HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur Isis et Osiris

Chapitre 57-58

  Chapitre 57-58

[57] Δόξειε δ´ ἂν ἴσως καὶ Ἡσίοδος τὰ πρῶτα πάντων Χάος καὶ Γῆν καὶ Τάρταρον καὶ Ἔρωτα ποιῶν οὐχ ἑτέρας λαμβάνειν ἀρχάς, ἀλλὰ ταύτας· εἴ γε δὴ τῶν ὀνομάτων τῇ μὲν Ἴσιδι τὸ τῆς Γῆς, τῷ δ´ Ὀσίριδι τὸ τοῦ Ἔρωτος, τῷ δὲ Τυφῶνι τὸ τοῦ Ταρτάρου μεταλαμβάνοντές πως ἀποδίδομεν· τὸ γὰρ Χάος δοκεῖ χώραν τινὰ καὶ τόπον τοῦ παντὸς ὑποτίθεσθαι. προσκαλεῖται δὲ καὶ τὸν Πλάτωνος ἁμωσγέπως τὰ πράγματα μῦθον, ὃν Σωκράτης ἐν Συμποσίῳ περὶ τῆς τοῦ Ἔρωτος γενέσεως διῆλθε, τὴν Πενίαν λέγων τέκνων δεομένην τῷ Πόρῳ καθεύδοντι παρακλιθῆναι καὶ κυήσασαν ἐξ αὐτοῦ τεκεῖν τὸν Ἔρωτα φύσει μικτὸν ὄντα καὶ παντοδαπόν, ἅτε δὴ πατρὸς μὲν ἀγαθοῦ καὶ σοφοῦ καὶ πᾶσιν αὐτάρκους, μητρὸς δ´ ἀμηχάνου καὶ ἀπόρου καὶ δι´ ἔνδειαν ἀεὶ γλιχομένης ἑτέρου καὶ περὶ ἕτερον λιπαρούσης γεγενημένον. γὰρ Πόρος οὐχ ἕτερός ἐστι τοῦ πρώτως ἐρατοῦ καὶ ἐφετοῦ καὶ τελείου καὶ αὐτάρκους· Πενίαν δὲ τὴν ὕλην προσεῖπεν ἐνδεᾶ μὲν οὖσαν αὐτὴν καθ´ ἑαυτὴν τοῦ ἀγαθοῦ, πληρουμένην δ´ ὑπ´ αὐτοῦ καὶ ποθοῦσαν ἀεὶ καὶ μεταλαμβάνουσαν. δὲ γενόμενος ἐκ τούτων κόσμος καὶ Ὧρος οὐκ ἀίδιος οὐδ´ ἀπαθὴς οὐδ´ ἄφθαρτος, ἀλλ´ ἀειγενὴς ὢν μηχανᾶται ταῖς τῶν παθῶν μεταβολαῖς καὶ περιόδοις ἀεὶ νέος καὶ μηδέποτε φθαρησόμενος διαμένειν. [57] Il peut se faire qu'Hésiode ne suppose pas d'autres principes que ceux-là, lorsqu'il donne pour créateurs de toutes choses le Chaos, la Terre, le Tartare et l'Amour, si toutefois nous substituons et attribuons, d'après cette donnée, le nom d'Isis à la Terre, d'Osiris à l'Amour, de Typhon au Tartare. Pour le Chaos, il semble qu'Hésiode ait voulu désigner par là quelque place et quelque endroit de l'univers. Le sujet même rappelle jusqu'à un certain point ici la fable que Socrate, dans le Banquet, raconte sur la naissance de l'Amour. La Pauvreté, dit Socrate, voulant avoir des enfants, vint se coucher près du Dieu de l'abondance pendant qu'il dormait. Des œuvres de ce dieu elle devint enceinte, et mit au monde l'Amour, dont la nature est mixte et multiple, attendu qu'il est né d'un père honnête, habile et sachant se suffire en tout, tandis que sa mère manque d'expédients, de ressources, et que dans son dénûment elle éprouve toujours le besoin de s'attacher avec obstination à quelque protecteur. En effet le Dieu de l'abondance n'est autre chose que le premier bien digne d'être aimé et recherché, le premier bien qui soit parfait et se suffise à lui-même. Par la Pauvreté, Socrate désigne la matière, qui de sa nature éprouve particulièrement le besoin du bien, et qui lors même qu'elle en a été fécondée, en désire toujours et en reçoit les influences. L'être né de ces deux principes, à savoir le monde ou Horus, n'est ni éternel, ni exempt d'affections, ni incorruptible; mais il renaît toujours; et grâce aux changements d'état, aux révolutions par lesquelles il passe, il est constamment jeune, et ne risque jamais d'être anéanti.
