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[29] Οὐ γὰρ ἄξιον προσέχειν τοῖς Φρυγίοις γράμμασιν, ἐν
οἷς λέγεται χαροπῶς τοὺς μὲν τοῦ Ἡρακλέους γενέσθαι
θυγάτηρ, ἰσαιακοῦ δὲ τοῦ Ἡρακλέους ὁ Τυφών, οὐδὲ
Φυλάρχου μὴ καταφρονεῖν γράφοντος,
ὅτι πρῶτος εἰς Αἴγυπτον ἐξ Ἰνδῶν Διόνυσος ἤγαγε δύο
βοῦς, ὧν ἦν τῷ μὲν Ἆπις ὄνομα τῷ δ´ Ὄσιρις· Σάραπις
δ´ ὄνομα τοῦ τὸ πᾶν κοσμοῦντός ἐστι παρὰ τὸ σαίρειν,
ὃ καλλύνειν τινὲς καὶ κοσμεῖν λέγουσιν. ἄτοπα
γὰρ ταῦτα τοῦ Φυλάρχου, πολλῷ δ´ ἀτοπώτερα τὰ
τῶν λεγόντων οὐκ εἶναι θεὸν τὸν Σάραπιν, ἀλλὰ τὴν
Ἄπιδος σορὸν οὕτως ὀνομάζεσθαι, καὶ χαλκᾶς τινας ἐν
Μέμφει πύλας λήθης καὶ κωκυτοῦ προσαγορευομένας,
ὅταν θάπτωσι τὸν Ἆπιν, ἀνοίγεσθαι βαρὺ καὶ σκληρὸν
ψοφούσας· διὸ παντὸς ἠχοῦντος ἡμᾶς χαλκώματος ἐπιλαμβάνεσθαι.
μετριώτερον δ´ οἱ παρὰ τὸ σεύεσθαι καὶ
τὸ σοῦσθαι τὴν τοῦ παντὸς ἅμα κίνησιν εἰρῆσθαι φάσκοντες.
οἱ δὲ πλεῖστοι τῶν ἱερέων εἰς ταὐτό φασι τὸν Ὄσιριν
συμπεπλέχθαι καὶ τὸν Ἆπιν, ἐξηγούμενοι καὶ διδάσκοντες
ἡμᾶς, ὡς ἔμμορφον εἰκόνα χρὴ νομίζειν τῆς Ὀσίριδος
ψυχῆς τὸν Ἆπιν. ἐγὼ δ´, εἰ μὲν Αἰγύπτιόν ἐστι τοὔνομα
τοῦ Σαράπιδος, εὐφροσύνην αὐτὸ δηλοῦν οἴομαι καὶ
χαρμοσύνην, τεκμαιρόμενος ὅτι τὴν ἑορτὴν Αἰγύπτιοι τὰ
Χαρμόσυνα ’Σαίρει‘ καλοῦσιν. καὶ γὰρ Πλάτων
τὸν Ἅιδην ὡς Αἰδοῦς υἱὸν τοῖς παρ´ αὐτῷ
γενομένοις καὶ προσηνῆ θεὸν ὠνομάσθαι φησί· καὶ παρ´
Αἰγυπτίοις ἄλλα τε πολλὰ τῶν ὀνομάτων λόγον ἔχει
καὶ τὸν ὑποχθόνιον τόπον, εἰς ὃν οἴονται τὰς ψυχὰς
ἀπέρχεσθαι μετὰ τὴν τελευτήν, Ἀμένθην καλοῦσι σημαίνοντος
τοῦ ὀνόματος τὸν λαμβάνοντα καὶ διδόντα. εἰ δὲ
καὶ τοῦτο τῶν ἐκ τῆς Ἑλλάδος ἀπελθόντων πάλαι καὶ
μετακομισθέντων ὀνομάτων ἕν ἐστιν, ὕστερον ἐπισκεψόμεθα·
νῦν δὲ τὰ λοιπὰ τῆς ἐν χερσὶ δόξης προσδιέλθωμεν.
| [29] Il ne faut pas s'arrêter aux livres des Phrygiens, où
il est écrit qu'une certaine Charops fut fille d'Hercule et que
d'un autre fils de ce héros, d'Isæacus, naquit Typhon. On
n'ajoutera pas, non plus, de croyance au récit de Phylarque, qui
écrit que Bacchus le premier amena des Indes en Egypte deux
boeufs, dont l'un s'appelait Apis, et l'autre, Osiris; que Sarapis
est le nom de celui qui entretient l'ordre dans l'univers,
du mot "saireein", qui suivant quelques-uns signifie "embellir",
"ordonner". Ces assertions de Phylarque sont absurdes;
et plus absurdes encore, celles des auteurs qui prétendent
que Sarapis n'est pas le nom d'un dieu; que ce mot
désigne le tombeau d'Apis; qu'il existe à Memphis certaines
portes d'airain, appelées portes du Lethé et du Cocyte, lesquelles
sont ouvertes lorsqu'on célèbre les funérailles d'Apis,
qu'elles rendent un bruit sourd et rude; que c'est pour
cela que tout fracas de l'airain qui retentit s'empare de nos
facultés. Plus raisonnables sont ceux qui pensent que le
mot Sarapis dérive de "Sevesthai" ou "Susthai", et qu'il exprime
le mouvement général de l'univers. La plupart des prêtres
veulent que ce nom soit un composé du mot Osiris et du mot
Apis : établissant ainsi et voulant nous apprendre, qu'il faut
voir en Apis une image figurée de l'âme d'Osiris. Pour moi,
si le nom de Sarapis est égyptien, je pense qu'il signifie
plaisir et gaieté ; et je me fonde, sur ce que les Egyptiens
appellent "Sairei" leurs jours de réjouissance. En effet Platon
assure que Hadès veut dire fils de la pudeur (g-aidou g-huion),
parce que ce dieu est doux et facile pour ceux qui s'adressent à lui.
