[3,1284a] καθ' ἑκάστην δὲ πολιτείαν ἕτερος, πρὸς δὲ τὴν ἀρίστην ὁ δυνάμενος
καὶ προαιρούμενος ἄρχεσθαι καὶ ἄρχειν πρὸς τὸν βίον τὸν κατ' ἀρετήν.
CHAPITRE VIII.
§ 1. Εἰ δέ τις ἔστιν εἷς τοσοῦτον διαφέρων κατ' ἀρετῆς ὑπερβολήν, ἢ
πλείους μὲν ἑνὸς μὴ μέντοι δυνατοὶ πλήρωμα παρασχέσθαι πόλεως,
ὥστε μὴ συμβλητὴν εἶναι τὴν τῶν ἄλλων ἀρετὴν πάντων μηδὲ τὴν
δύναμιν αὐτῶν τὴν πολιτικὴν πρὸς τὴν ἐκείνων, εἰ πλείους, εἰ δ' εἷς, τὴν
ἐκείνου μόνον, οὐκέτι θετέον τούτους μέρος πόλεως· ἀδικήσονται γὰρ
ἀξιούμενοι τῶν ἴσων, ἄνισοι τοσοῦτον κατ' ἀρετὴν ὄντες καὶ τὴν
πολιτικὴν δύναμιν· ὥσπερ γὰρ θεὸν ἐν ἀνθρώποις εἰκὸς εἶναι τὸν
τοιοῦτον.
§ 2. Ὅθεν δῆλον ὅτι καὶ τὴν νομοθεσίαν ἀναγκαῖον εἶναι περὶ τοὺς ἴσους
καὶ τῷ γένει καὶ τῇ δυνάμει, κατὰ δὲ τῶν τοιούτων οὐκ ἔστι νόμος· αὐτοὶ
γάρ εἰσι νόμος. Καὶ γὰρ γελοῖος ἂν εἴη νομοθετεῖν τις πειρώμενος κατ'
αὐτῶν. Λέγοιεν γὰρ ἂν ἴσως ἅπερ Ἀντισθένης ἔφη τοὺς λέοντας
δημηγορούντων τῶν δασυπόδων καὶ τὸ ἴσον ἀξιούντων πάντας ἔχειν.
Διὸ καὶ τίθενται τὸν ὀστρακισμὸν αἱ δημοκρατούμεναι πόλεις, διὰ τὴν
τοιαύτην αἰτίαν· αὗται γὰρ δὴ δοκοῦσι διώκειν τὴν ἰσότητα μάλιστα
πάντων, ὥστε τοὺς δοκοῦντας ὑπερέχειν δυνάμει διὰ πλοῦτον ἢ
πολυφιλίαν ἤ τινα ἄλλην πολιτικὴν ἰσχὺν ὠστράκιζον καὶ μεθίστασαν ἐκ
τῆς πόλεως χρόνους ὡρισμένους.
§ 3. Μυθολογεῖται δὲ καὶ τοὺς Ἀργοναύτας τὸν Ἡρακλέα καταλιπεῖν διὰ
τοιαύτην αἰτίαν· οὐ γὰρ ἐθέλειν αὐτὸν ἄγειν τὴν Ἀργὼ μετὰ τῶν
πλωτήρων τῶν ἄλλων, ὡς ὑπερβάλλοντα πολύ. Διὸ καὶ τοὺς ψέγοντας
τὴν τυραννίδα καὶ τὴν Περιάνδρου Θρασυβούλῳ συμβουλίαν οὐχ
ἁπλῶς οἰητέον ὀρθῶς ἐπιτιμᾶν (φασὶ γὰρ τὸν Περίανδρον εἰπεῖν μὲν
οὐδὲν πρὸς τὸν πεμφθέντα κήρυκα περὶ τῆς συμβουλίας, ἀφαιροῦντα
δὲ τοὺς ὑπερέχοντας τῶν σταχύων ὁμαλῦναι τὴν ἄρουραν· ὅθεν
ἀγνοοῦντος μὲν τοῦ κήρυκος τοῦ γιγνομένου τὴν αἰτίαν, ἀπαγγείλαντος
δὲ τὸ συμπεσόν, συννοῆσαι τὸν Θρασύβουλον ὅτι δεῖ τοὺς
ὑπερέχοντας ἄνδρας ἀναιρεῖν).
