[2,8] ηʹ. Εἰ δὲ βούλει, μηδὲν δι´ ἑτέρων ἀνυέτω, ἀλλὰ δι´ ἑαυτοῦ·
καὶ τὸν κακῶς παθόντα καὶ πρὸς τοῦτον ἀγάγωμεν καὶ
πρὸς σὲ, μᾶλλον δὲ μὴ πρὸς σὲ, ἀλλὰ πρὸς αὐτὸν τὸν
βασιλεύοντα· εἶτα ἴδωμεν τίς μᾶλλον προνοῆσαι δυνήσεται τούτου.
Καὶ πρῶτος ἀγέσθω τῶν ἄλλων ὁ πάντων
δεινότατα πεπονθώς. Ἔστω γάρ τις υἱὸν ἔχων μονογενῆ,
καὶ ἐν ἀκμῇ τῆς ὥρας αὐτὸν ἀποβαλέτω. Τοῦτον οὔτε
ἄρχων, οὔτε βασιλεὺς, οὔτε ἄλλος τις ὠφελῆσαι δυνήσεται,
μήτιγε σύ· οὐδὲν γὰρ αὐτῷ δώσεις τοιοῦτον, οἷον
ἀπολώλεκεν. Ἐὰν δὲ πρὸς τὸν υἱὸν ἀγάγῃς τὸν σὸν,
πρῶτον μὲν αὐτὸν ἀπό τε τῆς ὄψεως, ἀπό τε τοῦ σχήματος,
ἀπό τε τῆς οἰκήσεως ἀναστήσει ταχέως, καὶ πείσει μηδὲν
ἡγεῖσθαι τὰ ἀνθρώπινα· ἔπειτα δὲ καὶ λόγοις ἀπελάσει
τὸ νέφος εὐνόλως. Ἀπὸ δὲ τῆς σῆς οἰκίας καὶ πλέον ἕξει
τὸ πένθος ἐκεῖνος. Ὅταν γὰρ ἴδῃ ταύτην καθαρὰν οὖσαν
κακῶν, καὶ πολλῆς εὐπραγίας γέμουσαν, καὶ κληρονόμον
ἔχουσαν, μᾶλλον κατακαήσεται· ἐκεῖθεν δὲ ἡμερώτερος
ἔσται καὶ φιλοσοφώτερος. Ὁρῶν γὰρ τοσαύτης μὲν
οὐσίας ὑπερορῶντα τὸν σὸν υἱὸν, τοσαύτης δὲ δόξης καὶ
λαμπρότητος, οὐκ ἀλγήσει τῷ τελευτήσαντι τοσοῦτον.
Πῶς γὰρ αὐτὸν δήξεται τὸ μηδένα κληρονόμον ἔχειν τῶν
αὐτοῦ, ὅταν ἴδῃ τούτων πάντων καταφρονοῦντα ἕτερον;
Καὶ τοὺς περὶ φιλοσοφίας δὲ λόγους εὐκολώτερον παρ´
ἐκείνου ἀκούσεται τοῖς ἔργοις ἐπαληθεύοντος. Σὺ δὲ ἂν
χᾶναι τολμήσῃς μόνον, καὶ ἀθυμίας αὐτὸν ἐμπλήσεις
πολλῆς, ἅτε ἐπ´ ἀλλοτρίοις φιλοσοφῶν κακοῖς· ἐκεῖνος δὲ
αὐτὸν διὰ τῶν πραγμάτων διδάσκων, πείσει ῥᾳδίως, ὅτι
οὐδὲν ὕπνου πλέον ὁ θάνατος ἔχει· οὐ γὰρ πολλοὺς ἀριθμήσει
πατέρας τὰ αὐτὰ πεπονθότας ἐκείνῳ, ἀλλ´ ἑαυτὸν
δείξει καθ´ ἑκάστην ἡμέραν ἐν τῷ σώματι μελετῶντα τὴν
τελευτὴν, καὶ πρὸς ταύτην παρεσκευασμένον ἀεὶ, καὶ
τοὺς περὶ τῆς ἀναστάσεως λόγους πιστοτέρους ποιήσας,
οὕτως ἀποπέμψει τὸ πολὺ τῆς ὀδύνης ἀποθέμενον βάρος,
καὶ τῶν συνδείπνων καὶ περιδείπνων πολλῷ μᾶλλον τὰ
τούτου ῥήματα, καὶ ἡ διὰ τῶν πραγμάτων ἐπίδειξις ῥᾷον
τὸν παθόντα διαθεῖναι δυνήσεται. Καὶ τοῦτον μὲν οὕτως
ἰάσεται. Ἀγέσθω δὲ πρὸς αὐτὸν καὶ ἕτερος, εἰ βούλει,
νόσῳ μακρᾷ τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐκκοπείς· τί τούτου δυνήσῃ
