HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 190

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[190] αὐτὴ (190a) ἑαυτὴν ἐρωτῶσα καὶ ἀποκρινομένη, καὶ φάσκουσα καὶ οὐ φάσκουσα. ὅταν δὲ ὁρίσασα, εἴτε βραδύτερον εἴτε καὶ ὀξύτερον ἐπᾴξασα, τὸ αὐτὸ ἤδη φῇ καὶ μὴ διστάζῃ, δόξαν ταύτην τίθεμεν αὐτῆς. ὥστ´ ἔγωγε τὸ δοξάζειν λέγειν καλῶ καὶ τὴν δόξαν λόγον εἰρημένον, οὐ μέντοι πρὸς ἄλλον οὐδὲ φωνῇ, ἀλλὰ σιγῇ πρὸς αὑτόν· σὺ δὲ τί; (ΘΕΑΙ.) Κἀγώ. (ΣΩ.) Ὅταν ἄρα τις τὸ ἕτερον ἕτερον δοξάζῃ, καὶ φησίν, ὡς ἔοικε, τὸ ἕτερον ἕτερον εἶναι πρὸς ἑαυτόν. (190b) (ΘΕΑΙ.) Τί μήν; (ΣΩ.) Ἀναμιμνῄσκου δὴ εἰ πώποτ´ εἶπες πρὸς σεαυτὸν ὅτι παντὸς μᾶλλον τό τοι καλὸν αἰσχρόν ἐστιν τὸ ἄδικον δίκαιον. καί, τὸ πάντων κεφάλαιον, σκόπει εἴ ποτ´ ἐπεχείρησας σεαυτὸν πείθειν ὡς παντὸς μᾶλλον τὸ ἕτερον ἕτερόν ἐστιν, πᾶν τοὐναντίον οὐδ´ ἐν ὕπνῳ πώποτε ἐτόλμησας εἰπεῖν πρὸς σεαυτὸν ὡς παντάπασιν ἄρα τὰ περιττὰ ἄρτιά ἐστιν τι ἄλλο τοιοῦτον. (ΘΕΑΙ.) Ἀληθῆ λέγεις. (190c) (ΣΩ.) Ἄλλον δέ τινα οἴει ὑγιαίνοντα μαινόμενον τολμῆσαι σπουδῇ πρὸς ἑαυτὸν εἰπεῖν ἀναπείθοντα αὑτὸν ὡς ἀνάγκη τὸν βοῦν ἵππον εἶναι τὰ δύο ἕν; (ΘΕΑΙ.) Μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγε. (ΣΩ.) Οὐκοῦν εἰ τὸ λέγειν πρὸς ἑαυτὸν δοξάζειν ἐστίν, οὐδεὶς ἀμφότερά γε λέγων καὶ δοξάζων {καὶ} ἐφαπτόμενος ἀμφοῖν τῇ ψυχῇ εἴποι ἂν καὶ δοξάσειεν ὡς τὸ ἕτερον ἕτερόν ἐστιν. ἐατέον δὲ καὶ σοὶ τὸ ῥῆμα {περὶ τοῦ ἑτέρουλέγω (190d) γὰρ αὐτὸ τῇδε, μηδένα δοξάζειν ὡς τὸ αἰσχρὸν καλὸν ἄλλο τι τῶν τοιούτων. (ΘΕΑΙ.) Ἀλλ´, Σώκρατες, ἐῶ τε καί μοι δοκεῖ ὡς λέγεις. (ΣΩ.) Ἄμφω μὲν ἄρα δοξάζοντα ἀδύνατον τό γε ἕτερον ἕτερον δοξάζειν. (ΘΕΑΙ.) Ἔοικεν. (ΣΩ.) Ἀλλὰ μὴν τὸ ἕτερόν γε μόνον δοξάζων, τὸ δὲ ἕτερον μηδαμῇ, οὐδέποτε δοξάσει τὸ ἕτερον ἕτερον εἶναι. (ΘΕΑΙ.) Ἀληθῆ λέγεις· ἀναγκάζοιτο γὰρ ἂν ἐφάπτεσθαι καὶ οὗ μὴ δοξάζει. (ΣΩ.) Οὔτ´ ἄρ´ ἀμφότερα οὔτε τὸ ἕτερον δοξάζοντι ἐγχωρεῖ (190e) ἀλλοδοξεῖν. ὥστ´ εἴ τις ὁριεῖται δόξαν εἶναι ψευδῆ τὸ ἑτεροδοξεῖν, οὐδὲν ἂν λέγοι· οὔτε γὰρ ταύτῃ οὔτε κατὰ τὰ πρότερα φαίνεται ψευδὴς ἐν ἡμῖν οὖσα δόξα. (ΘΕΑΙ.) Οὐκ ἔοικεν. (ΣΩ.) Ἀλλὰ μέντοι, Θεαίτητε, εἰ τοῦτο μὴ φανήσεται ὄν, πολλὰ ἀναγκασθησόμεθα ὁμολογεῖν καὶ ἄτοπα. (ΘΕΑΙ.) Τὰ ποῖα δή; (ΣΩ.) Οὐκ ἐρῶ σοι πρὶν ἂν πανταχῇ πειραθῶ σκοπῶν. [190] interrogeant et répondant, affirmant et niant. Quand elle est arrivée à une
décision, soit lentement, soit d’un élan rapide, que dès lors elle est fixée et
ne doute plus, c’est cela que nous tenons pour une opinion. Ainsi, pour moi,
opiner, c’est parler, et l’opinion est un discours prononcé, non pas, assurément,
