[1,23] XXIII. 1. Οἱ δὲ Πελασγοὶ πολλῆς καὶ ἀγαθῆς χώρας κρατήσαντες, πόλεις τε
πολλὰς μὲν παραλαβόντες, ἄλλας δ´ αὐτοὶ κατασκευάσαντες, μεγάλην καὶ
ταχεῖαν ἐπίδοσιν ἔλαβον εἰς εὐανδρίαν καὶ πλοῦτον καὶ τὴν ἄλλην εὐτυχίαν,
ἧς οὐ πολὺν ὤναντο χρόνον· ἀλλ´ ἡνίκα μάλιστα τοῖς σύμπασιν ἀνθεῖν
ἐδόκουν, δαιμονίοις τισὶ χόλοις ἐλαστρηθέντες οἱ μὲν ὑπὸ τῶν θείων
συμφορῶν, οἱ δὲ ὑπὸ τῶν προσοικούντων βαρβάρων ἐξεφθάρησαν, τὸ δὲ
πλεῖστον αὐτῶν μέρος εἰς τὴν Ἑλλάδα καὶ τὴν βάρβαρον αὖθις ἐσκεδάσθη
(περὶ ὧν πολὺς ἂν εἴη λόγος, εἰ βουλοίμην τὴν ἀκρίβειαν γράφειν), ὀλίγον δὲ
κατέμεινεν ἐν Ἰταλίᾳ τῶν Ἀβοριγίνων προνοίᾳ.
2. Πρῶτον μὲν οὖν τῆς οἰκοφθορίας ταῖς πόλεσιν ἐδόκει αὐχμῷ ἡ γῆ
κακωθεῖσα ἄρξαι, ἡνίκα οὔτ´ ἐπὶ τοῖς δένδρεσι καρπὸς οὐδεὶς ὡραῖος
γενέσθαι διέμεινεν, ἀλλ´ ὠμοὶ κατέρρεον, οὔθ´ ὁπόσα σπερμάτων ἀνέντα
βλαστοὺς ἀνθήσειεν ἕως στάχυος ἀκμῆς τοὺς κατὰ νόμον ἐξεπλήρου
χρόνους, οὔτε πόα κτήνεσιν ἐφύετο διαρκής, τῶν τε ναμάτων τὰ μὲν οὐκέτι
πίνεσθαι σπουδαῖα ἦν, τὰ δ´ ὑπελίμπανε θέρους, τὰ δ´ εἰς τέλος
ἀπεσβέννυτο.
3. Ἀδελφὰ δὲ τούτοις ἐγίνετο περί τε προβάτων καὶ γυναικῶν γονάς· ἢ γὰρ
ἐξημβλοῦτο τὰ ἔμβρυα, ἢ κατὰ τοὺς τόκους διεφθείρετο ἔστιν ἃ καὶ τὰς
φερούσας συνδιαλυμηνάμενα. Εἰ δέ τι διαφύγοι τὸν ἐκ τῶν ὠδίνων κίνδυνον
ἔμπηρον ἢ ἀτελὲς ἢ δι´ ἄλλην τινὰ τύχην βλαφθὲν τρέφεσθαι χρηστὸν οὐκ
ἦν· ἔπειτα καὶ τὸ ἄλλο πλῆθος τὸ ἐν ἀκμῇ μάλιστα ἐκακοῦτο νόσοις καὶ
θανάτοις παρὰ τὰ εἰκότα συχνοῖς.
4. Μαντευομένοις δ´ αὐτοῖς τίνα θεῶν ἢ δαιμόνων παραβάντες τάδε
πάσχουσι καὶ τί ποιήσασιν αὐτοῖς λωφῆσαι τὰ δεινὰ ἐλπίς, ὁ θεὸς ἀνεῖλεν ὅτι
τυχόντες ὧν ἐβούλοντο οὐκ ἀπέδοσαν ἃ εὔξαντο, ἀλλὰ προσοφείλουσι τὰ
πλείστου ἄξια.
