[177] ὑπὸ ἠλιθιότητός τε καὶ τῆς ἐσχάτης (177a) ἀνοίας λανθάνουσι
τῷ μὲν ὁμοιούμενοι διὰ τὰς ἀδίκους πράξεις,
τῷ δὲ ἀνομοιούμενοι. οὗ δὴ τίνουσι δίκην ζῶντες
τὸν εἰκότα βίον ᾧ ὁμοιοῦνται· ἐὰν δ´ εἴπωμεν ὅτι, ἂν μὴ
ἀπαλλαγῶσι τῆς δεινότητος, καὶ τελευτήσαντας αὐτοὺς
ἐκεῖνος μὲν ὁ τῶν κακῶν καθαρὸς τόπος οὐ δέξεται, ἐνθάδε
δὲ τὴν αὑτοῖς ὁμοιότητα τῆς διαγωγῆς ἀεὶ ἕξουσι, κακοὶ
κακοῖς συνόντες, ταῦτα δὴ καὶ παντάπασιν ὡς δεινοὶ καὶ
πανοῦργοι ἀνοήτων τινῶν ἀκούσονται.
(ΘΕΟ.) Καὶ μάλα δή, ὦ Σώκρατες.
(177b) (ΣΩ.) Οἶδά τοι, ὦ ἑταῖρε. ἓν μέντοι τι αὐτοῖς συμβέβηκεν·
ὅταν ἰδίᾳ λόγον δέῃ δοῦναί τε καὶ δέξασθαι
περὶ ὧν ψέγουσι, καὶ ἐθελήσωσιν ἀνδρικῶς πολὺν χρόνον
ὑπομεῖναι καὶ μὴ ἀνάνδρως φυγεῖν, τότε ἀτόπως, ὦ δαιμόνιε,
τελευτῶντες οὐκ ἀρέσκουσιν αὐτοὶ αὑτοῖς περὶ ὧν λέγουσι,
καὶ ἡ ῥητορικὴ ἐκείνη πως ἀπομαραίνεται, ὥστε παίδων
μηδὲν δοκεῖν διαφέρειν. περὶ μὲν οὖν τούτων, ἐπειδὴ καὶ
πάρεργα τυγχάνει λεγόμενα, ἀποστῶμεν—εἰ δὲ μή, πλείω
(177c) ἀεὶ ἐπιρρέοντα καταχώσει ἡμῶν τὸν ἐξ ἀρχῆς λόγον—ἐπὶ
δὲ τὰ ἔμπροσθεν ἴωμεν, εἰ καὶ σοὶ δοκεῖ.
(ΘΕΟ.) Ἐμοὶ μὲν τὰ τοιαῦτα, ὦ Σώκρατες, οὐκ ἀηδέστερα
ἀκούειν· ῥᾴω γὰρ τηλικῷδε ὄντι ἐπακολουθεῖν. εἰ μέντοι
δοκεῖ, πάλιν ἐπανίωμεν.
(ΣΩ.) Οὐκοῦν ἐνταῦθά που ἦμεν τοῦ λόγου, ἐν ᾧ ἔφαμεν
τοὺς τὴν φερομένην οὐσίαν λέγοντας, καὶ τὸ ἀεὶ δοκοῦν
ἑκάστῳ τοῦτο καὶ εἶναι τούτῳ ᾧ δοκεῖ, ἐν μὲν τοῖς ἄλλοις
ἐθέλειν διισχυρίζεσθαι καὶ οὐχ ἥκιστα περὶ τὰ δίκαια, ὡς
(177d) παντὸς μᾶλλον ἃ ἂν θῆται πόλις δόξαντα αὑτῇ, ταῦτα καὶ
ἔστι δίκαια τῇ θεμένῃ, ἕωσπερ ἂν κέηται· περὶ δὲ τἀγαθὰ
οὐδένα ἀνδρεῖον ἔθ´ οὕτως εἶναι ὥστε τολμᾶν διαμάχεσθαι ὅτι
καὶ ἃ ἂν ὠφέλιμα οἰηθεῖσα πόλις ἑαυτῇ θῆται, καὶ ἔστι τοσοῦτον
χρόνον ὅσον ἂν κέηται ὠφέλιμα, πλὴν εἴ τις τὸ ὄνομα
λέγοι· τοῦτο δέ που σκῶμμ´ ἂν εἴη πρὸς ὃ λέγομεν. ἢ οὐχί;
(ΘΕΟ.) Πάνυ γε.
