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[25] Βέλτιον οὖν οἱ τὰ περὶ τὸν Τυφῶνα καὶ Ὄσιριν καὶ
Ἶσιν ἱστορούμενα μήτε θεῶν παθήματα μήτ´ ἀνθρώπων,
ἀλλὰ δαιμόνων μεγάλων εἶναι νομίζοντες, οὓς καὶ Πλάτων
καὶ Πυθαγόρας καὶ Ξενοκράτης καὶ Χρύσιππος
ἑπόμενοι τοῖς πάλαι θεολόγοις ἐρρωμενεστέρους
μὲν ἀνθρώπων γεγονέναι λέγουσι καὶ πολὺ τῇ δυνάμει
τὴν φύσιν ὑπερφέροντας ἡμῶν, τὸ δὲ θεῖον οὐκ ἀμιγὲς
οὐδ´ ἄκρατον ἔχοντας, ἀλλὰ καὶ ψυχῆς φύσει καὶ σώματος
αἰσθήσει {ἐν} συνειληχὸς ἡδονὴν δεχομένῃ καὶ πόνον καὶ
ὅσα ταύταις ἐπιγενόμενα ταῖς μεταβολαῖς πάθη τοὺς μὲν
μᾶλλον τοὺς δ´ ἧττον ἐπιταράττει· γίνονται γὰρ ὡς ἐν
ἀνθρώποις καὶ δαίμοσιν ἀρετῆς διαφοραὶ καὶ κακίας. τὰ
γὰρ Γιγαντικὰ καὶ Τιτανικὰ παρ´ Ἕλλησιν ᾀδόμενα καὶ
Κρόνου τινὲς ἄθεσμοι πράξεις καὶ Πύθωνος ἀντιτάξεις
πρὸς Ἀπόλλωνα φυγαί τε Διονύσου καὶ πλάναι Δήμητρος
οὐδὲν ἀπολείπουσι τῶν Ὀσιριακῶν καὶ Τυφωνικῶν ἄλλων
θ´ ὧν πᾶσιν ἔξεστιν ἀνέδην μυθολογουμένων ἀκούειν· ὅσα
τε μυστικοῖς ἱεροῖς περικαλυπτόμενα καὶ τελεταῖς ἄρρητα
διασῴζεται καὶ ἀθέατα πρὸς τοὺς πολλούς, ὅμοιον ἔχει
λόγον.
| [25] Mieux vaut donc présenter ce qui se raconte sur
Typhon, sur Osiris et sur Isis, comme formant une série
d'aventures éprouvées non par des dieux ou des hommes,
mais par des Génies puissants, par des êtres que les Platon,
les Pythagore, les Xénocrate et les Chrysippe, déclarent, sur
la foi des antiques théologiens, avoir été d'une nature plus
vigoureuse que ne l'est la nature humaine. Leur puissance
considérable les met au-dessus de notre condition. Chez eux
le principe divin n'est ni pur ni sans mélange ; ils participent
à la fois de l'immortalité de l'âme et des sens du corps. Ils
sont susceptibles de plaisirs et de peines ; et tous les changements
produits par ces différentes affections portent tantôt
plus, tantôt moins de trouble chez les uns ou chez les autres
d'entre eux. Car parmi les Génies, comme parmi les hommes,
il y a différents degrés de vertu et de vice. Ce que les Grecs
chantent sur la révolte des Géants et des Titans, certains
actes injustes de Saturne, les luttes de Python contre
Apollon, les exils de Bacchus, les courses errantes de
Cérès, tout cela ne diffère en rien des aventures d'Osiris,
de Typhon, ni de tant d'autres mythologiques récits que
chacun peut apprendre à loisir. Il faut en dire autant de
tous les faits qui s'enveloppent de mystères et d'initiations,
et que l'on dérobe soigneusement aux entretiens et aux regards
de la multitude.
