[1,38] (1) οἱ δὲ ῾Ρειτοὶ καλούμενοι ῥεῦμα μόνον παρέχονται ποταμῶν, ἐπεὶ τό γε ὕδωρ θάλασσά ἐστί
σφισι· πείθοιτο δὲ ἄν τις καὶ ὡς ἀπὸ τοῦ Χαλκιδέων Εὐρίπου ῥέουσιν ὑπὸ τῆς γῆς ἐς θάλασσαν
κοιλοτέραν ἐμπίπτοντες. λέγονται δὲ οἱ ῾Ρειτοὶ Κόρης ἱεροὶ καὶ Δήμητρος εἶναι, καὶ τοὺς ἰχθῦς ἐξ αὐτῶν
τοῖς ἱερεῦσιν ἔστιν αἱρεῖν μόνοις. οὗτοι τὸ ἀρχαῖον, ὡς ἐγὼ πυνθάνομαι, πρὸς Ἀθηναίους τοὺς ἄλλους
ὅροι τῆς γῆς Ἐλευσινίοις ἦσαν, καὶ διαβᾶσι τοὺς ῾Ρειτοὺς πρῶτος ᾤκει (2) Κρόκων, ἔνθα καὶ νῦν ἔτι
βασίλεια καλεῖται Κρόκωνος. τοῦτον Ἀθηναῖοι τὸν Κρόκωνα Κελεοῦ θυγατρί συνοικῆσαι Σαισάρᾳ
λέγουσι· λέγουσι δὲ οὐ πάντες, ἀλλ᾽ ὅσοι τοῦ δήμου τοῦ Σκαμβωνιδῶν εἰσιν· ἐγὼ δὲ Κρόκωνος μὲν
ἀνευρεῖν τάφον οὐχ οἷός τε ἐγενόμην, τὸ δὲ Εὐμόλπου μνῆμα κατὰ ταὐτὰ Ἐλευσινίοις ἀπέφαινον καὶ
Ἀθηναῖοι. τοῦτον τὸν Εὔμολπον ἀφικέσθαι λέγουσιν ἐκ Θρᾴκης Ποσειδῶνος παῖδα ὄντα καὶ Χιόνης·
τὴν δὲ Χιόνην Βορέου θυγατέρα τοῦ ἀνέμου καὶ Ὠρειθυίας φασὶν εἶναι. Ὁμήρῳ δὲ ἐς μὲν τὸ γένος ἐστὶν
οὐδὲν αὐτοῦ πεποιημένον, ἐπονομάζει δὲ ἀγήνορα ἐν τοῖς ἔπεσι τὸν Εὔμολπον. (3) γενομένης δὲ
Ἐλευσινίοις μάχης πρὸς Ἀθηναίους ἀπέθανε μὲν Ἐρεχθεὺς Ἀθηναίων βασιλεύς, ἀπέθανε δὲ
Ἰμμάραδος Εὐμόλπου· καταλύονται δὲ ἐπὶ τοῖσδε τὸν πόλεμον, ὡς Ἐλευσινίους ἐς τὰ ἄλλα Ἀθηναίων
κατηκόους ὄντας ἰδίᾳ τελεῖν τὴν τελετήν. τὰ δὲ ἱερὰ τοῖν θεοῖν Εὔμολπος καὶ αἱ θυγατέρες δρῶσιν αἱ
Κελεοῦ, καλοῦσι δὲ σφᾶς Πάμφως τε κατὰ ταὐτὰ καὶ Ὅμηρος Διογένειαν καὶ Παμμερόπην καὶ τρίτην
Σαισάραν· τελευτήσαντος δὲ Εὐμόλπου Κήρυξ νεώτερος λείπεται τῶν παίδων, ὃν αὐτοὶ Κήρυκες
θυγατρὸς Κέκροπος Ἀγλαύρου καὶ Ἑρμοῦ παῖδα εἶναι λέγουσιν, ἀλλ᾽ οὐκ Εὐμόλπου.