προστῆναι; Ἐκεῖνος μὲν γὰρ δεικνὺς ὅτι οὐδὲν τοῦτο
δεινὸν, κατακεκλεισμένος τε ἐν οἰκίσκῳ μικρῷ, καὶ
πρὸς ἕτερον ἐπειγόμενος φῶς, καὶ τὸ παρὸν οὐδὲν μέγα
πρὸς ἐκεῖνο ἡγούμενος, παιδεύσει γενναίως τὴν συμφορὰν
ἐνεγκεῖν. Ἀλλὰ τοὺς ἐπηρεαζομένους πεῖσαι δυνήσῃ φιλοσοφεῖν;
Οὐδαμῶς, ἀλλὰ καὶ ἐνοχλήσεις μᾶλλον· τὰ γὰρ
οἰκεῖα κακὰ ἐν τοῖς τῶν πέλας ἀγαθοῖς ἀκριβέστερον εἰώθαμεν
καθορᾷν. Ὁ δὲ υἱὸς ὁ σὸς καὶ τούτους εὐκολώτερον
ἀνακτήσεται. Παρίημι τὴν ἀπὸ τῶν εὐχῶν βοήθειαν,
πολλῷ τούτων ἁπάντων οὖσαν μείζονα· παρίημι δὲ, ἐπειδὴ
πρὸς σέ μοι νῦν ὁ λόγος ἐστίν. Εἰ δὲ τιμᾶσθαι βούλει διὰ
τὸν υἱὸν καὶ μὴ καταφρονεῖσθαι (εἰκὸς γάρ σε καὶ τούτων
ἐρᾷν), οὐκ οἶδα πῶς ἂν ἑτέρως μᾶλλον ἔτυχες τούτου, ἢ
παῖδα κτησάμενος τὴν ἀνθρωπίνην ὑπερβαίνοντα φύσιν,
καὶ λαμπρὸν οὕτω πανταχοῦ τῆς οἰκουμένης φαινόμενον,
καὶ μετὰ τῆς εὐδοκιμήσεως ταύτης οὐδὲ ἐχθρόν τινα
ἔχοντα. Ἐν ἐκείνῃ μὲν γὰρ ὢν τῇ δυναστείᾳ, πολλοῖς μὲν
(p. 344) αἰδέσιμος, πολλοῖς δὲ καὶ μισητὸς ἦν· ἐνταῦθα δὲ πάντες
αὐτὸν οἱ τιμῶντες μεθ´ ἡδονῆς τοῦτο πράττουσιν. Εἰ γὰρ
ταπεινοὶ καὶ ἐκ ταπεινῶν ὄντες τινὲς ἀγροίκων υἱοὶ καὶ
χειροτεχνῶν, ἐπὶ τὴν φιλοσοφίαν ταύτην ἐλθόντες, οὕτως
ἐγένοντο τίμιοι πᾶσιν, ὡς μηδένα τῶν ἐν τοῖς μεγάλοις
ὄντων ἀξιώμασιν αἰσχυνθῆναι πρὸς τὸ καταγώγιον τούτων
ἐλθεῖν, καὶ λόγων μετασχεῖν καὶ τραπέζης, ἀλλ´ ὥσπερ
μεγάλων τινῶν ἀγαθῶν, ὅπερ οὖν καὶ ἔστιν, ἀπολαύσαντας
οὕτω διατεθῆναι, πολλῷ μᾶλλον, ὅταν ἀπὸ λαμπροῦ
μὲν ὁρμώμενον γένους, λαμπρᾶς δὲ οὐσίας, τοσούτων δὲ
ἐλπίδων, πρὸς ἐκείνην ἴδωσιν ἐλθόντα τὴν ἀρετὴν, τοῦτο
ἐργάσονται. Ὥστε ὃ μᾶλλον πενθεῖς, τὸ ἐκ τοιούτων ἐπ´
ἐκεῖνα βαδίσαι, τοῦτό ἐστιν ὃ μάλιστα πάντων αὐτὸν εὐδόκιμον
ποιεῖ, καὶ πάντας οὐχ ὡς ἀνθρώπῳ, ἀλλ´ ὡς ἀγγέλῳ τινὶ προσέχειν
ἀναπείθει λοιπόν. Οὐ γὰρ δὴ ταῦτα, ἃ περὶ τῶν ἄλλων ὑποπτεύουσιν,
ὑπονοήσουσι καὶ περὶ τούτου, ὅτι τιμῆς ἐρῶν, καὶ χρημάτων ἐφιέμενος,
καὶ λαμπρὸς ἐκ ταπεινοῦ γενέσθαι ἐπιθυμῶν, ταύτην
εἵλετο τὴν ὁδόν· ταῦτα γὰρ εἰ καὶ περὶ τῶν ἄλλων λεγόμενα
ψευδῆ τέ ἐστι καὶ πονηρίας ῥήματα, ἐπὶ τοῦ σοῦ
παιδὸς οὔτε ὑπόνοιαν δυνήσεται παρασχεῖν.
