[3,1279b] ἀλλὰ μάλιστα τὴν πολεμικήν· αὕτη γὰρ ἐν πλήθει γίγνεται·
διόπερ κατὰ ταύτην τὴν πολιτείαν κυριώτατον τὸ προπολεμοῦν καὶ
μετέχουσιν αὐτῆς οἱ κεκτημένοι τὰ ὅπλα.
§ 4. παρεκβάσεις δὲ τῶν εἰρημένων τυραννὶς μὲν βασιλείας, ὀλιγαρχία
δὲ ἀριστοκρατίας, δημοκρατία δὲ πολιτείας. Ἡ μὲν γὰρ τυραννίς ἐστι
μοναρχία πρὸς τὸ συμφέρον τὸ τοῦ μοναρχοῦντος, ἡ δ' ὀλιγαρχία πρὸς
τὸ τῶν εὐπόρων, ἡ δὲ δημοκρατία πρὸς τὸ συμφέρον τὸ τῶν ἀπόρων·
πρὸς δὲ τὸ τῷ κοινῷ λυσιτελοῦν οὐδεμία αὐτῶν.
Δεῖ δὲ μικρῷ διὰ μακροτέρων εἰπεῖν τίς ἑκάστη τούτων τῶν πολιτειῶν
ἐστιν· καὶ γὰρ ἔχει τινὰς ἀπορίας, τῷ δὲ περὶ ἑκάστην μέθοδον
φιλοσοφοῦντι καὶ μὴ μόνον ἀποβλέποντι πρὸς τὸ πράττειν οἰκεῖόν ἐστι
τὸ μὴ παρορᾶν μηδέ τι καταλείπειν, ἀλλὰ δηλοῦν τὴν περὶ ἕκαστον ἀλήθειαν.
§ 5. Ἔστι δὲ τυραννὶς μὲν μοναρχία, καθάπερ εἴρηται, δεσποτικὴ τῆς
πολιτικῆς κοινωνίας, ὀλιγαρχία δ' ὅταν ὦσι κύριοι τῆς πολιτείας οἱ τὰς
οὐσίας ἔχοντες, δημοκρατία δὲ τοὐναντίον ὅταν οἱ μὴ κεκτημένοι
πλῆθος οὐσίας ἀλλ' ἄποροι. Πρώτη δ' ἀπορία πρὸς τὸν διορισμόν
ἐστιν. Εἰ γὰρ εἶεν οἱ πλείους, ὄντες εὔποροι, κύριοι τῆς πόλεως,
δημοκρατία δ' ἐστὶν ὅταν ᾖ κύριον τὸ πλῆθος ὁμοίως δὲ πάλιν κἂν εἴ
που συμβαίνοι τοὺς ἀπόρους ἐλάττους μὲν εἶναι τῶν εὐπόρων,
κρείττους δ' ὄντας κυρίους εἶναι τῆς πολιτείας, ὅπου δ' ὀλίγον κύριον
πλῆθος, ὀλιγαρχίαν εἶναί φασιν οὐκ ἂν καλῶς δόξειεν διωρίσθαι περὶ
τῶν πολιτειῶν.
