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| [2,141] « Οἱ δὲ ὑμῖν τὰ τῶν ὑμετέρων ὁμοεθνῶν διένεμον, τῶν ἐπὶ 
Κελτοὺς ὑμᾶς αὐτῷ Καίσαρι στρατευσάντων καὶ προπεμψάντων 
καὶ εὐξαμένων πολλὰ κατὰ τῶν ὑμετέρων νικητηρίων. Καὶ 
συνῴκιζον ὑμᾶς ἐς ταῦτα ἀθρόους ὑπὸ σημείοις καὶ συντάξει 
στρατιωτικῇ, μήτε εἰρηνεύειν δυναμένους μήτε ἀδεεῖς εἶναι τῶν 
ἐξελαθέντων· ὁ γὰρ ἀλώμενος καὶ τῶν ὄντων ἀφῃρημένος ἔμελλεν 
ὑμῖν περιπολῶν ἐφεδρεύειν καιροφυλακῶν. Τοῦτο δ' ἦν, ὅπερ οἱ 
τύραννοι μάλιστα ἐβούλοντο, οὐ γῆν ὑμᾶς λαβεῖν, ἣν δὴ καὶ 
ἑτέρωθεν εἶχον παρασχεῖν, ἀλλ' ὅπως ἐχθροὺς ἐφεδρεύοντας 
ἔχοντες ἀεὶ βέβαιοι φύλακες ἦτε τῆς ἀρχῆς τῆς ταῦτα ὑμῖν 
συναδικούσης· εὔνοια γὰρ ἐς τυράννους γίγνεται δορυφόρων ἐκ τοῦ 
συναδικεῖν καὶ συνδεδιέναι. Καὶ τοῦτο, ὦ θεοί, συνοικισμὸν 
ἐκάλουν, ᾧ θρῆνος ὁμοφύλων ἀνδρῶν ἐπῆν καὶ ἀνάστασις οὐδὲν 
ἀδικούντων.  
« Ἀλλ' ἐκεῖνοι μὲν ὑμᾶς ἐξεπίτηδες ἐχθροὺς ἐποίουν τοῖς 
ὁμοεθνέσιν ὑπὲρ τοῦ σφετέρου συμφέροντος· ἡμεῖς δέ, οὓς οἱ νῦν 
τῆς πατρίδος προστάται φασὶν ἐλέῳ περισῴζειν, τήν τε γῆν ὑμῖν 
τήνδε αὐτὴν ἐσαεὶ βεβαιοῦμεν καὶ βεβαιώσομεν καὶ μάρτυρα τὸν 
θεὸν τῶνδε ποιούμεθα. Καὶ ἔχετε καὶ ἕξετε, ἃ εἰλήφατε· καὶ οὐ μή 
τις ὑμᾶς ἀφέληται ταῦτα, οὐ Βροῦτος, οὐ Κάσσιος, οὐχ οἵδε πάντες, 
οἳ τῆς ὑμετέρας ἐλευθερίας προεκινδυνεύσαμεν. Ὃ δ' ἐν τῷ ἔργῳ 
μόνον ἐστὶν ἐπίμεμπτον, ἰασόμεθα ἡμεῖς, διαλλακτήριον ὑμῖν ἅμα 
ἐς τοὺς ὁμοεθνεῖς ἐσόμενον καὶ ἥδιστον ἤδη πυθομένοις. Οἷς τὴν 
τιμὴν τῆσδε τῆς γῆς τοῖς ἀφῃρημένοις ἡμεῖς ἐκ τῶν δημοσίων 
χρημάτων εὐθὺς ἐκ πρώτης ἀφορμῆς ἀποδώσομεν, ἵνα μὴ βέβαιον 
ἔχητε μόνον ὑμεῖς τὴν κληρουχίαν, ἀλλὰ καὶ ἄφθονον. » 
 | [2,141] « Ils vous ont distribué les possessions de vols ; 
compatriotes, de ceux qui vous ont confiés à César pour 
la guerre contre les Celtes, qui vous ont escortés à votre 
départ et ont fait bien des prières pour votre victoire ; et 
ils vous ont envoyés dans ces colonies en masse, 
regroupés comme vous l'étiez ; l'armée et sous les 
mêmes enseignes, pour que vous ne puissiez pas vivre 
en paix et sans craindre les représailles des spoliés : car 
un homme réduit à l'errance et privé de ses biens va être 
à l'affût et guetter l'occasion de vous prendre au piège. 
Et cela répond tout à fait aux intentions des tyrans, qui 
n'étaient pas de vous pourvoir d'une terre, qu'ils auraient 
pu, sans cela, vous procurer d'une autre manière, mais 
d'avoir en vous, toujours aux prises avec vos 
adversaires aux aguets, de sûrs gardiens d'un pouvoir 
dont ils vous font partager les injustices. La popularité 
des tyrans auprès de leurs hommes d'armes repose, en 
effet, sur le partage des crimes et des craintes. Et voilà, 
grands Dieux ! ce qu'on appelle colonisation, et 
qu'accompagnent les lamentations de nos compatriotes 
et le déplacement de populations innocentes. 
