ εἴδωλον αὐτοῦ· δ´ ἂν ἐξαλειφθῇ μὴ οἷόν τε γένηται (191e) ἐκμαγῆναι, ἐπιλελῆσθαί τε καὶ μὴ ἐπίστασθαι. (ΘΕΑΙ.) Ἔστω οὕτως. (ΣΩ.) τοίνυν ἐπιστάμενος μὲν αὐτά, σκοπῶν δέ τι ὧν ὁρᾷ ἀκούει, ἄθρει εἰ ἄρα τοιῷδε τρόπῳ ψευδῆ ἂν δοξάσαι. (ΘΕΑΙ.) Ποίῳ δή τινι; (ΣΩ.) οἶδεν, οἰηθεὶς εἶναι τοτὲ μὲν οἶδε, τοτὲ δὲ μή. ταῦτα γὰρ ἐν τοῖς πρόσθεν οὐ καλῶς ὡμολογήσαμεν ὁμολογοῦντες ἀδύνατα. (ΘΕΑΙ.) Νῦν δὲ πῶς λέγεις; [191] J’aurais honte pour nous si l’embarras où nous sommes nous contraignait
d’avouer ce que je veux dire. Mais si nous trouvons ce que nous cherchons
et si nous nous délivrons de notre perplexité, il sera temps alors de parler des
autres, empêtrés dans ces absurdités, une fois que nous aurons échappé au ridicule.
Si, au contraire, notre embarras reste sans issue, j’imagine qu’ainsi humiliés,
nous nous mettrons à la merci de l’argument, comme des gens qui ont le mal
de mer, pour qu’il nous foule aux pieds et nous maltraite à sa guise. Ecoute donc
par où je trouve encore une issue pour notre enquête.
(THÉÉTÈTE)
Tu n’as qu’à parler.
(SOCRATE)
Je dirai que nous avons eu tort d’accorder ce que nous avons accordé : qu’il est
impossible de prendre ce qu’on sait pour ce qu’on ne sait pas et par là de se
tromper. Il y a, au contraire, une voie par où c’est possible.
(THÉÉTÈTE)
Veux-tu parler d’une chose que j’ai soupçonnée moi-même, quand nous avons dit
que l’opinion fausse était quelque chose comme ce qui m’est parfois arrivé, à
savoir que moi, qui connais Socrate, en voyant de loin un étranger que je ne
connais pas, je l’ai pris pour Socrate, que j e connais ? Il se produit en ce
cas une méprise comme celle dont tu parles.
(SOCRATE)
N’avons-nous pas rejeté cette explication, parce qu’il en résultait que, ce que
nous savons, nous ne le savons pas, tout en le sachant.
(THÉÉTÈTE)
C’est exact.
(SOCRATE)
Renonçons donc à cette explication pour celle-ci, qui peut-être aura pour nous
quelque complaisance, peut-être aussi nous opposera de la résistance. Nous
sommes en effet dans un tel embarras qu’il est indispensable de retourner en
tous sens tous les arguments pour les mettre à l’épreuve. Vois donc si ce que je
vais dire a quelque solidité. Est-il possible, quand on ne sait pas d’abord une
chose, de l’apprendre dans la suite ?
(THÉÉTÈTE)
Oui, certainement.
(SOCRATE)
Puis une autre, et une autre encore ?
(THÉÉTÈTE)
Sans contredit.
(SOCRATE)
Suppose donc avec moi, pour le besoin de l’argument, qu’il y a dans nos âmes un
bloc de cire, plus grand chez celui-ci, plus petit chez celui-là, d’une cire
plus pure chez l’un, plus impure et plus dure chez l’autre, plus molle chez
quelques-uns, et chez d’autres exactement conditionnée.
(THÉÉTÈTE)
Je le suppose.
(SOCRATE)
Disons maintenant que c’est un présent de la mère des Muses, Mnémosyne, et que,
toutes les fois que nous voulons nous souvenir de quelque chose que nous avons
vu, ou entendu, on conçu nous-mêmes, nous tenons ce bloc sous nos sensations et
nos conceptions et les y imprimons, comme nous gravons le sceau d’un anneau, et
que ce qui a été imprimé ainsi, nous nous le rappelons et le savons, tant que
l’image reste sur la cire, tandis que ce qui s’est effacé ou qu’il a été
impossible de graver, nous l’oublions et ne le savons pas.
(THÉÉTÈTE)
Soit.
(SOCRATE)
Maintenant prends un homme qui connaît les choses de cette façon et qui
considère quelqu’une de celles qu’il voit ou qu’il entend, et examine s’il ne
pourrait pas se faire une opinion fausse de cette manière.
(THÉÉTÈTE)
De quelle manière ?
(SOCRATE)
En pensant que les choses qu’il sait sont tantôt celles qu’il sait, et tantôt
celles qu’il ne sait pas ; car nous avons eu tort d’accorder précédemment que
cela était impossible.
(THÉÉTÈTE)
Qu’en penses-tu à présent ?


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Dernière mise à jour : 19/05/2006