[55] LV - Τί οὖν; Τὸ μὴ δεχόμενον τὴν τοῦ ἀρτίου ἰδέαν τί νυνδὴ ὠνομάζομεν;
- Ἀνάρτιον, ἔφη.
- Τὸ δὲ δίκαιον μὴ δεχόμενον καὶ ὃ ἂν μουσικὸν μὴ δέχηται;
- (105e) Ἄμουσον, ἔφη, τὸ δὲ ἄδικον.
- Εἶεν· ὃ δ᾽ ἂν θάνατον μὴ δέχηται τί καλοῦμεν;
- Ἀθάνατον, ἔφη.
- οὐκοῦν ψυχὴ οὐ δέχεται θάνατον;
- οὔ.
- ἀθάνατον ἄρα ψυχή.
- ἀθάνατον.
- Εἶεν, ἔφη· τοῦτο μὲν δὴ ἀποδεδεῖχθαι φῶμεν; ἢ πῶς δοκεῖ;
- Καὶ μάλα γε ἱκανῶς, ὦ Σώκρατες.
- Τί οὖν, ἦ δ᾽ ὅς, ὦ Κέβης; εἰ τῷ ἀναρτίῳ ἀναγκαῖον ἦν (106a) ἀνωλέθρῳ εἶναι,
ἄλλο τι τὰ τρία ἢ ἀνώλεθρα ἂν ἦν;
- Πῶς γὰρ οὔ;
- Οὐκοῦν εἰ καὶ τὸ ἄθερμον ἀναγκαῖον ἦν ἀνώλεθρον εἶναι, ὁπότε τις ἐπὶ
χιόνα θερμὸν ἐπάγοι, ὑπεξῄει ἂν ἡ χιὼν οὖσα σῶς καὶ ἄτηκτος; Οὐ γὰρ ἂν
ἀπώλετό γε, οὐδ᾽ αὖ ὑπομένουσα ἐδέξατο ἂν τὴν θερμότητα.
- Ἀληθῆ, ἔφη, λέγεις.
- Ὣς δ᾽ αὔτως οἶμαι κἂν εἰ τὸ ἄψυκτον ἀνώλεθρον ἦν, ὁπότε ἐπὶ τὸ πῦρ
ψυχρόν τι ἐπῄει, οὔποτ᾽ ἂν ἀπεσβέννυτο οὐδ᾽ ἀπώλλυτο, ἀλλὰ σῶν ἂν
ἀπελθὸν ᾤχετο.
- Ἀνάγκη, ἔφη.
- (106b) Οὐκοῦν καὶ ὧδε, ἔφη, ἀνάγκη περὶ τοῦ ἀθανάτου εἰπεῖν; Εἰ μὲν τὸ
ἀθάνατον καὶ ἀνώλεθρόν ἐστιν, ἀδύνατον ψυχῇ, ὅταν θάνατος ἐπ᾽ αὐτὴν ἴῃ,
ἀπόλλυσθαι· θάνατον μὲν γὰρ δὴ ἐκ τῶν προειρημένων οὐ δέξεται οὐδ᾽
ἔσται τεθνηκυῖα, ὥσπερ τὰ τρία οὐκ ἔσται, ἔφαμεν, ἄρτιον, οὐδέ γ᾽ αὖ τὸ
περιττόν, οὐδὲ δὴ πῦρ ψυχρόν, οὐδέ γε ἡ ἐν τῷ πυρὶ θερμότης. « ἀλλὰ τί
κωλύει », φαίη ἄν τις, « ἄρτιον μὲν τὸ περιττὸν μὴ γίγνεσθαι ἐπιόντος τοῦ
ἀρτίου, ὥσπερ ὡμολόγηται, (106c) ἀπολομένου δὲ αὐτοῦ ἀντ᾽ ἐκείνου ἄρτιον
γεγονέναι; » τῷ ταῦτα λέγοντι οὐκ ἂν ἔχοιμεν διαμαχέσασθαι ὅτι οὐκ
ἀπόλλυται· τὸ γὰρ ἀνάρτιον οὐκ ἀνώλεθρόν ἐστιν· ἐπεὶ εἰ τοῦτο ὡμολόγητο
ἡμῖν, ῥᾳδίως ἂν διεμαχόμεθα ὅτι ἐπελθόντος τοῦ ἀρτίου τὸ περιττὸν καὶ τὰ
τρία οἴχεται ἀπιόντα· καὶ περὶ πυρὸς καὶ θερμοῦ καὶ τῶν ἄλλων οὕτως ἂν
διεμαχόμεθα. ἢ οὔ;
- Πάνυ μὲν οὖν.
