[3,1279a] οἷον ἰατρικὴν καὶ γυμναστικήν, κατὰ συμβεβηκὸς δὲ κἂν
αὐτῶν εἶεν. Οὐδὲν γὰρ κωλύει τὸν παιδοτρίβην ἕνα τῶν γυμναζομένων
ἐνίοτ' εἶναι καὶ αὐτόν, ὥσπερ ὁ κυβερνήτης εἷς ἐστιν ἀεὶ τῶν πλωτήρων·
ὁ μὲν οὖν παιδοτρίβης ἢ κυβερνήτης σκοπεῖ τὸ τῶν ἀρχομένων ἀγαθόν,
ὅταν δὲ τούτων εἷς γένηται καὶ αὐτός, κατὰ συμβεβηκὸς μετέχει τῆς
ὠφελείας. Ὁ μὲν γὰρ πλωτήρ, ὁ δὲ τῶν γυμναζομένων εἷς γίνεται,
παιδοτρίβης ὤν.
§ 6. Διὸ καὶ τὰς πολιτικὰς ἀρχάς, ὅταν ᾖ κατ' ἰσότητα τῶν πολιτῶν
συνεστηκυῖα καὶ καθ' ὁμοιότητα, κατὰ μέρος ἀξιοῦσιν ἄρχειν, πρότερον
μέν, ᾗ πέφυκεν, ἀξιοῦντες ἐν μέρει λειτουργεῖν, καὶ σκοπεῖν τινα πάλιν
τὸ αὑτοῦ ἀγαθόν, ὥσπερ πρότερον αὐτὸς ἄρχων ἐσκόπει τὸ ἐκείνου
συμφέρον· νῦν δὲ διὰ τὰς ὠφελείας τὰς ἀπὸ τῶν κοινῶν καὶ τὰς ἐκ τῆς
ἀρχῆς βούλονται συνεχῶς ἄρχειν, οἷον εἰ συνέβαινεν ὑγιαίνειν ἀεὶ τοῖς
ἄρχουσι νοσακεροῖς οὖσιν. Καὶ γὰρ ἂν οὕτως ἴσως ἐδίωκον τὰς ἀρχάς.
§ 7. Φανερὸν τοίνυν ὡς ὅσαι μὲν πολιτεῖαι τὸ κοινῇ συμφέρον
σκοποῦσιν, αὗται μὲν ὀρθαὶ τυγχάνουσιν οὖσαι κατὰ τὸ ἁπλῶς δίκαιον,
ὅσαι δὲ τὸ σφέτερον μόνον τῶν ἀρχόντων, ἡμαρτημέναι πᾶσαι καὶ
παρεκβάσεις τῶν ὀρθῶν πολιτειῶν· δεσποτικαὶ γάρ, ἡ δὲ πόλις
κοινωνία τῶν ἐλευθέρων ἐστίν.
§ 8. Διωρισμένων δὲ τούτων ἐχόμενόν ἐστι τὰς πολιτείας ἐπισκέψασθαι,
πόσαι τὸν ἀριθμὸν καὶ τίνες εἰσί, καὶ πρῶτον τὰς ὀρθὰς αὐτῶν· καὶ γὰρ
αἱ παρεκβάσεις ἔσονται φανεραὶ τούτων διορισθεισῶν.
CHAPITRE V.
§ 1. Ἐπεὶ δὲ πολιτεία μὲν καὶ πολίτευμα σημαίνει ταὐτόν, πολίτευμα δ'
ἐστὶ τὸ κύριον τῶν πόλεων, ἀνάγκη δ' εἶναι κύριον ἢ ἕνα ἢ ὀλίγους ἢ
τοὺς πολλούς, ὅταν μὲν ὁ εἷς ἢ οἱ ὀλίγοι ἢ οἱ πολλοὶ πρὸς τὸ κοινὸν
συμφέρον ἄρχωσι, ταύτας μὲν ὀρθὰς ἀναγκαῖον εἶναι τὰς πολιτείας, τὰς
δὲ πρὸς τὸ ἴδιον ἢ τοῦ ἑνὸς ἢ τῶν ὀλίγων ἢ τοῦ πλήθους παρεκβάσεις.
Ἢ γὰρ οὐ πολίτας φατέον εἶναι τοὺς μετέχοντας, ἢ δεῖ κοινωνεῖν τοῦ
συμφέροντος.
