HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, I (Lysias)

Chapitre 16

  Chapitre 16

[1,16] Φημὶ δὴ πάντων δεξιώτατον εἶναι τὸν ῥήτορα κατὰ τὰς εἰσβολὰς τῶν λόγων, καὶ χαριέστατον· ἐννοούμενος ὅτι ἄρξασθαι μὲν καλῶς οὐ ῥᾴδιόν ἐστιν, εἰ δή τις τῇ προσηκούσῃ χρῆσθαι βούλοιτο ἀρχῇ, καὶ μὴ τὸν ἐπιτυχόντα λόγον εἰπεῖν. Οὐ γὰρ τὸ πρῶτον ῥηθέν, ἀλλ´ τοῦ προτεθέντος λόγου μηδαμοῦ μᾶλλον ἐπ' αὐτοῦ ὠφελήσειε, τοῦτο ἀρχή τε καὶ προοίμιον. Ὁρῶ δὲ τὸν ῥήτορα πᾶσι κεχρημένον, οἷς αἱ τέχναι τε παραγγέλλουσι, καὶ τὰ πράγματα βούλεται. Τότε μὲν γὰρ ἀπὸ τοῦ ἰδίου ἐπαίνου λέγων αὐτὸς ἄρχεται, τότε δὲ ἀπὸ τῆς διαβολῆς τοῦ ἀντιδίκου. Εἰ δὲ τύχοι αὐτὸς προδιαβληθείς, τὰς αἰτίας πρῶτον ἀπολύεται τὰς καθ´ αὑτοῦ. Τότε δὲ τοὺς δικαστὰς ἐπαινῶν καὶ θεραπεύων, οἰκείους ἑαυτῷ τε καὶ τῷ πράγματι καθίστησι, τότε δὲ τὴν ἀσθένειαν τὴν ἰδίαν, καὶ τὴν πλεονεξίαν τὴν τοῦ ἀντιδίκου, καὶ τὸ μὴ περὶ τῶν ἴσων ἀμφοτέροις εἶναι τὸν ἀγῶνα, ὑποδείκνυσι. Τότε δὲ, ὡς κοινὰ τὰ πράγματα, καὶ ἀναγκαῖα πᾶσι, καὶ οὐκ ἄξια ὑπὸ τῶν ἀκουόντων ἀμελεῖσθαι, λέγει, τότε δὲ ἄλλο τι κατασκευάζεται τῶν δυναμένων αὐτὸν μὲν ὠφελῆσαι, τὸν δὲ ἀντίδικον ἐλαττῶσαι. Ταῦτα δὲ συντόμως καὶ ἀφελῶς διανοίαις τε χρησταῖς καὶ γνώμαις εὐκαίροις καὶ ἐνθυμήμασι μετρίοις περιλαβὼν, ἐπὶ τὴν πρόθεσιν ἐπείγεται· δι´ ἧς τὰ μέλλοντα ἐν ταῖς ἀποδείξεσι λέγεσθαι προειπὼν, καὶ τὸν ἀκροατὴν παρασκευάσας εὐμαθῆ πρὸς τὸν μέλλοντα λόγον, ἐπὶ τὴν διήγησιν καθίσταται· καὶ ἔστι μεθόριον αὐτῷ ἑκατέρας τῶν ἰδεῶν ὡς τὰ πολλὰ, πρόθεσις. Ἤδη δέ ποτε καὶ ἀπὸ μόνης ταύτης ἤρξατο. Καὶ ἀπροοιμιάστως ποτὲ εἰσέβαλε, τὴν διήγησιν ἀρχὴν λαβών· καὶ οὐκ ἄψυχος οὐδ´ ἀκίνητός ἐστι περὶ ταύτην τὴν ἰδέαν. Μάλιστα δ´ ἄν τις αὐτοῦ θαυμάσειε τὴν ἐν τοῖς προοιμίοις δύναμιν, ἐνθυμηθεὶς ὅτι διακοσίων οὐκ ἐλάττους δικανικοὺς γράψας λόγους, ἐν οὐδενὶ πέφηνεν οὔτε ἀπιθάνως προοιμιαζόμενος, οὔτε ἀπηρτημένῃ τῶν πραγμάτων ἀρχῇ χρώμενος· ἀλλ´ οὐδὲ τοῖς ἐνθυμήμασιν ἐπιβέβληκε τοῖς αὐτοῖς, οὐδ´ ἐπὶ τὰς αὐτὰς κατενήνεκται διανοίας· καί τοιγε τοῦτο καὶ οἱ τοὺς ὀλίγους γράψαντες εὑρίσκονται πεπονθότες· λέγω δὲ τὸ τοῖς αὐτοῖς ἐπιβαλεῖν τόποις· ἐῶ γὰρ ὅτι καὶ τὰ παρ´ ἑτέροις εἰρημένα λαμβάνοντες ὀλίγου δεῖν πάντες, οὐκ ἐν αἰσχύνῃ τίθενται τὸ ἔργον. Οὑτοσὶ δὲ καινὸς ῥήτωρ ἐστὶ καθ´ ἕκαστον τῶν λόγων, κατά γε οὖν τὰς εἰσβολὰς καὶ τὰ προοίμια· καὶ δυνατός, βούλοιτο διαπράξασθαι. Οὔτε γὰρ εὔνοιαν κινῆσαι βουλόμενος, οὔτε προσοχὴν, οὔτε εὐμάθειαν, ἄν ἀτυχήσειεν ποτε τοῦ σκοποῦ. Κατὰ μὲν δὴ ταύτην τὴν ἰδέαν, πρῶτον, οὐδενὸς δεύτερον αὐτὸν ἀποφαίνομαι. [1,16] XVI. Dans l'exorde, Lysias me paraît au-dessus de tous les orateurs : c'est lui qui a donné le plus de grâces à cette partie. Il