[1,14] Νυνὶ δὲ περὶ τῶν ἑξῆς διαλέξομαι, τίς ὁ
πραγματικός ἐστι Λυσίου χαρακτήρ, ἐπειδὴ τὸν ὑπὲρ
τῆς λέξεως ἀποδέδωκα. Τουτὶ γὰρ ἔτι λείπεται τὸ
μέρος. Εὑρετικὸς γάρ ἐστι τῶν ἐν τοῖς πράγμασιν
ἐνόντων λόγων ὁ ἀνήρ, οὐ μόνον ὧν ἅπαντες
εὕροιμεν, ἀλλὰ καὶ ὧν μηθείς. Οὐδὲν γὰρ ἁπλῶς
Λυσίας παραλείπει τῶν στοιχείων, ἐξ ὧν ὁμολογεῖ, οὐ
τὰ πρόσωπα, οὐ τὰ πράγματα, οὐκ αὐτὰς τὰς πράξεις,
οὐ τρόπους καὶ αἰτίας αὐτῶν, οὐ καιρούς, οὐ χρόνους,
οὐ τόπους, οὐ τὰς ἑκάστου τούτων διαφορὰς, ἄχρι τῆς
εἰς ἐλάχιστον τομῆς· ἀλλ´ ἐξ ἁπάσης θεωρίας, καὶ
παντὸς μερισμοῦ, τὰς οἰκείας ἀφορμὰς ἐκλέγει.
Δηλοῦσι δὲ μάλιστα τὴν δεινότητα τῆς εὑρέσεως
αὐτοῦ οἵ τε ἀμάρτυροι τῶν λόγων, καὶ οἱ περὶ τὰς
παραδόξους συνταχθέντες ὑποθέσεις· ἐν οἷς πλεῖστα
καὶ κάλλιστα ἐνθυμήματα λέγει, καὶ τὰ πάντα
δοκοῦντα τοῖς ἄλλοις ἄπορα εἶναι καὶ ἀδύνατα
εὔπορα, καὶ δυνατὰ φαίνεσθαι ποιεῖ· κριτικὸς ὧν δεῖ
λέγειν· καὶ ὅτε μὴ πᾶσιν ἐξῆν χρῆσθαι τοῖς εὑρεθεῖσι,
τῶν κρατίστων τε καὶ κυριωτάτων ἐκλεκτικός, εἰ μὴ
καὶ μάλιστα, τῶν ἄλλων ῥητόρων, οὐδενός ἧττον.
Τάξει δὲ ἁπλῇ τινι κέχρηται τῶν πραγμάτων, καὶ τὰ
πολλὰ ὁμοειδεῖ. Περὶ τὰς ἐξεργασίας τῶν
ἐπιχειρημάτων ἀφελής τις καὶ ἀπερίεργός ἐστιν. Οὔτε
γὰρ προκατασκευαῖς, οὔτ´ ἐφόδοις, οὔτε μερισμοῖς,
οὔτε ποικιλίαις σχημάτων, οὔτε ταῖς ἄλλαις ταῖς
τοιαύταις πανουργίαις εὑρίσκεται χρώμενος, ἀλλ´
ἔστιν ἀπέριττός τις ἐλευθέριός τε καὶ ἀπόνηρος
οἰκονομῆσαι τὰ εὑρεθέντα. Ἐκ δὴ τούτων
παρακελεύομαι τοῖς ἀναγινώσκουσιν αὐτὸν τὴν μὲν
εὕρεσιν τῶν ἐνθυμημάτων καὶ τὴν κρίσιν ζηλοῦν· τὴν
δὲ τάξιν καὶ τὴν ἐργασίαν αὐτῶν, ἐνδεεστέραν οὖσαν
τοῦ προσήκοντος, μὴ ἀπο τοῦ δέ τοῦ ἀνδρός, ἀλλὰ
παρ´ ἑτέρων, οἳ κρείττους οἰκονομῆσαι τὰ εὑρεθέντα
ἐγένοντο, περὶ ὧν ὕστερον ἐρῶ, τοῦτο τὸ στοιχεῖον λαμβάνειν.
| [1,14] XIV. Après avoir donné une idée du style de Lysias, je
vais parler de sa manière relativement aux choses : c'est
la suite de mon sujet. Lysias sait découvrir tout ce que
renferme une question ; il saisit non seulement les
moyens que nous pourrions trouver comme lui, mais
encore ceux qu'un autre orateur ne soupçonnerait pas
même. Rien ne lui échappe de ce qui peut fournir des
preuves, ni les personnes, ni les choses, ni les actions,
ni les mœurs, ni leurs causes, ni les temps, ni les lieux,
ni les nuances de ces diverses particularités ; il les
embrasse toutes jusqu'à leur moindre conséquence; et
les examinant à la fois ou successivement, il choisit les
plus utiles à sa cause. Sa force d'invention éclate surtout
dans les discours où les témoins ne figurent pas, et dans
ceux qui roulent sur des sujets peu communs ; ils
abondent en pensées remarquables ; tout ce qui
paraîtrait à un autre difficile ou impossible, devient
possible et même aisé pour lui ; il sent ce qu'il doit dire,
et quand il ne peut faire usage de tous les moyens qu'il
a trouvés, il choisit habilement les meilleurs et les plus
convenables : sous ce rapport, s'il n'est pas au-dessus de
tous les orateurs, du moins il ne le cède à aucun. Sa
marche est sans apprêt et le plus souvent uniforme; il
développe les arguments avec simplicité et sans
affectation. On ne le voit jamais, employer ni les
preuves préparatoires, ni les insinuations, ni les
divisions, ni la diversité des figures, ni les autres
finesses de ce genre : les raisons qu'il a trouvées, il les
expose, en évitant tout ce qui serait inutile ou sentirait
la gêne; mais il manque d'art. Ainsi, je conseille à ceux
qui l'étudient de l'imiter pour l'invention et la
comparaison des arguments : quant à la manière de les
disposer et de les développer, elle est imparfaite dans
Lysias : ce n'est pas lui qu'il faut prendre pour modèle;
mais les orateurs qui lui sont supérieurs sous ce rapport,
et dont je parlerai dans la suite.
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