à un autre et de vive voix, mais en silence et à soi-même. Et pour toi ?
(THÉÉTÈTE)
Pour moi aussi.
(SOCRATE)
Lors donc qu’on prend une chose pour une autre, on se dit à soi-même
apparemment que l’un est l’autre.
(THÉÉTÈTE)
Sans doute.
(SOCRATE)
Rappelle-toi donc si tu t’es jamais dit à toi-même : très certainement le beau
est laid et le juste injuste. Ou bien encore, point capital, demande-toi si tu
as jamais essayé de te persuader à toi-même que l’un est très certainement
l’autre, ou si, tout au contraire, tu as jamais eu, ne fût-ce qu’en rêve,
l’audace de te dire à toi-même que, sûrement, l’impair est pair ou toute autre
chose du même genre.
(THÉÉTÈTE)
Tu dis vrai.
(SOCRATE)
Et crois-tu que tout autre homme, d’esprit sain ou malade, soit jamais allé
jusqu’à se dire sérieusement à lui-même et à se persuader que nécessairement le
cheval est un boeuf, ou quelque autre chose de ce genre ?
(THÉÉTÈTE)
Non, par Zeus.
(SOCRATE)
Si donc se parler à soi-même est juger, il n’est personne qui, parlant et
jugeant de deux objets à la fois et les appréhendant tous deux par la pensée,
puisse dire et juger que l’un est l’autre. Il faut aussi que tu me passes mon
expression : l’un est l’autre. Voici ce que je veux dire par là : c’est que
personne ne juge que le laid est beau, ni rien de semblable.
(THÉÉTÈTE)
Eh bien, Socrate, je te la passe et il me paraît que tu as raison.
(SOCRATE)
Ainsi, il est impossible qu’en pensant aux deux objets à la fois, on juge que
l’un est l’autre.
(THÉÉTÈTE)
Il le semble.
(SOCRATE)
D’un autre côté, si l’on ne pense qu’à l’un des deux et pas du tout à l’autre,
on ne jugera jamais que l’un est l’autre.
(THÉÉTÈTE)
C’est vrai ; autrement, il faudrait avoir présent à la pensée l’objet même
auquel on ne pense pas.
(SOCRATE)
Ainsi donc, soit qu’on pense aux deux, soit qu’on ne pense qu’à un, il est
impossible de prendre l’un pour l’autre. Par conséquent, définir l’opinion
fausse comme une confusion avec un autre objet, c’est ne rien dire ; car ni
cette définition, ni les précédentes ne font apparaître en nous d’opinion fausse.
(THÉÉTÈTE)
Il semble que non.
(SOCRATE)
XXXIII. — Cependant, Théétète, si nous ne prouvons pas que cette opinion fausse
existe, nous serons forcés d’admettre beaucoup d’absurdités.
(THÉÉTÈTE)
Quelles absurdités ?
(SOCRATE)
Je ne te les dirai pas que je n’aie essayé de considérer la question sous toutes
ses faces.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006