[1,13] Καὶ θαυμάζειν ἄξιον τί δή ποτε παθὼν ὁ
Θεόφραστος τῶν φορτικῶν καὶ περιέργων αὐτὸν
οἴεται ζηλωτὴν γενέσθαι λόγων, καὶ τὸ ποιητικὸν
διώκειν μᾶλλον ἢ τὸ ἀληθινόν. Ἐν γοῦν τοῖς Περὶ
λέξεως γραφεῖσι, τῶν τε ἄλλων καταμέμφεται τῶν
περὶ τὰς ἀντιθέσεις καὶ παρισώσεις καὶ παρομοιώσεις,
καὶ τὰ παραπλήσια τούτοις σχήματα
διεσπουδακότων, καὶ δὴ καὶ τὸν Λυσίαν ἐν τούτοις
κατηρίθμηκε, καὶ τὸν ὑπὲρ Νικίου τοῦ στρατηγοῦ τῶν
Ἀθηναίων λόγον, ὃν εἶπεν ἐπὶ Συρακουσίων
αἰχμάλωτος ὤν, ὡς ὑπὸ τούτου γεγραμμένον τοῦ
ῥήτορος παρατιθείς. Κωλύσει δ´ οὐδὲν ἴσως καὶ τὴν
λέξιν αὐτὴν θεῖναι τὴν Θεοφράστου. Ἔστι δὲ ἥδε· -
«Ἀντίθεσις δ´ ἐστὶ τριττῶς, ὅταν τῷ αὐτῷ τὰ ἐναντία, ἢ
τῷ ἐναντίῳ τὰ αὐτὰ, ἢ τοῖς ἐναντίοις ἐναντία
προσκατηγορηθῇ. Τοσαυταχῶς γὰρ ἐγχωρεῖ
συζευχθῆναι. Τούτων δὲ τὸ μὲν ἴσον καὶ τὸ ὅμοιον,
παιδιῶδες, καὶ καθαπερεὶ ποίημα· διὸ καὶ ἧττον
ἁρμόττει τῇ σπουδῇ. Φαίνεται γὰρ ἀπρεπὲς,
σπουδάζοντα τοῖς πράγμασι τοῖς ὀνόμασι παίζειν, καὶ
τὸ πάθος τῇ λέξει περιαιρεῖν. Ἐκλύει γὰρ τὸν
ἀκροατήν· οἷον ὡς ὁ Λυσίας ἐν τῇ τοῦ Νικίου
ἀπολογίᾳ βουλόμενος ἔλεον ποιεῖν. Κλαίω τὸν
ἀμάχητον καὶ ἀναυμάχητον ὄλεθρον. Ἰκέται μὲν
αὐτοὶ τῶν θεῶν καθίζοντες, προδότας δὲ τῶν ὅρκων
ὑμᾶς ἀποφαίνοντες, ἀνακαλοῦντές συγγένειαν,
εὐμένειαν. » Ταῦτα γὰρ εἰ μὲν τῷ ὄντι Λυσίας
ἔγραψε, δικαίως ἂν ἐπιτιμήσεως ἀξιοῖτο,
χαριεντιζόμενος ἐν οὐ χαρίεντι καιρῷ. Εἰ δὲ ἑτέρου
τινός ἐστιν ὁ λόγος, ὥςπερ ἔστιν, ὁ κατηγορῶν ἃ μὴ
προσῆκε τοῦ ἀνδρὸς, μεμπτότερος. Ὅτι δὲ οὐκ ἔγραψε
Λυσίας τὸν ὑπὲρ Νικίου λόγον, οὐδ´ ἔστιν οὔτε τῆς
ψυχῆς οὔτε τῆς λέξεως ἐκείνης τὸ γράμμα, πολλοῖς
πάνυ τεκμηρίοις ἀποδεῖξαι δυνάμενος, οὐκ ἔχω
καιρὸν ἐν τῷ παρόντι λέγειν. Ἰδίαν δὲ περὶ τοῦ
ῥήτορος πραγματείαν συνταττόμενος, ἐν ᾗ τά τε ἄλλα
δηλωθήσεταί μοι, καὶ τίνες εἰσὶν αὐτοῦ λόγοι γνήσιοι,
τὴν ἀκρίβειαν ἐν ἐκείνοις καὶ περὶ τοῦδε ἀποδοῦναι
πειράσομαι τοῦ λόγου.
| [1,13] XIII. Aussi doit-on s'étonner que Théophraste lui
reproche d'aimer la pompe et l'ostentation, de préférer
les ornements recherchés à la simplicité de la nature.
Dans son traité sur le Style, ce critique, blâmant les
écrivains qui mettent leurs soins à prodiguer les
antithèses, à donner aux phrases des membres
symétriques, et aux mots une correspondance mutuelle,
range Lysias dans cette classe. Il fonde son opinion sur
le discours prononcé devant les Syracusains par le
général athénien Nicias, à l'époque de sa captivité, et
attribue ce discours à notre orateur. Rien n'empêche de
rapporter les paroles de Théophraste. « - II y a, dit-il,
trois sortes d'antithèses : l'on oppose à la même chose
des choses contraires, ou bien les mêmes choses à une
chose contraire; ou enfin des choses contraires à
d'autres qui le sont aussi : car ce sont les divers rapports
qui peuvent se présenter. L'opposition des mots à peu
près synonymes est un jeu puéril, qui ne doit point
trouver place dans un sujet grave. Quand il faut
s'occuper des choses, il y a de l'inconvenance à jouer
sur les mots et à détruire les vives émotions par les
paroles ; c'est refroidir l'auditeur : on en voit un
exemple dans ce passage du discours de Lysias en
faveur de Nicias. Il dit, pour exciter la compassion : -
«Je déplore une défaite où nos soldats et notre flotte ont
péri sans combattre. Nous voyons devant nous des
hommes qui implorent les dieux, en nous accusant de
trahir la foi des serments, et en invoquant les droits du
sang et de l'amitié. » Si Lysias avait écrit ce passage, il
faudrait le blâmer d'avoir cherché à plaire quand il ne
s'agissait pas de plaire. Mais si ce discours est l'ouvrage
d'un autre écrivain (et il l'est en effet), Théophraste, en
faisant à Lysias un reproche qui ne repose sur rien, s'est
rendu blâmable lui-même. Je pourrais démontrer par
une foule de preuves que ce discours n'est pas de
Lysias, qu'on n'y trouve ni les formes de son style ni le
cachet de son esprit; mais ce n'est pas ici le moment.
Dans un traité particulier que je dois composer sur cet
orateur, pour faire voir, entre autres choses, quels sont
les discours qui lui appartiennent réellement, je dirai
mon opinion sur cette harangue.
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