[1,35] (1) νῆσοι δὲ Ἀθηναίοις οὐ πόρρω τῆς χώρας εἰσίν, ἡ μὲν Πατρόκλου καλουμένη - τὰ δὲ ἐς αὐτὴν
ἤδη μοι δεδήλωται - , ἄλλη δὲ ὑπὲρ Σουνίου τὴν Ἀττικὴν ἐν ἀριστερᾷ <παρα>πλέουσιν· ἐς ταύτην
ἀποβῆναι λέγουσιν Ἑλένην μετὰ τὴν ἅλωσιν τὴν Ἰλίου, καὶ διὰ τοῦτο ὄνομά ἐστιν Ἑλένη τῇ νήσῳ. (2)
Σαλαμὶς δὲ κατὰ Ἐλευσῖνα κειμένη παρήκει καὶ ἐς τὴν Μεγαρικήν. πρῶτον δὲ (ἐν) τῇ νήσῳ <τὸ ὄνομα>
θέσθαι τοῦτο(ν) <Κυχρέα> ἀπὸ τῆς μητρὸς Σαλαμῖνος τῆς Ἀσωποῦ, καὶ ὕστερον Αἰγινήτας τοὺς σὺν
Τελαμῶνι ἐποικῆσαι· Φίλαιον δὲ τὸν Εὐρυσάκους τοῦ Αἴαντος παραδοῦναι λέγουσιν Ἀθηναίοις τὴν
νῆσον, γενόμενον ὑπ᾽ αὐτῶν Ἀθηναῖον. Σαλαμινίους δὲ Ἀθηναῖοι τούτων ὕστερον πολλοῖς ἔτεσιν
ἀναστάτους ἐποίησαν, καταγνόντες ἐθελοκακῆσαι σφᾶς ἐν τῷ πολέμῳ τῷ πρὸς Κάσσανδρον καὶ τὴν
πόλιν γνώμῃ τὸ πλέον Μακεδόσιν ἐνδοῦναι· καὶ Αἰσχητάδου τε κατέγνωσαν θάνατον, ὃς τότε ᾕρητο ἐς
τὴν Σαλαμῖνα στρατηγός, καὶ ἐς τὸν πάντα ἐπώμοσαν χρόνον Σαλαμινίοις ἀπομνημονεύ<σ>ειν
προδοσίαν. (3) ἔστι δὲ ἀγορᾶς τε ἔτι ἐρείπια καὶ ναὸς Αἴαντος, ἄγαλμα δὲ ἐξ ἐβένου ξύλου· διαμένουσι
δὲ καὶ ἐς τόδε τῷ Αἴαντι παρὰ Ἀθηναίοις τιμαὶ αὐτῷ τε καὶ Εὐρυσάκει, καὶ γὰρ Εὐρυσάκους βωμός ἐστιν
ἐν Ἀθήναις. δείκνυται δὲ λίθος ἐν Σαλαμῖνι οὐ πόρρω τοῦ λιμένος· ἐπὶ τούτου καθήμενον Τελαμῶνα
ὁρᾶν λέγουσιν ἐς τὴν ναῦν ἀποπλεόντων οἱ τῶν παίδων ἐς Αὐλίδα ἐπὶ τὸν κοινὸν τῶν Ἑλλήνων
στόλον. (4) λέγουσι δὲ οἱ περὶ τὴν Σαλαμῖνα οἰκοῦντες ἀποθανόντος Αἴαντος τὸ ἄνθος σφίσιν ἐν τῇ γῇ
τότε φανῆναι πρῶτον· λευκόν ἐστιν, ὑπέρυθρον, κρίνου καὶ αὐτὸ ἔλασσον καὶ τὰ φύλλα· γράμματα δὲ
ἔπεστιν οἷα τοῖς ὑακίνθοις καὶ τούτῳ. λόγον δὲ τῶν μὲν Αἰολέων τῶν ὕστερον οἰκησάντων Ἴλιον ἐς τὴν
κρίσιν τὴν ἐπὶ τοῖς ὅπλοις ἤκουσα, οἳ τῆς ναυαγίας Ὀδυσσεῖ συμβάσης ἐξενεχθῆναι κατὰ τὸν τάφον
τὸν Αἴαντος τὰ ὅπλα λέγουσι· τὸ δὲ ἐς τὸ μέγεθος αὐτοῦ Μυσὸς ἔλεγεν ἀνήρ. (5) τοῦ γὰρ τάφου τὰ πρὸς
τὸν αἰγιαλὸν ἔφασκεν ἐπικλύσαι τὴν θάλασσαν καὶ τὴν ἔσοδον ἐς τὸ μνῆμα οὐ χαλεπὴν ποιῆσαι, καί
