HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 164

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[164] (164a) (ΣΩ.) Δεῖ γε μέντοι, εἰ σώσομεν τὸν πρόσθε λόγον· εἰ δὲ μή, οἴχεται. (ΘΕΑΙ.) Καὶ ἐγώ, νὴ τὸν Δία, ὑποπτεύω, οὐ μὴν ἱκανῶς γε συννοῶ· ἀλλ´ εἰπὲ πῇ. (ΣΩ.) Τῇδε· μὲν ὁρῶν ἐπιστήμων, φαμέν, τούτου γέγονεν οὗπερ ὁρῶν· ὄψις γὰρ καὶ αἴσθησις καὶ ἐπιστήμη ταὐτὸν ὡμολόγηται. (ΘΕΑΙ.) Πάνυ γε. (ΣΩ.) δέ γε ὁρῶν καὶ ἐπιστήμων γεγονὼς οὗ ἑώρα, ἐὰν μύσῃ, μέμνηται μέν, οὐχ ὁρᾷ δὲ αὐτό. γάρ; (ΘΕΑΙ.) Ναί. (164b) (ΣΩ.) Τὸ δέ γε "οὐχ ὁρᾷ" "οὐκ ἐπίσταταί" ἐστιν, εἴπερ καὶ τὸ "ὁρᾷ" "ἐπίσταται." (ΘΕΑΙ.) Ἀληθῆ. (ΣΩ.) Συμβαίνει ἄρα, οὗ τις ἐπιστήμων ἐγένετο, ἔτι μεμνημένον αὐτὸν μὴ ἐπίστασθαι, ἐπειδὴ οὐχ ὁρᾷ· τέρας ἔφαμεν ἂν εἶναι εἰ γίγνοιτο. (ΘΕΑΙ.) Ἀληθέστατα λέγεις. (ΣΩ.) Τῶν ἀδυνάτων δή τι συμβαίνειν φαίνεται ἐάν τις ἐπιστήμην καὶ αἴσθησιν ταὐτὸν φῇ εἶναι. (ΘΕΑΙ.) Ἔοικεν. (ΣΩ.) Ἄλλο ἄρα ἑκάτερον φατέον. (ΘΕΑΙ.) Κινδυνεύει. (164c) (ΣΩ.) Τί οὖν δῆτ´ ἂν εἴη ἐπιστήμη; πάλιν ἐξ ἀρχῆς, ὡς ἔοικεν, λεκτέον. καίτοι τί ποτε μέλλομεν, Θεαίτητε, δρᾶν; (ΘΕΑΙ.) Τίνος πέρι; (ΣΩ.) Φαινόμεθά μοι ἀλεκτρυόνος ἀγεννοῦς δίκην πρὶν νενικηκέναι ἀποπηδήσαντες ἀπὸ τοῦ λόγου ᾄδειν. (ΘΕΑΙ.) Πῶς δή; (ΣΩ.) Ἀντιλογικῶς ἐοίκαμεν πρὸς τὰς τῶν ὀνομάτων ὁμολογίας ἀνομολογησάμενοι καὶ τοιούτῳ τινὶ περιγενόμενοι τοῦ λόγου ἀγαπᾶν, καὶ οὐ φάσκοντες ἀγωνισταὶ ἀλλὰ φιλόσοφοι (164d) εἶναι λανθάνομεν ταὐτὰ ἐκείνοις τοῖς δεινοῖς ἀνδράσιν ποιοῦντες. (ΘΕΑΙ.) Οὔπω μανθάνω ὅπως λέγεις. (ΣΩ.) Ἀλλ´ ἐγὼ πειράσομαι δηλῶσαι περὶ αὐτῶν γε δὴ νοῶ. ἠρόμεθα γὰρ δὴ εἰ μαθὼν καὶ μεμνημένος τίς τι μὴ ἐπίσταται, καὶ τὸν ἰδόντα καὶ μύσαντα μεμνημένον ὁρῶντα δὲ οὒ ἀποδείξαντες, οὐκ εἰδότα ἀπεδείξαμεν καὶ ἅμα μεμνημένον· τοῦτο δ´ εἶναι ἀδύνατον. καὶ οὕτω δὴ μῦθος ἀπώλετο Πρωταγόρειος, καὶ σὸς ἅμα τῆς ἐπιστήμης καὶ αἰσθήσεως ὅτι ταὐτόν ἐστιν. (164e) (ΘΕΑΙ.) Φαίνεται. (ΣΩ.) Οὔ τι ἄν, οἶμαι, φίλε, εἴπερ γε πατὴρ τοῦ ἑτέρου μύθου ἔζη, ἀλλὰ πολλὰ ἂν ἤμυνε· νῦν δὲ ὀρφανὸν αὐτὸν ἡμεῖς προπηλακίζομεν. καὶ γὰρ οὐδ´ οἱ ἐπίτροποι, οὓς Πρωταγόρας κατέλιπεν, βοηθεῖν ἐθέλουσιν, ὧν Θεόδωρος εἷς ὅδε. ἀλλὰ δὴ αὐτοὶ κινδυνεύσομεν τοῦ δικαίου ἕνεκ´ αὐτῷ βοηθεῖν. [164] (SOCRATE)
Il le faut pourtant, si nous voulons sauver le système en question ; sinon,
c’est fait de lui.
