[176] οὐδέ γ´ ἁρμονίαν λόγων (176a) λαβόντος ὀρθῶς ὑμνῆσαι θεῶν
τε καὶ ἀνδρῶν εὐδαιμόνων βίον {ἀληθῆ}.
(ΘΕΟ.) Εἰ πάντας, ὦ Σώκρατες, πείθοις ἃ λέγεις ὥσπερ
ἐμέ, πλείων ἂν εἰρήνη καὶ κακὰ ἐλάττω κατ´ ἀνθρώπους εἴη.
(ΣΩ.) Ἀλλ´ οὔτ´ ἀπολέσθαι τὰ κακὰ δυνατόν, ὦ Θεόδωρε—
ὑπεναντίον γάρ τι τῷ ἀγαθῷ ἀεὶ εἶναι ἀνάγκη—οὔτ´ ἐν
θεοῖς αὐτὰ ἱδρῦσθαι, τὴν δὲ θνητὴν φύσιν καὶ τόνδε τὸν
τόπον περιπολεῖ ἐξ ἀνάγκης. διὸ καὶ πειρᾶσθαι χρὴ ἐνθένδε
(176b) ἐκεῖσε φεύγειν ὅτι τάχιστα. φυγὴ δὲ ὁμοίωσις θεῷ κατὰ
τὸ δυνατόν· ὁμοίωσις δὲ δίκαιον καὶ ὅσιον μετὰ φρονήσεως
γενέσθαι. ἀλλὰ γάρ, ὦ ἄριστε, οὐ πάνυ τι ῥᾴδιον πεῖσαι
ὡς ἄρα οὐχ ὧν ἕνεκα οἱ πολλοί φασι δεῖν πονηρίαν μὲν
φεύγειν, ἀρετὴν δὲ διώκειν, τούτων χάριν τὸ μὲν ἐπιτηδευτέον,
τὸ δ´ οὔ, ἵνα δὴ μὴ κακὸς καὶ ἵνα ἀγαθὸς δοκῇ
εἶναι· ταῦτα μὲν γάρ ἐστιν ὁ λεγόμενος γραῶν ὕθλος, ὡς
ἐμοὶ φαίνεται· τὸ δὲ ἀληθὲς ὧδε λέγωμεν. θεὸς οὐδαμῇ
(176c) οὐδαμῶς ἄδικος, ἀλλ´ ὡς οἷόν τε δικαιότατος, καὶ οὐκ ἔστιν
αὐτῷ ὁμοιότερον οὐδὲν ἢ ὃς ἂν ἡμῶν αὖ γένηται ὅτι δικαιότατος.
περὶ τοῦτο καὶ ἡ ὡς ἀληθῶς δεινότης ἀνδρὸς καὶ
οὐδενία τε καὶ ἀνανδρία. ἡ μὲν γὰρ τούτου γνῶσις σοφία
καὶ ἀρετὴ ἀληθινή, ἡ δὲ ἄγνοια ἀμαθία καὶ κακία ἐναργής·
αἱ δ´ ἄλλαι δεινότητές τε δοκοῦσαι καὶ σοφίαι ἐν μὲν
πολιτικαῖς δυναστείαις γιγνόμεναι φορτικαί, ἐν δὲ τέχναις
(176d) βάναυσοι. τῷ οὖν ἀδικοῦντι καὶ ἀνόσια λέγοντι ἢ πράττοντι
μακρῷ ἄριστ´ ἔχει τὸ μὴ συγχωρεῖν δεινῷ ὑπὸ πανουργίας
εἶναι· ἀγάλλονται γὰρ τῷ ὀνείδει καὶ οἴονται ἀκούειν ὅτι
οὐ λῆροί εἰσι, γῆς ἄλλως ἄχθη, ἀλλ´ ἄνδρες οἵους δεῖ
ἐν πόλει τοὺς σωθησομένους. λεκτέον οὖν τἀληθές, ὅτι
τοσούτῳ μᾶλλόν εἰσιν οἷοι οὐκ οἴονται, ὅτι οὐχὶ οἴονται·
ἀγνοοῦσι γὰρ ζημίαν ἀδικίας, ὃ δεῖ ἥκιστα ἀγνοεῖν. οὐ γάρ
ἐστιν ἣν δοκοῦσιν, πληγαί τε καὶ θάνατοι, ὧν ἐνίοτε πάσχουσιν
(176e) οὐδὲν ἀδικοῦντες, ἀλλὰ ἣν ἀδύνατον ἐκφυγεῖν.