με τοῦ νεκροῦ τὸ μέγεθος τεκμαίρεσθαι τῇδε ἐκέλευε· πεντάθλου γὰρ παιδὸς εἶναί οἱ κατὰ δίσκον
μάλιστα τὰ ἐπὶ τοῖς γόνασιν ὀστᾶ, καλουμένας δὲ ὑπὸ τῶν ἰατρῶν μύλας. ἐγὼ δέ, ὁπόσοι μὲν οἰκοῦσιν
ἔσχατοι Κελτῶν ἔχοντες ὅμορον τῇ διὰ κρυμὸν ἐρήμῳ, οὓς Καβαρεῖς ὀνομάζουσι, τούτων μὲν οὐκ
ἐθαύμασα τὸ μῆκος, οἳ νεκρῶν οὐδέν τι διαφόρως ἔχουσιν Αἰγυπτίων· ὁπόσα δὲ ἄξια ἐφαίνετο εἶναί μοι
θέας, διηγήσομαι. (6) Μάγνησι τοῖς ἐπὶ Ληθαίῳ Πρωτοφάνης τῶν ἀστῶν ἀνείλετο ἐν Ὀλυμπίᾳ νίκας
ἡμέρᾳ μιᾷ παγκρατίου καὶ πάλης· τούτου λῃσταὶ κερδανεῖν πού τι δοκοῦντες ἐσῆλθον ἐς τὸν τάφον, ἐπὶ
δὲ τοῖς λῃσταῖς ἐσῄεσαν ἤδη θεασόμενοι τὸν νεκρὸν τὰς πλευρὰς οὐκ ἔχοντα διεστώσας, ἄλλά οἱ
συμφυὲς ἦν ὅσον ἀπ᾽ ὤμων ἐς τὰς ἐλαχίστας πλευράς, καλουμένας δὲ ὑπὸ τῶν ἰατρῶν νόθας. ἔστι δὲ
Μιλησίοις πρὸ τῆς πόλεως Λάδη νῆσος, ἀπερρώγασι δὲ ἀπ᾽ αὐτῆς νησῖδες· Ἀστερίου τὴν ἑτέραν
ὀνομάζουσι καὶ τὸν Ἀστέριον ἐν αὐτῇ ταφῆναι λέγουσιν, εἶναι δὲ Ἀστέριον μὲν Ἄνακτος, Ἄνακτα δὲ
Γῆς παῖδα· ἔχει δ᾽ οὖν ὁ νεκρὸς οὐδέν τι μεῖον πηχῶν δέκα. (7) τὸ δ᾽ ἐμοὶ θαῦμα παρασχόν, Λυδίας τῆς
ἄνω πόλις ἐστὶν οὐ μεγάλη Τημένου θύραι· ἐνταῦθα παραραγέντος λόφου διὰ χειμῶνα ὀστᾶ ἐφάνη τὸ
σχῆμα παρέχοντα ἐς πίστιν ὡς ἔστιν ἀνθρώπου, ἐπεὶ διὰ μέγεθος οὐκ ἔστιν ὅπως ἂν ἔδοξεν. αὐτίκα δὲ
λόγος ἦλθεν ἐς τοὺς πολλοὺς Γηρυόνου τοῦ Χρυσάορος εἶναι μὲν τὸν νεκρόν, εἶναι δὲ καὶ τὸν θρόνον·
καὶ γὰρ θρόνος ἀνδρός ἐστιν ἐνειργασμένος ὄρους λιθώδει προβολῇ· καὶ χείμαρρόν τε ποταμὸν
Ὠκεανὸν ἐκάλουν καὶ βοῶν ἤδη κέρασιν ἔφασάν τινας ἐντυχεῖν ἀροῦντας, διότι ἔχει λόγος βοῦς
ἀρίστας θρέψαι τὸν Γηρυόνην. (8) ἐπεὶ δέ σφισιν ἐναντιούμενος ἀπέφαινον ἐν Γαδείροις εἶναι
Γηρυόνην, οὗ μνῆμα μὲν οὔ, δένδρον δὲ παρεχόμενον διαφόρους μορφάς, ἐνταῦθα οἱ τῶν Λυδῶν
ἐξηγηταὶ τὸν ὄντα ἐδείκνυον λόγον, ὡς εἴη μὲν ὁ νεκρὸς Ὕλλου, παῖς δὲ Ὕλλος εἴη Γῆς, ἀπὸ τούτου δὲ ὁ
ποταμὸς ὠνομάσθη· Ἡρακλέα δὲ διὰ τὴν παρ᾽ Ὀμφάλῃ ποτὲ ἔφασαν δίαιταν Ὕλλον ἀπὸ τοῦ ποταμοῦ
καλέσαι τὸν παῖδα.
| [1,35] CHAPITRE XXXV. Îles de Patrocle et d'Hélène. Salamine. Ajax, Géryon
et Hyllus.
