[9,1164] (1164a) Ἐνταῦθα μὲν οὖν πεπόρισται κοινὸν μέτρον τὸ νόμισμα, καὶ πρὸς
τοῦτο δὴ πάντα ἀναφέρεται καὶ τούτῳ μετρεῖται· ἐν δὲ τῇ ἐρωτικῇ ἐνίοτε μὲν
ὁ ἐραστὴς ἐγκαλεῖ ὅτι ὑπερφιλῶν οὐκ ἀντιφιλεῖται, οὐδὲν ἔχων φιλητόν, εἰ
οὕτως ἔτυχεν, πολλάκις δ' ὁ ἐρώμενος ὅτι πρότερον ἐπαγγελλόμενος πάντα νῦν
οὐδὲν ἐπιτελεῖ. Συμβαίνει δὲ τὰ τοιαῦτα, ἐπειδὰν ὃ μὲν δι' ἡδονὴν τὸν
ἐρώμενον φιλῇ, ὃ δὲ διὰ τὸ χρήσιμον τὸν ἐραστήν, ταῦτα δὲ μὴ ἀμφοῖν
ὑπάρχῃ. Διὰ ταῦτα γὰρ τῆς φιλίας οὔσης διάλυσις γίνεται, ἐπειδὰν μὴ
γίνηται ὧν ἕνεκα ἐφίλουν· οὐ γὰρ αὐτοὺς ἔστεργον ἀλλὰ τὰ ὑπάρχοντα, οὐ
μόνιμα ὄντα· διὸ τοιαῦται καὶ αἱ φιλίαι. Ἡ δὲ τῶν ἠθῶν καθ' αὑτὴν οὖσα
μένει, καθάπερ εἴρηται. Διαφέρονται δ' ὅταν ἕτερα γίνηται αὐτοῖς καὶ μὴ ὧν
ὀρέγονται· ὅμοιον γὰρ τῷ μηδὲν γίνεσθαι, ὅταν οὗ ἐφίεται μὴ τυγχάνῃ, οἷον
καὶ τῷ κιθαρῳδῷ ὁ ἐπαγγελλόμενος, καὶ ὅσῳ ἄμεινον ᾄσειεν, τοσούτῳ πλείω·
εἰς ἕω δ' ἀπαιτοῦντι τὰς ὑποσχέσεις ἀνθ' ἡδονῆς ἡδονὴν ἀποδεδωκέναι ἔφη.
Εἰ μὲν οὖν ἑκάτερος τοῦτο ἐβούλετο, ἱκανῶς ἂν εἶχεν· εἰ δ' ὃ μὲν τέρψιν ὃ
δὲ κέρδος, καὶ ὃ μὲν ἔχει ὃ δὲ μή, οὐκ ἂν εἴη τὰ κατὰ τὴν κοινωνίαν καλῶς·
ὧν γὰρ δεόμενος τυγχάνει, τούτοις καὶ προσέχει, κἀκείνου γε χάριν ταῦτα
δώσει. Τὴν ἀξίαν δὲ ποτέρου τάξαι ἐστί, τοῦ προϊεμένου ἢ τοῦ προλαβόντος;
Ὁ γὰρ προϊέμενος ἔοικ' ἐπιτρέπειν ἐκείνῳ. Ὅπερ φασὶ καὶ Πρωταγόραν ποιεῖν·
ὅτε γὰρ διδάξειεν ἁδήποτε, τιμῆσαι τὸν μαθόντα ἐκέλευεν ὅσου δοκεῖ ἄξια
ἐπίστασθαι, καὶ ἐλάμβανε τοσοῦτον. Ἐν τοῖς τοιούτοις δ' ἐνίοις ἀρέσκει τὸ
μισθὸς δ' ἀνδρί. Οἱ δὲ προλαμβάνοντες τὸ ἀργύριον, εἶτα μηδὲν ποιοῦντες ὧν