(THÉÉTÈTE)
Moi aussi, par Zeus, je m’en doute, mais je ne saisis pas suffisamment pourquoi
: explique-le-moi.
(SOCRATE)
Voici : celui qui voit prend, disons-nous, connaissance de ce qu’il voit, car
nous sommes convenus que la vision, la sensation et la science sont la même
chose.
(THÉÉTÈTE)
Parfaitement.
(SOCRATE)
Mais celui qui voit et qui a pris connaissance de ce qu’il a vu, s’il ferme les
yeux, se souvient de la chose, mais ne la voit plus. Est-ce bien cela ?
(THÉÉTÈTE)
Oui.
(SOCRATE)
Mais dire qu’il ne voit pas, c’est dire qu’il ne sait pas, puisque voir est savoir.
(THÉÉTÈTE)
C’est vrai.
(SOCRATE)
Il s’ensuit dès lors que, quand un homme a acquis la connaissance d’une chose et
qu’il s’en souvient encore, il ne la sait pas, puisqu’il ne la voit pas,
conclusion que nous avons qualifiée de monstrueuse, si elle était vraie.
(THÉÉTÈTE)
Très exact.
(SOCRATE)
On aboutit donc, ce semble, à une impossibilité, quand on prétend que la science
et la sensation sont la même chose.
(THÉÉTÈTE)
Il semble.
(SOCRATE)
Il faut donc reconnaître que ce sont deux choses différentes.
(THÉÉTÈTE)
J’en ai peur.
(SOCRATE)
Alors, qu’est-ce que peut être la science ? Il faut, semble-t-il, reprendre la
question au commencement. Mais qu’allons-nous faire là, Théétète ?
(THÉÉTÈTE)
De quoi veux-tu parler ?
(SOCRATE)
Il me semble que nous nous conduisons comme un coq sans valeur : nous nous
sommes retirés du débat et nous chantons avant d’avoir remporté la victoire.
(THÉÉTÈTE)
Comment cela ?
(SOCRATE)
Nous avons l’air de controversistes qui, après s’être mis d’accord sur des mots,
se contentent d’avoir le dessus dans la discussion grâce à ce moyen, et tout en
prétendant que nous ne sommes pas des éristiques, mais des philosophes, nous
nous comportons sans nous en douter comme ces habiles disputeurs.
(THÉÉTÈTE)
Je ne saisis pas encore où tu veux en venir.
(SOCRATE)
Eh bien, je vais essayer d’éclaircir là-dessus ma pensée. Nous avons demandé si
quelqu’un qui a appris une chose et s’en souvient ne la sait pas, et, après
avoir montré que celui qui a vu et ferme les yeux se souvient, mais ne voit pas,
nous avons prouvé qu’il ne sait pas, tout en se souvenant, et déclaré qu’il y a
là une impossibilité. Et voilà comment nous avons réduit à rien le mythe de
Pro-tagoras et, du même coup, le tien, qui confond la science avec la sensation.
(THÉÉTÈTE)
C’est indéniable.
(SOCRATE)
J’imagine, ami, qu’il n’en serait pas ainsi, si le père du premier mythe vivait
encore, car il trouverait beaucoup d’arguments pour le défendre ; mais à présent
qu’il est orphelin, nous le honnissons. Les tuteurs mêmes que Protagoras lui a
laissés, au nombre desquels est Théodore ici présent, refusent de prendre sa
défense. Eh bien, c’est moi qui, par scrupule de justice, vais me risquer à lui
porter secours.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006