Les îles que les Athéniens possèdent dans le voisinage du continent sont, celle de
Patrocle dont j'ai déjà parlé ; une autre au-dessus du promontoire Sounium qu'on
laisse à gauche en naviguant vers l'Attique ; Hélène y débarqua, dit-on, après la
prise de Troie, et l'île a pris pour cette raison le nom d'Hélène. Salamine
située devant Éleusis s'étend jusqu'au vis à vis de la Mégaride ; ce fut
Cychrée qui lui donna le nom de Salamine sa mère, fille d'Asopus ; les
Éginètes vinrent ensuite s'y établir avec Télamon ; Philaeus, fils d'Eurysace,
fils d'Ajax, ayant été fait citoyen d'Athènes, l'a donna, dit-on, aux
Athéniens. Les Salaminiens furent chassés de cette île, plusieurs siècles
après, par les Athéniens, qui les accusaient de s'être laissés vaincre exprès
dans la guerre contre Cassandre, et d'avoir rendu leur ville aux
Macédoniens de leur plein gré et sans y être forcés. Les Athéniens
condamnèrent aussi à mort Ascètade, qui avait été nommé général des
Salaminiens, et jurèrent de ne jamais oublier leur trahison. On voit encore à
Salamine les ruines de la place publique, le temple d'Ajax avec sa statue en
bois d'ébène, et les Athéniens lui rendent toujours le même culte, aussi qu'à
Eurysace, à qui on a aussi érigé un autel à Athènes. On montre à Salamine,
à peu de distance du port, une pierre, et les gens du pays disent que
Télamon assis dessus, suivit des yeux le vaisseau qui emmenait ses fils à
Aulis, où ils allaient joindre l'armée des Grecs. Les habitants de Salamine
disent que la fleur qui porte le nom d'Ajax parut pour la première fois dans
leur île lors que ce héros mourut. Cette fleur est d'un blanc tirant sur le
rouge, de la même forme que le lys, mais un peu plus petite. Ses feuilles
sont aussi moins grandes et elles offrent les mêmes lettres que les
Hyacinthes. Les Éoliens qui ont repeuplé Ilion dans la suite, racontent au
sujet du jugement des armes, qu'Ulysse ayant fait naufrage, les flots
apportèrent les armes d'Achille vers le tombeau d'Ajax. Voici, d'un autre
côté, ce que j'ai appris d'un habitant de la Mysie sur la taille de ce héros. La
mer en baignant son tombeau l'ouvrit du côté du rivage, ce qui rendit facile
l'accès à l'endroit où était le corps, et pour me donner une idée de sa
grandeur, il me dit que l'os de son genou que les médecins nomment la
rotule, était aussi grand que le disque dont les athlètes enfants se servent
pour le Pentathle. J'ai vu des Celtes de ces contrées reculées, voisines de
celles qu'on ne peut plus habiter à cause du froid : la taille de ces Celtes
qu'on nomme les Cabares, n'a rien d'extraordinaire et n'excède pas celle des
corps que j'ai vus en Égypte. Voici ce qui m'a paru le plus extraordinaire en
ce genre. Un certain Protophane Magnésien des bords du Léthé remporta
dans le même jour le prix de la lutte et celui du pancrace aux jeux
olympiques. Des voleurs ouvrirent son tombeau dans l'espoir d'y trouver
quelque chose à dérober, et comme ils ne le refermèrent pas, plusieurs
personnes y entrèrent ensuite par curiosité. On remarqua que ses côtes
n'étaient point séparées, et ne formaient qu'un seul os depuis l'épaule
jusqu'aux plus petites côtes, que les médecins appellent du nom, de fausses
côtes. Il y a devant la ville de Milet une île nommée Ladé, de laquelle se
détachèrent jadis deux petites îles, dont l'une se nomme l'île d'Astérius,
parce qu'Astérius, qui passait pour fils d'Anax, fils de la Terre, y fut, dit-on,
enterré. Le corps de cet Astérius n'a pas moins de dix coudées de long.
Voici encore ce que j'ai vu d'étonnant dans une petite ville de la Lydie
supérieure, nommée les Portes de Téménus ; une colline du voisinage
s'étant fendue par la rigueur du froid, on y aperçut des ossements d'une
grandeur si démesurée, que sans leur forme, on n'aurait guère pu croire
qu'ils eussent appartenu à un homme. Le bruit se répandit aussitôt dans le
pays que c'était les os de Géryon, fils de Chrysaor. On croyait reconnaître
son trône dans un rocher d'une montagne voisine, taillé en saillie et
ressemblant à un siège. On donnait le nom d'Océan à un torrent qui coule
auprès ; et comme, suivant la tradition, Géryon avait des boeufs d'une très
grande beauté, on assurait que quelques personnes avaient trouvé des
cornes en labourant. Je me permis de les contredire en leur prouvant que
Géryon demeurait à Gadès ; que son tombeau n'y existe pas, mais qu'on y
voit un arbre qui offre différentes formes. Alors les exégètes Lydiens
reconnurent que ce corps était celui d'Hyllus, fils de la Terre, qui a donné
son nom au fleuve voisin : ils ajoutent qu'Hercule, en mémoire de son
séjour auprès d'Omphale, donna à son fils le nom de ce fleuve.
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