HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon

Chapitre 12

  Chapitre 12

[12] XII - Οὐκοῦν, ἔφη Σωκράτης, εἰ ταῦτα ἀληθῆ, ἑταῖρε, πολλὴ ἐλπὶς
ἀφικομένῳ οἷ ἐγὼ πορεύομαι, ἐκεῖ ἱκανῶς, εἴπερ που ἄλλοθι, κτήσασθαι
τοῦτο οὗ ἕνεκα πολλὴ πραγματεία ἡμῖν ἐν τῷ παρελθόντι βίῳ γέγονεν,
ὥστε γε (67c) ἀποδημία νῦν μοι προστεταγμένη μετὰ ἀγαθῆς ἐλπίδος
γίγνεται καὶ ἄλλῳ ἀνδρὶ ὃς ἡγεῖταί οἱ παρεσκευάσθαι τὴν διάνοιαν ὥσπερ
κεκαθαρμένην.
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη Σιμμίας.
- Κάθαρσις δὲ εἶναι ἆρα οὐ τοῦτο συμβαίνει, ὅπερ πάλαι ἐν τῷ λόγῳ λέγεται,
τὸ χωρίζειν ὅτι μάλιστα ἀπὸ τοῦ σώματος τὴν ψυχὴν καὶ ἐθίσαι αὐτὴν καθ
αὑτὴν πανταχόθεν ἐκ τοῦ σώματος συναγείρεσθαί τε καὶ ἁθροίζεσθαι, καὶ
οἰκεῖν κατὰ τὸ δυνατὸν καὶ ἐν τῷ νῦν παρόντι καὶ ἐν τῷ (67d) ἔπειτα μόνην
καθαὑτήν, ἐκλυομένην ὥσπερ (ἐκ) δεσμῶν ἐκ τοῦ σώματος;
- Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
- Οὐκοῦν τοῦτό γε θάνατος ὀνομάζεται, λύσις καὶ χωρισμὸς ψυχῆς ἀπὸ
σώματος;
- Παντάπασί γε, δὅς.
- Λύειν δέ γε αὐτήν, ὥς φαμεν, προθυμοῦνται ἀεὶ μάλιστα καὶ μόνοι οἱ
φιλοσοφοῦντες ὀρθῶς, καὶ τὸ μελέτημα αὐτὸ τοῦτό ἐστιν τῶν φιλοσόφων,
λύσις καὶ χωρισμὸς ψυχῆς ἀπὸ σώματος· οὔ;
- Φαίνεται.
- Οὐκοῦν, ὅπερ ἐν ἀρχῇ ἔλεγον, γελοῖον ἂν εἴη ἄνδρα (67e) παρασκευάζονθ
ἑαυτὸν ἐν τῷ βίῳ ὅτι ἐγγυτάτω ὄντα τοῦ τεθνάναι οὕτω ζῆν, κἄπειθ
ἥκοντος αὐτῷ τούτου ἀγανακτεῖν;
- Γελοῖον· πῶς δοὔ;
- Τῷ ὄντι ἄρα, ἔφη, Σιμμία, οἱ ὀρθῶς φιλοσοφοῦντες ἀποθνῄσκειν
μελετῶσι, καὶ τὸ τεθνάναι ἥκιστα αὐτοῖς ἀνθρώπων φοβερόν. ἐκ τῶνδε δὲ
σκόπει. Εἰ γὰρ διαβέβληνται μὲν πανταχῇ τῷ σώματι, αὐτὴν δὲ καθαὑτὴν
ἐπιθυμοῦσι τὴν ψυχὴν ἔχειν, τούτου δὲ γιγνομένου εἰ φοβοῖντο καὶ
ἀγανακτοῖεν, οὐ πολλὴ ἂν ἀλογία εἴη, εἰ μὴ (68a) ἅσμενοι ἐκεῖσε ἴοιεν, οἷ
ἀφικομένοις ἐλπίς ἐστιν οὗ διὰ βίου ἤρων τυχεῖν - ἤρων δὲ φρονήσεως - τε
διεβέβληντο, τούτου ἀπηλλάχθαι συνόντος αὐτοῖς; ἀνθρωπίνων μὲν
παιδικῶν καὶ γυναικῶν καὶ ὑέων ἀποθανόντων πολλοὶ δὴ ἑκόντες
ἠθέλησαν εἰς Ἅιδου μετελθεῖν, ὑπὸ ταύτης ἀγόμενοι τῆς ἐλπίδος, τῆς τοῦ
ὄψεσθαί τε ἐκεῖ ὧν ἐπεθύμουν καὶ συνέσεσθαι· φρονήσεως δὲ ἄρα τις τῷ ὄντι
ἐρῶν, καὶ λαβὼν σφόδρα τὴν αὐτὴν ταύτην ἐλπίδα, μηδαμοῦ ἄλλοθι
ἐντεύξεσθαι αὐτῇ (68b) ἀξίως λόγου ἐν Ἅιδου, ἀγανακτήσει τε
ἀποθνῄσκων καὶ οὐχ ἅσμενος εἶσιν αὐτόσε; Οἴεσθαί γε χρή, ἐὰν τῷ ὄντι γε
, ἑταῖρε, φιλόσοφος· σφόδρα γὰρ αὐτῷ ταῦτα δόξει, μηδαμοῦ ἄλλοθι
καθαρῶς ἐντεύξεσθαι φρονήσει ἀλλ ἐκεῖ. Εἰ δὲ τοῦτο οὕτως ἔχει, ὅπερ ἄρτι
ἔλεγον, οὐ πολλὴ ἂν ἀλογία εἴη εἰ φοβοῖτο τὸν θάνατον τοιοῦτος;
- Πολλὴ μέντοι νὴ Δία, δὅς.
[12] XII. — Si cela est vrai, camarade, reprit Socrate, j’ai grand espoir qu’arrivé où je vais,
j’y atteigne pleinement, si on le peut quelque part, ce qui a été l’objet essentiel de mes
efforts pendant ma vie passée. Aussi le voyage qui m’est imposé aujourd’hui suscite en
