HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 166

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[166] (ΣΩ.) Ταῦτά τε δὴ πάντα ὅσα ἡμεῖς ἐπαμύνοντες αὐτῷ (166a) λέγομεν, καὶ ὁμόσε οἶμαι χωρήσεται καταφρονῶν ἡμῶν καὶ λέγων· "Οὗτος δὴ Σωκράτης χρηστός, ἐπειδὴ αὐτῷ παιδίον τι ἐρωτηθὲν ἔδεισεν εἰ οἷόν τε τὸν αὐτὸν τὸ αὐτὸ μεμνῆσθαι ἅμα καὶ μὴ εἰδέναι, καὶ δεῖσαν ἀπέφησεν διὰ τὸ μὴ δύνασθαι προορᾶν, γέλωτα δὴ τὸν ἐμὲ ἐν τοῖς λόγοις ἀπέδειξεν. τὸ δέ, ῥᾳθυμότατε Σώκρατες, τῇδ´ ἔχει· ὅταν τι τῶν ἐμῶν δι´ ἐρωτήσεως σκοπῇς, ἐὰν μὲν ἐρωτηθεὶς οἷάπερ ἂν ἐγὼ ἀποκριναίμην ἀποκρινάμενος σφάλληται, ἐγὼ (166b) ἐλέγχομαι, εἰ δὲ ἀλλοῖα, αὐτὸς ἐρωτηθείς. αὐτίκα γὰρ δοκεῖς τινά σοι συγχωρήσεσθαι μνήμην παρεῖναί τῳ ὧν ἔπαθε, τοιοῦτόν τι οὖσαν πάθος οἷον ὅτε ἔπασχε, μηκέτι πάσχοντι; πολλοῦ γε δεῖ. αὖ ἀποκνήσειν ὁμολογεῖν οἷόν τ´ εἶναι εἰδέναι καὶ μὴ εἰδέναι τὸν αὐτὸν τὸ αὐτό; ἐάνπερ τοῦτο δείσῃ, δώσειν ποτὲ τὸν αὐτὸν εἶναι τὸν ἀνομοιούμενον τῷ πρὶν ἀνομοιοῦσθαι ὄντι; μᾶλλον δὲ τὸν εἶναί τινα ἀλλ´ οὐχὶ τούς, καὶ τούτους γιγνομένους ἀπείρους, ἐάνπερ (166c) ἀνομοίωσις γίγνηται, εἰ δὴ ὀνομάτων γε δεήσει θηρεύσεις διευλαβεῖσθαι ἀλλήλων; ἀλλ´, μακάριε," φήσει, "γενναιοτέρως ἐπ´ αὐτὸ ἐλθὼν λέγω, εἰ δύνασαι, ἐξέλεγξον ὡς οὐχὶ ἴδιαι αἰσθήσεις ἑκάστῳ ἡμῶν γίγνονται, ὡς ἰδίων γιγνομένων οὐδέν τι ἂν μᾶλλον τὸ φαινόμενον μόνῳ ἐκείνῳ γίγνοιτο, εἰ εἶναι δεῖ ὀνομάζειν, εἴη ᾧπερ φαίνεται· ὗς δὲ δὴ καὶ κυνοκεφάλους λέγων οὐ μόνον αὐτὸς ὑηνεῖς, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἀκούοντας τοῦτο δρᾶν εἰς τὰ συγγράμματά μου ἀναπείθεις, (166d) οὐ καλῶς ποιῶν. ἐγὼ γάρ φημι μὲν τὴν ἀλήθειαν ἔχειν ὡς γέγραφα· μέτρον γὰρ ἕκαστον ἡμῶν εἶναι τῶν τε ὄντων καὶ μή, μυρίον μέντοι διαφέρειν ἕτερον ἑτέρου αὐτῷ τούτῳ, ὅτι τῷ μὲν ἄλλα ἔστι τε καὶ φαίνεται, τῷ δὲ ἄλλα. καὶ σοφίαν καὶ σοφὸν ἄνδρα πολλοῦ δέω τὸ μὴ φάναι εἶναι, ἀλλ´ αὐτὸν τοῦτον καὶ λέγω σοφόν, ὃς ἄν τινι ἡμῶν, φαίνεται καὶ ἔστι κακά, μεταβάλλων ποιήσῃ ἀγαθὰ φαίνεσθαί τε καὶ εἶναι. τὸν δὲ λόγον αὖ μὴ τῷ ῥήματί μου (166e) δίωκε, ἀλλ´ ὧδε ἔτι σαφέστερον μάθε τί λέγω. οἷον γὰρ ἐν τοῖς πρόσθεν ἐλέγετο ἀναμνήσθητι, ὅτι τῷ μὲν ἀσθενοῦντι πικρὰ φαίνεται ἐσθίει καὶ ἔστι, τῷ δὲ ὑγιαίνοντι τἀναντία ἔστι καὶ φαίνεται. [166] (SOCRATE)
XX. — Il fera valoir tout ce que nous-mêmes nous disons pour le défendre, puis
j’imagine qu’il nous prendra corps à corps et nous dira sur un ton méprisant : «
Cet honnête Socrate a fait peur à un petit garçon en lui demandant si le même
homme peut tout à la fois se rappeler la même chose et ne la point savoir. Comme
l’enfant effrayé a dit non, faute de prévoir la conséquence de ce qu’il disait,