[58] Χρηστέον δὲ τοῖς μύθοις οὐχ ὡς λόγοις πάμπαν οὖσιν, ἀλλὰ τὸ πρόσφορον ἑκάστου {τὸ} κατὰ τὴν ὁμοιότητα λαμβάνοντας. ὅταν οὖν ὕλην λέγωμεν, οὐ δεῖ πρὸς ἐνίων φιλοσόφων δόξας ἀποφερομένους ἄψυχόν τι σῶμα καὶ ἄποιον ἀργόν τε καὶ ἄπρακτον ἐξ ἑαυτοῦ διανοεῖσθαι· καὶ γὰρ ἔλαιον ὕλην μύρου καλοῦμεν καὶ χρυσὸν ἀγάλματος, οὐκ ὄντα πάσης ἔρημα ποιότητος· αὐτήν τε τὴν ψυχὴν καὶ τὴν διάνοιαν τοῦ ἀνθρώπου ὡς ὕλην ἐπιστήμης καὶ ἀρετῆς τῷ λόγῳ κοσμεῖν καὶ ῥυθμίζειν παρέχομεν, τόν τε νοῦν ἔνιοι τόπον εἰδῶν ἀπεφήναντο καὶ τῶν νοητῶν οἷον ἐκμαγεῖον. ἔνιοι δὲ καὶ τὸ σπέρμα τῆς γυναικὸς οὐ δύναμιν οὐδ´ ἀρχήν, ὕλην δὲ καὶ τροφὴν γενέσεως εἶναι δοξάζουσιν· ὧν ἐχομένους χρὴ καὶ τὴν θεὸν ταύτην οὕτω διανοεῖσθαι τοῦ πρώτου θεοῦ μεταλαγχάνουσαν ἀεὶ καὶ συνοῦσαν ἔρωτι τῶν περὶ ἐκεῖνον ἀγαθῶν καὶ καλῶν οὐχ ὑπεναντίαν, | ἀλλ´ ὥσπερ ἄνδρα νόμιμον καὶ δίκαιον ἐρᾶν, ἂν δικαίως συνῇ, καὶ γυναῖκα χρηστὴν ἔχουσαν ἄνδρα καὶ συνοῦσαν ὅμως ποθεῖν λέγομεν, οὕτως ἀεὶ γλιχομένην ἐκείνου καὶ περὶ ἐκεῖνον λιπαροῦσαν καὶ ἀναπιμπλαμένην τοῖς κυριωτάτοις μέρεσι καὶ καθαρωτάτοις· [58] Au reste il faut faire usage de ces fables, non pas pour y voir des enseignements qui aient toute la portée nécessaire, mais pour prendre dans chacune d'elles les traits de ressemblance qui se concilient avec notre sujet. Lors donc que nous parlons de la matière, il ne faut pas, conformément à l'opinion de certains philosophes, nous figurer un corps privé d'âme, incapable de rien produire, sans mouvement et sans activité propre. En effet, nous disons de l'huile que c'est une matière de parfum, de l'or que c'est une matière de statues ; mais ni l'huile ni l'or ne sont dépourvus de toute qualité. L'âme et l'entendement chez l'homme sont en quelque sorte matières de science et de vertu : nous les confions à la raison, pour que celle-ci les façonne et les dirige ; et quelques philosophes ont déclaré que l'âme est le siége des idées, et pour ainsi dire le moule des choses intelligibles. Il y en a même qui croient que le sperme chez la femme n'a aucune puissance, aucune propriété fécondante, et qu'il ne sert que de matière et d'aliment au foetus. Ceux qui adoptent cette opinion doivent aussi penser que la déesse Isis, s'unissant d'un commerce continuel avec le Dieu suprême, et étant pénétrée d'amour pour tant d'excellence et de perfection, est loin de lui manifester jamais la moindre résistance. Leurs rapports sont ceux d'un époux légitime et consciencieux qui aime sa moitié, et d'une femme honnête qui, lors même qu'elle jouit toujours de son époux, ne laisse pas que d'être amoureuse de lui. Ainsi la Déesse recherche constamment son divin époux, se rapproche de lui, et se remplit des plus parfaites, des plus pures essences qu'il laisse émaner.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006