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[2,97] ᾿Εγένετο δὲ ἡ ἀρχὴ ἡ ᾿Οδρυσῶν μέγεθος ἐπὶ μὲν θάλασσαν
καθήκουσα ἀπὸ Ἀβδήρων πόλεως ἐς τὸν Εὔξεινον πόντον μέχρι ῎Ιστρου
ποταμοῦ· αὕτη περίπλους ἐστὶν ἡ γῆ τὰ ξυντομώτατα, ἢν αἰεὶ κατὰ πρύμναν
ἱστῆται τὸ πνεῦμα, νηὶ στρογγύλῃ τεσσάρων ἡμερῶν καὶ ἴσων νυκτῶν· ὁδῷ
δὲ τὰ ξυντομώτατα ἐξ Ἀβδήρων ἐς ῎Ιστρον ἀνὴρ εὔζωνος ἑνδεκαταῖος τελεῖ.
τὰ μὲν πρὸς θάλασσαν τοσαύτη ἦν, ἐς ἤπειρον δὲ ἀπὸ Βυζαντίου ἐς Λαιαίους
καὶ ἐπὶ τὸν Στρυμόνα (ταύτῃ γὰρ διὰ πλείστου ἀπὸ θαλάσσης ἄνω ἐγίγνετο)
ἡμερῶν ἀνδρὶ εὐζώνῳ τριῶν καὶ δέκα ἁνύσαι. φόρος τε ἐκ πάσης τῆς
βαρβάρου καὶ τῶν ῾Ελληνίδων πόλεων, ὅσον προσῆξαν ἐπὶ Σεύθου, ὃς
ὕστερον Σιτάλκου βασιλεύσας πλεῖστον δὴ ἐποίησε, τετρακοσίων ταλάντων
ἀργυρίου μάλιστα δύναμις, ἃ χρυσὸς καὶ ἄργυρος ᾔει· καὶ δῶρα οὐκ ἐλάσσω
τούτων χρυσοῦ τε καὶ ἀργύρου προσεφέρετο, χωρὶς δὲ ὅσα ὑφαντά τε καὶ
λεῖα καὶ ἡ ἄλλη κατασκευή, καὶ οὐ μόνον αὐτῷ, ἀλλὰ καὶ τοῖς
παραδυναστεύουσί τε καὶ γενναίοις ᾿Οδρυσῶν. κατεστήσαντο γὰρ
τοὐναντίον τῆς Περσῶν βασιλείας τὸν νόμον, ὄντα μὲν καὶ τοῖς ἄλλοις
Θρᾳξί, λαμβάνειν μᾶλλον ἢ διδόναι (καὶ αἴσχιον ἦν αἰτηθέντα μὴ δοῦναι ἢ
αἰτήσαντα μὴ τυχεῖν), ὅμως δὲ κατὰ τὸ δύνασθαι ἐπὶ πλέον αὐτῷ ἐχρήσαντο·
οὐ γὰρ ἦν πρᾶξαι οὐδὲν μὴ διδόντα δῶρα. ὥστε ἐπὶ μέγα ἡ βασιλεία ἦλθεν
ἰσχύος. τῶν γὰρ ἐν τῇ Εὐρώπῃ ὅσαι μεταξὺ τοῦ ᾿Ιονίου κόλπου καὶ τοῦ
Εὐξείνου πόντου μεγίστη ἐγένετο χρημάτων προσόδῳ καὶ τῇ ἄλλῃ
εὐδαιμονίᾳ, ἰσχύι δὲ μάχης καὶ στρατοῦ πλήθει πολὺ δευτέρα μετὰ τὴν
Σκυθῶν. ταύτῃ δὲ ἀδύνατα ἐξισοῦσθαι οὐχ ὅτι τὰ ἐν τῇ Εὐρώπῃ, ἀλλ' οὐδ' ἐν
τῇ Ἀσίᾳ ἔθνος ἓν πρὸς ἓν οὐκ ἔστιν ὅτι δυνατὸν Σκύθαις ὁμογνωμονοῦσι
πᾶσιν ἀντιστῆναι. οὐ μὴν οὐδ' ἐς τὴν ἄλλην εὐβουλίαν καὶ ξύνεσιν περὶ τῶν
παρόντων ἐς τὸν βίον ἄλλοις ὁμοιοῦνται.
| [2,97] XCVII. - Le royaume des Odryses s'étendait, sur le
rivage de la mer, de la ville d'Abdère au Pont-Euxin
jusqu'à l'embouchure de l'Istros. A prendre au plus
court et à condition d'avoir le vent en poupe, il faut à un
navire rond quatre jours et quatre nuits pour longer
cette côte. Par terre, en prenant au plus court, d'Abdère
à l'embouchure de l'Isiros, un bon marcheur fait le trajet
en onze jours. Telle est l'étendue de la côte. En
remontant de la côte à l'intérieur, de Byzance jusqu'au
pays des Laeees et jusqu'au Strymôn, c'est-à-dire dans
le sens de la plus grande largeur, un bon marcheur
accomplit le trajet en treize jours. Le tribut fourni par
tous les Barbares et les villes grecques, tel que l'a établi
Seuthès, successeur de Sitalkès, s'élevait en numéraire
à quatre cents talents tant en or qu'en argent. Les
présents en or et en argent n'étaient pas inférieurs à
cette somme, sans compter les étoffes brodées ou non et
les autres cadeaux. Ces présents étaient faits non
seulement au roi, mais aussi aux grands et aux nobles.
