HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 165

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[165] (ΘΕΟ.) Οὐ γὰρ ἐγώ, Σώκρατες, ἀλλὰ μᾶλλον Καλλίας (165a) Ἱππονίκου τῶν ἐκείνου ἐπίτροπος· ἡμεῖς δέ πως θᾶττον ἐκ τῶν ψιλῶν λόγων πρὸς τὴν γεωμετρίαν ἀπενεύσαμεν. χάριν γε μέντοι σοὶ ἕξομεν ἐὰν αὐτῷ βοηθῇς. (ΣΩ.) Καλῶς λέγεις, Θεόδωρε. σκέψαι οὖν τήν γ´ ἐμὴν βοήθειαν. τῶν γὰρ ἄρτι δεινότερα ἄν τις ὁμολογήσειεν μὴ προσέχων τοῖς ῥήμασι τὸν νοῦν, τὸ πολὺ εἰθίσμεθα φάναι τε καὶ ἀπαρνεῖσθαι. σοὶ λέγω ὅπῃ, Θεαιτήτῳ. (ΘΕΟ.) Εἰς τὸ κοινὸν μὲν οὖν, ἀποκρινέσθω δὲ νεώτερος· (165b) σφαλεὶς γὰρ ἧττον ἀσχημονήσει. (ΣΩ.) Λέγω δὴ τὸ δεινότατον ἐρώτημα, ἔστι δὲ οἶμαι τοιόνδε τι· "Ἆρα οἷόν τε τὸν αὐτὸν εἰδότα τι τοῦτο οἶδεν μὴ εἰδέναι;" (ΘΕΟ.) Τί δὴ οὖν ἀποκρινούμεθα, Θεαίτητε; (ΘΕΑΙ.) Ἀδύνατόν που, οἶμαι ἔγωγε. (ΣΩ.) Οὔκ, εἰ τὸ ὁρᾶν γε ἐπίστασθαι θήσεις. τί γὰρ χρήσῃ ἀφύκτῳ ἐρωτήματι, τὸ λεγόμενον ἐν φρέατι συσχόμενος, ὅταν ἐρωτᾷ ἀνέκπληκτος ἀνήρ, καταλαβὼν τῇ χειρὶ (165c) σοῦ τὸν ἕτερον ὀφθαλμόν, εἰ ὁρᾷς τὸ ἱμάτιον τῷ κατειλημμένῳ; (ΘΕΑΙ.) Οὐ φήσω οἶμαι τούτῳ γε, τῷ μέντοι ἑτέρῳ. (ΣΩ.) Οὐκοῦν ὁρᾷς τε καὶ οὐχ ὁρᾷς ἅμα ταὐτόν; (ΘΕΑΙ.) Οὕτω γέ πως. (ΣΩ.) Οὐδὲν ἐγώ, φήσει, τοῦτο οὔτε τάττω οὔτ´ ἠρόμην τὸ ὅπως, ἀλλ´ εἰ ἐπίστασαι, τοῦτο καὶ οὐκ ἐπίστασαι. νῦν δὲ οὐχ ὁρᾷς ὁρῶν φαίνῃ. ὡμολογηκὼς δὲ τυγχάνεις τὸ ὁρᾶν ἐπίστασθαι καὶ τὸ μὴ ὁρᾶν μὴ ἐπίστασθαι. ἐξ οὖν τούτων λογίζου τί σοι συμβαίνει. (165d) (ΘΕΑΙ.) Ἀλλὰ λογίζομαι ὅτι τἀναντία οἷς ὑπεθέμην. (ΣΩ.) Ἴσως δέ γ´, θαυμάσιε, πλείω ἂν τοιαῦτ´ ἔπαθες εἴ τίς σε προσηρώτα εἰ ἐπίστασθαι ἔστι μὲν ὀξύ, ἔστι δὲ ἀμβλύ, καὶ ἐγγύθεν μὲν ἐπίστασθαι, πόρρωθεν δὲ μή, καὶ σφόδρα καὶ ἠρέμα τὸ αὐτό, καὶ ἄλλα μυρία, ἐλλοχῶν ἂν πελταστικὸς ἀνὴρ μισθοφόρος ἐν λόγοις ἐρόμενος, ἡνίκ´ ἐπιστήμην καὶ αἴσθησιν ταὐτὸν ἔθου, ἐμβαλὼν ἂν εἰς τὸ ἀκούειν καὶ ὀσφραίνεσθαι καὶ τὰς τοιαύτας αἰσθήσεις, ἤλεγχεν (165e) ἂν ἐπέχων καὶ οὐκ ἀνιεὶς πρὶν θαυμάσας τὴν πολυάρατον σοφίαν συνεποδίσθης ὑπ´ αὐτοῦ, οὗ δή σε χειρωσάμενός τε καὶ συνδήσας ἤδη ἂν τότε ἐλύτρου χρημάτων ὅσων σοί τε κἀκείνῳ ἐδόκει. τίν´ οὖν δὴ Πρωταγόρας, φαίης ἂν ἴσως, λόγον ἐπίκουρον τοῖς αὑτοῦ ἐρεῖ; ἄλλο τι πειρώμεθα λέγειν; (ΘΕΑΙ.) Πάνυ μὲν οὖν. [165] (THÉODORE)
Ce n’est pas moi, Socrate, c’est plutôt Callias, fils d’Hipponicos, qui est
le tuteur de ses enfants. Pour moi, j’ai passé trop vite des discours abstraits
à la géométrie. Je te saurai gré pourtant si tu lui portes secours.