(4) ἔστι δὲ Ἱπποθόωντος ἡρῷον, ἀφ᾽ οὗ τὴν φυλὴν ὀνομάζουσι, καὶ πλησίον Ζάρηκος. τοῦτον μαθεῖν
παρὰ Ἀπόλλωνι μουσικήν φασιν, ἐγὼ δὲ ξένον μὲν ἀφικόμενον ἐς τὴν γῆν Λακεδαιμόνιόν τε εἶναι
δοκῶ καὶ Ζάρακα ἐν τῇ Λακωνικῇ πόλιν ἀπὸ τούτου πρὸς θαλάσσῃ καλεῖσθαι· εἰ δέ τις Ζάρηξ
ἐπιχώριος Ἀθηναίοις ἥρως, οὐδὲν ἐς αὐτὸν ἔχω λέγειν. (5) - ῥεῖ δὲ Κηφισὸς πρὸς Ἐλευσῖνι βιαιότερον
παρεχόμενος τοῦ προτέρου ῥεῦμα· καὶ παρ᾽ αὐτῷ καλοῦσιν Ἐρινεόν, λέγοντες τὸν Πλούτωνα ὅτε
ἥρπασε τὴν Κόρην καταβῆναι ταύτῃ. πρὸς τούτῳ τῷ Κηφισῷ λῃστὴν Πολυπήμονα ὄνομα,
Προκρούστην δὲ ἐπίκλησιν, Θησεὺς ἀπέκτεινεν. (6) Ἐλευσινίοις δὲ ἔστι μὲν Τριπτολέμου ναός, ἔστι δὲ
Προπυλαίας Ἀρτέμιδος καὶ Ποσειδῶνος Πατρός, φρέαρ τε καλούμενον Καλλίχορον, ἔνθα πρῶτον
Ἐλευσινίων αἱ γυναῖκες χορὸν ἔστησαν καὶ ᾖσαν ἐς τὴν θεόν. τὸ δὲ πεδίον τὸ ῾Ράριον σπαρῆναι πρῶτον
λέγουσι καὶ πρῶτον αὐξῆσαι καρπούς, καὶ διὰ τοῦτο οὐλαῖς ἐξ αὐτοῦ χρῆσθαί σφισι καὶ ποιεῖσθαι
πέμματα ἐς τὰς θυσίας καθέστηκεν. ἐνταῦθα ἅλως καλουμένη Τριπτολέμου καὶ βωμὸς δείκνυται· (7)
τὰ δὲ ἐντὸς τοῦ τείχους τοῦ ἱεροῦ τό τε ὄνειρον ἀπεῖπε γράφειν, καὶ τοῖς οὐ τελεσθεῖσιν, ὁπόσων θέας
εἴργονται, δῆλα δήπου μηδὲ πυθέσθαι μετεῖναί σφισιν. Ἐλευσῖνα δὲ ἥρωα, ἀφ᾽ οὗ τὴν πόλιν
ὀνομάζουσιν, οἱ μὲν Ἑρμοῦ παῖδα εἶναι καὶ Δαείρας Ὠκεανοῦ θυγατρὸς λέγουσι, τοῖς δέ ἐστι
πεποιημένα Ὤγυγον εἶναι πατέρα Ἐλευσῖνι· οἱ γὰρ ἀρχαῖοι τῶν λόγων ἅτε οὐ προσόντων σφίσιν ἐπῶν
ἄλλα τε πλάσασθαι δεδώκασι <καὶ> μάλιστα ἐς τὰ γένη τῶν ἡρώων.
(8) ἐκ δὲ Ἐλευσῖνος τραπομένοις ἐπὶ Βοιωτῶν, ἐστὶν ὅμορος Ἀθηναίοις ἡ Πλαταιίς. πρότερον μὲν γὰρ
Ἐλευθερεῦσιν ὅροι πρὸς τὴν Ἀττικὴν ἦσαν· προσχωρησάντων δὲ Ἀθηναίοις τούτων, οὕτως ἤδη
Βοιωτίας ὁ Κιθαιρών ἐστιν ὅρος. προσεχώρησαν δὲ Ἐλευθερεῖς οὐ πολέμῳ βιασθέντες, ἀλλὰ πολιτείας
τε ἐπιθυμήσαντες παρὰ Ἀθηναίων καὶ κατ᾽ ἔχθος τὸ Θηβαίων. ἐν τούτῳ τῷ πεδίῳ ναός ἐστι Διονύσου,
καὶ τὸ ξόανον ἐντεῦθεν Ἀθηναίοις ἐκομίσθη τὸ ἀρχαῖον· τὸ δὲ ἐν Ἐλευθεραῖς <τὸ> ἐφ᾽ ἡμῶν ἐς μίμησιν
ἐκείνου πεποίηται. (9) ἀπωτέρω δὲ ὀλίγον σπήλαιόν ἐστιν οὐ μέγα, καὶ παρ᾽ αὐτὸ ὕδατος πηγὴ ψυχροῦ·
λέγεται δὲ ἐς μὲν τὸ σπήλαιον ὡς Ἀντιόπη τεκοῦσα κατάθοιτο ἐς αὐτὸ τοὺς παῖδας, περὶ δὲ τῆς πηγῆς
τὸν ποιμένα εὑρόντα τοὺς παῖδας ἐνταῦθα σφᾶς λοῦσαι πρῶτον ἀπολύσαντα τῶν σπαργάνων.
Ἐλευθερῶν δὲ ἦν μὲν ἔτι τοῦ τείχους, ἦν δὲ καὶ οἰκιῶν ἐρείπια· δήλη δὲ τούτοις ἐστὶ πόλις ὀλίγον ὑπὲρ
τοῦ πεδίου πρὸς τῷ Κιθαιρῶνι οἰκισθεῖσα.
| [1,38] CHAPITRE XXXVIII. Les Rheti. Crocon. Eumolpe. Les filles de
Céléos. Zarax. Eleusis. Eleuthères.
