[434] (434a) (Κρατύλος)
Ὅλῳ καὶ παντὶ διαφέρει, ὦ Σώκρατες, τὸ ὁμοιώματι δηλοῦν ὅτι ἄν τις δηλοῖ ἀλλὰ μὴ τῷ ἐπιτυχόντι.
(Σωκράτης)
Καλῶς λέγεις. Οὐκοῦν εἴπερ ἔσται τὸ ὄνομα ὅμοιον τῷ πράγματι, ἀναγκαῖον πεφυκέναι τὰ στοιχεῖα ὅμοια τοῖς πράγμασιν, ἐξ ὧν τὰ πρῶτα ὀνόματά τις συνθήσει; ὧδε δὲ λέγω· ἆρά ποτ᾽ ἄν τις συνέθηκεν ὃ νυνδὴ ἐλέγομεν ζωγράφημα ὅμοιόν τῳ τῶν ὄντων, εἰ μὴ φύσει ὑπῆρχε (434b) φαρμακεῖα ὅμοια ὄντα, ἐξ ὧν συντίθεται τὰ ζωγραφούμενα, ἐκείνοις ἃ μιμεῖται ἡ γραφική· ἢ ἀδύνατον;
(Κρατύλος)
Ἄδύνατον.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὡσαύτως καὶ ὀνόματα οὐκ ἄν ποτε ὅμοια γένοιτο οὐδενί, εἰ μὴ ὑπάρξει ἐκεῖνα πρῶτον ὁμοιότητά τινα ἔχοντα, ἐξ ὧν συντίθεται τὰ ὀνόματα, ἐκείνοις ὧν ἐστι τὰ ὀνόματα μιμήματα; ἔστι δέ, ἐξ ὧν συνθετέον, στοιχεῖα;
(Κρατύλος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἤδη τοίνυν καὶ σὺ κοινώνῃ τοῦ λόγου οὗπερ ἄρτι (434c) (Ἑρμογένης). Φέρε, καλῶς σοι δοκοῦμεν λέγειν ὅτι τὸ ῥῶ τῇ φορᾷ καὶ κινήσει καὶ σκληρότητι προσέοικεν, ἢ οὐ καλῶς;
(Κρατύλος)
Καλῶς ἔμοιγε.
(Σωκράτης)
Τὸ δὲ λάβδα τῷ λείῳ καὶ μαλακῷ καὶ οἷς νυνδὴ ἐλέγομεν;
(Κρατύλος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Οἶσθα οὖν ὅτι ἐπὶ τῷ αὐτῷ ἡμεῖς μέν φαμεν «σκληρότης,» Ἐρετριῆς δὲ «σκληροτήρ» ;
(Κρατύλος)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Πότερον οὖν τό τε ῥῶ καὶ τὸ σῖγμα ἔοικεν ἀμφότερα τῷ αὐτῷ, καὶ δηλοῖ ἐκείνοις τε τὸ αὐτὸ τελευτῶντος τοῦ ῥῶ καὶ ἡμῖν τοῦ σῖγμα, ἢ τοῖς ἑτέροις ἡμῶν οὐ δηλοῖ;
(434d) (Κρατύλος)
Δηλοῖ μὲν οὖν ἀμφοτέροις.
(Σωκράτης)
Πότερον ᾗ ὅμοια τυγχάνει ὄντα τὸ ῥῶ καὶ τὸ σῖγμα, ἢ ᾗ μή;
(Κρατύλος)
ᾞ ὅμοια.
(Σωκράτης)
Ἦ οὖν ὅμοιά ἐστι πανταχῇ;
(Κρατύλος)
Πρός γε τὸ ἴσως φορὰν δηλοῦν.
(Σωκράτης)
Ἦ καὶ τὸ λάβδα ἐγκείμενον; οὐ τὸ ἐναντίον δηλοῖ σκληρότητος;
(Κρατύλος)
Ἴσως γὰρ οὐκ ὀρθῶς ἔγκειται, ὦ Σώκρατες· ὥσπερ καὶ ἃ νυνδὴ σὺ πρὸς Ἑρμογένη ἔλεγες ἐξαιρῶν τε καὶ ἐντιθεὶς γράμματα οὗ δέοι, καὶ ὀρθῶς ἐδόκεις ἔμοιγε. Καὶ νῦν ἴσως ἀντὶ τοῦ λάβδα ῥῶ δεῖ λέγειν.
