[1,18] XVIII. 1. Σκεδασθέντες δὲ κατὰ τὴν φυγὴν οἱ μὲν εἰς Κρήτην ἀπῆλθον, οἱ δὲ
τῶν Κυκλάδων νήσων τινὰς κατέσχον, οἱ δὲ (τὴν) περὶ τὸν Ὄλυμπόν τε καὶ
τὴν Ὄσσαν, καλουμένην δὲ Ἑστιαιῶτιν ᾤκισαν, ἄλλοι δὲ εἴς τε Βοιωτίαν καὶ
Φωκίδα καὶ Εὔβοιαν διεκομίσθησαν· οἱ δ´ εἰς τὴν Ἀσίαν περαιωθέντες τῆς
περὶ τὸν Ἑλλήσποντον παραλίου πολλὰ χωρία κατέσχον καὶ τῶν
παρακειμένων αὐτῇ νήσων ἄλλας τε συχνὰς καὶ τὴν νῦν καλουμένην
Λέσβον, ἀναμιχθέντες τοῖς ἐκ τῆς Ἑλλάδος στέλλουσι τὴν πρώτην ἀποικίαν
εἰς αὐτὴν ἄγοντος Μάκαρος τοῦ Κριάσου.
2. Τὸ δὲ πλεῖον αὐτῶν μέρος διὰ τῆς μεσογείου τραπόμενοι πρὸς τοὺς ἐν
Δωδώνῃ κατοικοῦντας σφῶν συγγενεῖς, οἷς οὐδεὶς ἠξίου πόλεμον ἐπιφέρειν
ὡς ἱεροῖς, χρόνον μέν τινα σύμμετρον αὐτόθι διέτριψαν· ἐπεὶ δὲ λυπηροὶ
αὐτοῖς ὄντες ᾐσθάνοντο οὐχ ἱκανῆς οὔσης ἅπαντας τρέφειν τῆς γῆς,
ἐκλείπουσι τὴν χώραν χρησμῷ πειθόμενοι κελεύοντι πλεῖν εἰς Ἰταλίαν, ἣ τότε
Σατορνία ἐλέγετο.
3. Κατασκευασάμενοι δὲ ναῦς πολλὰς περαιοῦνται τὸν Ἰόνιον, σπουδὴν μὲν
ποιούμενοι τῶν ἔγγιστα τῆς Ἰταλίας ἅψασθαι χωρίων· ὑπὸ δὲ νοτίου
πνεύματος καὶ ἀγνοίας τῶν τόπων μετεωρότεροι ἐνεχθέντες καὶ πρὸς ἑνὶ τῶν
τοῦ Πάδου στομάτων ὁρμισάμενοι Σπινῆτι καλουμένῳ ναῦς μὲν αὐτοῦ ταύτῃ
καταλείπουσι καὶ τὸν ἥκιστα δυνάμενον ταλαιπωρεῖν ὄχλον, φυλακὴν ἐπ´
αὐταῖς καταστήσαντες, ὡς ἔχοιεν εἰ μὴ προχωροίη σφίσι τὰ πράγματα
καταφυγήν.
4. Καὶ οἱ μὲν ὑπομείναντες ἐν τούτῳ τῷ χωρίῳ, τεῖχος τῷ στρατοπέδῳ
περιβαλόμενοι καὶ ταῖς ναυσὶν εἰσκομίσαντες τὰς εἰς τὸν βίον εὐπορίας,
ἐπειδὴ κατὰ γνώμην ἐδόκει χωρεῖν αὐτοῖς τὰ πράγματα, πόλιν ἔκτισαν
ὁμώνυμον τῷ στόματι τοῦ ποταμοῦ· εὐτύχησάν τε μάλιστα τῶν περὶ τὸν
Ἰόνιον οἰκούντων θαλαττοκρατοῦντες ἄχρι πολλοῦ, καὶ δεκάτας εἰς Δελφοὺς
ἀνῆγον τῷ θεῷ καὶ τῶν ἀπὸ τῆς θαλάττης ὠφελειῶν, εἴπερ τινὲς καὶ ἄλλοι,
λαμπροτάτας.
5. Ὕστερον μέντοι μεγάλῃ χειρὶ τῶν προσοικούντων βαρβάρων
ἐπιστρατευσάντων αὐτοῖς ἐξέλιπον τὴν πόλιν· οἱ δὲ βάρβαροι μετὰ χρόνον
ἀνέστησαν ὑπὸ Ῥωμαίων. Καὶ τὸ μὲν ἐν τῷ Σπινῆτι καταλειφθὲν γένος τῶν
Πελασγῶν οὕτως ἐφθάρη.
| [1,18] XVIII. 1. Et se dispersant dans leur fuite, certains allèrent en Crète, d'autres
occupèrent quelques îles appelées les Cyclades, certains s’installèrent dans la
région appelée Hestiaeotide près de l’Olympe et de l’Ossa, d'autres passèrent en
Béotie, en Phocide et en Eubée ; certains, passant en l'Asie, occupèrent
beaucoup de places sur la côte le long de l’Hellespont et plusieurs des îles
voisines, en particulier celle qu’on appelle maintenant Lesbos : ils s’unirent à ceux
qui composaient la première colonie envoyée là de Grèce sous la conduite de
Macar, fils de Crinacus.
2. Mais la plupart d'eux, se tournant vers l’intérieur, trouva refuge chez les
habitants de Dodone, leurs parents : personne, parce que le peuple était sacré,
n’osait leur faire la guerre; et ils y restèrent pendant quelque temps. Mais quand
ils s’aperçurent qu’ils devenaient un fardeau pour leurs hôtes, parce que la terre
ne pouvait pas les contenir tous, ils s’en allèrent pour obéir à un oracle qui leur
ordonnait de naviguer vers l’Italie, qui alors s’appelait Saturnie.
3. Et après avoir équipé un grand nombre de bateaux ils traversèrent le golfe
d’Ionie, en essayant d'atteindre les régions les plus proches de l'Italie. Mais
pendant que le vent était au sud et alors qu’ils ignoraient ces régions, ils furent
déportés loin de la mer et mouillèrent à une des bouches du Pô, appelée la
bouche spinétique. Ils laissèrent dans cet endroit leurs bateaux et ceux des leurs
qui pouvaient moins soutenir les difficultés, placèrent une garnison autour des
bateaux, pour que, si leurs affaires ne marchaient pas, ils pourraient trouver une
retraite sûre.
4. Ceux qui restèrent là entourèrent leur camp d’un mur et transportèrent de
nombreuses provisions dans leurs navires; et comme leurs affaires semblaient
prospérer d'une manière satisfaisante, ils construisirent une ville et l'appelèrent
du même nom que la bouche du fleuve. Ils en arrivèrent à un plus grand degré de
prospérité que tous autres qui habitaient sur le golfe d’Ionie; ils prirent pendant
longtemps la maîtrise de la mer, et de leurs revenus maritimes ils prirent
l'habitude d'envoyer les dîmes au dieu à Delphes : c’était des présents parmi les
plus magnifiques qu’on ait jamais envoyé.
5. Mais plus tard, quand les barbares du voisinage leur firent la guerre, avec de
grandes forces, ils abandonnèrent la ville; mais ces barbares dans la suite furent
chassés par les Romains. Ainsi périt cette partie des Pélasges qui furent laissés à
la bouche spinétique.
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