[7] Ἐπεὶ δὲ πέντε, ὡς ἂν εἴποι τις, πηγαί τινές εἰσιν αἱ τῆς
ὑψηγορίας γονιμώταται, προϋποκειμένης ὥσπερ ἐδάφους τινὸς
κοινοῦ ταῖς πέντε ταύταις ἰδέαις τῆς ἐν τῷ λέγειν δυνάμεως, ἧς
ὅλως χωρὶς οὐδέν, πρῶτον μὲν καὶ κράτιστον τὸ περὶ τὰς νοήσεις
ἁδρεπήβολον, ὡς κἀν τοῖς περὶ Ξενοφῶντος ὡρισάμεθα· δεύτερον
δὲ τὸ σφοδρὸν καὶ ἐνθουσιαστικὸν πάθος· ἀλλ´ αἱ μὲν δύο αὗται
τοῦ ὕψους κατὰ τὸ πλέον αὐθιγενεῖς συστάσεις, αἱ λοιπαὶ δ´
ἤδη καὶ διὰ τέχνης, ἥ τε ποιὰ τῶν σχημάτων πλάσις (δισσὰ δέ
που ταῦτα, τὰ μὲν νοήσεως, θάτερα δὲ λέξεως), ἐπὶ δὲ τούτοις ἡ
γενναία φράσις, ἧς μέρη πάλιν ὀνομάτων τε ἐκλογὴ καὶ ἡ τροπικὴ
καὶ πεποιημένη λέξις· πέμπτη δὲ μεγέθους αἰτία καὶ συγκλείουσα
τὰ πρὸ αὐτῆς ἅπαντα, ἡ ἐν ἀξιώματι καὶ διάρσει σύνθεσις· φέρε
δὴ τὰ ἐμπεριεχόμενα καθ´ ἑκάστην ἰδέαν τούτων ἐπισκεψώμεθα,
τοσοῦτον προειπόντες, ὅτι τῶν πέντε μορίων ὁ Καικίλιος ἔστιν
ἃ παρέλιπεν, ὡς καὶ τὸ πάθος ἀμέλει. ἀλλ´ εἰ μὲν ὡς ἕν τι ταῦτ´
ἄμφω, τό τε ὕψος καὶ τὸ παθητικόν, {καὶ} ἔδοξεν αὐτῷ πάντη
συνυπάρχειν τε ἀλλήλοις καὶ συμπεφυκέναι, διαμαρτάνει· καὶ γὰρ
πάθη τινὰ διεστῶτα ὕψους καὶ ταπεινὰ εὑρίσκεται, καθάπερ
οἶκτοι λῦπαι φόβοι, καὶ ἔμπαλιν πολλὰ ὕψη δίχα πάθους, ὡς πρὸς
μυρίοις ἄλλοις καὶ τὰ περὶ τοὺς Ἀλῳάδας τῷ ποιητῇ παρατετολμημένα,
Ὄσσαν ἐπ´ Οὐλύμπῳ μέμασαν θέμεν· αὐτὰρ ἐπ´ Ὄσσῃ
Πήλιον εἰνοσίφυλλον, ἵν´ οὐρανὸς ἄμβατος εἴη·
καὶ τὸ τούτοις ἔτι μεῖζον ἐπιφερόμενον,
καί νύ κεν ἐξετέλεσσαν.
παρά γε μὴν τοῖς ῥήτορσι τὰ ἐγκώμια καὶ τὰ πομπικὰ καὶ
ἐπιδεικτικὰ τὸν μὲν ὄγκον καὶ τὸ ὑψηλὸν ἐξ ἅπαντος περιέχει,
πάθους δὲ χηρεύει κατὰ τὸ πλεῖστον, ὅθεν ἥκιστα τῶν ῥητόρων
οἱ περιπαθεῖς ἐγκωμιαστικοὶ ἢ ἔμπαλιν οἱ ἐπαινετικοὶ περιπαθεῖς.
