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[59] ὅπου δ´ ὁ Τυφὼν παρεμπίπτει τῶν ἐσχάτων ἁπτόμενος, ἐνταῦθα
δοκοῦσαν ἐπισκυθρωπάζειν καὶ πενθεῖν λεγομένην καὶ λείψαν´ ἄττα
καὶ σπαράγματα τοῦ Ὀσίριδος ἀναζητεῖν καὶ στολίζειν ὑποδεχομένην
τὰ φθειρόμενα καὶ ἀποκρύπτουσαν, οἷσπερ
ἀναφαίνει πάλιν τὰ γινόμενα καὶ ἀνίησιν ἐξ ἑαυτῆς. οἱ
μὲν γὰρ ἐν οὐρανῷ καὶ ἄστροις λόγοι καὶ εἴδη καὶ ἀπορροαὶ
τοῦ θεοῦ μένουσι, τὰ δ´ ἐν τοῖς παθητικοῖς διεσπαρμένα,
γῇ καὶ θαλάττῃ καὶ φυτοῖς καὶ ζῴοις, διαλυόμενα
καὶ φθειρόμενα καὶ θαπτόμενα {καὶ} πολλάκις
αὖθις ἐκλάμπει καὶ ἀναφαίνεται ταῖς γενέσεσι. διὸ τὸν
Τυφῶνα τῇ Νέφθυι συνοικεῖν φησιν ὁ μῦθος, τὸν δ´
Ὄσιριν κρύφα συγγενέσθαι· τὰ γὰρ ἔσχατα μέρη τῆς
ὕλης, ἃ Νέφθυν καὶ Τελευτὴν καλοῦσιν, ἡ φθαρτικὴ
μάλιστα κατέχει δύναμις· ἡ δὲ γόνιμος καὶ σωτήριος
ἀσθενὲς σπέρμα καὶ ἀμαυρὸν εἰς ταῦτα διαδίδωσιν
ἀπολλύμενον ὑπὸ τοῦ Τυφῶνος, πλὴν ὅσον ἡ
Ἶσις ὑπολαμβάνουσα σῴζει καὶ τρέφει καὶ συνίστησι·
| [59] Mais lorsque Typhon vient à s'emparer brusquement
des extrémités de la matière, alors on dit qu'Isis paraît en
proie à la plus sombre affliction. Elle cherche les restes,
les moindres lambeaux d'Osiris; elle les recueille dans les
plis de sa robe. C'est ainsi qu'elle reçoit et qu'elle cache les
substances périssables, pour les faire sortir de nouveau
par une seconde naissance et les reproduire de son sein.
Car les raisons, les images, les émanations de la Divinité
qui brillent au ciel et dans les astres conservent un état
permanent ; mais il y en a d'autres qui sont disséminées
dans les parties de la matière soumise à des modifications,
à savoir sur la terre, dans la mer, dans les plantes, dans
les animaux. Toutes celles-là se décomposent, s'anéantissent,
s'ensevelissent, pour reparaître souvent de nouveau
et se montrer au jour, grâce à une seconde naissance. C'est
pour cela que la fable dit que Typhon se rapprocha de Nephthys,
et qu'Osiris eut également avec celle-ci un commerce
secret : car les dernières parties de la matière que les Égyptiens
appellent Nephthys et Teleuté, sont plus que les autres
dominées par le principe destructeur. Mais le principe qui
engendre et conserve ne répand sur ces parties qu'un
germe faible et languissant, neutralisé par Typhon. Les
portions que recueillit Isis sont les seules qui soient conservées,
parce qu'elle les nourrit et leur donne de la consistance.