§ 2. Καλεῖν δ' εἰώθαμεν τῶν μὲν μοναρχιῶν τὴν πρὸς τὸ κοινὸν
ἀποβλέπουσαν συμφέρον βασιλείαν, τὴν δὲ τῶν ὀλίγων μὲν πλειόνων
δ' ἑνὸς ἀριστοκρατίαν νἢ διὰ τὸ τοὺς ἀρίστους ἄρχειν, ἢ διὰ τὸ πρὸς τὸ
ἄριστον τῇ πόλει καὶ τοῖς κοινωνοῦσιν αὐτῆσσ, ὅταν δὲ τὸ πλῆθος πρὸς
τὸ κοινὸν πολιτεύηται συμφέρον, καλεῖται τὸ κοινὸν ὄνομα πασῶν τῶν
πολιτειῶν, πολιτεία.
§ 3. Συμβαίνει δ' εὐλόγως· ἕνα μὲν γὰρ διαφέρειν κατ' ἀρετὴν ἢ ὀλίγους
ἐνδέχεται, πλείους δ' ἤδη χαλεπὸν ἠκριβῶσθαι πρὸς πᾶσαν ἀρετήν,
| [3,1279a] il peut, comme dans tant d'autres arts, la médecine, la
gymnastique, tourner secondairement à l'avantage de celui qui
gouverne. Ainsi, le gymnaste peut fort bien se mêler aux jeunes gens
qu'il exerce, comme, à bord, le pilote est toujours un des passagers.
Le but du gymnaste, comme celui du pilote, c'est le bien de ceux qu'ils
dirigent ; si l'un ou l'autre viennent se mêler à leurs subordonnés, ils ne
prennent leur part de l'avantage commun qu'accidentellement, l'un
comme simple matelot, l'autre comme élève, malgré sa qualité de
professeur.
§ 6. Dans les pouvoirs politiques, lorsque la parfaite égalité des
citoyens, tous semblables, en fait la base, chacun a droit d'exercer
l'autorité à son tour. D'abord, chose toute naturelle, tous regardent
cette alternative comme parfaitement légitime, et ils accordent à un
autre le droit de décider par lui-même de leurs intérêts, comme ils ont
eux-mêmes antérieurement décidé des siens ; mais, plus tard, les
avantages que procurent le pouvoir et l'administration des intérêts
généraux, inspirent à tous les hommes le désir de se perpétuer en
charge ; et si la continuité du commandement pouvait seule
infailliblement guérir une maladie dont ils seraient atteints, ils ne
seraient certainement pas plus âpres à retenir l'autorité, une fois qu'ils
en jouissent.
§ 7. Donc évidemment, toutes les constitutions qui ont en vue l'intérêt
général sont pures, parce qu'elles pratiquent rigoureusement la justice.
Toutes celles qui n'ont en vue que l'intérêt personnel des gouvernants,
viciées dans leurs bases, ne sont que la corruption des bonnes
constitutions ; elles tiennent de fort près au pouvoir du maître sur
l'esclave, tandis qu'au contraire la cité n'est qu'une association
d'hommes libres.
§ 8. Après les principes que nous venons de poser, nous pouvons
examiner le nombre et la nature des constitutions, et nous nous
occuperons d'abord des constitutions pures ; une fois que celles-ci
seront déterminées, on reconnaîtra sans peine les constitutions
corrompues.
CHAPITRE V.
§ 1. Le gouvernement et la constitution étant choses identiques, et le
gouvernement étant le maître suprême de la cité, il faut absolument
que ce maître soit, ou un seul individu, ou une minorité, ou enfin la
masse des citoyens. Quand le maître unique, ou la minorité, ou la
majorité gouvernent dans l'intérêt général, la constitution est
nécessairement pure ; quand ils gouvernent dans leur propre intérêt,
soit dans l'intérêt d'un seul, soit dans l'intérêt de la minorité, soit dans
l'intérêt de la foule, la constitution est déviée de son but, puisque de
deux choses l'une : ou les membres de l'association ne sont pas
vraiment citoyens ; ou, s'ils le sont, ils doivent avoir leur part de
l'avantage commun.
§ 2. Quand la monarchie ou gouvernement d'un seul a pour objet
l'intérêt général, on la nomme vulgairement royauté. Avec la même
condition, le gouvernement de la minorité, pourvu qu'elle ne soit pas
réduite à un seul individu, c'est l'aristocratie, ainsi nommée, soit parce
que le pouvoir est aux mains des gens honnêtes, soit parce que le
pouvoir n'a d'autre objet que le plus grand bien de l'État et des
associés. Enfin, quand la majorité gouverne dans le sens de l'intérêt
général, le gouvernement reçoit comme dénomination spéciale la
dénomination générique de tous les gouvernements, et se nomme
république.
§ 3. Ces différences de dénomination sont fort justes. Une vertu
supérieure peut être le partage d'un individu, d'une minorité ; mais une
majorité ne peut être désignée par aucune vertu spéciale,
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