ἔφασαν διὰ τὰς ὑπερβολὰς τῶν ἐπαγγελιῶν, εἰκότως ἐν ἐγκλήμασι γίνονται· οὐ
γὰρ ἐπιτελοῦσιν ἃ ὡμολόγησαν. Τοῦτο δ' ἴσως ποιεῖν οἱ σοφισταὶ
ἀναγκάζονται διὰ τὸ μηδένα ἂν δοῦναι ἀργύριον ὧν ἐπίστανται. Οὗτοι μὲν οὖν
ὧν ἔλαβον τὸν μισθόν, μὴ ποιοῦντες εἰκότως ἐν ἐγκλήμασίν εἰσιν. Ἐν οἷς δὲ
μὴ γίνεται διομολογία τῆς ὑπουργίας, οἱ μὲν δι' αὐτοὺς προϊέμενοι εἴρηται
ὅτι ἀνέγκλητοι τοιαύτη γὰρ ἡ κατ' ἀρετὴν φιλίἀ, (1164b) τὴν ἀμοιβήν τε
ποιητέον κατὰ τὴν προαίρεσιν (αὕτη γὰρ τοῦ φίλου καὶ τῆς ἀρετῆς)· οὕτω δ'
ἔοικε καὶ τοῖς φιλοσοφίας κοινωνήσασιν· οὐ γὰρ πρὸς χρήμαθ' ἡ ἀξία
μετρεῖται, τιμή τ' ἰσόρροπος οὐκ ἂν γένοιτο, ἀλλ' ἴσως ἱκανόν, καθάπερ καὶ
πρὸς θεοὺς καὶ πρὸς γονεῖς, τὸ ἐνδεχόμενον. Μὴ τοιαύτης δ' οὔσης τῆς
δόσεως ἀλλ' ἐπί τινι, μάλιστα μὲν ἴσως δεῖ τὴν ἀνταπόδοσιν γίνεσθαι
δοκοῦσαν ἀμφοῖν κατ' ἀξίαν εἶναι, εἰ δὲ τοῦτο μὴ συμβαίνοι, οὐ μόνον
ἀναγκαῖον δόξειεν ἂν τὸν προέχοντα τάττειν, ἀλλὰ καὶ δίκαιον· ὅσον γὰρ
οὗτος ὠφελήθη ἢ ἀνθ' ὅσου τὴν ἡδονὴν εἵλετ' ἄν, τοσοῦτον ἀντιλαβὼν ἕξει
τὴν παρὰ τούτου ἀξίαν.
Καὶ γὰρ ἐν τοῖς ὠνίοις οὕτω φαίνεται γινόμενον, ἐνιαχοῦ τ' εἰσὶ νόμοι τῶν
ἑκουσίων συμβολαίων δίκας μὴ εἶναι, ὡς δέον, ᾧ ἐπίστευσε, διαλυθῆναι πρὸς
τοῦτον καθάπερ ἐκοινώνησεν. ᾯ γὰρ ἐπετράφθη, τοῦτον οἴεται δικαιότερον
εἶναι τάξαι τοῦ ἐπιτρέψαντος. Τὰ πολλὰ γὰρ οὐ τοῦ ἴσου τιμῶσιν οἱ ἔχοντες
καὶ οἱ βουλόμενοι λαβεῖν· τὰ γὰρ οἰκεῖα καὶ ἃ διδόασιν ἑκάστοις φαίνεται
πολλοῦ ἄξια· ἀλλ' ὅμως ἡ ἀμοιβὴ γίνεται πρὸς τοσοῦτον ὅσον ἂν τάττωσιν οἱ
λαμβάνοντες. Δεῖ δ' ἴσως οὐ τοσούτου τιμᾶν ὅσου ἔχοντι φαίνεται ἄξιον,
ἀλλ' ὅσου πρὶν ἔχειν ἐτίμα.