| [60] καθόλου δ´ ἀμείνων οὗτός ἐστιν, ὥσπερ καὶ
Πλάτων ὑπονοεῖ καὶ Ἀριστοτέλης. κινεῖται δὲ τῆς φύσεως
τὸ μὲν γόνιμον καὶ σωτήριον ἐπ´ αὐτὸν καὶ πρὸς τὸ
εἶναι, τὸ δ´ ἀναιρετικὸν καὶ φθαρτικὸν ἀπ´ αὐτοῦ καὶ
πρὸς τὸ μὴ εἶναι. διὸ τὸ μὲν Ἶσιν καλοῦσι παρὰ τὸ
ἵεσθαι μετ´ ἐπιστήμης καὶ φέρεσθαι, κίνησιν οὖσαν
ἔμψυχον καὶ φρόνιμον· οὐ γάρ ἐστι τοὔνομα βαρβαρικόν,
ἀλλ´ ὥσπερ τοῖς θεοῖς πᾶσιν ἀπὸ δυεῖν ῥημάτων τοῦ
θεατοῦ καὶ τοῦ θέοντος ἔστιν ὄνομα κοινόν, οὕτω τὴν
θεὸν ταύτην ἀπὸ τῆς ἐπιστήμης ἅμα καὶ τῆς κινήσεως
Ἶσιν μὲν ἡμεῖς, Ἶσιν δ´ Αἰγύπτιοι καλοῦσιν. οὕτω δὲ
καὶ Πλάτων φησὶ τὴν οὐσίαν δηλοῦν{τος}
τοὺς παλαιούς ’ἰσίαν‘ καλοῦντας· οὕτω καὶ τὴν νόησιν
καὶ τὴν φρόνησιν, ὡς νοῦ φορὰν καὶ κίνησιν οὖσαν
ἱεμένου καὶ φερομένου, καὶ τὸ συνιέναι καὶ τἀγαθὸν
ὅλως καὶ ἀρετὴν ἐπὶ τοῖς εὐροοῦσι καὶ θέουσι θέσθαι·
καθάπερ αὖ πάλιν τοῖς ἀντιφωνοῦσιν ὀνόμασι λοιδορεῖσθαι
τὸ κακόν, τὸ τὴν φύσιν ἐμποδίζον καὶ συνδέον καὶ
ἴσχον καὶ κωλῦον ἵεσθαι καὶ ἰέναι κακίαν ἀπορίαν δειλίαν
ἀνίαν προσαγορεύοντας.
| [60] Mais en général le mieux est de penser, comme Platon
et Aristote, que vers Horus tend la faculté génératrice
et conservatrice, pour assurer l'existence des êtres, tandis
que la faculté qui corrompt et détruit est repoussée par ce
même Horus pour rentrer dans le néant. Le nom d'Isis est
donc donné à la Déesse, à cause du mot "iesthai" (s'avancer),
parce qu'elle procède et agit avec science, parce qu'elle
représente un mouvement animé et dirigé par la réflexion.
Ce n'est pas un nom d'origine barbare ; mais de même que
l'appellation commune à tous les dieux, "théos", a été
formé des deux mots "théasthai," « regarder » et "thés",
« courir : » de même le nom de la déesse est composé des deux
mots « science et mouvement » ; et chez nous, comme chez
les Égyptiens, elle est appelée Isis. Platon dit encore que
pour désigner la substance ("ousia"), les anciens se servaient
du mot « Isia », et que les mots "noésis" « intelligence », "phronêsis"
« prudence », composés de "nous" « intelligence », de "phora" « élan »
et de "kinêsis" mouvement, indiquent que ces facultés sont produites
par l'élan, le mouvement, l'essor de l'âme ; qu'enfin les mots
"synienai" « comprendre », "to agathon" « le bien », "arétê" « vertu »,
viennent des mots "ienai" « aller », "thêo" « courir », "rhéô",
«couler»; et que, réciproquement, les mots contraires désignent,
avec un sens injurieux, le mal qui arrête la nature,
qui l'entrave, l'enchaîne et l'empêche de s'élancer et de
marcher : ce sont les mots "Kakia" «vice »; "aporia" « indigence»;
"deilia" « lâcheté » ; "ania" « découragement, douleur ».
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