HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur Isis et Osiris

Chapitre 23-24

  Chapitre 23-24

[23] ὀκνῶ δέ, μὴ τοῦτ´ τὰ ἀκίνητα κινεῖν καὶπολεμεῖν οὐ τῷ πολλῷ χρόνῳ‘ (κατὰ Σιμωνίδην) μόνον, ’πολλοῖς δ´ ἀνθρώπων ἔθνεσικαὶ γένεσι κατόχοις ὑπὸ τῆς πρὸς τοὺς θεοὺς τούτους ὁσιότητος, οὐδὲν ἀπολείποντας ἐξ οὐρανοῦ μεταφέρειν ἐπὶ γῆν ὀνόματα τηλικαῦτα καὶ τιμὴν καὶ πίστιν ὀλίγου δεῖν ἅπασιν ἐκ πρώτης γενέσεως ἐνδεδυκυῖαν ἐξιστάναι καὶ ἀναλύειν, | μεγάλας μὲν τῷ ἀθέῳ Λέοντι κλισιάδας ἀνοίγοντας {καὶ} ἐξανθρωπίζοντι τὰ θεῖα, λαμπρὰν δὲ τοῖς Εὐημέρου τοῦ Μεσσηνίου φενακισμοῖς παρρησίαν διδόντας, ὃς αὐτὸς ἀντίγραφα συνθεὶς ἀπίστου καὶ ἀνυπάρκτου μυθολογίας πᾶσαν ἀθεότητα κατασκεδάννυσι τῆς οἰκουμένης, τοὺς νομιζομένους θεοὺς πάντας ὁμαλῶς διαγράφων εἰς ὀνόματα στρατηγῶν καὶ ναυάρχων καὶ βασιλέων ὡς δὴ πάλαι γεγονότων ἐν δὲ Πάγχοντι γράμμασι χρυσοῖς ἀναγεγραμμένων, οἷς οὔτε βάρβαρος οὐδεὶς οὔθ´ Ἕλλην, ἀλλὰ μόνος Εὐήμερος, ὡς ἔοικε, πλεύσας εἰς τοὺς μηδαμόθι γῆς γεγονότας μηδ´ ὄντας Παγχώους καὶ Τριφύλλους ἐντετύχηκε. [23] Mais voici que j'hésite. Je crains qu'adopter une telle explication, ce ne soit remuer ce qui ne doit pas être remué, que ce ne soit non seulement déclarer la guerre à la longue série des âges, suivant l'expression de Simonide, mais encore attaquer une multitude de nations et de familles qui sont pénétrées des sentiments les plus religieux à l'égard de ces divinités. De là, il n'y a qu'un pas à faire descendre du ciel sur la terre des noms si imposants, à ébranler, à déraciner une vénération et une croyance fixées dans presque tous les esprits depuis que le monde est monde, à ouvrir de larges portes devant ce peuple d'athées qui réduisent les êtres divins à des proportions humaines , enfin à autoriser d'une façon éclatante l'effronterie de cet imposteur de Messène, qui s'appelle Evhémère. On sait que par un système d'opposition, il a jeté les bases d'une mythologie invraisemblable et sans réalité, de façon à répandre l'impiété sur la terre. D'un trait de plume il raye indistinctement tous les dieux reconnus, et il remplace leurs noms par ceux de généraux, de chefs de flotte, de rois, qui, à l'entendre, ont existé jadis et qui sont inscrits en lettres d'or dans l'île de Panchée. Or il n'y a aucun Barbare, aucun Grec, il n'y a que le seul Evhémère, ce semble, qui ait eu affaire à ces Panchéens et à ces Triphylles. Ils n'ont existé, ils n'existent en aucun lieu du monde.