§ 4. Τοῦτο γὰρ οὐ μόνον συμφέρει τοῖς τυράννοις, οὐδὲ μόνον οἱ
τύραννοι ποιοῦσιν, ἀλλ' ὁμοίως ἔχει καὶ περὶ τὰς ὀλιγαρχίας καὶ τὰς
δημοκρατίας· ὁ γὰρ ὀστρακισμὸς τὴν αὐτὴν ἔχει δύναμιν τρόπον τινὰ
τῷ κολούειν τοὺς ὑπερέχοντας καὶ φυγαδεύειν. Τὸ δ' αὐτὸ καὶ περὶ τὰς
πόλεις καὶ τὰ ἔθνη ποιοῦσιν οἱ κύριοι τῆς δυνάμεως, οἷον Ἀθηναῖοι μὲν
περὶ Σαμίους καὶ Χίους καὶ Λεσβίους (ἐπεὶ γὰρ θᾶττον ἐγκρατῶς ἔσχον
τὴν ἀρχήν, ἐταπείνωσαν αὐτοὺς παρὰ τὰς συνθήκας),
| [3,1284a] suivant la constitution ; et dans la république parfaite, le citoyen,
c'est l'individu qui peut et qui veut obéir et gouverner tour à tour,
suivant les préceptes de la vertu.
CHAPITRE VIII.
§ 1. Si dans l'État un individu, ou même plusieurs individus, trop peu
nombreux toutefois pour former entre eux seuls une cité entière, ont
une telle supériorité de mérite que le mérite de tous les autres citoyens
ne puisse entrer en balance, et que l'influence politique de cet individu
unique, ou de ces individus, soit incomparablement plus forte, de tels
hommes ne peuvent être compris dans la cité. Ce sera leur faire injure
que de les réduire à l'égalité commune, quand leur mérite et leur
importance politiques les mettent si complètement hors de
comparaison ; de tels personnages sont, on peut dire, des dieux par
les hommes.
§ 2. Nouvelle preuve que la législation ne doit nécessairement
concerner que des individus égaux par leur naissance et par leurs
facultés. Mais la loi n'est point faite pour ces êtres supérieurs ; ils sont
eux-mêmes la loi. Il serait ridicule de tenter de les soumettre à la
constitution ; car ils pourraient répondre ce que, suivant Antisthène, les
lions répondirent au décret rendu par l'assemblée des lièvres sur
l'égalité générale des animaux. Voilà, aussi l'origine de l'ostracisme
dans les États démocratiques, qui, plus que tous les autres, se
montrent jaloux de l'égalité. Dès qu'un citoyen semblait s'élever au-dessus
de tous les autres par sa richesse, par la foule de ses partisans, ou par
tout autre avantage politique, l'ostracisme venait le frapper
d'un exil plus ou moins long.
§ 3. Dans la mythologie, les Argonautes n'ont point d'autre motif pour
abandonner Hercule ; Argo déclare qu'elle ne veut pas le porter, parce
qu'il est beaucoup plus pesant que le reste de ses compagnons. Aussi
a-t-on bien tort de blâmer d'une manière absolue la tyrannie et le
conseil que Périandre donnait à Thrasybule : pour toute réponse à
l'envoyé qui venait lui demander conseil, il se contenta de niveler une
certaine quantité d'épis, en cassant ceux qui dépassaient les autres.
Le messager ne comprit rien au motif de cette action ; mais
Thrasybule, quand on l'en informa, entendit fort bien qu'il devait se
défaire des citoyens puissants.
§ 4. Cet expédient n'est pas utile seulement aux tyrans ; aussi ne sont-ils
pas les seuls à en user. On l'emploie avec un égal succès dans les
oligarchies et dans les démocraties. L'ostracisme y produit à peu près
les mêmes résultats, en arrêtant par l'exil la puissance des
personnages qu'il frappe. Quand on est en mesure de le pouvoir, on
applique ce principe politique à des États, à des peuples entiers. On
peut voir la conduite des Athéniens à l'égard des Samiens, des Chiotes
et des Lesbiens. A peine leur puissance fut-elle affermie, qu'ils eurent
soin d'affaiblir leurs sujets, en dépit de tous les traités ;
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