[3,1283b] λέγω δ' οἷον οἵ τ' ἀγαθοὶ καὶ οἱ πλούσιοι καὶ εὐγενεῖς,
ἔτι δὲ πλῆθος ἄλλο τι πολιτικόν, πότερον ἀμφισβήτησις ἔσται τίνας ἄρχειν δεῖ,
ἢ οὐκ ἔσται; Καθ' ἑκάστην μὲν οὖν πολιτείαν τῶν εἰρημένων ἀναμφισβήτητος
ἡ κρίσις τίνας ἄρχειν δεῖ ῖτοῖς γὰρ κυρίοις διαφέρουσιν ἀλλήλων,
οἷον ἡ μὲν τῷ διὰ πλουσίων ἡ δὲ τῷ διὰ τῶν σπουδαίων ἀνδρῶν εἶναι,
καὶ τῶν ἄλλων ἑκάστη τὸν αὐτὸν τρόπον· ἀλλ' ὅμως σκοπῶμεν,
ὅταν περὶ τὸν αὐτὸν ταῦθ' ὑπάρχῃ χρόνον, πῶς διοριστέον.
§ 10. Εἰ δὴ τὸν ἀριθμὸν εἶεν ὀλίγοι πάμπαν οἱ τὴν ἀρετὴν ἔχοντες, τίνα
δεῖ διελεῖν τρόπον; Ἢ τὸ ὀλίγοι πρὸς τὸ ἔργον δεῖ σκοπεῖν, εἰ δυνατοὶ
διοικεῖν τὴν πόλιν ἢ τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὥστ' εἶναι πόλιν ἐξ αὐτῶν; Ἔστι
δὲ ἀπορία τις πρὸς ἅπαντας τοὺς διαμφισβητοῦντας περὶ τῶν
πολιτικῶν τιμῶν. Δόξαιεν γὰρ ἂν οὐδὲν λέγειν δίκαιον οἱ διὰ τὸν
πλοῦτον ἀξιοῦντες ἄρχειν, ὁμοίως δὲ καὶ οἱ κατὰ γένος· δῆλον γὰρ ὡς εἴ
τις πάλιν εἷς πλουσιώτερος ἁπάντων ἐστί, δηλονότι κατὰ τὸ αὐτὸ
δίκαιον τοῦτον ἄρχειν τὸν ἕνα ἁπάντων δεήσει, ὁμοίως δὲ καὶ τὸν
εὐγενείᾳ διαφέροντα τῶν ἀμφισβητούντων δι' ἐλευθερίαν.
§ 11. Ταὐτὸ δὲ τοῦτο ἴσως συμβήσεται καὶ περὶ τὰς ἀριστοκρατίας ἐπὶ
τῆς ἀρετῆς· εἰ γάρ τις εἷς ἀμείνων ἀνὴρ εἴη τῶν ἄλλων τῶν ἐν τῷ
πολιτεύματι σπουδαίων ὄντων, τοῦτον εἶναι δεῖ κύριον κατὰ ταὐτὸ
δίκαιον. Οὐκοῦν εἰ καὶ τὸ πλῆθος εἶναί γε δεῖ κύριον διότι κρείττους εἰσὶ
τῶν ὀλίγων, κἂν εἷς ἢ πλείους μὲν τοῦ ἑνὸς ἐλάττους δὲ τῶν πολλῶν
κρείττους ὦσι τῶν ἄλλων, τούτους ἂν δέοι κυρίους εἶναι μᾶλλον ἢ τὸ πλῆθος.
