[1,34] (1) τὴν δὲ γῆν τὴν Ὠρωπίαν μεταξὺ τῆς Ἀττικῆς καὶ Ταναγρικῆς, Βοιωτίαν τὸ ἐξ ἀρχῆς οὖσαν,
ἔχουσιν ἐφ᾽ ἡμῶν Ἀθηναῖοι, πολεμήσαντες μὲν τὸν πάντα ὑπὲρ αὐτῆς χρόνον, κτησάμενοι δὲ οὐ
πρότερον βεβαίως πρὶν ἢ Φίλιππος Θήβας ἑλὼν ἔδωκέ σφισιν. ἡ μὲν οὖν πόλις ἐστὶν ἐπὶ θαλάσσης
μέγα οὐδὲν ἐς συγγραφὴν παρεχομένη· ἀπέχει δὲ δώδεκα τῆς πόλεως σταδίους μάλιστα ἱερὸν τοῦ
Ἀμφιαράου. (2) λέγεται δὲ Ἀμφιαράῳ φεύγοντι ἐκ Θηβῶν διαστῆναι τὴν γῆν καὶ ὡς αὐτὸν ὁμοῦ καὶ τὸ
ἅρμα ὑπεδέξατο· πλὴν οὐ ταύτῃ συμβῆναί φασιν, ἀλλά ἐστιν ἐκ Θηβῶν ἰοῦσιν ἐς Χαλκίδα Ἅρμα
καλούμενον. θεὸν δὲ Ἀμφιάραον πρώτοις Ὠρωπίοις κατέστη νομίζειν, ὕστερον δὲ καὶ οἱ πάντες
Ἕλληνες ἥγηνται. καταλέξαι δὲ καὶ ἄλλους ἔχω γενομένους τότε ἀνθρώπους, οἳ θεῶν <παρ᾽> Ἕλλησι
τιμὰς ἔχουσι, τοῖς δὲ καὶ ἀνάκεινται πόλεις, Ἐλεοῦς ἐν Χερρονήσῳ Πρωτεσιλάῳ, Λεβάδεια Βοιωτῶν
Τροφωνίῳ· καὶ Ὠρωπίοις ναός τέ ἐστιν Ἀμφιαράου καὶ ἄγαλμα λευκοῦ λίθου. (3) παρέχεται δὲ ὁ βωμὸς
μέρη· τὸ μὲν Ἡρακλέους καὶ Διὸς καὶ Ἀπόλλωνός ἐστι Παιῶνος, τὸ δὲ ἥρωσι καὶ ἡρώων ἀνεῖται γυναιξί,
τρίτον δὲ Ἑστίας καὶ Ἑρμοῦ καὶ Ἀμφιαράου καὶ τῶν παίδων Ἀμφιλόχου· Ἀλκμαίων δὲ διὰ τὸ ἐς
Ἐριφύλην ἔργον οὔτε ἐν Ἀμφιαράου τινά, οὐ μὴν οὐδὲ παρὰ τῷ Ἀμφιλόχῳ τιμὴν ἔχει. τετάρτη δέ ἐστι
τοῦ βωμοῦ μοῖρα Ἀφροδίτης καὶ Πανακείας, ἔτι δὲ Ἰασοῦς καὶ Ὑγείας καὶ Ἀθηνᾶς Παιωνίας· πέμπτη δὲ
πεποίηται νύμφαις καὶ Πανὶ καὶ ποταμοῖς Ἀχελῴῳ καὶ Κηφισῷ. τῷ δὲ Ἀμφιλόχῳ καὶ παρ᾽ Ἀθηναίοις
ἐστὶν ἐν τῇ πόλει βωμὸς καὶ Κιλικίας ἐν Μαλλῷ μαντεῖον ἀψευδέστατον τῶν ἐπ᾽ ἐμοῦ. (4) ἔστι δὲ
Ὠρωπίοις πηγὴ πλησίον τοῦ ναοῦ, ἣν Ἀμφιαράου καλοῦσιν, οὔτε θύοντες οὐδὲν ἐς αὐτὴν οὔτ᾽ ἐπὶ
καθαρσίοις ἢ χέρνιβι χρῆσθαι νομίζοντες· νόσου δὲ ἀκεσθείσης ἀνδρὶ μαντεύματος γενομένου
καθέστηκεν ἄργυρον ἀφεῖναι καὶ χρυσὸν ἐπίσημον ἐς τὴν πηγήν, ταύτῃ γὰρ ἀνελθεῖν τὸν Ἀμφιάραον
λέγουσιν ἤδη θεόν. Ἰοφῶν δὲ Κνώσσιος τῶν ἐξηγητῶν χρησμοὺς ἐν ἑξαμέτρῳ παρείχετο, Ἀμφιάραον
χρῆσαι φάμενος τοῖς ἐς Θήβας σταλεῖσιν Ἀργείων. ταῦτα τὰ ἔπη τὸ ἐς τοὺς πολλοὺς ἐπαγωγὸν
ἀκρατῶς εἶχε· χωρὶς δὲ πλὴν ὅσους ἐξ Ἀπόλλωνος μανῆναι λέγουσι τὸ ἀρχαῖον, μάντεών γ᾽ οὐδεὶς
χρησμολόγος ἦν, ἀγαθοὶ δὲ ὀνείρατα ἐξηγήσασθαι καὶ διαγνῶναι πτήσεις ὀρνίθων καὶ σπλάγχνα
ἱερείων. (5) δοκῶ δὲ Ἀμφιάραον ὀνειράτων διακρίσει μάλιστα προ<ς>κεῖσθαι· δῆλος δέ, ἡνίκα ἐνομίσθη
θεός, δι᾽ ὀνειράτων μαντικὴν καταστησάμενος. καὶ πρῶτον μὲν καθήρασθαι νομίζουσιν ὅστις ἦλθεν
Ἀμφιαράῳ χρησόμενος· ἔστι δὲ καθάρσιον τῷ θεῷ θύειν, θύουσι δὲ καὶ αὐτῷ καὶ πᾶσιν ὅσοις ἐστὶν ἐπὶ
τῷ <βωμῷ> τὰ ὀνόματα· προεξειργασμένων δὲ τούτων κριὸν θύσαντες καὶ τὸ δέρμα ὑποστρωσάμενοι
καθεύδουσιν ἀναμένοντες δήλωσιν ὀνείρατος.