Socrate a tourné la conversation de manière à couvrir de ridicule ma pauvre
personne. Tu en prends bien à ton aise, Socrate ; mais la vérité, la voici.
Lorsque tu examines, en procédant par interrogations, quelque point de ma
doctrine, si celui que tu interroges, répondant ce que je répondrais moi-même,
vient à trébucher, c’est moi qui suis confondu ; mais s’il répond autrement que
je ne le ferais, c’est ton interlocuteur qui l’est. Crois-tu, par exemple,
pouvoir faire admettre à quelqu’un que la mémoire qu’il a présentement d’une
impression passée soit une impression du même genre que l’impression passée
qu’il ne sent plus ? Il s’en faut de beaucoup. Crois-tu de même qu’il aura peine
à avouer que le même homme peut savoir et ne pas savoir la même chose ? ou,
s’il craint d’en faire l’aveu, qu’il admettra jamais que celui qui est devenu
différent soit le même qu’avant de le devenir, ou plutôt, que cet homme soit un,
et non plusieurs, et que ces plusieurs ne se multiplient pas à l’infini, parce
qu’il y a changement continu, si nous devons nous garder de donner la chasse aux
mots pour nous surprendre mutuellement ? Allons, bienheureux homme,
poursuivra Protagoras, sois plus brave, attaque-moi sur mes propres doctrines et
réfute-les, si tu peux, en prouvant que les sensations qui arrivent à chacun de
nous ne sont pas individuelles, ou, si elles le sont, qu’il ne s’ensuit pas que ce qui
paraît à chacun devient, ou s’il faut dire être, est pour celui-là seul à qui il paraît.
« Mais quand tu parles de pourceaux et de cynocéphales, non seulement tu te
comportes toi-même en pourceau, mais encore tu persuades à tes auditeurs d’en
faire autant à l’égard de mes écrits, et cela n’est pas bien. Car j’affirme,
moi, que la vérité est telle que je l’ai définie, que chacun de nous est la
mesure de ce qui est et de ce qui n’est pas, mais qu’un homme diffère infiniment
d’un autre précisément en ce que les choses sont et paraissent autres à
celui-ci, et autres à celui-là. Quant à la sagesse et à l’homme sage, je suis
bien loin d’en nier l’existence ; mais par homme sage j’entends précisément
celui qui, changeant la face des objets, les fait apparaître et être bons à
celui à qui ils apparaissaient et étaient mauvais. Et ne va pas de nouveau
donner la chasse aux mots de cette définition ; je vais m’expliquer plus
clairement pour te faire saisir ma pensée. Rappelle-toi, par exemple, ce qui a
été dit précédemment, que les aliments paraissent et sont amers au malade et
qu’ils sont et paraissent le contraire à l’homme bien portant.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006