[3,1283a] Δεῖ γὰρ εἰς τὸ ἔργον συμβάλλεσθαι τὴν ὑπεροχὴν καὶ τοῦ
πλούτου καὶ τῆς εὐγενείας, συμβάλλονται δ' οὐδέν.
§ 4. Ἔτι κατά γε τοῦτον τὸν λόγον πᾶν ἀγαθὸν πρὸς πᾶν ἂν εἴη
συμβλητόν. Εἰ γὰρ μᾶλλον τὸ τὶ μέγεθος, καὶ ὅλως ἂν τὸ μέγεθος
ἐνάμιλλον εἴη καὶ πρὸς πλοῦτον καὶ πρὸς ἐλευθερίαν· ὥστ' εἰ πλεῖον ὁδὶ
διαφέρει κατὰ μέγεθος ἢ ὁδὶ κατ' ἀρετήν, καὶ πλεῖον ὑπερέχει ὅλως
ἀρετὴ μεγέθους, εἴη ἂν συμβλητὰ πάντα. Τοσόνδε γὰρ μέγεθος εἰ
κρεῖττον τοσοῦδε, τοσόνδε δῆλον ὡς ἴσον.
§ 5. Ἐπεὶ δὲ τοῦτ' ἀδύνατον, δῆλον ὡς καὶ ἐπὶ τῶν πολιτικῶν εὐλόγως
οὐ κατὰ πᾶσαν ἀνισότητ' ἀμφισβητοῦσι τῶν ἀρχῶν (εἰ γὰρ οἱ μὲν
βραδεῖς οἱ δὲ ταχεῖς, οὐδὲν διὰ τοῦτο δεῖ τοὺς μὲν πλεῖον τοὺς δ'
ἔλαττον ἔχειν, ἀλλ' ἐν τοῖς γυμνικοῖς ἀγῶσιν ἡ τούτων διαφορὰ λαμβάνει
τὴν τιμήν)· ἀλλ' ἐξ ὧν πόλις συνέστηκεν, ἐν τούτοις ἀναγκαῖον ποιεῖσθαι
τὴν ἀμφισβήτησιν. Διόπερ εὐλόγως ἀντιποιοῦνται τῆς τιμῆς οἱ εὐγενεῖς
καὶ ἐλεύθεροι καὶ πλούσιοι. Δεῖ γὰρ ἐλευθέρους τ' εἶναψ καὶ τίμημα
φέροντας, οὐ γὰρ ἂν εἴη πόλις ἐξ ἀπόρων πάντων, ὥσπερ οὐδ' ἐκ δούλων·
§ 6. ἀλλὰ μὴν εἰ δεῖ τούτων, δῆλον ὅτι καὶ δικαιοσύνης καὶ τῆς πολιτικῆς
ἀρετῆς, οὐδὲ γὰρ ἄνευ τούτων οἰκεῖσθαι πόλιν δυνατόν· πλὴν ἄνευ μὲν
τῶν προτέρων ἀδύνατον εἶναι πόλιν, ἄνευ δὲ τούτων οἰκεῖσθαι καλῶς.
Πρὸς μὲν οὖν τὸ πόλιν εἶναι δόξειεν ἂν ἢ πάντα ἢ ἔνιά γε τούτων ὀρθῶς
ἀμφισβητεῖν, πρὸς μέντοι ζωὴν ἀγαθὴν ἡ παιδεία καὶ ἡ ἀρετὴ μάλιστα
δικαίως ἂν ἀμφισβητοίησαν, καθάπερ εἴρηται καὶ πρότερον.
§ 7. Ἐπεὶ δ' οὔτε πάντων ἴσον ἔχειν δεῖ τοὺς ἴσους ἕν τι μόνον ὄντας,
οὔτε ἄνισον τοὺς ἀνίσους καθ' ἕν, ἀνάγκη πάσας εἶναι τὰς τοιαύτας
πολιτείας περεκβάσεις. Εἴρηται μὲν οὖν καὶ πρότερον ὅτι
διαμφισβητοῦσι τρόπον τινὰ δικαίως πάντες, ἁπλῶς δ' οὐ πάντες
δικαίως· οἱ πλούσιοι μὲν ὅτι πλεῖον μέτεστι τῆς χώρας αὐτοῖς, ἡ δὲ χώρα
κοινόν, ἔτι πρὸς τὰ συμβόλαια πιστοὶ μᾶλλον ὡς ἐπὶ τὸ πλέον· οἱ δὲ
ἐλεύθεροι καὶ εὐγενεῖς ὡς ἐγγὺς ἀλλήλων (πολῖται γὰρ μᾶλλον οἱ
γενναιότεροι τῶν ἀγεννῶν, ἡ δ' εὐγένεια παρ' ἑκάστοις οἴκοι τίμιος)· ἔτι
διότι βελτίους εἰκὸς τοὺς ἐκ βελτιόνων, εὐγένεια γάρ ἐστιν ἀρετὴ γένους·
§ 8. ὁμοίως δὲ φήσομεν δικαίως καὶ τὴν ἀρετὴν ἀμφισβητεῖν,
κοινωνικὴν γὰρ ἀρετὴν εἶναί φαμεν τὴν δικαιοσύνην, ᾗ πάσας
ἀναγκαῖον ἀκολουθεῖν τὰς ἄλλας· ἀλλὰ μὴν καὶ οἱ πλείους πρὸς τοὺς
ἐλάττους, καὶ γὰρ κρείττους καὶ πλουσιώτεροι καὶ βελτίους εἰσίν, ὡς
λαμβανομένων τῶν πλειόνων πρὸς τοὺς ἐλάττους.