- Οὐκοῦν καὶ νῦν περὶ τοῦ ἀθανάτου, εἰ μὲν ἡμῖν ὁμολογεῖται καὶ ἀνώλεθρον
εἶναι, ψυχὴ ἂν εἴη πρὸς τῷ ἀθάνατος εἶναι (106d) καὶ ἀνώλεθρος· εἰ δὲ μή,
ἄλλου ἂν δέοι λόγου.
- Ἀλλ᾽ οὐδὲν δεῖ, ἔφη, τούτου γε ἕνεκα· σχολῇ γὰρ ἄν τι ἄλλο φθορὰν μὴ
δέχοιτο, εἰ τό γε ἀθάνατον ἀίδιον ὂν φθορὰν δέξεται.
| [55] LV. — Mais ce qui n’admet pas l’idée du pair, comment l’avons-nous appelé tout à
l’heure ?
— Non-pair, dit-il.
— Et ce qui ne reçoit pas le juste, et ce qui ne reçoit pas le musical ?
— Le non-musical, dit-il, et l’injuste.
— Fort bien ; mais ce qui ne reçoit pas la mort, comment l’appelons-nous ?
— Immortel, dit-il.
— Or l’âme ne reçoit pas la mort ?
— Non.
— L’âme est donc immortelle ?
— Elle est immortelle.
— Fort bien, dit-il. Pouvons-nous dire que cela est démontré ? Qu’en penses-tu ?
— Oui, et même fort bien, Socrate.
— Mais voyons, Cébès, reprit Socrate, si c’était une nécessité pour l’impair d’être
impérissable, le trois ne serait-il pas impérissable aussi ?
— Sans doute.
— Et si le non-chaud aussi était nécessairement impérissable, toutes les fois qu’on
approcherait du chaud de la neige, est-ce que la neige ne se retirerait pas intacte et sans
fondre ? Car elle ne périrait pas, et elle n’attendrait pas non plus et ne recevrait pas la
chaleur.
— C’est vrai, dit-il.
— Il en est de même, je pense, de ce qui ne peut être rafraîchi. Si cela était impérissable,
quand quelque chose de froid s’approcherait du feu, jamais le feu ne s’éteindrait ni ne
périrait, mais il se retirerait sain et sauf.
— Nécessairement, fit-il.
— Ne faut-il pas nécessairement aussi dire la même chose de ce qui est immortel ? Si ce
qui est immortel est aussi impérissable, il est impossible que l’âme, quand la mort vient
à elle, puisse périr ; car d’après ce que nous avons dit, elle ne recevra pas la mort et ne
sera jamais morte, pas plus que le trois, disions-nous, ni l’impair non plus, ne sera pair,
ni le feu, ni non plus la chaleur qui est dans le feu ne deviendra froideur. Mais qu’est-ce
qui empêche, dira-t-on, que l’impair, quoique, nous en sommes convenus, il ne devienne
pas pair à l’approche du pair, ne périsse et d’impair ne devienne pair ? A cette objection
nous ne pourrions répondre qu’il ne périt pas ; car le non-pair n’est pas impérissable.
Autrement, si nous avions reconnu qu’il l’est, il nous serait facile de riposter qu’à
l’approche du pair, l’impair et le trois se retirent, et nous ferions la même réponse au
sujet du feu, du chaud, et du reste, n’est-ce pas ?
— Certainement.
— Par conséquent, au sujet de l’immortel, qui nous occupe à présent, si nous tombons
d’accord qu’il est aussi impérissable, l’âme sera non seulement immortelle, mais encore
impérissable. Sinon, il nous faudra d’autres preuves.
— Pour cela, dit-il, nous n’en avons nullement besoin ; car on aurait peine à trouver
quelque chose d’impérissable si ce qui est immortel, étant éternel, admettait la
destruction.
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