| [26] ἀκούομεν δὲ καὶ Ὁμήρου τοὺς μὲν ἀγαθοὺς
διαφόρως ’θεοειδέας‘ ἑκάστοτε καλοῦντος καὶ ’ἀντι–
θέους‘ καί ’θεῶν ἄπο μήδε´ ἔχοντας‘, τῷ δ´ ἀπὸ τῶν δαιμόνων
| προσρήματι χρωμένου κοινῶς ἐπί τε χρηστῶν
καὶ φαύλων
’δαιμόνιε, σχεδὸν ἐλθέ· τίη δειδίσσεαι οὕτως Ἀργείους;‘
καὶ πάλιν
’ἀλλ´ ὅτε δὴ τὸ τέταρτον ἐπέσσυτο δαίμονι ἶσος,‘
καί
’δαιμονίη, τί νύ σε Πρίαμος Πριάμοιό τε παῖδες
τόσσα κακὰ ῥέζουσιν, ὅ τ´ ἀσπερχὲς μενεαίνεις
Ἰλίου ἐξαλαπάξαι ἐυκτίμενον πτολίεθρον;‘
ὡς τῶν δαιμόνων μικτὴν καὶ ἀνώμαλον φύσιν ἐχόντων καὶ
προαίρεσιν. ὅθεν ὁ μὲν Πλάτων Ὀλυμπίοις
θεοῖς τὰ δεξιὰ καὶ περιττά, τὰ δ´ ἀντίφωνα τούτων δαίμοσιν
ἀποδίδωσιν· ὁ δὲ Ξενοκράτης καὶ τῶν
ἡμερῶν τὰς ἀποφράδας καὶ τῶν ἑορτῶν, ὅσαι πληγάς
τινας ἢ κοπετοὺς ἢ νηστείας ἢ δυσφημίας ἢ αἰσχρολογίαν
ἔχουσιν, οὔτε θεῶν τιμαῖς οὔτε δαιμόνων οἴεται προσήκειν
χρηστῶν, ἀλλ´ εἶναι φύσεις ἐν τῷ περιέχοντι μεγάλας
μὲν καὶ ἰσχυράς, δυστρόπους δὲ καὶ σκυθρωπάς, αἳ χαίρουσι
τοῖς τοιούτοις καὶ τυγχάνουσαι πρὸς οὐθὲν ἄλλο
χεῖρον τρέπονται. τοὺς δὲ χρηστοὺς πάλιν καὶ ἀγαθοὺς
ὅ θ´ Ἡσίοδος ’ἁγνοὺς δαίμονας‘ καὶ
’φύλακας ἀνθρώπων‘ προσαγορεύει, ’πλουτοδότας καὶ
τοῦτο γέρας βασιλήιον ἔχοντας‘· ὅ τε Πλάτων
ἑρμηνευτικὸν τὸ τοιοῦτον ὀνομάζει γένος καὶ
διακονικὸν ἐν μέσῳ θεῶν καὶ ἀνθρώπων, εὐχὰς μὲν
ἐκεῖ καὶ δεήσεις ἀνθρώπων ἀναπέμποντας, ἐκεῖθεν δὲ
μαντεῖα δεῦρο καὶ δόσεις ἀγαθῶν φέροντας. Ἐμπεδοκλῆς
δὲ καὶ δίκας φησὶ διδόναι τοὺς δαίμονας ὧν ἂν ἐξαμάρτωσι
καὶ πλημμελήσωσιν
’αἰθέριον μὲν γάρ σφε μένος πόντονδε διώκει,
πόντος δ´ ἐς χθονὸς οὖδας ἀπέπτυσε, γαῖα δ´ ἐς αὐγὰς
ἠελίου ἀκάμαντος, ὁ δ´ αἰθέρος ἔμβαλε δίναις·
ἄλλος δ´ ἐξ ἄλλου δέχεται, στυγέουσι δὲ πάντες‘,
. ἄχρι οὗ κολασθέντες οὕτω καὶ καθαρθέντες αὖθις τὴν
κατὰ φύσιν χώραν καὶ τάξιν ἀπολάβωσι.
| [26] Nous entendons Homère, quand il parle de mortels
d'un mérite supérieur, déclarer qu'ils ressemblent à des
dieux, qu'ils rivalisent avec les Dieux. Il dira,
"Qu'ils possèdent des Dieux la sagesse profonde" ;
mais il se sert indifféremment du mot de "démon", pour
désigner les bons et les méchants :
"Approche ici, démon ; quel est donc cet effroi
Dont tu frappes les Grecs? ...."
et encore :
"Tentant, comme un démon, un quatrième assaut."
Et ailleurs : "Déesse qu'inspira le démon, ah ! quels crimes
A donc commis Priam et sa triste maison,
Pour que ton bras s'acharne à détruire Ilion?"
Il veut nous faire comprendre que les démons obéissent
à une nature mixte, et à des motifs d'action souvent contradictoires.
Aussi Platon attribue-t-il aux dieux de l'Olympe
ce qui est à droite et en nombre impair, aux démons ce qui
est à gauche et en nombre pair. Xénocrate pense que les
jours néfastes et les fêtes où l'on pratique les flagellations,
les plaintes lugubres et les jeûnes, où se font entendre des paroles
de mauvais augure et des mots honteux, que ces jours
ne sont pas ceux qui conviennent pour honorer les Dieux ou
les bons Génies ; mais que dans l'air qui nous entoure il y a
des natures puissantes et fortes, esprits moroses et sombres,
qui aiment ces hommages sinistres et qui ne pensent pas à
causer d'ailleurs du mal aux hommes quand on leur offre
un culte de cette espèce. Hésiode cite, en revanche, des
Génies bons et favorables, qui sont chastes et purs. Il dit
qu'ils sont protecteurs des hommes, et ce poète ajoute :
"Ils donnent la richesse, en rois qui la possèdent".
Platon voit en eux une espèce particulière de démons,
qu'il appelle interprètes et médiateurs entre les Dieux et
les hommes, portant aux Dieux les voeux et les supplications
des humains et rapportant à ces derniers les oracles et les
donations de richesses et de biens. Empédocle dit, que les
démons expient aussi la peine de fautes et d'offenses
par eux commises :
"L'influence des cieux les pousse dans la mer;
La mer les rend au sol; de là, lancés dans l'air,
Ils vont jusqu'au soleil, puis plus haut dans l'espace,
Sans cesse ballottés de disgrâce en disgrâce,"
jusqu'à ce que punis ainsi et purifiés, ils reprennent de
nouveau la place et le rang qui leur sont assignés par la nature.
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