II. Ἀπορίαν δ' ἔχει καὶ τὰ τοιαῦτα, οἷον πότερον δεῖ πάντα τῷ πατρὶ
ἀπονέμειν καὶ πείθεσθαι, ἢ κάμνοντα μὲν ἰατρῷ πιστεύειν, στρατηγὸν δὲ
χειροτονητέον τὸν πολεμικόν· ὁμοίως δὲ φίλῳ μᾶλλον ἢ σπουδαίῳ ὑπηρετητέον,
καὶ εὐεργέτῃ ἀνταποδοτέον χάριν μᾶλλον ἢ ἑταίρῳ προετέον, ἐὰν ἄμφω μὴ
ἐνδέχηται. Ἆρ' οὖν πάντα τὰ τοιαῦτα ἀκριβῶς μὲν διορίσαι οὐ ῥᾴδιον; Πολλὰς
γὰρ καὶ παντοίας ἔχει διαφορὰς καὶ μεγέθει καὶ μικρότητι καὶ τῷ καλῷ καὶ
ἀναγκαίῳ. Ὅτι δ' οὐ πάντα τῷ αὐτῷ ἀποδοτέον, οὐκ ἄδηλον· καὶ τὰς μὲν
εὐεργεσίας ἀνταποδοτέον ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ μᾶλλον ἢ χαριστέον ἑταίροις, ὥσπερ
καὶ δάνειον ᾧ ὀφείλει ἀποδοτέον μᾶλλον ἢ ἑταίρῳ δοτέον. Ἴσως δ' οὐδὲ τοῦτ'
ἀεί, οἷον τῷ λυτρωθέντι παρὰ λῃστῶν πότερα τὸν λυσάμενον ἀντιλυτρωτέον,
κἂν ὁστισοῦν ᾖ, ἢ μὴ ἑαλωκότι ἀπαιτοῦντι δὲ ἀποδοτέον,
| [9,1164] Ici, néanmoins, on a, dans la monnaie,
une mesure commune, à laquelle on rapporte tous les objets, et
qui sert à leur évaluation. Mais, dans un commerce d'amour, il
arrive quelquefois que l'amant, n'ayant peut-être rien de propre à
séduire, reproche à la personne aimée de ne pas répondre à l'excès de son
affection; et que celle-ci, de son côté, peut se plaindre qu'on ne tient
aucune des magnifiques promesses qu'on lui avait faites. Et cela a lieu
lorsque l'un n'ayant en vue que le plaisir dans un pareil lien, et l'autre
que l'utilité, tous deux sont trompés dans leur attente. Car un
attachement, fondé sur de pareils motifs, se relâche bientôt, quand on n'y
trouve pas ce qui avait fait naître la passion, parce qu'aucun des deux
amants n'aimait l'autre pour lui-même, mais seulement pour des avantages
extérieurs ou accessoires qui sont sujets à s'évanouir. Or, il en est de
même des amitiés; au lieu que les attachements qui sont fondés sur les
mœurs, subsistant par eux-mêmes, sont plus durables, comme on l'a déjà dit.
C'est encore une cause de mésintelligence, lorsque l'on trouve, dans un
tel commerce, autre chose que ce qu'on avait désiré; car ne pas obtenir ce
qu'on espère, ou ne rien obtenir, c'est à peu près la même chose. Comme il
arriva à ce musicien à qui l'on avait promis une récompense d'autant plus
magnifique, qu'il aurait chanté avec plus de talent; mais le lendemain,
comme il réclamait la récompense promise, celui à qui il s'adressait
s'excusa, sous prétexte qu'il lui avait donné (par ses éloges) plaisir
pour plaisir. Sans doute, cela suffisait, si c'eût été ce à quoi
chacun s'était attendu; mais, si l'un veut de l'amusement, et l'autre du
profit, et si le premier a ce qu'il désire, tandis que le second ne l'a
pas, ce n'est plus un commerce où il y ait une juste réciprocité.
Car toutes les fois qu'on éprouve quelque besoin, on en est continuellement
occupé, et l'on est disposé à donner ce qu'on possède pour le satisfaire.
Mais à qui appartient-il de fixer le prix d'un service? Est-ce à celui qui
a commencé par le rendre, ou à celui qui a commencé par le recevoir? Le
premier semble s'en rapporter, sur ce point, à la générosité de l'autre :
et c'est, dit-on, ce que faisait Protagoras. Car, lorsqu'il avait donné
des leçons de son art (quel qu'il fût), il invitait son disciple à mettre
lui-même un prix à la science qu'il croyait avoir acquise, et il se
contentait de ce qu'on lui donnait. En pareil cas, quelques personnes
s'en tiennent au proverbe, Avec un ami engagez-vous à un juste salaire.
Quant à ceux qui commencent par recevoir l'argent, et qui ensuite ne
tiennent aucun de leurs engagements pour en avoir pris de trop excessifs,
ils s'exposent à des reproches mérités, ne tenant point ce qu'ils avaient
promis. C'est peut-être ce que les sophistes sont obligés de faire, parce
que personne ne consentirait à payer la science qu'ils possèdent; et,
comme ils n'exécutent pas ce dont ils ont reçu le salaire, on les en blâme
avec raison.