§ 12. Πάντα δὴ ταῦτ' ἔοικε φανερὸν ποιεῖν ὅτι τούτων τῶν ὅρων οὐδεὶς
ὀρθός ἐστι καθ' ὃν ἀξιοῦσιν αὐτοὶ μὲν ἄρχειν τοὺς δ' ἄλλους ὑπὸ σφῶν
ἄρχεσθαι πάντας. Καὶ γὰρ δὴ καὶ πρὸς τοὺς κατ' ἀρετὴν ἀξιοῦντας
κυρίους εἶναι τοῦ πολιτεύματος, ὁμοίως δὲ καὶ τοὺς κατὰ πλοῦτον,
ἔχοιεν ἂν λέγειν τὰ πλήθη λόγον τινὰ δίκαιον· οὐδὲν γὰρ κωλύει ποτὲ τὸ
πλῆθος εἶναι βέλτιον· τῶν ὀλίγων καὶ πλουσιώτερον, οὐχ ὡς καθ'
ἕκαστον ἀλλ' ὡς ἀθρόους. Διὸ καὶ πρὸς τὴν ἀπορίαν ἣν ζητοῦσι καὶ
προβάλλουσί τινες ἐνδέχεται τοῦτον τὸν τρόπον ἀπαντᾶν. Ἀποροῦσι
γάρ τινες πότερον τῷ νομοθέτῃ νομοθετητέον, βουλομένῳ τίθεσθαι
τοὺς ὀρθοτάτους νόμους, πρὸς τὸ τῶν βελτιόνων συμφέρον ἢ πρὸς τὸ
τῶν πλειόνων, ὅταν συμβαίνῃ τὸ λεχθέν· τὸ δ' ὀρθὸν ληπτέον ἴσως· τὸ
δ' ἴσως ὀρθὸν πρὸς τὸ τῆς πόλεως ὅλης συμφέρον καὶ πρὸς τὸ κοινὸν
τὸ τῶν πολιτῶν· πολίτης δὲ κοινῇ μὲν ὁ μετέχων τοῦ ἄρχειν καὶ
ἄρχεσθαί ἐστι,
| [3,1283b] d'individus distingués, nobles, riches d'une part ; et de l'autre,
une multitude à qui l'on peut accorder des droits politiques : pourra-t-on
dire sans hésitation à qui doit appartenir la souveraineté ? Ou le doute
sera-t-il encore possible ? Dans chacune des constitutions que nous avons
énumérées plus haut, la question de savoir qui doit commander n'en
peut faire une, puisque leur différence repose précisément sur celle du
souverain. Ici la souveraineté est aux riches ; là, aux citoyens
distingués ; et ainsi du reste. Voyons cependant ce que l'on doit faire quand
toutes ces conditions diverses se rencontrent simultanément dans la cité.
§ 10. En supposant que la minorité des gens de bien soit extrêmement
faible, comment pourra-t-on statuer à son égard ? Regardera-t-on si,
toute faible qu'elle est, elle peut suffire cependant à gouverner l'État,
ou même à former par elle seule une cité complète ? Mais alors se
présente une objection qui est également juste contre tous les
prétendants au pouvoir politique, et qui semble renverser toutes les
raisons de ceux qui réclament l'autorité comme un droit de leur fortune,
aussi bien que de ceux qui la réclament comme un droit de leur
naissance. En adoptant le principe qu'ils allèguent-pour eux-mêmes, la
prétendue souveraineté devrait évidemment passer à l'individu qui
serait à lui seul plus riche que tous les autres ensemble ; et de même,
le plus noble par sa naissance l'emporterait sur tous ceux qui ne font
valoir que leur liberté.
§ 11. Même objection toute pareille contre l'aristocratie, qui se fonde
sur la vertu ; car si tel citoyen est supérieur en vertu à tous les
membres du gouvernement, gens eux-mêmes fort estimables, le
même principe lui conférera la souveraineté. Même objection encore
contre la souveraineté de la multitude, fondée sur la supériorité de sa
force relativement à la minorité ; car si un individu par hasard, ou
quelques individus moins nombreux toutefois que la majorité, sont plus
forts qu'elle, la souveraineté leur appartiendra de préférence plutôt
qu'à la foule.
§ 12. Tout ceci semble démontrer clairement qu'il n'y a de complète
justice dans aucune des prérogatives, au nom desquelles chacun
réclame le pouvoir pour soi et l'asservissement pour les autres. Aux
prétentions de ceux qui revendiquent l'autorité pour leur mérite ou pour
leur fortune, la multitude pourrait opposer d'excellentes raisons. Rien
n'empêche, en effet, qu'elle ne soit plus riche et plus vertueuse que la
minorité, non point individuellement, mais en masse. Ceci même
répond à une objection que l'on met en avant et qu'on répète souvent
comme fort grave on demande si, dans le cas que nous avons
supposé, le législateur qui veut établir des lois parfaitement justes doit
avoir en vue l'intérêt de la multitude ou celui des citoyens distingués.
La justice ici, c'est l'égalité ; et cette égalité de la justice se rapporte
autant à l'intérêt général de l'État qu'à l'intérêt individuel des citoyens.
Or, le citoyen en général est l'individu qui a part à l'autorité et
l'obéissance publiques, la condition du citoyen étant d'ailleurs variable
|