[1] (1447a) (8) Περὶ ποιητικῆς αὐτῆς τε καὶ τῶν εἰδῶν
αὐτῆς, ἥν τινα δύναμιν ἕκαστον ἔχει, καὶ πῶς δεῖ
συνίστασθαι τοὺς μύθους (10) εἰ μέλλει καλῶς ἕξειν ἡ
ποίησις, ἔτι δὲ ἐκ πόσων καὶ ποίων ἐστὶ μορίων,
ὁμοίως δὲ καὶ περὶ τῶν ἄλλων ὅσα τῆς αὐτῆς ἐστι
μεθόδου, λέγωμεν ἀρξάμενοι κατὰ φύσιν πρῶτον ἀπὸ
τῶν πρώτων. Ἐποποιία δὴ καὶ ἡ τῆς τραγῳδίας
ποίησις ἔτι δὲ κωμῳδία καὶ ἡ διθυραμβοποιητικὴ καὶ
τῆς (15) αὐλητικῆς ἡ πλείστη καὶ κιθαριστικῆς πᾶσαι
τυγχάνουσιν οὖσαι μιμήσεις τὸ σύνολον· διαφέρουσι
δὲ ἀλλήλων τρισίν, ἢ γὰρ τῷ ἐν ἑτέροις μιμεῖσθαι ἢ τῷ
ἕτερα ἢ τῷ ἑτέρως καὶ μὴ τὸν αὐτὸν τρόπον. Ὥσπερ
γὰρ καὶ χρώμασι καὶ σχήμασι πολλὰ μιμοῦνταί τινες
ἀπεικάζοντες (οἱ μὲν (20) διὰ τέχνης οἱ δὲ διὰ
συνηθείας), ἕτεροι δὲ διὰ τῆς φωνῆς, οὕτω κἀν ταῖς
εἰρημέναις τέχναις ἅπασαι μὲν ποιοῦνται τὴν μίμησιν
ἐν ῥυθμῷ καὶ λόγῳ καὶ ἁρμονίᾳ, τούτοις δ᾽ ἢ χωρὶς ἢ
μεμιγμένοις· οἷον ἁρμονίᾳ μὲν καὶ ῥυθμῷ χρώμεναι
μόνον ἥ τε αὐλητικὴ καὶ ἡ κιθαριστικὴ κἂν εἴ τινες
(25) ἕτεραι τυγχάνωσιν οὖσαι τοιαῦται τὴν δύναμιν,
οἷον ἡ τῶν συρίγγων, αὐτῷ δὲ τῷ ῥυθμῷ (μιμοῦνται)
χωρὶς ἁρμονίας ἡ τῶν ὀρχηστῶν (καὶ γὰρ οὗτοι διὰ
τῶν σχηματιζομένων ῥυθμῶν μιμοῦνται καὶ ἤθη καὶ
πάθη καὶ πράξεις)· Ἡ δὲ (ἐποποιία) μόνον τοῖς λόγοις
ψιλοῖς <καὶ> ἡ τοῖς (1447b) (1) μέτροις καὶ τούτοις εἴτε
μιγνῦσα μετ᾽ ἀλλήλων εἴθ᾽ ἑνί τινι γένει χρωμένη τῶν
μέτρων ἀνώνυμοι τυγχάνουσι μέχρι τοῦ νῦν· οὐδὲν
γὰρ ἂν (10) ἔχοιμεν ὀνομάσαι κοινὸν τοὺς Σώφρονος
καὶ Ξενάρχου μίμους καὶ τοὺς Σωκρατικοὺς λόγους
οὐδὲ εἴ τις διὰ τριμέτρων ἢ ἐλεγείων ἢ τῶν ἄλλων
τινῶν τῶν τοιούτων ποιοῖτο τὴν μίμησιν. Πλὴν οἱ
ἄνθρωποί γε συνάπτοντες τῷ μέτρῳ τὸ ποιεῖν
ἐλεγειοποιοὺς τοὺς δὲ ἐποποιοὺς ὀνομάζουσιν, οὐχ ὡς
(15) κατὰ τὴν μίμησιν ποιητὰς ἀλλὰ κοινῇ κατὰ τὸ
μέτρον προσαγορεύοντες· καὶ γὰρ ἂν ἰατρικὸν ἢ
φυσικόν τι διὰ τῶν μέτρων ἐκφέρωσιν, οὕτω καλεῖν
εἰώθασιν· οὐδὲν δὲ κοινόν ἐστιν Ὁμήρῳ καὶ
Ἐμπεδοκλεῖ πλὴν τὸ μέτρον, διὸ τὸν μὲν ποιητὴν
δίκαιον καλεῖν, τὸν δὲ φυσιολόγον μᾶλλον ἢ (20)
ποιητήν· ὁμοίως δὲ κἂν εἴ τις ἅπαντα τὰ μέτρα
μιγνύων ποιοῖτο τὴν μίμησιν καθάπερ Χαιρήμων
ἐποίησε Κένταυρον μικτὴν ῥαψῳδίαν ἐξ ἁπάντων τῶν
μέτρων, καὶ ποιητὴν προσαγορευτέον. Περὶ μὲν οὖν
τούτων διωρίσθω τοῦτον τὸν τρόπον. Εἰσὶ δέ τινες αἳ
πᾶσι χρῶνται τοῖς (25) εἰρημένοις, λέγω δὲ οἷον ῥυθμῷ
καὶ μέλει καὶ μέτρῳ, ὥσπερ ἥ τε τῶν διθυραμβικῶν
ποίησις καὶ ἡ τῶν νόμων καὶ ἥ τε τραγῳδία καὶ ἡ
κωμῳδία· διαφέρουσι δὲ ὅτι αἱ μὲν ἅμα πᾶσιν αἱ δὲ
κατὰ μέρος. Ταύτας μὲν οὖν λέγω τὰς διαφορὰς τῶν
τεχνῶν ἐν οἷς ποιοῦνται τὴν μίμησιν.
