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[10,127] « εἰ μὲν γὰρ πεποιθὼς τοῦτό φησι, πῶς οὐκ ἀπέρχεται ἐκ τοῦ ζῆν; ἐν
ἑτοίμῳ γὰρ αὐτῷ τοῦτ' ἔστιν, εἴπερ ἦν βεβουλευμένον αὐτῷ βεβαίως· εἰ δὲ
μωκώμενος, μάταιος ἐν τοῖς οὐκ ἐπιδεχομένοις.
« Μνημονευτέον δὲ ὡς τὸ μέλλον οὔτε ἡμέτερον οὔτε πάντωςοὐχ ἡμέτερον, ἵνα
μήτε πάντως προσμένωμεν ὡς ἐσόμενον μήτε ἀπελπίζωμεν ὡς πάντως οὐκ
ἐσόμενον.
« Ἀναλογιστέον δὲ ὡς τῶν ἐπιθυμιῶν αἱ μέν εἰσι φυσικαί, αἱ δὲ κεναί. Καὶ
τῶν φυσικῶν αἱ μὲν ἀναγκαῖαι, αἱ δὲ φυσικαὶ μόνον· τῶν δ' ἀναγκαίων αἱ μὲν
πρὸς εὐδαιμονίαν εἰσὶν ἀναγκαῖαι, αἱ δὲ πρὸς τὴν τοῦ σώματος ἀοχλησίαν, αἱ
δὲ πρὸς αὐτὸ τὸ ζῆν.
| [10,127] « Si celui qui s'exprime de cette sorte est véritablement persuadé
de ce qu'il dit, d'où vient que dans le même moment il ne quitte pas la
vie ? S'il a réfléchi sérieusement sur les malheurs dont elle est remplie,
il est le maître d'en sortir pour n'être plus exposé à ses disgrâces; et
si c'est par manière de parler, et comme par raillerie, c'est faire le
personnage d'un insensé. La plaisanterie sur cette matière est ridicule.
« Il faut se remplir l'esprit de la pensée de l'avenir, avec cette
circonstance, qu'il ne nous concerne point tout à fait, et qu'il n'est pas
entièrement hors d'état de nous concerner, afin que nous ne soyons point
inquiétés de la certitude ou de l'incertitude de son arrivée.
« Considérez aussi que des choses différentes sont l'objet de nos souhaits
et de nos désirs ; les unes sont naturelles, et les autres sont
superflues; il y en a de naturelles absolument nécessaires, et d'autres
dont on peut se passer, quoique inspirées par la nature. Les nécessaires
sont de deux sortes; les unes font notre bonheur par l'indolence du corps,
et quelques autres soutiennent la vie, comme le breuvage et l'aliment.
| [10,128] Τούτων γὰρ ἀπλανὴς θεωρία πᾶσαν αἵρεσιν καὶ
φυγὴν ἐπανάγειν οἶδεν ἐπὶ τὴν τοῦ σώματος ὑγίειαν καὶ τὴν τῆς ψυχῆς
ἀταραξίαν, ἐπεὶ τοῦτο τοῦ μακαρίως ζῆν ἐστι τέλος.
« Τούτου γὰρ χάριν πάντα πράττομεν, ὅπως μήτε ἀλγῶμεν μήτε ταρβῶμεν· ὅταν
δ' ἅπαξ τοῦτο περὶ ἡμᾶς γένηται, λύεται πᾶς ὁ τῆς ψυχῆς χειμών, οὐκ
ἔχοντος τοῦ ζῴου βαδίζειν ὡς πρὸς ἐνδέον τι καὶ ζητεῖν ἕτερον ᾧ τὸ τῆς
ψυχῆς καὶ τοῦ σώματος ἀγαθὸν συμπληρώσεται.
« Τότε γὰρ ἡδονῆς χρείαν ἔχομεν ὅταν ἐκ τοῦ μὴ παρεῖναι τὴν ἡδονὴν
ἀλγῶμεν· <ὅταν δὲ μὴ ἀλγῶμεν,> οὐκέτι τῆς ἡδονῆς δεόμεθα. Καὶ διὰ τοῦτο
τὴν ἡδονὴν ἀρχὴν καὶ τέλος λέγομεν εἶναι τοῦ μακαρίως ζῆν· {129} ταύτην
γὰρ ἀγαθὸν πρῶτον καὶ συγγενικὸν ἔγνωμεν, καὶ ἀπὸ ταύτης καταρχόμεθα πάσης
αἱρέσεως καὶ φυγῆς καὶ ἐπὶ ταύτην καταντῶμεν ὡς κανόνι τῷ πάθει πᾶν ἀγαθὸν
κρίνοντες.
| [10,128] Si vous spéculez ces choses sans vous éloigner de la vérité,
l'esprit et le corps y trouveront ce qu'il faut chercher et ce qu'il faut
éviter ; l'un y aura le calme et la bonace, et l'autre une santé parfaite,
qui sont le centre d'une vie bienheureuse.
« N'est-il pas vrai que le but de toutes nos actions, c'est de fuir la
douleur et l'inquiétude, et que lorsque nous sommes arrivés à ce terme,
l'esprit est tellement délivré de tout ce qui le pouvait tenir dans
l'agitation, que l'homme croit être au dernier période de sa félicité,
qu'il n'y a plus rien qui puisse satisfaire son esprit et contribuer à sa santé.
« La fuite du plaisir fait naître la douleur, et la douleur fait naître le
plaisir; c'est pourquoi nous appelons ce même plaisir la source et la fin
d'une vie bienheureuse,
| [10,129] « καὶ ἐπεὶ πρῶτον ἀγαθὸν τοῦτο καὶ σύμφυτον, διὰ τοῦτο καὶ οὐ
πᾶσαν ἡδονὴν αἱρούμεθα, ἀλλ' ἔστιν ὅτε πολλὰς ἡδονὰς ὑπερβαίνομεν, ὅταν
πλεῖον ἡμῖν τὸ δυσχερὲς ἐκ τούτων ἕπηται· καὶ πολλὰς ἀλγηδόνας ἡδονῶν
κρείττους νομίζομεν, ἐπειδὰν μείζων ἡμῖν ἡδονὴ παρακολουθῇ πολὺν χρόνον
ὑπομείνασι τὰς ἀλγηδόνας. Πᾶσα οὖν ἡδονὴ διὰ τὸ φύσιν ἔχειν οἰκείαν
ἀγαθόν, οὐ πᾶσα μέντοι αἱρετή· καθά περ καὶ ἀλγηδὼν πᾶσα κακόν, οὐ πᾶσα δὲ
ἀεὶ φευκτὴ πεφυκυῖα.
| [10,129] parce qu'il est le premier bien que la nature nous inspire
dès le moment de notre naissance; que c'est par lui
que nous évitons des choses, que nous en choisissons d'autres, et qu'enfin
tous nos mouvements se terminent en lui; c'est donc à son secours que nous
sommes redevables de savoir discerner toutes sortes de biens.
« La frugalité est un bien que l'on ne peut trop estimer; ce n'est pas
qu'il faille toujours la garder régulièrement, mais son habitude est
excellente, afin que n'ayant plus les choses dans la même abondance, nous
nous passions de peu, sans que cette médiocrité nous paraisse étrange ;
aussi faut-il graver fortement dans son esprit que c'est jouir d'une
magnificence pleine d'agrément que de se satisfaire sans aucune profusion.
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