moi une bonne espérance, comme en tout homme qui croit que sa pensée est préparée,
comme si elle avait été purifiée.
— Cela est certain, dit Simmias.
— Or purifier l’âme n’est-ce pas justement, comme nous le disions tantôt, la séparer le
plus possible du corps et l’habituer à se recueillir et à se ramasser en elle-même de
toutes les parties du corps, et à vivre, autant que possible, dans la vie présente et dans la
vie future, seule avec elle-même, dégagée du corps comme d’une chaîne.
— Assurément, dit-il.
— Et cet affranchissement et cette séparation de l’âme d’avec le corps, n’est-ce pas cela
qu’on appelle la mort ?
— C’est exactement cela, dit-il.
— Mais délivrer l’âme, n’est-ce pas, selon nous, à ce but que les vrais philosophes, et eux
seuls, aspirent ardemment et constamment, et n’est--ce pas justement à cet
affranchissement et à cette séparation de l’âme et du corps que s’exercent les
philosophes ? Est-ce vrai ?
— Evidemment.
— Dès lors, comme je le disais en commençant, il serait ridicule qu’un homme qui, de
son vivant, s’entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort, se révolte
lorsque la mort se présente à lui.
— Ridicule, sans contredit.
— C’est donc un fait, Simmias, reprit Socrate, que les vrais philosophes s’exercent à
mourir et qu’ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort.
Réfléchis à ceci. Si en effet, ils sont de toute façon brouillés avec leur corps et désirent
que leur âme soit seule avec elle-même, et, si d’autre part, ils ont peur et se révoltent
quand ce moment arrive, n’est-ce pas une inconséquence grossière de leur part, de ne
point aller volontiers en un endroit où ils ont l’espoir d’obtenir dès leur arrivée ce dont
ils ont été épris toute leur vie, et ils étaient épris de la sagesse, et d’être délivrés d’un
compagnon avec lequel ils étaient brouillés ? Hé quoi, on a vu beaucoup d’hommes qui,
pour avoir perdu un mignon, une femme, un fils, se sont résolus d’eux-mêmes à les
suivre dans l’Hadès, conduits par l’espoir d’y revoir ceux qu’ils regrettaient et de rester
avec eux, et, quand il s’agit de la sagesse, l’homme qui en est réellement épris et qui a,
lui aussi, la ferme conviction qu’il ne trouvera nulle part ailleurs que dans l’Hadès une
sagesse qui vaille la peine qu’on en parle, se révoltera contre la mort et n’ira pas
volontiers dans l’autre monde ! Il faut bien croire que si, camarade, s’il est réellement
philosophe, car il aura la ferme conviction qu’il ne rencontrera nulle part la sagesse
pure, sinon là-bas. Mais, s’il en est ainsi, ne serait-ce pas, comme je le disais tout à
l’heure, une grossière inconséquence, qu’un tel homme eût peur de la mort ?
— Si, par Zeus, dit-il.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005