HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur Isis et Osiris

Chapitre 47-48

  Chapitre 47-48

[47] οὐ μὴν ἀλλὰ κἀκεῖνοι πολλὰ μυθώδη περὶ τῶν θεῶν λέγουσιν, οἷα καὶ ταῦτ´ ἐστίν. μὲν Ὡρομάζης ἐκ τοῦ καθαρωτάτου φάους δ´ Ἀρειμάνιος ἐκ τοῦ ζόφου γεγονὼς πολεμοῦσιν ἀλλήλοις· καὶ μὲν ἓξ θεοὺς ἐποίησε, | τὸν μὲν πρῶτον εὐνοίας, τὸν δὲ δεύτερον ἀληθείας, τὸν δὲ τρίτον εὐνομίας, τῶν δὲ λοιπῶν τὸν μὲν σοφίας, τὸν δὲ πλούτου, τὸν δὲ τῶν ἐπὶ τοῖς καλοῖς ἡδέων δημιουργόν· δὲ τούτοις ὥσπερ ἀντιτέχνους ἴσους τὸν ἀριθμόν. εἶθ´ μὲν Ὡρομάζης τρὶς ἑαυτὸν αὐξήσας ἀπέστη τοῦ ἡλίου τοσοῦτον, ὅσον ἥλιος τῆς γῆς ἀφέστηκε, καὶ τὸν οὐρανὸν ἄστροις ἐκόσμησεν· ἕνα δ´ ἀστέρα πρὸ πάντων οἷον φύλακα καὶ προόπτην ἐγκατέστησε τὸν σείριον. ἄλλους δὲ ποιήσας τέσσαρας καὶ εἴκοσι θεοὺς εἰς ᾠὸν ἔθηκεν. οἱ δ´ ἀπὸ τοῦ Ἀρειμανίου γενόμενοι καὶ αὐτοὶ τοσοῦτοι διατρήσαντες τὸ ᾠὸν γαν, ὅθεν ἀναμέμικται τὰ κακὰ τοῖς ἀγαθοῖς. ἔπεισι δὲ χρόνος εἱμαρμένος, ἐν τὸν Ἀρειμάνιον λοιμὸν ἐπάγοντα καὶ λιμὸν ὑπὸ τούτων ἀνάγκη φθαρῆναι παντάπασι καὶ ἀφανισθῆναι, τῆς δὲ γῆς ἐπιπέδου καὶ ὁμαλῆς γενομένης ἕνα βίον καὶ μίαν πολιτείαν ἀνθρώπων μακαρίων καὶ ὁμογλώσσων ἁπάντων γενέσθαι. Θεόπομπος δέ φησι κατὰ τοὺς μάγους ἀνὰ μέρος τρισχίλια ἔτη τὸν μὲν κρατεῖν τὸν δὲ κρατεῖσθαι τῶν θεῶν, ἄλλα δὲ τρισχίλια μάχεσθαι καὶ πολεμεῖν καὶ ἀναλύειν τὰ τοῦ ἑτέρου τὸν ἕτερον, τέλος δ´ ἀπολείπεσθαι τὸν Ἅιδην· καὶ τοὺς μὲν ἀνθρώπους εὐδαίμονας ἔσεσθαι μήτε τροφῆς δεομένους μήτε σκιὰν ποιοῦντας, τὸν δὲ ταῦτα μηχανησάμενον θεὸν ἠρεμεῖν καὶ ἀναπαύεσθαι χρόνον {καλῶς} μὲν οὐ πολύν {τῷ θεῷ}, ὥσπερ ἀνθρώπῳ κοιμωμένῳ μέτριον. μὲν οὖν μάγων μυθολογία τοιοῦτον ἔχει τρόπον· [47] Du reste, eux aussi débitent beaucoup de fables sur les Dieux. En voici une entr'autres. Oromase né de la plus pure lumière, et Arimane né des ténèbres sont en guerre l'un contre l'autre. Oromase a produit six dieux, dont le premier est celui de la bienveillance; le deuxième, celui de la vérité ; le troisième, de la légalité ; le quatrième, de la sagesse ; le cinquième, de la richesse ; enfin le sixième est le dieu qui a le privilége de créer les jouissances attachées aux bonnes actions. Arimane en a produit un nombre égal, comme destinés à être leurs antagonistes. Ensuite Oromase, s'étant donné à lui-même un accroissement triple, est allé se mettre à une distance aussi grande du soleil que celle qui sépare cet astre de la terre, et il a orné le ciel de constellations; mais il a donné à une d'elles la prééminence sur toutes les autres, la constituant comme leur gardienne et leur inspectrice : c'est Sirius. Il a fait encore vingt-quatre autres dieux, et il les a placés dans un oeuf. Mais ceux qu'Arimane créa à son tour, et qui étaient pareillement au nombre de vingt-quatre, percèrent l'oeuf : par suite de quoi s'opéra le mélange des maux avec les biens. Un temps viendra, et il est déterminé, où Arimane, disent-ils, introduisant la peste et la famine, périra entièrement de toute nécessité, et