[18] Καί τοι περιττὸν ἴσως ἐστὶ θεὸν ἐπιδεδημηκέναι
τῷ βίῳ πιστεύσαντας διαβάλλειν τὴν παρουσίαν, ὡς οὐκ ἐν
σοφίᾳ τινὶ καὶ λόγῳ γενομένην τῷ κρείττονι. τοῖς γὰρ μὴ
λίαν ἀντιμαχομένοις πρὸς τὴν ἀλήθειαν οὐ μικρὰ τῆς θείας
ἐπιδημίας ἀπόδειξις ἡ καὶ πρὸ τῆς μελλούσης ζωῆς ἐν τῷ
παρόντι βίῳ φανερωθεῖσα, ἡ διὰ τῶν πραγμάτων αὐτῶν
φημὶ μαρτυρία. τίς γὰρ οὐκ οἶδεν ὅπως πεπλήρωτο κατὰ
πᾶν μέρος τῆς οἰκουμένης ἡ τῶν δαιμόνων ἀπάτη, διὰ τῆς
εἰδωλομανίας τῆς ζωῆς τῶν ἀνθρώπων κατακρατήσασα·
ὅπως τοῦτο νόμιμον πᾶσι τοῖς κατὰ τὸν κόσμον ἔθνεσιν ἦν,
τὸ θεραπεύειν διὰ τῶν εἰδώλων τοὺς δαίμονας ἐν ταῖς
ζωοθυσίαις καὶ τοῖς ἐπιβωμίοις μιάσμασιν; ἀφ´ οὗ δέ,
καθώς φησιν ὁ ἀπόστολος, ἐπεφάνη ἡ χάρις τοῦ θεοῦ ἡ
σωτήριος πᾶσιν ἀνθρώποις, διὰ τῆς ἀνθρωπίνης
ἐπιδημήσασα φύσεως, πάντα καπνοῦ δίκην εἰς τὸ μὴ ὂν μετεχώρησεν, ὥστε παύσασθαι μὲν τὰς τῶν χρηστηρίων τε καὶ
μαντειῶν μανίας, ἀναιρεθῆναι δὲ τὰς ἐτησίους πομπὰς καὶ
τὰ δι´ αἱμάτων ἐν ταῖς ἑκατόμβαις μολύσματα, ἐν δὲ τοῖς
πολλοῖς τῶν ἐθνῶν ἀφανισθῆναι καθ´ ὅλου βωμοὺς καὶ
προπύλαια καὶ τεμένη καὶ ἀφιδρύματα καὶ ὅσα ἄλλα τοῖς
θεραπευταῖς τῶν δαιμόνων ἐπὶ ἀπάτῃ σφῶν αὐτῶν καὶ
τῶν ἐντυγχανόντων ἐπετηδεύετο, ὡς ἐν πολλοῖς τῶν τόπων
μηδέ, εἰ γέγονε ταῦτά ποτε, μνημονεύεσθαι, ἀντεγερθῆναι
δὲ κατὰ πᾶσαν τὴν οἰκουμένην ἐπὶ τῷ τοῦ Χριστοῦ
ὀνόματι ναούς τε καὶ θυσιαστήρια καὶ τὴν σεμνήν τε καὶ
ἀναίμακτον ἱερωσύνην καὶ τὴν ὑψηλὴν φιλοσοφίαν, ἔργῳ
μᾶλλον ἢ λόγῳ κατορθουμένην, καὶ τῆς σωματικῆς ζωῆς
τὴν ὑπεροψίαν καὶ τοῦ θανάτου τὴν καταφρόνησιν, ἣν οἱ
μεταστῆναι τῆς πίστεως παρὰ τῶν τυράννων ἀναγκαζόμενοι φανερῶς ἐπεδείξαντο, ἀντ´ οὐδενὸς δεξάμενοι τὰς τοῦ
σώματος αἰκίας, καὶ τὴν ἐπὶ θανάτῳ ψῆφον, οὐκ ἂν ὑποστάντες δηλαδὴ ταῦτα, μὴ σαφῆ τε καὶ ἀναμφίβολον τῆς
θείας ἐπιδημίας ἔχοντες τὴν ἀπόδειξιν. τὸ δὲ αὐτὸ τοῦτο
καὶ πρὸς τοὺς Ἰουδαίους ἱκανόν ἐστι σημεῖον εἰπεῖν τοῦ
παρεῖναι τὸν παρ´ αὐτῶν ἀπιστούμενον. μέχρι μὲν γὰρ
τῆς τοῦ Χριστοῦ θεοφανείας λαμπρὰ παρ´ αὐτοῖς ἦν τὰ ἐν
Ἱεροσολύμοις βασίλεια, ὁ διώνυμος ἐκεῖνος ναός, αἱ νενο–
μισμέναι δι´ ἔτους θυσίαι, πάντα ὅσα παρὰ τοῦ νόμου δι´
αἰνιγμάτων τοῖς μυστικῶς ἐπαίειν ἐπισταμένοις διῄρηται,
μέχρι τότε κατὰ τὴν ἐξ ἀρχῆς νομισθεῖσαν αὐτοῖς τῆς
εὐσεβείας θρησκείαν ἀκώλυτα ἦν. ἐπεὶ δὲ εἶδον τὸν
προσδοκώμενον, ὃν διὰ τῶν προφητῶν τε καὶ τοῦ νόμου
προεδιδάχθησαν, καὶ προτιμοτέραν ἐποιήσαντο τῆς εἰς τὸν
φανέντα πίστεως τὴν λοιπὸν ἐσφαλμένην ἐκείνην δεισιδαιμονίαν, ἣν κακῶς ἐκλαβόντες, τὰ τοῦ νόμου
ῥήματα διεφύλασσον, συνηθείᾳ μᾶλλον ἢ διανοίᾳ
δουλεύοντες, οὔτε τὴν ἐπιφανεῖσαν ἐδέξαντο χάριν,
καὶ τὰ σεμνὰ τῆς παρ´ αὐτοῖς θρησκείας ἐν διηγήμασι ψιλοῖς ὑπολείπεται, τοῦ ναοῦ μὲν οὐδὲ ἐξ ἰχνῶν ἔτι γινωσκομένου,
τῆς δὲ λαμπρᾶς ἐκείνης πόλεως ἐν ἐρειπίοις ὑπολειφθείσης, μεῖναι δὲ τοῖς Ἰουδαίοις τῶν κατὰ τὸ ἀρχαῖον νενομισμένων μηδέν, ἀλλὰ καὶ αὐτὸν τὸν σεβάσμιον αὐτοῖς ἐν Ἱεροσολύμοις τόπον ἄβατον προστάγματι τῶν δυναστευόντων γενέσθαι.