§ 9. Ἆρ' οὖν εἰ πάντες εἶεν ἐν μιᾷ πόλει,
| [3,1283a] Autrement, il faudrait que l'exécution musicale profitât beaucoup
des supériorités de naissance et de fortune ; mais ces avantages ne
peuvent y procurer le plus léger progrès.
§ 4. A suivre encore ce faux raisonnement, un avantage quelconque
pourrait entrer en parallèle avec tout autre. Parce que la taille de tel
homme l'emporterait sur la taille de tel autre, il s'ensuivrait qu'en règle
générale la taille pourrait être mise en balance avec la fortune et la
liberté. Si, parce que l'un est plus distingué par sa taille que l'autre par
sa vertu, on place en général la taille fort au-dessus de la vertu, les
objets les plus disparates pourront être mis dès lors au même niveau ;
car si la taille à certain degré peut surpasser telle autre qualité à
certain degré, il est clair qu'il suffira de proportionner les degrés pour
obtenir l'égalité absolue.
§ 5. Mais comme il y a ici une impossibilité radicale, il est clair qu'on ne
prétend pas le moins du monde, en fait de droits politiques, répartir le
pouvoir selon toute espèce d'inégalité. Que les uns soient légers à la
course et les autres fort lents, ce n'est pas une raison pour qu'en
politique les uns aient plus et les autres moins ; c'est aux jeux
gymniques que ces différences-là seront appréciées à leur juste
valeur. Ici, on ne doit nécessairement mettre en concurrence que les
objets qui contribuent à la formation de l'État. Aussi a-t-on toute raison
d'accorder une distinction particulière à la noblesse, à la liberté, à la
fortune ; car les individus libres et les citoyens qui possèdent le cens
légal, sont les membres de l'État ; et il n'y aurait point d'État si tous
étaient pauvres, non plus que si tous étaient esclaves.
§ 6. Mais à ces premiers éléments, il en faut joindre évidemment aussi
deux autres : la justice et la valeur guerrière, dont l'État ne peut pas
davantage se passer; car si les uns sont indispensables à son
existence, les autres le sont à sa prospérité. Tous ces éléments, ou du
moins la plupart, peuvent se disputer à bon droit l'honneur de
constituer l'existence de la cité ; mais c'est surtout, je le répète, comme
je l'ai dit plus haut, à la science et à la vertu de s'attribuer son bonheur.
§ 7. De plus, comme l'égalité et l'inégalité complètes sont injustes
entre des individus qui ne sont égaux ou inégaux entre eux que sur un
seul point, tous les gouvernements où l'égalité et l'inégalité sont
établies sur des bases de ce genre, sont nécessairement corrompus.
Nous avons dit aussi plus haut que tous les citoyens ont raison de se
croire des droits, mais que tous ont tort de se croire des droits absolus :
les riches, parce qu'ils possèdent une plus large part du territoire
commun de la cité et qu'ils ont ordinairement plus de crédit dans les
transactions commerciales ; les nobles et les hommes libres, classes
fort voisines l'une de l'autre, parce que la noblesse est plus réellement
citoyenne que la roture, et que la noblesse est estimée chez tous les
peuples ; et de plus, parce que des descendants vertueux doivent,
selon toute apparence, avoir de vertueux ancêtres ; car la noblesse
n'est qu'un mérite de race.
§ 8. Certes, la vertu peut, selon nous, élever la voix non moins
justement ; la vertu sociale, c'est la justice, et toutes les autres ne
viennent nécessairement que comme des conséquences après elle.
Enfin la majorité aussi a des prétentions qu'elle peut opposer à celles
de la minorité ; car la majorité, prise dans son ensemble, est plus
puissante, plus riche et meilleure que le petit nombre.
§ 9. Supposons donc la réunion, dans un seul État,
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