Mais tandis que ces individus font consciemment de 
vous des ennemis pour leurs concitoyens; dans leur 
intérêt personnel, nous, à qui les actuels dirigeants de 
notre pays prétendent ne laisser la vie que par 
clémence, nous vous garantissons présentement pour 
toujours la possession de cette même terre, nous vous la 
garantirons dans l'avenir, et nous en prenons les dieux à 
témoins. Vous êtes propriétaires et vous resterez 
propriétaires de ce que vous avez reçu. Et il n'y a pas de 
danger que vous en soyez dépouillés par Brutus ni par 
Cassius, ni par aucun de ceux qui ont risqué leur vie 
pour votre liberté. Quant au seul point blâmable de 
l'affaire, nous allons personnellement y porter un remède 
qui vous réconciliera en même temps avec vos 
concitoyens et les ravira dès qu'ils l'apprendront : nous 
leur rembourserons le prix de la terre dont ils ont été 
spoliés, sur le trésor public, dès la première occasion, 
pour vous assurer une colonie qui vous soit non 
seulement garantie, mais incontestée. »
 |  | [2,142] Τοιαῦτα τοῦ Βρούτου λέγοντος ἀκροώμενοί τε ἔτι πάντες καὶ 
διαλυόμενοι κατὰ σφᾶς ἐπῄνουν ὡς δικαιότατα, καὶ τοὺς ἄνδρας ὡς 
ἀκαταπλήκτους δὴ καὶ μάλιστα φιλοδήμους ἐν θαύματι ἐποιοῦντο, 
καὶ ἐς εὔνοιαν πρὸς αὐτοὺς μετετίθεντο καὶ ἐς τὴν ἐπιοῦσαν αὐτοῖς 
συμπράξειν ἔμελλον. Ἅμα δὲ ἡμέρᾳ οἱ μὲν ὕπατοι τὸ πλῆθος ἐς 
ἐκκλησίαν συνεκάλουν, καὶ ἀνεγινώσκετο αὐτοῖς τὰ δόξαντα, καὶ 
Κικέρων πολὺ τῆς ἀμνηστίας ἐγκώμιον ἐπέλεγεν· οἱ δὲ ἡδόμενοι 
κατεκάλουν ἐκ τοῦ ἱεροῦ τοὺς ἀμφὶ τὸν Κάσσιον. Καὶ οἵδε 
ἀναπέμπειν αὑτοῖς ἐν τοσῷδε ὅμηρα ἐκέλευον, καὶ ἀνεπέμποντο οἱ 
παῖδες Ἀντωνίου τε καὶ Λεπίδου. Ὀφθέντων δὲ τῶν ἀμφὶ τὸν 
Βροῦτον κρότος ἦν καὶ βοή, καὶ τῶν ὑπάτων εἰπεῖν τι βουλομένων 
οὐκ ἀνασχόμενοι δεξιώσασθαι αὐτοὺς καὶ συναλλαγῆναι πρότερον 
ἐκέλευον. Καὶ γίγνεται μὲν οὕτω, καὶ διεσείετο μάλιστα τοῖς 
ὑπάτοις ἡ γνώμη ὑπὸ δέους ἢ φθόνου, ὡς τῶν ἀνδρῶν καὶ τὰ ἄλλα 
αὑτοὺς ὑπεροισόντων ἐν τῇ πολιτείᾳ. 
 | [2,142] Tandis que Brutus tenait ces propos, tous ses 
auditeurs, en l'écoutant puis en se dispersant, 
approuvaient entre eux son extrême équité, et ils 
commençaient à admirer les meurtriers tant pour leur 
sang-froid que pour leur bienveillance particulière à 
l'égard de la plèbe ; concevant de la sympathie pour eux, 
ils se promettaient de les soutenir le lendemain. 
À l'aube les consuls convoquèrent le peuple à une 
assemblée, où furent lus les décrets du Sénats, et 
Cicéron prononça un long éloge de l'amnistie ; les 
auditeurs en furent ravis et invitèrent à descendre du 
temple Cassius et ses compagnons, qui exigèrent en 
contrepartie qu'on leur envoyât des otages ; et on leur 
envoya les enfants d'Antoine et de Lépide. La vue de 
Brutus et de ses compagnons déchaîna cris et 
applaudissements, et quand les consuls voulurent 
prendre la parole, l'assemblée ne le permit pas et leur 
enjoignit d'abord de serrer la main des meurtriers et de 
se réconcilier avec eux. Une fois la chose faite, les 
consuls sentirent leur réflexion ébranlée par la crainte et 
la jalousie, à l'idée que les meurtriers pourraient bien, à 
l'avenir aussi, prendre l'avantage sur eux dans la vie politique.
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