| [18] XVIII. Et peut-être serait-il superflu, si l'on croit fermement que Dieu a fait
un séjour dans notre vie, de critiquer sa présence, en prétendant qu'elle n'a
pas eu lieu suivant les lois d'une certaine sagesse et suivant une raison
supérieure. Pour les esprits qui ne sont pas animés d'une hostilité excessive
contre la vérité, il y a une preuve bien grande de cette visite divine : celle
qui s'est manifestée même avant la vie future, dans l'existence présente, je
veux dire l'attestation résultant des faits eux-mêmes.
(2) Qui ne sait en effet comment la tromperie mise en œuvre par les démons avait
été consommée dans toutes les parties de la terre, et s'était rendue maîtresse
de la vie humaine par le culte insensé des idoles ; comment c'était devenu un
usage chez tous les peuples de l’univers d'honorer les démons sous la forme des
idoles, par les sacrifices d'animaux et les souillures déposées sur les autels ?
(3) Mais dès que se fut manifestée, selon la parole de l'apôtre, la grâce de
Dieu, salutaire pour toute l'humanité, au moyen de la nature humaine qu'elle
avait revêtue pour nous visiter, tout s'anéantit à la façon d'une fumée ; on vit
cesser les folies des oracles et des prédictions, s'évanouir les processions
solennelles et les souillures sanglantes des hécatombes, et chez la plupart des
peuples, disparaître entièrement autels, propylées, enceintes sacrées, copies
d'images consacrées et tout ce qu'entretenaient les ministres des démons pour se
tromper eux-mêmes et duper ceux qu'ils rencontraient, de sorte qu'en beaucoup
d'endroits, on ne se souvient pas même si ces choses ont existé jadis; à leur
place, s'élevèrent, sur toute la surface de la terre, à la gloire du nom du
Christ, des temples et des lieux de sacrifice, le sacerdoce auguste et pur de
sang, et la sagesse sublime, qui se dirige par les actes plutôt que par les
paroles, et le dédain de la vie et le mépris de la mort. Ceux que les tyrans
voulaient obliger à trahir leur foi le firent éclater ouvertement, en recevant
avec indifférence les mauvais traitements infligés à leur corps, et leur
condamnation à mort, ce qu'ils n'eussent évidemment pas supporté avec cette
fermeté, s'ils n'avaient eu la preuve certaine et incontestable de la visite divine.
(4) Le fait suivant lui-même peut être donné aux Juifs comme une preuve
suffisante du passage sur la terre de celui auquel ils refusent de croire.
Jusqu'à la manifestation divine du Christ, ils virent resplendir en effet le
palais de Jérusalem, ce temple renommé au loin, les sacrifices célébrés chaque
année conformément à la loi; tout ce qui avait été fixé par la loi sous une
forme voilée, pour les esprits capables d'entendre le sens mystique, jusqu'à ce
moment-là se développa sans obstacle, suivant les rites religieux qui avaient
été prescrits dès l'origine. (5) Mais quand ils eurent vu celui qui était
attendu, celui qui leur avait été enseigné auparavant par la voix des prophètes
et par la loi, et quand, au lieu de croire à sa révélation, ils lui eurent
préféré ce qui était désormais une superstition entachée d'erreur, et dont
l'interprétation mauvaise leur faisait conserver la lettre de la loi, avec un
attachement servile a la coutume plutôt qu'à l'esprit, alors ils ne surent pas
accueillir la grâce qui s'était manifestée, et du caractère auguste de leurs
cérémonies il ne subsiste plus que des récits : le temple ne nous est plus même
connu par ses traces, de cette ville brillante, il ne reste que des ruines, et
des antiques prescriptions de la loi, les Juifs n'ont rien gardé ; l'accès du
lieu saint dans la ville même de Jérusalem a été interdit par décret des
souverains.
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