disparaîtra par suite du ravage que ces fléaux exerceront. La terre ne sera plus qu'une vaste surface plane ; il n'y aura plus qu'une seule vie, qu'une seule forme de gouvernement; tous les hommes jouiront d'un bonheur parfait, et parleront la même langue. Théopompe dit, d'après les Mages, que durant trois mille ans l'un et l'autre de ces dieux est tour à tour dominateur et dominé ; que durant trois autres mille ans, ils combattront et feront la guerre l'un contre l'autre, détruisant mutuellement, leurs ouvrages respectifs. A la fin c'est Hadès qui aura le dessous : les hommes seront en possession du bonheur; ils n'auront pas besoin de nourriture, et ne projetteront point d'ombre. Le dieu qui aura produit de tels effets se reposera, et cessera d'agir pendant un laps de temps qui serait considérable, s'il s'agissait du sommeil d'un homme, mais qui pour un dieu n'est que médiocrement long. Voilà un aperçu de la mythologie des Mages.
[48] Χαλδαῖοι δὲ τῶν πλανήτων, οὓς θεοὺς γενεθλίους καλοῦσι, δύο μὲν ἀγαθουργούς, δύο δὲ κακοποιούς, μέσους δὲ τοὺς τρεῖς ἀποφαίνουσι καὶ κοινούς. τὰ δ´ Ἑλλήνων πᾶσί που δῆλα, τὴν μὲν ἀγαθὴν Διὸς Ὀλυμπίου μερίδα, τὴν δ´ ἀποτρόπαιον Ἅιδου ποιουμένων, ἐκ δ´ Ἀφροδίτης καὶ Ἄρεος Ἁρμονίαν γεγονέναι μυθολογούντων, ὧν μὲν ἀπηνὴς καὶ φιλόνεικος, δὲ μειλίχιος καὶ γενέθλιος. σκόπει δὲ τοὺς φιλοσόφους τούτοις συμφερομένους. Ἡράκλειτος μὲν γὰρ ἄντικρυςπόλεμονὀνομάζειπατέρα καὶ βασιλέα καὶ κύριον πάντων‘, καὶ τὸν μὲν Ὅμηρον εὐχόμενονἔκ τε θεῶν ἔριν ἔκ τ´ ἀνθρώπων ἀπολέσθαι‘ ’λανθάνεινφησίτῇ πάντων γενέσει καταρώμενον ἐκ μάχης καὶ ἀντιπαθείας τὴν γένεσιν ἐχόντων, ἥλιον δὲ μὴ ὑπερβήσεσθαι τοὺς προσήκοντας ὅρους· εἰ δὲ μή, Κλῶθάς μιν Δίκης ἐπικούρους ἐξευρήσειν‘. Ἐμπεδοκλῆς δὲ τὴν μὲν ἀγαθουργὸν ἀρχήνΦιλότητακαὶΦιλίανπολλάκις, ἔτι δ´Ἁρμονίανκαλεῖθεμερῶπιν‘, τὴν δὲ χείροναΝεῖκος οὐλόμενονκαὶΔῆριν αἱματόεσσαν‘. καὶ οἱ μὲν Πυθαγορικοὶ διὰ πλειόνων ὀνομάτων κατηγοροῦσι τοῦ μὲν ἀγαθοῦ τὸ ἓν τὸ πεπερασμένον τὸ μένον τὸ εὐθὺ τὸ περισσὸν τὸ τετράγωνον τὸ ἴσον τὸ δεξιὸν τὸ λαμπρόν, τοῦ δὲ κακοῦ τὴν δυάδα τὸ ἄπειρον τὸ φερόμενον τὸ καμπύλον τὸ ἄρτιον τὸ ἑτερόμηκες τὸ ἄνισον τὸ ἀριστερὸν τὸ σκοτεινόν, ὡς ταύτας ἀρχὰς γενέσεως ὑποκειμένας· Ἀναξαγόρας δὲ νοῦν καὶ ἄπειρον, Ἀριστοτέλης δὲ τὸ μὲν εἶδος τὸ δὲ στέρησιν, Πλάτων δὲ πολλαχοῦ μὲν οἷον ἐπηλυγαζόμενος καὶ παρακαλυπτόμενος τῶν ἐναντίων ἀρχῶν τὴν μὲν ταὐτὸν ὀνομάζει, τὴν δὲ θάτερον· ἐν δὲ τοῖς Νόμοις ἤδη πρεσβύτερος ὢν οὐ δι´ αἰνιγμῶν οὐδὲ συμβολικῶς, ἀλλὰ κυρίοις ὀνόμασιν οὐ μιᾷ ψυχῇ φησι κινεῖσθαι τὸν κόσμον, ἀλλὰ πλείοσιν ἴσως δυεῖν δὲ πάντως οὐκ ἐλάττοσιν· ὧν τὴν μὲν ἀγαθουργὸν εἶναι, τὴν δ´ ἐναντίαν ταύτῃ καὶ τῶν ἐναντίων δημιουργόν· ἀπολείπει δὲ καὶ τρίτην τινὰ μεταξὺ φύσιν οὐκ ἄψυχον οὐδ´ ἄλογον οὐδ´ ἀκίνητον ἐξ αὑτῆς, ὥσπερ ἔνιοι νομίζουσιν, ἀλλ´ ἀνακειμένην ἀμφοῖν ἐκείναις, | ἐφιεμένην δὲ τῆς ἀμείνονος ἀεὶ καὶ ποθοῦσαν καὶ διώκουσαν, ὡς τὰ ἐπιόντα δηλώσει τοῦ λόγου τὴν Αἰγυπτίων θεολογίαν μάλιστα ταύτῃ τῇ φιλοσοφίᾳ συνοικειοῦντος. [48] Les Chaldéens pensent que les planètes ont des dieux, parmi lesquels ils en désignent deux comme bienfaisants, deux comme malfaisants; les trois autres sont intermédiaires et participent de l'une et de l'autre disposition. Pour la doctrine des Grecs elle est à peu près connue de tout le monde : ils donnent à Jupiter Olympien le rôle de bienfaiteur. Hadès, au contraire, est une divinité dont il faut redouter l'influence. Ils disent dans leurs fables que de Vénus et de Mars est née la déesse Harmonie, Mars étant cruel et querelleur, Vénus, étant douce et féconde. Voyez comme les philosophes se conforment à ces traditions. Héraclite dit ouvertement de la guerre, que c'est la mère, la reine, la souveraine de tout; et que quand Homère souhaite de voir "De la terre et des cieux la Discorde bannie", ce poète ne se rappelle plus que c'est là une imprécation dirigée contre l'ensemble de tous les êtres existants, puisqu'ils sont le produit d'une lutte et d'une opposition. Héraclite ajoute, que le soleil ne franchira jamais les limites qui lui sont assignées; que, sinon, il trouverait des furies vengeresses disposées à faciliter la punition de sa désobéissance. Empédocle donne au principe qui produit le bien le nom d'amour et d'amitié : souvent encore il l'appelle "harmonie grave" ; et le principe pire, il le nomme "Rixe féconde en maux, et discorde sanglante". Les Pythagoriciens procèdent en employant un plus grand nombre de dénominations. Le principe du bien, ils l'appellent l'unité, le fini, le stable, le direct, l'impair, le carré, l'égal, le côté droit, le lumineux. Le principe du mal, c'est la dyade, l'infini, le mû, le courbe, le pair, l'oblong, l'inégal, le gauche, le ténébreux : de façon que ce soient là tous les principes de naissance. Anaxagore ne reconnaît que l'intelligence et l'infini; Aristote, que la forme et la privation. Platon, qui souvent parle en quelque sorte d'une manière énigmatique et voilée, donne à ces deux principes contraires le nom de « toujours le même » et de "tantôt l'un tantôt l'autre". Mais dans ses Lois, ouvrage écrit par lui dans un àge plus avancé, il renonce à l'énigme et à l'allégorie pour employer les mots propres; et il dit, que le monde n'est pas dirigé par une seule âme, qu'il en a peut-être un grand nombre, et à coup sûr deux pour le moins, dont l'une crée le bien, et dont l'autre, lui étant opposée, produit aussi des effets opposés. Il laisse encore une troisième nature intermédiaire, qui n'est privée ni d'âme, ni de raison, ni d'un mouvement à elle propre, comme quelques-uns l'ont pensé, mais qui est soumise aux deux autres principes dont nous avons parlé. Seulement cette nature se porte toujours vers le meilleur d'entre eux : elle y aspire, elle le poursuit. C'est ce que montrera la suite de notre discours, où nous ferons concorder spécialement la théologie égyptienne avec cette philosophie.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006