[1,29] « Ἄλλων τε πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων ἕνεκα, ὦ
ἄνδρες, ἄξιον Ἡρακλέους μεμνῆσθαι, καὶ ὅτι τόνδε
τὸν ἀγῶνα πρῶτος συνήγειρε δι´ εὔνοιαν τῆς
Ἑλλάδος. Ἐν μὲν γὰρ τῷ τέως χρόνῳ ἀλλοτρίως αἱ
πόλεις πρὸς ἀλλήλας διέκειντο· ἐπειδὴ δὲ ἐκεῖνος τοὺς
τυράννους ἔπαυσε, καὶ τοὺς ὑβρίζοντας ἐκώλυσεν,
ἀγῶνα μὲν σωμάτων ἐποίησε, φιλοτιμίαν δὲ πλούτῳ,
γνώμης δ´ ἐπίδειξιν ἐν τῷ καλλίστῳ τῆς Ἑλλάδος· ἵνα
τούτων ἁπάντων ἕνεκα εἰς τὸ αὐτὸ συνέλθωμεν, τὰ
μὲν ὀψόμενοι, τὰ δ´ ἀκουσόμενοι. Ἡγήσατο γὰρ τὸν
ἐνθάδε σύλλογον ἀρχὴν γενήσεσθαι τοῖς Ἕλλησι τῆς
πρὸς ἀλλήλους φιλίας. Ἐκεῖνος μὲν οὖν ταῦθ´
ὑφηγήσατο. Ἐγὼ δὲ ἥκω οὐ μικρολογησόμενος, οὐδὲ
περὶ τῶν ὀνομάτων μαχούμενος· ἡγοῦμαι γὰρ ταῦτα,
ἔργα μὲν εἶναι σοφἀ τῶν λίαν χρήστων καὶ σφόδρα
βίου δεομένων· ἀνδρὸς δὲ ἀγαθοῦ καὶ πολίτου πολλοῦ
ἀξίου, περὶ τῶν μεγίστων συμβουλεύειν· ὁρῶν οὕτως
αἰσχρῶς διακειμένην τὴν Ἑλλάδα, καὶ πολλὰ μὲν
αὐτῆς ὄντα ὑπὸ τῷ βαρβάρῳ, πολλὰς δὲ πόλεις ὑπὸ
τυράννων ἀναστάτους γεγενημένας. Καὶ ταῦτα εἰ μὲν
δι´ ἀσθένειαν ἐπάσχομεν, στέργειν ἂν ἦν ἀνάγκη τὴν
τύχην· ἐπειδὴ δὲ διὰ στάσιν καὶ τὴν πρὸς ἀλλήλους
φιλονεικίαν, πῶς οὐκ ἄξιον τῶν μὲν παύσασθαι, τὰ δὲ
κωλῦσαι, εἰδότας ὅτι φιλονεικεῖν μέν ἐστιν εὖ
πραττόντων, γνῶναι δὲ τὰ βέλτιστα, τῶν αὐτῶν·
ὁρῶμεν γὰρ τοὺς κινδύνους, καὶ μεγάλους, καὶ
πανταχόθεν περιεστηκότας. Ἐπίστασθε δὲ ὅτι ἡ μὲν
ἀρχὴ τῶν κρατούντων τῆς θαλάττης· τῶν δὲ
χρημάτων, βασιλεὺς ταμίας· τὰ δὲ τῶν Ἑλλήνων
σώματα, τῶν δαπανᾶσθαι δυναμένων· ναῦς δὲ
πολλὰς αὐτὸς κέκτηται, πολλὰς δ´ ὁ τύραννος τῆς
Σικελίας. Ὥστε ἄξιον τὸν μὲν πρὸς ἀλλήλους
πόλεμον καταθέσθαι, τῇ δ´ αὐτῇ γνώμῃ χρωμένους,
τῆς σωτηρίας ἀντέχεσθαι· καὶ περὶ μὲν τῶν
παρεληλυθότων αἰσχύνεσθαι, περὶ δὲ τῶν μελλόντων
ἔσεσθαι δεδιέναι, καὶ πρὸς τοὺς προγόνους μιμεῖσθαι,
οἳ τοὺς μὲν βαρβάρους ἐποίησαν, τῆς ἀλλοτρίας
ἐπιθυμοῦντας, τῆς σφετέρας αὐτῶν ἐστερεῖσθαι· τοὺς
δὲ τυράννους ἐξελάσαντες, κοινὴν ἅπασι τὴν
ἐλευθερίαν κατέστησαν. Θαυμάζω δὲ Λακεδαιμονίους
πάντων μάλιστα, τίνι ποτὲ γνώμῃ χρώμενοι,
καιομένην τὴν Ἑλλάδα περιορῶσιν, ἡγεμόνες ὄντες
τῶν Ἑλλήνων, οὐκ ἀδίκως, καὶ διὰ τὴν ἔμφυτον
ἀρετὴν, καὶ διὰ τὴν περὶ τὸν πόλεμον ἐπιστήμην·
μόνοι δὲ οἰκοῦντες ἀπόρθητοι, καὶ ἀτείχιστοι, καὶ
ἀστασίαστοι, καὶ ἀήττητοι, καὶ τρόποις ἀεὶ τοῖς αὐτοῖς
χρώμενοι· ὧν ἕνεκα ἐλπὶς ἀθάνατον τὴν ἐλευθερίαν
αὐτοὺς κεκτῆσθαι, καὶ ἐν τοῖς παρεληλυθόσι
κινδύνοις σωτῆρας γενομένους τῆς Ἑλλάδος, περὶ τῶν
μελλόντων προορᾶσθαι. Οὐ τοίνυν ὁ ἐπιὼν καιρὸς τοῦ
παρόντος βελτίων. Oὐ γὰρ ἀλλοτρίας δεῖ τὰς τῶν
ἀπολωλότων συμφορὰς νομίζειν, ἀλλ´ οἰκείας· οὐδ´
ἀναμεῖναι ἕως ἂν ἐπ´ αὐτοὺς ἡμᾶς αἱ δυνάμεις
ἀμφοτέρων ἔλθωσιν, ἀλλ´ ἕως ἔτι ἔξεστι, τὴν τούτων
ὕβριν κωλῦσαι. Τίς γὰρ οὐκ ἂν ἐνορῶν ἐν τῷ πρὸς
ἀλλήλους πολέμῳ μεγάλους αὐτοὺς γεγενημένους;
ὧν οὐ μόνον αἰσχρῶν ὄντων, ἀλλὰ καὶ δεινῶν, τοῖς
μὲν μεγάλα ἡμαρτηκόσιν ἐξουσία γεγένηται τῶν
πεπραγμένων· τοῖς δὲ Ἕλλησιν οὐδεμία αὐτῶν τιμωρία. »
| [1,29] XXIX. « Citoyens, c'est par des services importants et
nombreux qu'Hercule a mérité de vivre dans notre
mémoire ; mais surtout pour avoir établi ces jeux
solennels, dans le but d'inspirer aux peuples de la Grèce
une bienveillance mutuelle. Jusqu'alors ils vivaient
livrés à la discorde; mais après avoir dompté les tyrans
et terrassé ses ennemis, il institua ces combats où le