savait que, dans le discours, rien n'est plus difficile que le début, quand on veut le choisir convenable et ne pas s'arrêter à celui qui d'abord se présente. Ce ne sont pas les premières paroles de l'orateur qui constituent l'exorde, mais plutôt les paroles qui, le sujet une fois exposé, ne seraient mieux placées nulle part que dans le début. Je vois, dans Lysias, un orateur qui s'attache aux principes de l'art et à ce que le sujet exige. Quelquefois il commence par son propre éloge, et quelquefois en accusant l'adversaire. S'il est accusé le premier, il cherche d'abord à détruire les imputations dirigées contre lui. Tantôt il loue, il flatte les juges pour les rendre favorables à sa personne et à sa cause; tantôt il met en opposition sa faiblesse avec le crédit de son adversaire, pour montrer l'inégalité de la lutte qu'il va soutenir. D'autres fois, il présente le sujet qu'il traite comme une question d'un intérêt général, d'une haute importance et qui mérite toute l'attention des auditeurs; ou bien il prépare d'avance quelques moyens d'assurer son triomphe, ou de faire succomber l'adversaire; et semant rapidement et avec simplicité son début de pensées nobles, de sentences convenables, d'arguments renfermés dans de justes limites, il arrive à la proposition, où il fait entrevoir ce qu'il doit dire dans la confirmation : il dispose ainsi l'auditeur à écouter avec bienveillance la suite du discours, et passe à la narration. Chez lui, la proposition sert de limite ordinaire entre ces deux parties. Dans certains discours, il commence par la proposition, entre en matière sans exorde et débute par la narration. Dans l'exorde, il a du mouvement et de la vie. Sa fécondité étonne, quand on pense qu'il n'a pas composé moins de deux cents harangues judiciaires, et qu'il n'en est aucune où cette partie manque de naturel, ou se lie avec peine au sujet. Jamais il n'emploie les mêmes arguments ni les mêmes pensées; tandis qu'on peut reprocher à des orateurs qui n'ont écrit qu'un petit nombre de discours de se servir des mêmes moyens. Je n'ajouterai point qu'ils ne rougissent pas de recourir presque tous à des moyens déjà employés par d'autres. Lysias, au contraire, cherche pour chaque discours une nouvelle introduction, un nouvel exorde ; et toujours il arrive à son but. Ainsi, quand il veut faire naître la bienveillance, l'attention, la docilité, il ne manque jamais d'y parvenir. Il me paraît donc mériter la première place pour l'exorde ou du moins il n'est au-dessous de personne.


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Dernière mise à jour : 2/05/2006