5. Οἱ γὰρ Πελασγοὶ ἀφορίας αὐτοῖς γενομένης ἐν τῇ γῇ πάντων χρημάτων
εὔξαντο τῷ τε Διὶ καὶ τῷ Ἀπόλλωνι καὶ τοῖς Καβείροις καταθύσειν
δεκάτας τῶν προσγενησομένων ἁπάντων, τελεσθείσης δὲ τῆς εὐχῆς
ἐξελόμενοι καρπῶν τε καὶ βοσκημάτων ἁπάντων τὸ λάχος ἀπέθυσαν τοῖς
θεοῖς, ὡς δὴ κατὰ τούτων μόνων εὐξάμενοι. ταῦτα δὴ Μυρσίλος ὁ
Λέσβιος ἱστόρηκεν ὀλίγου δεῖν τοῖς αὐτοῖς ὀνόμασι γράφων οἷς ἐγὼ νῦν, πλὴν
ὅσον οὐ Πελασγοὺς καλεῖ τοὺς ἀνθρώπους, ἀλλὰ Τυρρηνούς· τὴν δ´ αἰτίαν
ὀλίγον ὕστερον ἐρῶ.
| [1,23] XXIII. 1. Les Pélasges, après avoir conquis une région étendue et fertile, s’être
emparés de beaucoup de villes et en avoir construit d'autres, firent des progrès
importants et rapides, augmentant leur population, leurs richesses et leur
prospérité de toutes les manières possibles. Mais ils ne profitèrent pas longtemps
de cette prospérité : c’est au moment où ils semblaient pour tout le monde en
plein épanouissement qu'ils furent poursuivis par la colère divine : certains d'entre
eux furent tués par des calamités infligées par une main divine, d'autres par leurs
voisins barbares, mais la plus grande partie d’entre eux fut de nouveau
dispersée à travers la Grèce et les pays barbares (sur ce point, si j'essayais
d’en donner un exposé exhaustif, cela ferait à une très longue histoire). Seuls
quelques-uns restèrent en Italie par bienveillance des Aborigènes.
2. La première cause de désolation de leurs villes semble avoir eu comme origine
une période de sécheresse qui amena la perte de leurs terres : les fruit ne
restaient pas sur les arbres jusqu'à leur maturité mais tombaient alors qu’ils
étaient toujours verts ; les graines germaient et montaient sans parvenir à
maturité pour la période habituelle où l’épi devait être mûr, il n’y avait plus
suffisamment d'herbe pour les bétail; et les eaux, certaines n'étaient plus
potables, d'autres diminuaient pendant l'été, d'autres enfin se tarissaient
totalement .
3. Et ce malheur frappait la progéniture du bétail et des femmes. Le foetus
avortait ou mourait à la naissance, certains par leur mort faisaient périr aussi ceux
qui les portaient; et s’il sortait sans risque du danger de l’accouchement, il
était soit estropié, soit défectueux, soit infirme : ils n’étaient pas adaptés à
survivre. Le reste de la population, aussi, en surtout ceux dans la force de l’âge,
étaient affligés de nombreuses maladies peu communes et de morts bizarres.
4. Mais quand ils demandèrent à l'oracle quel dieu ou quelle divinité ils avaient
offensé pour être ainsi affligés et comment ils pourraient espérer leur délivrance,
le dieu répondit que, bien qu'ils eussent obtenu tout ce qu'ils désiraient, ils
avaient négligé de payer ce qu'ils avaient promis, et que des biens de très grande
valeur leur étaient toujours dus.
5. En effet les Pélasges dans un moment de la disette générale dans leur pays
avaient promis d’offrir à Jupiter, à Apollon et aux Caribes les dîmes de toutes
leurs futures production; mais quand leur prière fut exaucée, ils prélevèrent et
offrirent aux dieux seulement la partie promise de toutes leurs récoltes et de leur
bétail, comme si leur vœu ne concernait que cela. C'est ce que rapporte Myrsilus
de Lesbos, qui emploie presque les mêmes termes que moi, sauf qu'il n'appelle
pas ces gens Pélasges, mais Tyrrhéniens : j’en donnerai la raison peu un plus loin.
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