§ 6. Ἀλλὰ μὴν κἄν εἴ τις συνθεὶς τῇ μὲν εὐπορίᾳ τὴν ὀλιγότητα τῇ δ'
ἀπορίᾳ τὸ πλῆθος οὕτω προσαγορεύῃ τὰς πολιτείας, ὀλιγαρχίαν μὲν ἐν
ᾗ τὰς ἀρχὰς ἔχουσιν οἱ εὔποροι, ὀλίγοι τὸ πλῆθος ὄντες, δημοκρατίαν
δὲ ἐν ᾗ οἱ ἄποροι, πολλοὶ τὸ πλῆθος ὄντες, ἄλλην ἀπορίαν ἔχει. Τίνας
γὰρ ἐροῦμεν τὰς ἄρτι λεχθείσας πολιτείας, τὴν ἐν ᾗ πλείους οἱ εὔποροι
καὶ τὴν ἐν ᾗ ἐλάττους οἱ ἄποροι, κύριοι δ' ἑκάτεροι τῶν πολιτειῶν, εἴπερ
μηδεμία ἄλλη πολιτεία παρὰ τὰς εἰρημένας ἔστιν;
§ 7. Ἔοικε τοίνυν ὁ λόγος ποιεῖν δῆλον ὅτι τὸ μὲν ὀλίγους ἢ πολλοὺς
εἶναι κυρίους συμβεβηκός ἐστιν, τὸ μὲν ταῖς ὀλιγαρχίαις τὸ δὲ ταῖς
δημοκρατίαις, διὰ τὸ τοὺς μὲν εὐπόρους ὀλίγους, πολλοὺς δ' εἶναι τοὺς
ἀπόρους πανταχοῦ ῦδιὸ καὶ οὐ συμβαίνει τὰς ῥηθείσας αἰτίας γίνεσθαι
διαφορᾶσσ, ᾧ δὲ διαφέρουσιν ἥ τε δημοκρατία καὶ ἡ ὀλιγαρχία
ἀλλήλων πενία καὶ πλοῦτός ἐστιν,
| [3,1279b] excepté toutefois la vertu guerrière, qui se manifeste surtout
dans les masses ; la preuve, c'est que, dans le gouvernement de la majorité,
la partie la plus puissante de l'État est la partie guerrière ; et tous ceux
qui ont des armes y sont citoyens.
§ 4. Les déviations de ces gouvernements sont : la tyrannie, pour la
royauté ; l'oligarchie, pour l'aristocratie ; la démagogie, pour la
république. La tyrannie est une monarchie qui n'a pour objet que
l'intérêt personnel du monarque ; l'oligarchie n'a pour objet que l'intérêt
particulier des riches ; la démagogie, celui des pauvres. Aucun de ces
gouvernements ne songe à l'intérêt général. Il faut nous arrêter
quelques instants à bien noter la différence de chacun de ces trois
gouvernements, car la question offre des difficultés. Quand on observe
les choses philosophiquement, et qu'on ne veut pas se borner
seulement au fait pratique, on doit, quelque méthode d'ailleurs qu'on
adopte, n'omettre aucun détail, et n'en négliger aucun, mais les
montrer tous dans leur vrai jour.
§ 5. La tyrannie, comme je viens de le dire, est le gouvernement d'un
seul, régnant en maître sur l'association politique ; l'oligarchie est la
prédominance politique des riches ; et la démagogie, au contraire, la
prédominance des pauvres, à l'exclusion des riches. On fait une
première objection contre cette définition même. Si la majorité
maîtresse de l'État est composée de riches, et que le gouvernement de
la majorité soit appelé la démocratie ; et réciproquement, si, par
hasard, les pauvres, en minorité relativement aux riches, sont
cependant, par la supériorité de leurs forces, maîtres de l'État ; et si le
gouvernement de la minorité doit être appelé l'oligarchie, les définitions
que nous venons de donner deviennent inexactes.
§ 6. On ne résout même pas cette difficulté en réunissant les idées de
richesse et de minorité, celles de misère et de majorité, et en réservant
le nom d'oligarchie pour le gouvernement où les riches, en minorité,
occupent les emplois, et celui de démagogie, pour l'État où les
pauvres, en majorité, sont les maîtres. Car comment classer les deux
formes de constitution que nous venons de supposer : l'une où les
riches forment la, majorité, l'autre où les pauvres forment la minorité,
souverains les uns et les autres de l'État ? si toutefois quelques autres
formes politiques n'ont point échappé à notre énumération.
§ 7. Mais la raison nous dit assez que la domination de la minorité et
celle de la majorité sont choses tout accidentelles, celle-ci dans les
oligarchies, celle-là dans les démocraties, parce que les riches forment
partout la minorité, comme les pauvres forment partout la majorité.
Ainsi, les différences indiquées plus haut ne sont pas de véritables
difficultés. Ce qui distingue essentiellement la démocratie et
l'oligarchie, c'est la pauvreté et la richesse ;
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