HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

Chapitre 54

  Chapitre 54

[3,54] Νδ'. Φέρε γὰρ, ἐπιχειρείτω τις προφέρεσθαι τούσδε τοὺς ἀριθμούς· « Ὄλυνθον μὲν δὴ καὶ Μεθώνην καὶ Ἀπολλωνίαν, καὶ δύο καὶ τριάκοντα πόλεις ἐπὶ Θρᾴκης ἐῶ, ἃς ἁπάσας οὕτως ὠμῶς ἀνῄρηκεν, ὥστ' εἰ μηδεπώποτε ᾠκίσθησαν, ῥᾴδιον ἦν προσελθόντας εἰπεῖν· καὶ τὸ Φωκέων τοσοῦτον ἔθνος ἀνῃρημένον σιωπῶ. » Ἐνταῦθα λέξις αὐτὴ διδάσκει, τίνος ὑποκρίσεως δεῖ αὐτῇ. Διῃρηκὼς γὰρ τὸ πλῆθος τῶν ἀνῃρημένων ὑπὸ Φιλίππου πόλεων ἐπὶ Θρᾴκης, οὔ φησιν ἐρεῖν. Οὐχὶ ταῦτ´ οὖν εἰρωνευόμενον δεῖ λέγειν, καὶ ἅμα ὑπαγανακτοῦντα καὶ παρεντείνοντα τὸν ἦχον; Ἔπειτα φησὶν οὐκ ἔχειν ἐρεῖν ταῦθ´ ὥσπερ δεινὰ καὶ πέρα δεινῶν· ὅμως ὀδύρεται πόλεων κατάλογον, καὶ ταχεῖαν ἀναίρεσιν διέξεισιν, ὡς οὐδ´ ἴχνος ἔτι λοιπὸν ἐχουσῶν τῆς παλαιᾶς οἰκήσεως. Οὐ δι´ ὀργῆς γοῦν ταῦτα ὑπερβαλλούσης καὶ οἴκτου λέγεσθαι προσήκει; Τίνες οὖν εἰσιν ὀργῆς καὶ ὀλοφυρμοῦ τόνοι, καὶ ἐγκλίσεις, καὶ σχηματισμοὶ προσώπου, καὶ φοραὶ χειρῶν; Ἃς οἱ κατ´ ἀλήθειαν ταῦτα πεπονθότες ἐπιτελοῦσι. Πάνυ γὰρ εὔηθες ἄλλο τι ζητεῖν ὑποκρίσεως διδασκαλεῖον, ἀφέντας τὴν ἀλήθειαν. Καὶ αὖθις ἐπιφέρει ἀνήρ· «Ἀλλὰ Θετταλία πῶς ἔχει; οὐχὶ τὰς πολεῖς καὶ τὰς πολιτείας αὐτῶν ἀφῄρηται, καὶ τετραρχίας καθέστακεν, ἵνα μὴ μόνον κατὰ πόλεις, ἀλλὰ καὶ κατὰ ἔθνη δουλεύωσιν; Αἱ δ´ ἐν Εὐβοίᾳ πόλεις οὐκ ἤδη τυραννοῦνται, καὶ ταῦτα ἐν νήσῳπλησίονΘηβῶν καὶ Ἀθηνῶν; » Ταῦτα πάλιν ἑτέραν ὑπόκρισιν ἀπαιτεῖ. πυνθάνεται γάρ, εἶτ´ ἀνθυποφέρει, καὶ παρ´ ἕκαστον ἀγανακτεῖ, καὶ τὸ δεινὸν αὔξει. Ἴδιον δὲ δή που σχῆμα πεύσεως, ἴδιον δ´ ἀνθυποφορᾶς, ἴδιον δ´ αὐξήσεως· οὐ δύναται ταῦτα ἑνὶ τόνῳ καὶ μιᾷ μορφῇ φωνῆς λέγεσθαι. Τούτοις ἐκεῖνα ἕπεται· « Καὶ οὐ γράφει μὲν ταῦτα, τοῖς δ´ ἔργοις οὐ ποιεῖ, ἀλλ´ ἐφ´ Ἑλλήσποντον οἴχεται, πρότερον ἧκεν ἐπ´ Ἀμβρακίαν, Ἦλιν ἔχει, τηλικαύτην πόλιν ἐν Πελοποννήσῳ· Μεγάροις ἐπεβούλευσεν· οὔθ´ Ἑλλὰς, οὔθ´ βάρβαρος χωρεῖ τὴν πλεονεξίαν τοῦ ἀνθρώπου ». Ταῦτα ἔνεστι προφέρεσθαι ἡδονῇ ἐν παροδικοῖς μέλεσιν ὥσπερ ἱστορίαν. Οὐκ καταβοᾷ, καὶ διδάσκει πῶς αὐτὰ δεῖ λέγεσθαι, μόνον οὐ φωνὴν ἀφιέντα· ἐνταῦθα ἀστεῖον ἦχον· ταῦτα ἐσπευσμένως εἰπέ, ταῦτ´ ἀναβεβλημένως· δευρὶ δ´ ἀπόλιπε τὸ συνεχές, ἐνταυθοῖ σύναψον τὰ ἑξῆς· τούτοις συνάλγησον, τούτων καταφρόνησον· ταῦτα ἐκδειματώθητι, ταῦτα διάσυρον, ταῦτα αὔξησον. Ἐμοὶ μὲν δοκεῖ, οὐκ ἔνεστιν ἀλόγου ζῴου ψυχὴν ἔχοντα, μᾶλλον δὲ λίθου φύσιν νωθράν, ἀναίσθητον, ἀκίνητον, ἀπαθῆ τὴν Δημοσθένους προφέρεσθαι λέξιν. Πολλοῦ γε καὶ δεῖν· ἐπεὶ τὸ κάλλιστον αὐτῆς ἀγαθὸν ἀπολεῖται, τὸ πνεῦμα, καὶ οὐδὲν διοίσει σώματος καλοῦ μέν, ἀκινήτου δὲ καὶ νεκροῦ. Πόλλά τις εἰς τοῦτο τὸ μέρος εἰπεῖν ἔχοι· τοῦ δὲ συντάγματος ἱκανὸν εἰληφότος ἤδη μῆκος, αὐτοῦ που καταπαῦσαι χρὴ τὸν λόγον, ἐκεῖνο ἔτι νὴ Δία τοῖς εἰρημένοις προσαποδόντας, ὅτι πάσας ἔχουσα τὰς ἀρετὰς Δημοσθένους λέξις, λείπεται εὐτραπελίας, ἣν οἱ πολλοὶ καλοῦσι χάριν· πλεῖστον γὰρ αὐτῆς μετέχει μέρος· « Οὐ γάρ πως ἅμα πάντα θεοὶ δόσαν ἀνθρώποισιν, » ὡς καὶ τοὺς ἀστεϊσμοὺς ἅμα ἐν τοῖς Δημοσθένους λόγοις. Οὐδὲν γάρ ὧν ἑτέροις τισὶν ἔδωκεν ἀγαθῶν δαίμων, ἐκείνῳ ἐφθόνησεν. [3,54] LIV. D'abord prenons ce passage plein de nombre: «{uerba graeca}. Je ne parle point d'Olynthe, de Méthone, d'Apollonie, de trente-deux villes de Thrace, qu'il avait cruellement détruites, qu'en passant aujourd'hui sur leurs ruines, il n'est pas facile de dire si jamais elles ont existé; je ne parle point des Phocéens, cette nation qu'il a anéantie. » Ici, le style nous apprend de quelle action il doit être accompagné. Tout en énumérant