| [2,8] Allons plus loin, et montrons le bien que notre solitaire peut opérer lorsqu’il agit seul
et qu’il est réduit à ses propres forces. Voici un homme qui a été rudement éprouvé par le
malheur; il avait un fils unique, et il l’a perdu à la fleur de l’âge : qu’on vous le présente à
vous, qu’on le présente à un personnage des plus considérables de l’Etat, au souverain lui-même, vous ne lui serez utiles à rien, ni les uns ni les autres; vous ne lui donnerez rien qui le
console de ce qu’il a perdu. Au contraire, amenons-le à votre fils, à notre solitaire, et voyons
ce qu’il fera : son visage, son habit, son habitation, produiront déjà un effet merveilleux sur
cet infortuné qui se relèvera bientôt de son abattement, et se convaincra du mépris que l’on
doit faire des choses humaines. Que votre fils y joigne la force de ses discours, et le nuage de
douleur qui offusque cette âme affligée se dissipera au souffle de sa parole. Au contraire, il ne
remportera de chez vous qu’un plus grand chagrin. Quand il verra votre maison exempte de
maux, pleine de prospérités, assurée d’un héritier, il n’en sera que plus douloureusement
affecté, tandis qu’il sortira du désert plus calme et plus enclin à la sagesse. Car en voyant
votre fils mépriser une telle fortune, une telle gloire et un tel éclat, il pleurera moins
amèrement celui qu’il a perdu. Comment, en effet, pourra-t-il être sensible à la perte d’un
héritier, quand il en verra un autre dédaigner tous les biens de la terre? Il sera plus disposé à
écouter les enseignements de la sagesse de la bouche de celui qui les appuie de ses oeuvres.
Mais vous, si vous osez seulement ouvrir la bouche, vous le remplirez de tristesse, parce
que vous raisonnerez sur des malheurs qui vous sont étrangers. Votre fils, l’instruisant par son
exemple, n’aura pas de peine à lui persuader que la mort n’est autre chose qu’un sommeil; il
n’aura pas besoin pour cela de lui faire une longue énumération des pères qui ont éprouvé le
même malheur que lui; il se fera voir lui-même méditant chaque jour la pensée de la mort
dans un corps mortel, et s’y préparant à tout moment; et après lui avoir adressé sur la
résurrection les discours les plus persuasifs, il le renverra déchargé du poids de sa douleur; ses
paroles, et sa conduite qui les appuie, calmeront mieux le malheureux que les propos de ceux
qui viennent s’asseoir à sa table et prendre place à ses festins. Ainsi votre fils arrivera à le
guérir entièrement.,
Qu’on en amène maintenant un autre qui aura perdu les yeux à la suite d’une longue
maladie : quelle consolation lui pourrez-vous donner? Votre fils, au contraire, lui montrera
que ce n’est point un mal, il est lui-même enfermé dans une petite cellule, il tend de toutes ses
forces à une autre lumière en comparaison de laquelle il compte pour rien celle d’ici-bas, il lui
apprendra, en se montrant à lui, à supporter généreusement son infortune. Ce pouvoir
d’inspirer une sainte et courageuse résignation aux victimes du malheur vous appartient-il à
vous? Nullement; vous les offenserez plutôt; car nous ressentons plus vivement d’ordinaire
nos propres maux quand les autres hommes étalent à nos yeux le spectacle de leur bonheur.
Votre fils les consolera plus facilement.
Les prières des solitaires nous sont aussi d’un grand secours; mais je ne puis en parler
à qui ne me comprendrait pas. Je ne doute pas que vous n’aimiez mieux que votre fils vous
fasse honorer que mépriser : c’est ce que vous obtiendrez si vous avez un fils qui mette sous
ses pieds et le monde et ses biens, un fils dont l’éclatante vertu rayonne par toute la terre, et
qui avec toute cette gloire ne connaisse pas un ennemi. Quand il était dans le monde, jouissant
de tout votre crédit, il était sans doute respecté de beaucoup, mais beaucoup aussi le
haïssaient: ici, tous ceux qui l’honorent, le font avec bonheur. Des hommes obscurs, fils de
cultivateurs ou d’artisans, ont conquis l’estime universelle pour s’être appliqués à cette
philosophie des ascètes; les personnages les plus élevés en dignité ne dédaignent pas de venir
à leurs cellules, de prendre part à leurs entretiens et à leurs repas, ils s’en réjouissent même et
s’en font honneur, comme s’ils en retiraient, ce qui est vrai, les plus grands avantages; s’il en
est ainsi, à combien plus forte raison cette considération, ces respects entoureront-ils un
homme d’une illustre naissance, d’une brillante fortune, du plus séduisant avenir, et qui a tout
quitté pour s’astreindre à la pratique d’une si austère vertu? Ainsi, ce que vous regrettez le
plus, savoir que votre fils ait quitté un tel état pour embrasser une si triste vie, c’est justement
ce qui le rend le plus recommandable et ce qui pousse tout le monde às’attacher à lui, non
comme à un homme, mais comme à un ange. On ne pourra soupçonner de lui ce que l’on
soupçonne des autres, qu’il ait fait choix de cette vie parce qu’il désire les honneurs,
ambitionne les richesses et veut échanger l’obscurité contre la gloire; tous ces propos que l’on
tient au sujet des autres, bien que mensongers et pervers, ne sauraient inspirer de soupçons sur
votre fils.
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