(434e) (Σωκράτης)
Εὖ λέγεις. τί οὖν; νῦν ὡς λέγομεν, οὐδὲν μανθάνομεν ἀλλήλων, ἐπειδάν τις φῇ «σκληρόν,» οὐδὲ οἶσθα σὺ νῦν ὅτι ἐγὼ λέγω;
(Κρατύλος)
Ἔγωγε, διά γε τὸ ἔθος, ὦ φίλτατε.
(Σωκράτης)
Ἴθος δὲ λέγων οἴει τι διάφορον λέγειν συνθήκης; ἢ ἄλλο τι λέγεις τὸ ἔθος ἢ ὅτι ἐγώ, ὅταν τοῦτο φθέγγωμαι, διανοοῦμαι ἐκεῖνο, σὺ δὲ γιγνώσκεις ὅτι ἐκεῖνο διανοοῦμαι; οὐ τοῦτο λέγεις;
| [434] (434a) CRATYLE.
Sans comparaison, Socrate, il vaut mieux représenter les choses par
l'imitation que d'une façon entièrement arbitraire,
SOCRATE.
Fort bien. Mais pour que les noms soient conformes aux
choses, n'est-il pas nécessaire que les lettres aussi soient naturellement
semblables aux choses, puisque c'est avec les lettres que les noms
primitifs doivent être formés? Je m'explique ; aurait-on jamais pu rendre le
tableau dont nous parlions tout à l'heure, semblable au modèle qu'il
représente, si la nature n'eût fourni (434b) pour le composer des couleurs
pareilles à celles du modèle? L'aurait-on pu?
CRATYLE.
Nullement.
SOCRATE.
Et de même, les noms ressembleraient-ils jamais à quoi que ce fût, si
les éléments qui les composent ne se trouvaient pas avoir naturellement
de la ressemblance avec les choses dont les noms nous offrent l'image;
et ces éléments, ne sont-ce pas les lettres ?
CRATYLE.
Oui.
SOCRATE.
Suis-moi donc maintenant dans la même recherche où je suis entré
(434c) avec Hermogène. Par exemple, trouves-tu que nous ayons raison
de dire que la lettre g-r est propre à exprimer le changement de lieu, le
mouvement, la rudesse ?
CRATYLE.
Assurément.
SOCRATE.
Et la lettre g-l à exprimer ce qui est poli, doux, et les autres qualités
analogues dont nous avons parlé ?
CRATYLE,
Oui.
SOCRATE.
Tu sais sans doute que ce que nous appelons g-sklehrotehs, rudesse et
les Erétriens l'appellent g-sehlehrotehr.
CRATYLE.
Je le sais.
SOCRATE.
Ce g-r et ce g-s ressemblent-ils donc à la même chose? Le mot
présente-t-il la même idée à ceux qui le terminent en g-r, et à nous qui le
terminons en g-s, ou le sens est-il différent?
CRATYLE,
Il est clair que c'est le même sens.
SOCRATE.
Cela viendrait-il de ce que le g-r et le g-s sont semblables entre eux, ou
de ce qu'ils ne le sont pas?
CRATYLE.
De ce qu'ils sont semblables.
SOCRATE.
Semblables absolument?
CRATYLE.
Du moins, je pense, pour l'expression du mouvement.
SOCRATE.
Mais ce g-l placé dans le mot g-sklehrotehs n'exprime-t-il pas le contraire
de la rudesse?
CRATYLE.
Peut-être en effet n'est-il pas bien à sa place, Socrate. Tu as assez
retranché ou ajouté de lettres, partout où il le fallait, dans les explications
que tu as données à Hermogène; et pour moi, je trouvais que tu faisais
bien ; de même ici, peut-être faudrait-il substituer un g-r au g-l.
(434e) SOCRATE.
Je suis de ton avis; mais quoi, de la façon dont nous prononçons
aujourd'hui ce mot g-sklehron, rude, est-ce que nous ne nous comprenons
pas mutuellement? Toi-même, ne l'en tends-tu pas en ce moment même
où je le prononce ?
CRATYLE.
Je l'entends, cher Socrate, à cause de l'usage.
SOCRATE.
Mais quand tu dis l'usage, crois-tu parler d'autre chose que d'une
convention ? L'usage ne consiste-t-il pas en ce que, quand je prononce
un mot, je conçois quelque chose, et que toi, en même temps, tu
reconnais que c'est à cette chose que je pense? Ne l'entends-tu pas
ainsi?
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