les villes détruites par Philippe, il dit qu'il ne s'arrêtera pas à les énumérer. Ces paroles n'exigent-elles pas une sorte d'ironie, le ton de l'indignation et une voix élevée ? L'orateur ajoute qu'il ne veut pas tracer un lugubre tableau, parce qu'il serait trop douloureux; et cependant, il gémit sur le nombre de ces villes, il rappelle leur ruine consommée avec tant de promptitude qu'il n'en restait plus de vestige, aux lieu mêmes où elles s'élevaient. Ce passage ne doit-il pas être prononcé avec l'accent de la colère et de la pitié?. Mais quels sont le ton, les gestes, les attitudes du corps et le mouvement des mains que demandent la colère et la pitié? Pour s'en faire une juste idée, il faut les étudier dans l'homme qui éprouve ces sentiments: il y aurait de l'absurdité à chercher pour l'action un autre maître que la nature. Démosthène ajoute : «{uerba graeca}. Et la Thessalie, dans quel état est-elle ? Philippe n'a-t-il pas ruiné toutes ses villes et changé la forme de son gouvernement ? N'a-t-il pas établi des tétrarques, afin d'asservir, non pas quelques cantons, mais la nation entière ? Des tyrans ne sont-ils pas les maîtres d'Eubée, de cette île voisine de Thèbes et d'Athènes ? » Ce passage demande une action bien différente. L'orateur interroge, il répond lui-même, il s'indigne, il exagère l'horreur des événements. Or, l'interrogation, la réponse, l'exagération ont chacune un caractère particulier; elles ne peuvent être exprimées par la même in flexion de voix. Puis, il ajoute : «{uerba graeca}. Il ne se borne pas à écrire en ces termes formels, mais il effectue ses menaces; il marche vers l'Hellespont, il est déjà tombé sur Ambracie, il est maître d'Élis, ville importante du Péloponnèse : tout récemment encore, il cherchait à surprendre Mégare. La Grèce, les pays barbares, rien ne peut assouvir sa cupidité». L'exposition de ces faits peut être aussi calme qu'une parodie ou un récit historique. L'orateur ne nous apprend-il pas de quelle manière chaque objet doit être exposé? Ne le dit-il pas à haute voix, même sans ouvrir la bouche? Ici, il faut de la politesse; là, de la rapidité; ailleurs, de la lenteur. Tantôt renoncez à un récit continu, et tantôt joignez ce qui suit avec ce qui précède. Pleurez avec ceux-ci; méprisez ceux-là. Ici, soyez consterné; là, tonnez; plus loin, exagérez tout. Suivant moi, l'homme qui a une âme insensible et plus dure qu'un rocher; celui que rien ne touche, que rien n'émeut et dont le coeur est fermé à toutes les affections, ne doit point répéter les paroles de Démosthène. Non sans doute, puisqu'il détruit cet esprit de vie qui en est le plus bel ornement, et que son éloquence alors ne diffère plus d'un corps d'une rare beauté, mais immobile et inanimé. On pourrait ajouter beaucoup d'autres réflexions; mais ce traité a déjà une longueur raisonnable, et il est temps de le terminer. A mes observances précédentes, j'ajouterai seulement que Démosthène présente dans son style l'alliance de toutes les beautés, à l'exception d'une seule ; je veux parler de la plaisanterie que d'autres appellent la grâce, parce qu'en effet elle est un des ornements les plus agréables du style : « Jamais un seul mortel n'a tous les dons des dieux. » Toutefois, ses écrits ont de l'urbanité; car le ciel ne lui refusa complètement aucune des qualités qu'on trouve dans les autres orateurs.


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Dernière mise à jour : 4/09/2009