(ΘΕΟ.) Τίνα δὴ λέγεις;
(ΣΩ.) Παραδειγμάτων, ὦ φίλε, ἐν τῷ ὄντι ἑστώτων, τοῦ
μὲν θείου εὐδαιμονεστάτου, τοῦ δὲ ἀθέου ἀθλιωτάτου, οὐχ
ὁρῶντες ὅτι οὕτως ἔχει,
| [176] ni saisir l’harmonie des discours et chanter comme il faut la vraie vie
des dieux et des hommes heureux.
(THÉODORE)
Si tu parvenais, Socrate, à persuader à tout le monde comme à moi ce que tu
viens de dire, il y aurait plus de paix et moins de maux parmi les hommes.
(SOCRATE)
Oui ; mais il n’est pas possible, Théodore, que les maux disparaissent, car il
faut toujours qu’il y ait quelque chose de contraire au bien, ni qu’ils aient
place parmi les dieux, et c’est une nécessité qu’ils circulent dans le genre
humain et sur cette terre. Aussi faut-il tâcher de fuir au plus vite de ce monde
dans l’autre. Or, fuir ainsi, c’est se rendre, autant que possible, semblable à
Dieu, et être semblable à Dieu, c’est être juste et saint, avec l’aide de
l’intelligence. Mais en fait, mon excellent ami, il n’est guère facile de
persuader aux gens que les raisons pour lesquelles le vulgaire prétend qu’il
faut éviter le vice et poursuivre la vertu ne sont pas celles pour lesquelles il
faut pratiquer l’une et fuir l’autre. La vraie raison n’est pas d’éviter la
réputation de méchant et de passer pour vertueux : c’est là pour moi ce qu’on
appelle un bavardage de vieille femme ; mais la vérité, je vais te la dire. Dieu
n’est injuste en aucune circonstance ni en aucune manière ; il est, au
contraire, la justice même et rien ne lui ressemble plus que celui d’entre nous
qui est devenu le plus juste possible. C’est à cela que se mesure la véritable
habileté d’un homme et sa nullité et sa lâcheté. C’est cela dont la connaissance
est sagesse et vertu véritable, dont l’ignorance est sottise et vice manifeste.
Les autres prétendus talents et sciences ne sont dans le gouvernement des Etats
que des connaissances grossières et, dans les arts, qu’une routine mécanique.
Lors donc qu’un homme est injuste et impie dans ses paroles et ses actions, le
mieux est de ne pas lui accorder qu’il est habile par astuce ; car de telles
gens tirent gloire d’un tel reproche et se figurent qu’on leur dit qu’ils ne
sont pas des songe-creux, inutiles fardeaux de la terre, mais les hommes
qu’il faut être pour se tirer d’affaire dans la cité. Il faut donc leur dire ce
qui est vrai, que moins ils croient être ce qu’ils sont, plus ils le sont
réellement. Ils ignorent en effet quelle est la punition de l’injustice, ce
qu’il est le moins permis d’ignorer. Ce n’est pas ce qu’ils s’imaginent, ni les
coups, ni la mort, auxquels ils échappent quelquefois complètement tout en
faisant le mal ; c’est une punition à laquelle il est impossible de se soustraire.
(THÉODORE)
De quelle punition parles-tu ?
(SOCRATE)
Il y a, cher ami, dans la nature des choses, deux exemplaires, l’un divin et
bienheureux, l’autre ennemi de Dieu et très malheureux.
Mais ils ne voient pas cela :
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