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| [2,59]  Μετὰ δὲ τὴν δευτέραν ἐσβολὴν τῶν Πελοποννησίων οἱ Ἀθηναῖοι, 
ὡς ἥ τε γῆ αὐτῶν ἐτέτμητο τὸ δεύτερον καὶ ἡ νόσος ἐπέκειτο ἅμα καὶ ὁ 
πόλεμος, ἠλλοίωντο τὰς γνώμας, καὶ τὸν μὲν Περικλέα ἐν αἰτίᾳ εἶχον ὡς 
πείσαντα σφᾶς πολεμεῖν καὶ δι' ἐκεῖνον ταῖς ξυμφοραῖς περιπεπτωκότες, 
πρὸς δὲ τοὺς Λακεδαιμονίους ὥρμηντο ξυγχωρεῖν· καὶ πρέσβεις τινὰς 
πέμψαντες ὡς αὐτοὺς ἄπρακτοι ἐγένοντο. πανταχόθεν τε τῇ γνώμῃ ἄποροι 
καθεστηκότες ἐνέκειντο τῷ Περικλεῖ. ὁ δὲ ὁρῶν αὐτοὺς πρὸς τὰ παρόντα 
χαλεπαίνοντας καὶ πάντα ποιοῦντας ἅπερ αὐτὸς ἤλπιζε, ξύλλογον ποιήσας 
(ἔτι δ' ἐστρατήγει) ἐβούλετο θαρσῦναί τε καὶ ἀπαγαγὼν τὸ ὀργιζόμενον τῆς 
γνώμης πρὸς τὸ ἠπιώτερον καὶ ἀδεέστερον καταστῆσαι· παρελθὼν δὲ ἔλεξε 
τοιάδε.
 | [2,59] LIX. - Après la seconde invasion des Péloponnésiens, les 
dispositions des Athéniens, dont le territoire était ravagé 
et qui souffraient de la peste en même temps que de la 
guerre, changèrent du tout au tout. Ils accusaient 
Périclès de les avoir poussés à la guerre et d'être 
responsable de leurs malheurs. Ils désiraient arriver à 
un accord avec les Lacédémoniens. Ils leur envoyèrent 
même des ambassadeurs, mais sans résultat. Dans leur 
détresse complète ils s'en prenaient à Périclès. Quand il 
les vit, poussés à bout par leurs maux, réaliser ses 
prévisions, il convoqua une assemblée extraordinaire, 
car il était encore stratège. Il voulut leur rendre courage, 
dissiper leur colère et incliner leurs esprits irrités à plus 
de bienveillance et de confiance. Il monta donc à la 
tribune et leur tint ce discours : 
 |  | [2,60]  'Καὶ προσδεχομένῳ μοι τὰ τῆς ὀργῆς ὑμῶν ἔς με γεγένηται 
(αἰσθάνομαι γὰρ τὰς αἰτίασ) καὶ ἐκκλησίαν τούτου ἕνεκα ξυνήγαγον, ὅπως 
ὑπομνήσω καὶ μέμψωμαι εἴ τι μὴ ὀρθῶς ἢ ἐμοὶ χαλεπαίνετε ἢ ταῖς ξυμφοραῖς 
εἴκετε. ἐγὼ γὰρ ἡγοῦμαι πόλιν πλείω ξύμπασαν ὀρθουμένην ὠφελεῖν τοὺς 
ἰδιώτας ἢ καθ' ἕκαστον τῶν πολιτῶν εὐπραγοῦσαν, ἁθρόαν δὲ σφαλλομένην. 