(SOCRATE)
Bien parlé, Théodore. Considère donc de quelle manière je vais le défendre ;
car, faute de prêter attention aux termes généralement employés pour affirmer ou
nier, on s’expose à admettre des absurdités plus graves encore que celles que
nous avons admises. Est-ce à toi que je dois m’adresser, ou à Théétète ?
(THÉODORE)
A tous les deux, je te prie. Mais que le plus jeune réponde : il aura moins de
honte à se tromper.
(SOCRATE)
XIX. — Je vais donc poser la question la plus redoutable. On peut, je crois, la
formuler ainsi : Est-il possible que le même homme, sachant une chose, ne sache
pas cette chose qu’il sait ?
(THÉODORE)
Qu’allons-nous donc répondre, Théétète ?
(THÉÉTÈTE)
Pour ma part, que c’est, je crois, impossible.
(SOCRATE)
Non pas, si tu poses que voir, c’est savoir. Comment en effet te tireras-tu de
cette question inextricable, où tu seras, comme on dit, pris dans le puits,
lorsqu’un adversaire intrépide, te mettant la main sur un de tes deux yeux, te
demandera si tu vois son habit de cet oeil fermé ?
(THÉÉTÈTE)
Je dirai, je pense, que je ne vois pas de cet oeil-là, mais que je vois de l’autre.
(SOCRATE)
Donc tu vois et en même temps tu ne vois pas la même chose ?
(THÉÉTÈTE)
Oui, au moins d’une certaine manière.
(SOCRATE)
Ce n’est pas du tout cela que je veux savoir, répliquera-t-il : je ne t’ai pas
demandé le comment, mais si ce que tu sais, cela même tu ne le sais pas. Or à
présent il est manifeste que tu vois ce que tu ne vois pas ; car tu as justement
admis que voir, c’est savoir, et que ne pas voir, c’est ne pas savoir. Conclus
de là ce qu’il en résulte pour toi.
(THÉÉTÈTE)
Eh bien, je conclus qu’il en résulte le contraire de ce que j’ai posé.
(SOCRATE)
Peut-être, admirable jeune homme, aurais-tu été réduit à bien d’autres
inconséquences, si l’on t’avait demandé en outre : Est-il possible de savoir la
même chose d’une manière aiguë ou d’une manière émoussée, de la savoir de loin,
mais non de près, fortement ou doucement, et mille autres questions que te
ferait un peltaste aux aguets, mercenaire des combats de parole. Quand tu aurais
avancé que la science et la sensation sont identiques, il se jetterait sur les
sensations de l’ouïe, de l’odorat et des autres sens, et, soutenant son attaque
sans lâcher prise, il te réfuterait jusqu’à ce que, étourdi de son enviable
sagesse, tu fusses tombé dans ses filets. Après t’avoir ainsi maîtrisé et
enchaîné, il te rançonnerait de la somme dont vous seriez convenus entre vous.
Maintenant tu vas peut-être me demander ce que pourra dire Protagoras pour
défendre sa doctrine. N’essaierons-nous pas de le formuler ?
(THÉÉTÈTE)
Certainement si.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006