Les Rheti ne ressemblent à des fleuves que parce qu'ils ont un courant, car
c'est l'eau de la mer qui y coule. Il est probable qu'ils viennent de l'Euripe
de Chalcis, ils passent sous terre, et vont se jeter dans l'autre mer qui est
plus basse. Les Rheti sont consacrés à Cérès (Déméter) et à sa fille, et les
prêtres peuvent seuls y pécher. Ils formaient anciennement, m'a-t-on dit, la
limite entre le pays des Éleusiniens et le reste de l'Attique. La maison de
Crocon était la première qu'on trouvât après les avoir traversés, et l'endroit
où elle était se nomme encore maintenant le palais de Crocon. Il avait
épousé Saesara, fille de Céléus, à ce que disent les Athéniens, au moins ceux
du bourg des Scambonides ; car cette opinion n'est pas générale. Je n'ai pas
pu découvrir le tombeau de Crocon ; quant à celui d'Eumolpe, les
Éleusiniens et les Athéniens sont d'accord sur l'endroit où il est. On dit que
cet Eumolpe, venu de la Thrace, était fils de Poséidon et de Chioné, fille du
vent Borée et d'Orithye. Homère ne dit rien de son origine ; il le nomme
seulement dans ses vers, le vaillant Eumolpe. Les Éleusiniens ayant livré un
combat aux Athéniens, Érechthée, roi de ces derniers, fut tué, ainsi
qu'Immarade, fils d'Eumolpe. Les deux peuples firent ensuite la paix, et il
fut convenu que les Éleusiniens, soumis pour tout le reste aux Athéniens,
célébreraient en leur particulier les mystères ; qu'Eumolpe et les filles de
Céléus seraient chargés de tout ce qui concerne le culte des Grandes Déesses.
Suivant Pamphus, d'accord en cela avec Homère, les filles de Céléus se
nommaient Diogénie, Pammérope et Saisara. Lorsque Eumolpe mourut, il
ne restait que Céryx le plus jeune de ses fils, qui, suivant les Céryces, était
fils d'Aglaure, fille de Cécrops, et avait pour père, Mercure (Hermès) et non
Eumolpe. Le monument héroïque d'Hippothoon qui a donné son nom à
une tribu est dans le même lieu, et celui de Zarex est tout auprès. On dit
que ce dernier avait appris la musique d'Apollon ; je crois qu'il était
étranger, probablement de Lacédémone, et que Zarax, ville de la Laconie
sur les bords de la mer avait pris son nom de lui. Si les Athéniens ont eu un
héros nommé Zarax, il m'est entièrement inconnu. Le Céphise a son cours
beaucoup plus rapide à Éleusis que dans le reste de l'Attique. On donne le
nom d'Erinéum (le figuier sauvage) à un endroit voisin par où Pluton
descendit, dit-on, aux enfers après avoir enlevé Proserpine (Perséphone).
C'est aussi auprès du Céphise que Thésée tua le brigand Polypémon,
surnommé Procruste. Les Éleusiniens ont chez eux le temple de Triptolème,
ceux de Diane (Artémis) Propylée, et de Poséidon surnommé le Père. Ils
vous montrent le puits Callichorus autour duquel les femmes d'Éleusis
formèrent le premier choeur de danse et de chant en l'honneur de Cérès
(Déméter) ; le champ Rharius, le premier, dit-on, qui ait reçu des semences et
produit des fruits ; aussi l'orge qu'on y recueille est-il employé à faire de la
farine pour répandre sur la tête des victimes, et des gâteaux pour les
sacrifices. On vous montre aussi l'aire qui porte le nom de Triptolème, et
l'autel de ce héros. Quant à ce qui est dans l'intérieur des murs du temple,
un songe m'a défendu de le décrire, les non initiés à qui il n'est pas permis
de voir cet intérieur, ne devant pas même connaître ce qu'il renferme. Le
héros Éleusis, dont la ville a pris le nom était, suivant quelques poètes, fils
de Mercure (Hermès), et de Daïra, fille de l'Océan ; d'autres disent qu'il était
fils d'Ogygès ; car les anciens Éleusiniens n'ayant point d'ouvrages sur les
généalogies, on a pu imaginer beaucoup de fables, surtout sur l'origine de
leurs héros.
Le pays de Platées dans la Béotie est maintenant, du côté d'Éleusis,
limitrophe de l'Attique : les limites étaient jadis vers Éleuthère, mais depuis
que les Éleuthèriens se sont réunis aux Athéniens, elles ont été reculées
jusqu'au mont Cithaeron dans la Béotie. Les Eleuthériens se sont réunis aux
Athéniens sans y être contraints par les armes, mais parce que le
gouvernement d'Athènes leur plaisait, et qu'ils haïssaient les Thébains. Il y
a dans la plaine d'Éleuthère un temple de Bacchus (Dionysos) ; l'ancienne
statue en bois qu'il renfermait a été transportée à Athènes, et celle qu'on y
voit maintenant n'est qu'une copie. Un peu plus loin est une petite grotte
auprès de laquelle jaillit une source d'eau froide. On dit qu'Antiope exposa
dans cette grotte, les enfants qu'elle venait de mettre au monde, et que le
berger qui les trouva les ayant démaillotés, les lava dans cette fontaine. Il
reste encore quelques ruines des murs et des maisons d'Éleuthère ; on voit
par là que la ville était un peu au-dessus de la plaine, au bas du mont
Cithaeron.
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