καλῶς μὲν γὰρ φερόμενος ἀνὴρ τὸ καθ' ἑαυτὸν διαφθειρομένης τῆς πατρίδος 
οὐδὲν ἧσσον ξυναπόλλυται, κακοτυχῶν δὲ ἐν εὐτυχούσῃ πολλῷ μᾶλλον 
διασῴζεται. ὁπότε οὖν πόλις μὲν τὰς ἰδίας ξυμφορὰς οἵα τε φέρειν, εἷς δ' 
ἕκαστος τὰς ἐκείνης ἀδύνατος, πῶς οὐ χρὴ πάντας ἀμύνειν αὐτῇ, καὶ μὴ ὃ 
νῦν ὑμεῖς δρᾶτε· ταῖς κατ' οἶκον κακοπραγίαις ἐκπεπληγμένοι τοῦ κοινοῦ τῆς 
σωτηρίας ἀφίεσθε, καὶ ἐμέ τε τὸν παραινέσαντα πολεμεῖν καὶ ὑμᾶς αὐτοὺς ο῏ 
ξυνέγνωτε δι' αἰτίας ἔχετε. καίτοι ἐμοὶ τοιούτῳ ἀνδρὶ ὀργίζεσθε ὃς οὐδενὸς 
ἥσσων οἴομαι εἶναι γνῶναί τε τὰ δέοντα καὶ ἑρμηνεῦσαι ταῦτα, φιλόπολίς τε 
καὶ χρημάτων κρείσσων. ὅ τε γὰρ γνοὺς καὶ μὴ σαφῶς διδάξας ἐν ἴσῳ καὶ εἰ 
μὴ ἐνεθυμήθη· ὅ τε ἔχων ἀμφότερα, τῇ δὲ πόλει δύσνους, οὐκ ἂν ὁμοίως τι 
οἰκείως φράζοι· προσόντος δὲ καὶ τοῦδε, χρήμασι δὲ νικωμένου, τὰ ξύμπαντα 
τούτου ἑνὸς ἂν πωλοῖτο. ὥστ' εἴ μοι καὶ μέσως ἡγούμενοι μᾶλλον ἑτέρων 
προσεῖναι αὐτὰ πολεμεῖν ἐπείσθητε, οὐκ ἂν εἰκότως νῦν τοῦ γε ἀδικεῖν 
αἰτίαν φεροίμην.
 | [2,60] LX. - "Je m'attendais bien à voir votre colère se 
manifester contre moi ; j 'en connais les raisons. Aussi 
ai-je convoqué cette assemblée ici pour faire appel à vos 
souvenirs et vous adresser des reproches, si votre 
irritation à mon égard ne repose sur rien et si vous 
perdez courage dans l'adversité. Mon opinion est qu'il 
vaut mieux pour les individus voir un État florissant 
dans son ensemble, qu'un État qui dépérit alors que les 
particuliers prospèrent. Car un homme dont les affaires 
réussissent, alors que sa patrie est menacée, n'en est 
pas moins condamné à périr avec elle ; tandis que, s'il 
éprouve l'infortune au milieu de la fortune commune, il 
a beaucoup plus de chances de salut. Puisqu'une cité 
peut supporter les malheurs de ses membres, tandis 
que chacun d'eux est incapable de supporter les 
malheurs de la communauté, comment refuser de nous 
assembler pour sa défense ? Ne vous laissez pas 
ébranler, comme vous le faites maintenant, par vos 
malheurs individuels, n'abandonnez pas la défense 
commune et ne m'accusez pas de vous avoir conseillé la 
guerre, puisque vous m'avez donné votre approbation. 
Néanmoins c'est ce que vous faites ; vous vous irritez 
contre moi qui ne suis pourtant inférieur à nul autre, 
quand il s'agit de distinguer l'intérêt public et d'exprimer 
sa pensée par la parole, contre moi qui suis dévoué à la 
cité et inaccessible à la corruption. Discerner l'intérêt 
public, mais ne pas le faire voir nettement à ses 
concitoyens, c'est exactement comme si l'on n'y avait 
pas réfléchi. Qu'on ait ces deux talents et que l'on soit 
malintentionné pour la patrie, c'est être condamné à ne 
donner aucun conseil utile à l'Etat. Qu'on ait l'amour de 
la patrie, mais qu'on soit accessible à la corruption, l'on 
est capable de tout vendre à prix d'argent. Si vous avez 
admis que j'avais, ne fût-ce que modérément et plus que 
d'autres, ces différentes qualités et si en conséquence 
vous avez suivi mes conseils pour la guerre, vous auriez 
tort de m'en faire un crime maintenant. 
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