| [1] CHAPITRE PREMIER
I. Nous allons parler et de la poétique elle-même et de ses espèces ; dire quel
est le rôle de chacune d'elles et comment on doit constituer les fables pour que
la poésie soit bonne ; puis quel est le nombre, quelle est la nature des parties
qui la composent : nous traiterons pareillement des autres questions qui se
rattachent au même art, et cela, en commençant d'abord par les premières dans
l'ordre naturel.
II. L'épopée la poésie tragique, la comédie, la poésie dithyrambique,
l'aulétique, la citharistique, en majeure partie se trouvent être toutes, au
résumé, des imitations. Seulement, elles diffèrent entre elles par trois points.
Leurs éléments d'imitation sont autres ; autres les objets imités, autres enfin
les procédés et la manière dont on imite. En effet, de même que certains imitent
beaucoup de choses avec des couleurs et des gestes, les uns au moyen de l'art,
d'autres par habitude, d'autres encore avec l'aide de la nature (seule), de
même, parmi les arts précités, tous produisent l'imitation au moyen du rythme,
du langage et de l'harmonie, employés séparément ou mélangés.
III. Ainsi l'harmonie et le rythme sont mis seuls en usage dans l'aulétique, la
citharistique et dans les autres arts qui ont un rôle analogue, tel que celui de
la syrinx.
IV. Le rythme est l'unique élément d'imitation dans l'art des danseurs,
abstraction faute de l'harmonie. En effet, c'est par des rythmes figurés qu'ils
imitent les moeurs, les passions et les actions.
V. L'épopée n'emploie que le langage pur et simple, ou les mètres, soit qu'elle
mélange ceux-ci entre eux, ou qu'elle ne vienne à mettre en usage qu'un seul
genre de métro, comme on l'a fait jusqu'à présent.
VI. Nous ne pourrions en effet donner une (autre) dénomination commune aux mimes
de Sophron, à ceux de Xénarque, et aux discours socratiques, pas plus qu'aux
oeuvres d'imitation composes en trimètres, en vers élégiaques, ou en d'autres
mètres analogues, à moins que, reliant la composition au mètre employé, l'on
n'appelle les auteurs poètes élégiaques ou poètes épiques et qu'on ne leur donne
ainsi la qualification de poètes, non pas d'après le genre d'imitation qu'ils
traitent, mais, indistinctement, en raison du mètre (qu'ils adoptent). Il est
vrai que les auteurs qui exposent en vers quelque point de médecine ou de
physique reçoivent d'ordinaire cette qualification ; mais, entre Homère et
Empédocle, il n'y a de commun que l'emploi du mètre. Aussi est-il juste
d'appeler le premier un poète et le second un physicien, plutôt qu'un poète.
Supposé, semblablement, qu'un auteur fasse une oeuvre d'imitation en mélangeant
divers mètres, comme Chérémon dans le Centaure, rapsodie où sont confondus des
mètres de toute sorte, il ne faudrait pas moins lui donner le nom de poète.
Telles sont les distinctions à établir en ces matières.
VII. II y a des genres de poésie qui emploient tous les éléments nommés plus
haut, savoir : le rythme, le chant et le mètre ; ce sont la poésie
dithyrambique, celle des nomes, la tragédie et la comédie. Ces genres diffèrent
en ce que les uns emploient ces trois choses à la fois, et les autres quelqu'une
d'entre elles séparément.
VIII. Voilà pour les différences qui existent entre les arts, quant à la
pratique de l'imitation.
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