| [1,34] CHAPITRE XXXIV. Orope. Temple d'Amphiaraus.
Le pays d'Orope, situé entre l'Attique et Tanagras ; faisait autrefois partie de la
Béotie ; il appartient maintenant aux Athéniens, qui, malgré des guerres
continuelles au sujet de cette contrée, n'en ont la possession assurée, que
depuis que Philippe la leur a donnée après avoir pris Thèbes. La ville est
sur les bords de la mer et n'a rien qui mérite qu'on en parle. Le temple
d'Amphiaraüs est à douze stades tout au plus de la ville. On dit que ce
héros ayant pris la fuite après la déroute des Argiens devant Thèbes fut
englouti, avec son char, la terre s'étant ouverte sous ses pas. D'autres disent
que cela arriva, non dans cet endroit, mais à Harma (le char) sur la route de
Thèbes à Chalcis. Les Oropiens sont les premiers qui lui aient rendu les
honneurs divins, et leur exemple fut bientôt suivi dans tout le reste de la
Grèce. Je pourrais nommer d'autres mortels de ces temps-là, à qui les Grecs
ont rendu les honneurs divins ; on a même consacré des villes à quelques-
uns, comme Eléonte dans la Chersonèse à Protésilas, et Lébadie dans la
Béotie à Trophoniou. Pour Amphiaraüs, les Oropiens lui ont érigé un
temple, et une statue en marbre blanc, l'autel est divisé en plusieurs parties,
dont la première est consacrée à Hercule, à Jupiter (Zeus) et à Apollon Paeon
; la seconde aux Héros et à leurs femmes ; la troisième, à Vesta (Hestia), à
Mercure (Hermès), à Amphiaraüs et à Amphilochus l'un de ses fils, car
Alcmaeon, à cause du meurtre d'Eriphyle, n'est admis à partager les
honneurs divins ni dans le temple d'Amphiaraüs, ni dans celui
d'Amphilochus. La quatrième partie de l'autel est consacrée à Vénus
(Aphrodite), Panacée, Iasius, Hygiée et Minerve (Athéna) Paeonia ; et la
cinquième enfin, aux Nymphes, à Pan et aux fleuves Achéloüs et Céphise.
Les Athéniens ont aussi érigé dans leur ville un autel à Amphilochus, et il a
dans la ville de Malles en Cilicie, un oracle, le plus véridique de ceux qui se
sont conservés jusqu'à moi. Il y a tout auprès du temple d'Orope, une
fontaine qui porte le nom d'Amphiaraus ; on n'y offre point de sacrifices, et
son eau ne sert ni pour les lustrations ni pour se laver les mains ; mais ceux
qui ont été guéris de quelque maladie par les conseils de l'oracle, y jettent
de l'or et de l'argent monnayés. Ce fut, dit-on, par là qu'Amphiaraüs sortit
de la terre lorsqu'il eut été admis parmi les dieux. Iophon de Gnosse, l'un
des exégètes, montrait des oracles en vers hexamètres qui étaient, disait-il,
ceux qu'Amphiaraüs rendit aux Argiens lorsqu'ils allèrent assiéger Thèbes.
La multitude tient opiniâtrement à ce qui la flatte ; mais la vérité est que
dans les temps anciens, à l'exception de ceux qui étaient, dit-on, ravis hors
d'eux-mêmes par Apollon, aucun devin ne rendait d'oracles proprement
dits, mais il y en avait de très habiles à interpréter les songes, ou à tirer des
présages du vol des oiseaux, ou à lire l'avenir dans les entrailles des
victimes. Je pense qu'Amphiaraüs s'était particulièrement livré à
l'interprétation des songes, car c'est par des songes qu'il fait connaître
l'avenir, depuis qu'il est au rang des dieux. Celui qui veut le consulter, se
purifie d'abord, par un sacrifice qu'il offre à Amphiaraüs et à tous ceux
dont les noms se trouvent réunis au sien ; cela fait, il lui immole un bélier
sur la peau duquel il se couche, et il attend en dormant qu'un songe lui
apprenne ce qu'il veut savoir.
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