corps s'exerce, en même temps que, sous les yeux de
l'assemblée la plus imposante de la Grèce, chaque
nation vient rivaliser en opulence et en généreux
sentiments. Il voulut qu'une grande pompe nous attirât
tous à cette fête, où des spectacles divers frappent nos
yeux et notre oreille ; il pensait que cette réunion serait
pour tous les peuples de la Grèce la source d'une amitié
réciproque : tel fut son dessein. Pour moi, je ne viens
pas, m'attachant à des choses peu importantes, disputer
sur les mots : à mon avis, ces frivoles débats ne
sauraient convenir qu'à des hommes dévorés de l'amour
du gain, ou pressés par tous les besoins de la vie. Mais
l'homme vertueux, le bon citoyen doivent élever plus
haut leurs pensées, surtout quand ils voient la Grèce
dans le plus triste état, ses provinces presqu'entièrement
soumises au joug d'un barbare, et la plupart de ses villes
désolées par des tyrans. Si notre faiblesse était la cause
de tous ces maux, nous devrions subir notre sort sans
nous plaindre ; mais puisqu'ils naissent des factions et
de la discorde, pourquoi ne pas mettre un terme aux
unes et opposer une barrière à l'autre, bien convaincus
que la prospérité seule peut permettre aux peuples de
s'abandonner à la rivalité; mais que, dans le malheur, ils
doivent s'attacher à prendre de sages résolutions? Mille
dangers terribles nous assiègent de toutes parts. Vous
savez que la puissance est entre les mains de ceux qui
tiennent la mer sous leur empire ; que nos finances sont
administrées par un roi, et que nos personnes
appartiennent à ceux qui peuvent les acheter. Ce roi
possède beaucoup de vaisseaux, et le tyran de Sicile
aussi en possède un grand nombre. Vous devez
renoncer à ces guerres que vous vous faites les uns aux
autres ; et, unis par les mêmes sentiments, combattre
tous pour votre salut. Rougissez du passé; craignez
l'avenir, et imitez vos ancêtres, qui dépouillèrent de leur
propre territoire les barbares, avides de conquérir celui
des autres peuples; et, par la destruction des tyrans,
étendirent sur la Grèce entière les bienfaits de la liberté.
Ce qui m'étonne le plus, c'est que les Lacédémoniens
puissent voir d'un œil indifférent la Grèce en
combustion, eux qui en sont devenus les chefs, non par
des injustices, mais par une valeur naturelle et par leur
expérience dans les combats. Seuls ils n'ont point vu
leur pays dévasté ; sans remparts, à l'abri des discordes,
toujours invincibles, ils habitent le même territoire.
Nous devons donc espérer qu'ils jouiront à jamais de la
liberté, et qu'après avoir sauvé la Grèce de ses dangers
passés, ils songeront à son avenir. Jamais il ne se
présentera d'occasion plus favorable ; car il ne faut pas
regarder les maux des peuples qui ont péri comme tout-
à-fait étrangers pour nous, mais comme nos propres
maux ; et loin d'attendre que les forces de nos deux
ennemis viennent nous accabler, repoussons leur injuste
agression tandis qu'il en est temps encore. Et qui ne voit
pas que nos guerres civiles sont la source de leur
agrandissement? Tout à la fois déshonorantes et
funestes, ces divisions ont fourni à ceux qui nous ont
causé tant de maux le moyen de tout oser, et la Grèce
n'en a tiré aucune vengeance. »
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