(177e) (ΣΩ.) Μὴ γὰρ λεγέτω τὸ ὄνομα, ἀλλὰ τὸ πρᾶγμα τὸ
ὀνομαζόμενον θεωρείτω.
(ΘΕΟ.) Μὴ γάρ.
(ΣΩ.) Ἀλλ´ ὃ ἂν τοῦτο ὀνομάζῃ, τούτου δήπου στοχάζεται
νομοθετουμένη, καὶ πάντας τοὺς νόμους, καθ´ ὅσον οἴεταί τε
καὶ δύναται, ὡς ὠφελιμωτάτους ἑαυτῇ τίθεται· ἢ πρὸς ἄλλο
τι βλέπουσα νομοθετεῖται;
| [177] leur stupidité et l’excès de leur folie les empêchent de sentir qu’en
agissant injustement ils se rapprochent de l’un et s’éloignent de l’autre. Ils
en sont punis par la vie qu’ils mènent, vie conforme au modèle auquel ils
ressemblent. Mais si nous leur disons qu’à moins de se défaire de leur habileté,
ils seront, après leur mort, exclus de ce lieu pur de tout mal et qu’ici-bas
ils mèneront toujours la vie conforme à leur caractère, méchants assujettis aux
maux, ils traiteront ces propos de niaiseries et ne s’en croiront pas moins
habiles et rusés.
(THÉODORE)
Oui, sûrement, Socrate.
(SOCRATE)
Je le sais bien, camarade ; mais voici ce qui leur arrive. Lorsque, dans un
tête-à-tête, vous les obligez à discuter avec vous les doctrines qu’ils
réprouvent, et qu’ils consentent à soutenir virilement un long examen et à ne
point se dérober lâchement, alors, divin Théodore, on est tout surpris de voir
qu’à la fin ils sont fort mécontents de leurs propres arguments ; leur fameuse
rhétorique se flétrit, au point qu’on les prendrait pour des enfants. Mais
quittons ces propos qui ne sont qu’accessoires ; sinon, leur afflux toujours
croissant noiera notre argument originel.
Revenons donc à notre sujet, si tu en es d’avis.
(THÉODORE)
Pour ma part, Socrate, je n’ai pas moins de plaisir à écouter ces digressions :
elles sont plus faciles à suivre pour un homme de mon âge. Si pourtant tu le
préfères, revenons en arrière.
(SOCRATE)
XXVI. — Nous étions arrivés dans notre discussion à l’endroit où nous disions
que ceux qui prétendent que la réalité change sans cesse et que, dans tous les
cas où une chose paraît à quelqu’un, elle est telle pour celui à qui elle
paraît, sont résolus à soutenir en tout le reste, mais surtout en ce qui regarde
la justice, que ce qu’une cité trouve juste et érige en loi est parfaitement
juste pour cette cité, tant que la loi subsiste, mais qu’en ce qui regarde les
biens, personne jusqu’ici n’est assez hardi pour oser soutenir que les lois
qu’une cité s’est données, parce qu’elle les jugeait avantageuses, sont en effet
avantageuses aussi longtemps qu’elles subsistent, à moins qu’on se borne à les
dénommer telles ; mais ce serait tourner notre sujet en dérision, n’est-ce pas ?
(THÉODORE)
Assurément.
(SOCRATE)
Qu’on ne parle donc pas du nom, mais que l’on examine la chose qu’il désigne.
(THÉODORE)
Il ne s’agit pas du nom en effet.
(SOCRATE)
Quel que soit d’ailleurs le nom que l’Etat donne à cette chose, c’est évidemment
elle qu’il a en vue en légiférant, et toutes ses lois visent au plus grand
avantage qu’il pense et peut en retirer pour lui. Ou a-t-il quelque autre objet
en vue quand il les établit ?
|