Du reste, en langue égyptienne ii y a beaucoup de mots qui
équivalent à des phrases entières. Ainsi, pour désigner le
séjour souterrain dans lequel ils pensent que les âmes émigrent
après la mort, ils ont le mot Amenthès, qui signifie
recevant et donnant. Ce mot est-ili encore un de ceux qui,
sortis autrefois de Grèce, furent transportés en Égypte? C'est
ce que nous examinerons plus tard : dans ce moment, il
s'agit de poursuivre l'explication qui nous occupe.
| [30] Ὁ μὲν γὰρ Ὄσιρις καὶ ἡ Ἶσις ἐκ δαιμόνων ἀγαθῶν
εἰς θεοὺς μετήλλαξαν· τὴν δὲ τοῦ Τυφῶνος ἠμαυρωμένην
καὶ συντετρυμμένην δύναμιν, ἔτι δὲ καὶ ψυχορραγοῦσαν
καὶ σφαδᾴζουσαν, ἔστιν αἷς παρηγοροῦσι θυσίαις
καὶ πραΰνουσιν, ἔστι δ´ ὅτε πάλιν ἐκταπεινοῦσι καὶ
καθυβρίζουσιν ἔν τισιν ἑορταῖς, τῶν μὲν ἀνθρώπων τοὺς
πυρροὺς {καὶ} προπηλακίζοντες, ὄνον δὲ κατακρημνίζοντες,
ὡς Κοπτῖται, διὰ τὸ πυρρὸν γεγονέναι τὸν Τυφῶνα
καὶ ὀνώδη τὴν χρόαν. Βουσιρῖται δὲ καὶ Λυκοπολῖται
σάλπιγξιν οὐ χρῶνται τὸ παράπαν ὡς ὄνῳ φθεγγομέναις
ἐμφερές. καὶ ὅλως τὸν ὄνον οὐ καθαρὸν ἀλλὰ
δαιμονικὸν ἡγοῦνται ζῷον εἶναι διὰ τὴν πρὸς ἐκεῖνον
ὁμοιότητα καὶ πόπανα ποιοῦντες ἐν θυσίαις τοῦ τε
Παϋνὶ καὶ τοῦ Φαωφὶ μηνὸς ἐπιπλάττουσι παράσημον
ὄνον δεδεμένον. | ἐν δὲ τῇ τοῦ Ἡλίου θυσίᾳ τοῖς σεβομένοις
τὸν θεὸν παρεγγυῶσι μὴ φορεῖν ἐπὶ τῷ σώματι
χρυσία μηδ´ ὄνῳ τροφὴν διδόναι. φαίνονται δὲ καὶ οἱ
Πυθαγορικοὶ τὸν Τυφῶνα δαιμονικὴν ἡγούμενοι δύναμιν·
λέγουσι γὰρ ἐν ἀρτίῳ μέτρῳ ἕκτῳ καὶ πεντηκοστῷ
γεγονέναι Τυφῶνα· καὶ πάλιν τὴν μὲν τοῦ τριγώνου
φύσιν Ἅιδου καὶ Διονύσου καὶ Ἄρεος εἶναι· τὴν δὲ τοῦ
τετραγώνου Ῥέας καὶ Ἀφροδίτης καὶ Δήμητρος καὶ
Ἑστίας καὶ Ἥρας· τὴν δὲ τοῦ δωδεκαγώνου Διός· τὴν δὲ
τοῦ ἑκκαιπεντηκονταγωνίου Τυφῶνος, ὡς Εὔδοξος ἱστόρηκεν.
| [30] Osiris et Isis passèrent de la classe des bons Génies
dans celle des Dieux. Pour Typhon, de qui la puissance
éclipsée et amoindrie ressemble à un mourant qui va rendre
l'âme et qui se débat dans les convulsions de l'agonie, tantôt
on le console et on le calme par des sacrifices, tantôt au
contraire on le rabaisse et on l'humilie dans de certaines
fêtes. Ainsi, l'on insulte les hommes qui ont les cheveux
roux, et on jette un âne dans un précipice. C'est ce que font
en particulier les Coptites , parce que Typhon était roux et
qu'il partageait cette couleur avec les ânes. Les habitants
de Busiris et ceux de Lycopolis ne font jamais usage de
trompettes, trouvant que le son de ces instruments offre de
la similitude avec le cri de l'âne. En général ils regardent
ce dernier animal comme impur, comme démoniaque à
cause de sa ressemblance avec Typhon. Dans les sacrifices
qu'ils célèbrent au mois de payni et au mois de phaophi, ils
font des gâteaux auxquels ils donnent la forme d'un âne
lié; et dans le sacrifice qu'ils offrent au Soleil, ils recommandent
à ceux qui adorent le Dieu de ne pas porter d'or
sur leur personne, et de ne pas donner à manger à un âne.
Il est évident, d'un autre côté, que les Pythagoriciens attribuent
à Typhon la puissance d'un Génie.En effet, ils disent
qu'il est né exactement à la moitié du nombre pair dont
chaque partie égale représente 56. Ils supposent encore
que le triangle représente la puissance de Pluton, de Bacchus
et de Mars ; le carré, celle de Rhéa, de Vénus, de
Cérès, de Vesta et de Junon ; le dodécagone celle de Jupiter,
et le polygone de cinquante-six côtés, celle de Typhon.
Telles sont, du moins, les traditions historiques consignées
par Eudoxe.
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