εἰ δ´ αὖ πάλιν ἐξ ὅλου μὴ ἐνόμισεν ὁ Καικίλιος τὸ
ἐμπαθὲς εἰς τὰ ὕψη ποτὲ συντελεῖν καὶ διὰ τοῦτ´ οὐχ ἡγήσατο
μνήμης ἄξιον, πάνυ διηπάτηται· θαρρῶν γὰρ ἀφορισαίμην ἂν
ὡς οὐδὲν οὕτως ὡς τὸ γενναῖον πάθος, ἔνθα χρή, μεγαλήγορον,
ὥσπερ ὑπὸ μανίας τινὸς καὶ πνεύματος ἐνθουσιαστικῶς ἐκπνέον
καὶ οἱονεὶ φοιβάζον τοὺς λόγους.
| [7] CHAPITRE VI : Des cinq sources du grand.
Il y a pour ainsi dire, cinq sources principales du sublime: mais ces cinq
sources présupposent, comme pour fondement commun, une faculté de bien
parler ; sans quoi tout le reste n'est rien.
Cela pose, la première et la plus considérable est une certaine élévation
d’esprit qui nous fait penser heureusement les choses : comme nous l’avons
déjà montré dans nos commentaires sur Xénophon.
La seconde consiste dans le pathétique: j'entends par pathétique, cet
enthousiasme, et cette véhémence naturelle qui touche et qui émeut. Au reste
à l'égard de ces deux premières, elles doivent presque tout à la nature, et
il faut qu'elles naissent en nous: au lieu que les autres dépendent de l'art en partie.
La troisième n'est autre chose, que les figures tournées d’une certaine
manière. Or les figures sont de deux fortes les figures de pensée, et les
figures de diction.
Nous mettons pour la quatrième, la noblesse de l’expression, qui a deux
parties, le choix des mots, et la diction élégante et figurée.
Pour la cinquième qui est celle, à proprement parler, qui produit le grand
et qui renferme en soi toutes les autres, c’est la composition et
l’arrangement des paroles dans toute leur magnificence et leur dignité.
Examinons maintenant ce qu'il y a de remarquable dans chacune de ces
espèces en particulier : mais nous avertirons en passant que Cecilius en a
oublié quelques-unes, et entre autres le pathétique. Et certainement s'il
l'a fait, pour avoir cru que le sublime et le pathétique naturellement
n'allaient jamais l'un sans l'autre, et ne faisaient qu'un, il se trompe:
puisqu'il y a des passions qui n'ont rien de grand, et qui ont même quelque
chose de bas, comme l’affliction, la peur, la tristesse : et qu'au
contraire il se rencontre quantité de choses grandes et sublimes, où il
n'entre point de passion. Tel est entre autres ce que dit Homère avec tant
de hardiesse en parlant des Aloïdes.
"Pour détrôner les Dieux de leur vaste ambition
Entreprit d'entasser Osse sur Pélion.
Ce qui suit est encore bien plus fort.
Ils l’eussent fait sans doute", etc.
Et dans sa prose les panégyriques et tous ces discours qui ne se font que
pour l'ostentation ont par tout du grand et du sublime : bien qu'il n'y
entre point de passion pour l'ordinaire. De sorte qu'entre les orateurs
même ceux-là communément sont les moins propres pour le panégyrique, qui
sont les plus pathétiques et au contraire ceux qui réussissent le mieux
dans le panégyrique, s'entendent assez mal à toucher les passions. Que si
Cecilius s'est imaginé que le pathétique en général ne contribuait point
au grand, et qu'il était par conséquent inutile d'en parler il ne s'abuse
pas moins. Car j'ose dire, qu'il n'y a peut-être rien qui relève davantage
un discours, qu'un beau mouvement et une passion poussée à propos. En effet
c'est comme unie espèce d'enthousiasme et de fureur noble qui anime
l’oraison, et qui lui donne un feu et une vigueur toute divine.
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