Mais, quand il n'y a point de convention expresse pour un service à
rendre, ceux qui prodiguent tout ce qu'ils ont pour servir leurs amis avec
un entier désintéressement, sont, comme on l'a déjà dit, tout-à-fait
exempts de reproche. C'est qu'une telle amitié n'est fondée que sur la
vertu ; (1164b) et l'on doit en montrer sa reconnaissance comme il
convient dans ce genre d'affections, car tel est le caractère de l'ami et
de la vertu. C'est ainsi qu'il en faut agir envers ceux qui nous ont
communiqué les préceptes de la philosophie. Car ce n'est pas l'argent qui
peut en payer le prix; le respect ou la considération n'en serait pas même
l'équivalent : mais, peut-être qu'en faisant, dans ce cas, tout ce qui
nous est possible, cela suffira, comme cela suffit à l'égard des Dieux et
des auteurs de nos jours. Au reste, lorsque le service n'est pas rendu
ainsi (spontanément), mais dans la vue d'obtenir quelque avantage, c'est
peut-être alors surtout qu'il faut qu'il y ait retour, ou compensation
équivalente, et qui convienne aux deux parties. Dans le cas ou cela
n'aurait pas lieu, il semble non seulement nécessaire, mais juste, que ce
soit le premier obligé qui détermine la compensation. Car, si celui qui
lui a rendu service obtient à son tour les mêmes avantages, ou le même
plaisir qu'il aurait voulu se procurer à ce prix, il en aura reçu le
dédommagement ; et c'est, en effet, de cette manière que les choses se
passent dans toute espèce de vente ou d'achat.
Il y a des pays où les lois ne donnent pas d'action juridique pour les
transactions de pure confiance, parce qu'il faut, dans ces cas-là, que la
décision de l'affaire reste soumise à celui à qui l'on s'est confié, comme
on s'en est rapporté à lui pour lui rendre service. On regarde celui qui a
obtenu cette première marque de confiance, comme plus capable de décider
suivant la justice, que celui qui s'en est rapporté à lui. Car la plupart
des choses n'ont pas la même valeur aux yeux de ceux qui les possèdent et
de ceux qui les désirent, puisqu'on attache communément un grand prix à ce
qu'on possède et à ce qu'on donne; aussi est-ce à celui qui reçoit de
régler le taux de l'échange. Mais peut-être faut-il que ce taux soit réglé
non pas sur la valeur qu'on assigne aux choses après qu'on les a reçues,
mais sur celle qu'on leur donnait avant de les avoir.
II. Mais voici encore des questions qui se présentent sur ce sujet; par
exemple : Doit-on obéissance et déférence en tout à un père ; ou bien,
faut-il, quand on est malade, suivre plutôt les ordonnances du médecin?
ou, quand il est question de nommer un général, donner plutôt son suffrage
à un homme qui a le caractère et les talents propres à la guerre?
Pareillement, faut-il se dévouer au service de son ami, plutôt qu'à celui
d'un homme vertueux; ou bien, rendre à un bienfaiteur les bons offices
qu'on en a reçus, plutôt que de se montrer généreux envers un ami de
plaisir, s'il n'est pas possible de les obliger tous les deux? Ce sont là
des questions qu'il n'est pas facile de résoudre d'une manière précise :
car elles présentent un grand nombre d'aspects divers, par leur importance
ou par leur délicatesse, sous le rapport de l'honnête et sous celui de la
nécessité.
Toutefois il est assez évident qu'il ne faut pas tout faire pour la même
personne; qu'on doit, au moins ordinairement, rendre les bienfaits qu'on a
reçus, plutôt que d'obliger ses amis; et regarder le bienfait comme une
dette qu'on a contractée, plutôt que de faire des présents à quelqu'un
qu'on affectionne. Mais peut-être cela n'est-il pas toujours ainsi : par
exemple, celui qui aurait été racheté des mains des brigands, devrait-il
racheter, à son tour, son libérateur, quel qu'il fût d'ailleurs? Ou bien,
supposé que celui-ci ne soit pas prisonnier, mais qu'il redemande le prix
de la rançon qu'il a payée, devra-t-on le lui rendre, plutôt que de
racheter son propre père?
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