Contrairement à ce qui se passe dans le royaume de
Perse, c'est une coutume établie chez les Odryses,
comme chez les autres Thraces, que les grands reçoivent
plus qu'ils ne donnent. Il est plus déshonorant de
ne pas donner ce qu'on vous demande que de ne pas
obtenir ce que vous demandez. Chez les Odryses
néanmoins chacun selon son pouvoir use de cette
coutume ; il n'y a moyen de rien faire, si l'on n'apporte
pas de cadeau. C'est ainsi que cette royauté avait
augmenté si fort son pouvoir. De tous les peuples qui
habitent en Europe, entre le golfe Ionien et le Pont-
Euxin, c'est de beaucoup le plus puissant par ses
revenus et les biens de toutes sortes. Il est vrai que,
pour la puissance guerrière et le nombre des soldats, il
ne vient que loin après les Scythes. Sur ce point nul
peuple d'Europe ne peut leur être comparé ; même en
Asie, il n'est pas un peuple qui, isolément, soit en état
de résister à tous les Scythes réunis ; mais pour
l'habileté et la conduite à tenir dans les diverses
circonstances de la vie, ils sont loin d'être sur le même
pied que les autres peuples.
| [2,98] Σιτάλκης μὲν οὖν χώρας τοσαύτης βασιλεύων παρεσκευάζετο τὸν
στρατόν. καὶ ἐπειδὴ αὐτῷ ἑτοῖμα ἦν, ἄρας ἐπορεύετο ἐπὶ τὴν Μακεδονίαν
πρῶτον μὲν διὰ τῆς αὑτοῦ ἀρχῆς, ἔπειτα διὰ Κερκίνης ἐρήμου ὄρους, ὅ ἐστι
μεθόριον Σιντῶν καὶ Παιόνων· ἐπορεύετο δὲ δι' αὐτοῦ τῇ ὁδῷ ἣν πρότερον
αὐτὸς ἐποιήσατο τεμὼν τὴν ὕλην, ὅτε ἐπὶ Παίονας ἐστράτευσεν. τὸ δὲ ὄρος
ἐξ ᾿Οδρυσῶν διιόντες ἐν δεξιᾷ μὲν εἶχον Παίονας, ἐν ἀριστερᾷ δὲ Σιντοὺς καὶ
Μαιδούς. διελθόντες δὲ αὐτὸ ἀφίκοντο ἐς Δόβηρον τὴν Παιονικήν.
πορευομένῳ δὲ αὐτῷ ἀπεγίγνετο μὲν οὐδὲν τοῦ στρατοῦ εἰ μή τι νόσῳ,
προσεγίγνετο δέ· πολλοὶ γὰρ τῶν αὐτονόμων Θρᾳκῶν ἀπαράκλητοι ἐφ'
ἁρπαγὴν ἠκολούθουν, ὥστε τὸ πᾶν πλῆθος λέγεται οὐκ ἔλασσον πέντε καὶ
δέκα μυριάδων γενέσθαι· καὶ τούτου τὸ μὲν πλέον πεζὸν ἦν, τριτημόριον δὲ
μάλιστα ἱππικόν. τοῦ δ' ἱππικοῦ τὸ πλεῖστον αὐτοὶ ᾿Οδρύσαι παρείχοντο καὶ
μετ' αὐτοὺς Γέται. τοῦ δὲ πεζοῦ οἱ μαχαιροφόροι μαχιμώτατοι μὲν ἦσαν οἱ ἐκ
τῆς ῾Ροδόπης αὐτόνομοι καταβάντες, ὁ δὲ ἄλλος ὅμιλος ξύμμεικτος πλήθει
φοβερώτατος ἠκολούθει.
| [2,98] XCVIII. - Tel était l'immense empire que gouvernait
Sitalkès quand il prépara son expédition. Quand ses
troupes furent prêtes, il se mit en marche en direction
de la Macédoine. Il traversa d'abord son territoire, puis
franchit la Kerkinè, montagne déserte qui sert de
frontière aux Sintes et aux Paeoniens. Pour la passer, il
emprunta la route qu'il avait fait construire lui-même en
abattant la forêt, lors de son expédition contre les
Paeoniens. Venant du pays des Odryses, il avait, en
franchissant la montagne, à sa droite les Paeoniens, à
sa gauche les Sintes et les Maedes. Ses troupes
arrivèrent ensuite à Dobéros de Paeonie. Dans sa
marche il ne perdit que quelques hommes par suite de
maladie. Bien plus ses forces s'accrurent : les Thraces
indépendants le suivirent spontanément en grand
nombre, attirés par l'espoir du pillage. Aussi évalue-t-on
l'ensemble de son armée à cent cinquante mille hommes
au moins. Les fantassins en constituaient la plus grande
partie ; le tiers au plus était formé de cavaliers. Cette
cavalerie était fournie en majorité par les Odryses et
après eux par les Gètes. Parmi les fantassins, les plus
belliqueux étaient les montagnards indépendants armés
du coutelas qui étaient descendus du Rhodope. Suivait
une foule composite redoutable surtout par le nombre.
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