[24] καίτοι μεγάλαι μὲν ὑμνοῦνται πράξεις ἐν Ἀσσυρίοις Σεμιράμιος, μεγάλαι δὲ Σεσώστριος ἐν Αἰγύπτῳ· Φρύγες δὲ μέχρι νῦν τὰ λαμπρὰ καὶ θαυμαστὰ τῶν ἔργων Μανικὰ καλοῦσι διὰ τὸ Μάνην τινὰ τῶν πάλαι βασιλέων ἀγαθὸν ἄνδρα καὶ δυνατὸν γενέσθαι παρ´ αὐτοῖς, ὃν ἔνιοι Μάσνην καλοῦσι· Κῦρος δὲ Πέρσας Μακεδόνας δ´ Ἀλέξανδρος ὀλίγου δεῖν ἐπὶ πέρας τῆς γῆς κρατοῦντας προήγαγον· ἀλλ´ ὄνομα καὶ μνήμην βασιλέων ἀγαθῶν ἔχουσιν. ’εἰ δέ τινες ἐξαρθέντες ὑπὸ μεγαλαυχίαςὥς φησιν Πλάτωνἅμα νεότητι καὶ ἀνοίᾳ φλεγόμενοι τὴν ψυχὴν μεθ´ ὕβρεωςἐδέξαντο θεῶν ἐπωνυμίας καὶ ναῶν ἱδρύσεις, βραχὺν ἤνθησεν δόξα χρόνον, εἶτα κενότητα καὶ ἀλαζονείαν μετ´ ἀσεβείας καὶ παρανομίας προσοφλόντεςὠκύμοροι καπνοῖο δίκην ἀρθέντες ἀπέπτανκαὶ νῦν ὥσπερ ἀγώγιμοι δραπέται τῶν ἱερῶν καὶ τῶν βωμῶν ἀποσπασθέντες οὐδὲν ἀλλ´ τὰ μνήματα καὶ τοὺς τάφους ἔχουσιν. ὅθεν Ἀντίγονος γέρων Ἑρμοδότου τινὸς ἐν ποιήμασιν αὐτὸν Ἡλίου παῖδα καὶ θεὸν ἀναγορεύοντοςοὐ τοιαῦτά μοιεἶπεν λασανοφόρος σύνοιδεν‘. εὖ δὲ καὶ Λύσιππος πλάστης Ἀπελλῆν ἐμέμψατο τὸν ζωγράφον, ὅτι τὴν Ἀλεξάνδρου γράφων εἰκόνα κεραυνὸν ἐνεχείρισεν· αὐτὸς δὲ λόγχην, ἧς τὴν δόξαν οὐδὲ εἷς ἀφαιρήσεται χρόνος ἀληθινὴν καὶ ἰδίαν οὖσαν. [24] Certes on vante en Assyrie les grandes actions de Sémiramis, comme celles de Sésostris en Égypte. Les Phrygiens, encore aujourd'hui, appellent Maniques les actes brillants et dignes d'admiration, parce qu'autrefois il y eut chez eux un roi nommé Manis, d'autres disent Masdès, qui était un prince héroïque et puissant. Sous la conduite de Cyrus les Perses, les Macédoniens sous celle d'Alexandre, atteignirent dans leurs courses victorieuses presque jusqu'aux limites de la terre; et toutefois, ces conquérants n'ont laissé d'autre nom et d'autre souvenir que comme ayant été de grands rois. Pour ceux qui se laissant enfler par l'orgueil, comme dit Platon pour ceux qui, jeunes, insensés, livrant leur coeur au feu des passions, ont permis qu'on les appelât dieux et qu'on leur bâtît des temples, ceux-là n'ont joui que d'un éclat et d'une gloire éphémère. Plus tard, ils ont payé les peines dues à leur vanité, à leur arrogance, et en même temps à leur impiété, à leur mépris de toutes lois. Tous, ils ont disparu comme vaine fumée ; et aujourd'hui, semblables à des esclaves fugitifs que réclament leurs maîtres, ils ont été violemment arrachés de ces temples et de ces sanctuaires : ils n'ont plus que des sépulcres et des tombeaux. Aussi, Antigone le Vieux s'entendant proclamer, dans les poésies d'un certain Hermodote comme fils du Soleil et comme Dieu : "Ce n'est", dit-il, "ni ma conviction ni celle du porteur de ma chaise percée." C'est encore avec raison que Lysippe le statuaire blâma le peintre Apelle d'avoir fait un portrait d'Alexandre, où il lui mettait la foudre à la main. Pour lui, il l'arma d'une lance : « C'est une gloire», disait-il, « que le temps ne lui enlèvera jamais, parce qu'elle est véritable et bien exclusivement personnelle. »


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Dernière mise à jour : 11/01/2006