[175] ὑπὸ (175a) ἀπαιδευσίας οὐ δυναμένων εἰς τὸ πᾶν ἀεὶ βλέπειν οὐδὲ
λογίζεσθαι ὅτι πάππων καὶ προγόνων μυριάδες ἑκάστῳ γεγόνασιν
ἀναρίθμητοι, ἐν αἷς πλούσιοι καὶ πτωχοὶ καὶ βασιλῆς καὶ
δοῦλοι βάρβαροί τε καὶ Ἕλληνες πολλάκις μυρίοι γεγόνασιν
ὁτῳοῦν· ἀλλ´ ἐπὶ πέντε καὶ εἴκοσι καταλόγῳ προγόνων
σεμνυνομένων καὶ ἀναφερόντων εἰς Ἡρακλέα τὸν Ἀμφιτρύωνος
ἄτοπα αὐτῷ καταφαίνεται τῆς σμικρολογίας, ὅτι
(175b) δὲ ὁ ἀπ´ Ἀμφιτρύωνος εἰς τὸ ἄνω πεντεκαιεικοστὸς τοιοῦτος
ἦν οἵα συνέβαινεν αὐτῷ τύχη, καὶ ὁ πεντηκοστὸς ἀπ´
αὐτοῦ, γελᾷ οὐ δυναμένων λογίζεσθαί τε καὶ χαυνότητα
ἀνοήτου ψυχῆς ἀπαλλάττειν. ἐν ἅπασι δὴ τούτοις ὁ τοιοῦτος
ὑπὸ τῶν πολλῶν καταγελᾶται, τὰ μὲν ὑπερηφάνως
ἔχων, ὡς δοκεῖ, τὰ δ´ ἐν ποσὶν ἀγνοῶν τε καὶ ἐν ἑκάστοις ἀπορῶν.
(ΘΕΟ.) Παντάπασι τὰ γιγνόμενα λέγεις, ὦ Σώκρατες.
(ΣΩ.) Ὅταν δέ γέ τινα αὐτός, ὦ φίλε, ἑλκύσῃ ἄνω, καὶ
(175c) ἐθελήσῃ τις αὐτῷ ἐκβῆναι ἐκ τοῦ "Τί ἐγὼ σὲ ἀδικῶ ἢ σὺ
ἐμέ"; εἰς σκέψιν αὐτῆς δικαιοσύνης τε καὶ ἀδικίας, τί τε
ἑκάτερον αὐτοῖν καὶ τί τῶν πάντων ἢ ἀλλήλων διαφέρετον,
ἢ ἐκ τοῦ "εἰ βασιλεὺς εὐδαίμων," "κεκτημένος τ´ αὖ
χρυσίον," βασιλείας πέρι καὶ ἀνθρωπίνης ὅλως εὐδαιμονίας
καὶ ἀθλιότητος ἐπὶ σκέψιν, ποίω τέ τινε ἐστὸν καὶ τίνα
τρόπον ἀνθρώπου φύσει προσήκει τὸ μὲν κτήσασθαι αὐτοῖν,
τὸ δὲ ἀποφυγεῖν—περὶ τούτων ἁπάντων ὅταν αὖ δέῃ λόγον
(175d) διδόναι τὸν σμικρὸν ἐκεῖνον τὴν ψυχὴν καὶ δριμὺν καὶ
δικανικόν, πάλιν αὖ τὰ ἀντίστροφα ἀποδίδωσιν· εἰλιγγιῶν
τε ἀπὸ ὑψηλοῦ κρεμασθεὶς καὶ βλέπων μετέωρος ἄνωθεν
ὑπὸ ἀηθείας ἀδημονῶν τε καὶ ἀπορῶν καὶ βατταρίζων γέλωτα
Θρᾴτταις μὲν οὐ παρέχει οὐδ´ ἄλλῳ ἀπαιδεύτῳ οὐδενί, οὐ
γὰρ αἰσθάνονται, τοῖς δ´ ἐναντίως ἢ ὡς ἀνδραπόδοις τραφεῖσι
πᾶσιν. οὗτος δὴ ἑκατέρου τρόπος, ὦ Θεόδωρε, ὁ
(175e) μὲν τῷ ὄντι ἐν ἐλευθερίᾳ τε καὶ σχολῇ τεθραμμένου, ὃν
δὴ φιλόσοφον καλεῖς, ᾧ ἀνεμέσητον εὐήθει δοκεῖν καὶ
οὐδενὶ εἶναι ὅταν εἰς δουλικὰ ἐμπέσῃ διακονήματα, οἷον
στρωματόδεσμον μὴ ἐπισταμένου συσκευάσασθαι μηδὲ ὄψον
ἡδῦναι ἢ θῶπας λόγους· ὁ δ´ αὖ τὰ μὲν τοιαῦτα πάντα
δυναμένου τορῶς τε καὶ ὀξέως διακονεῖν, ἀναβάλλεσθαι δὲ
οὐκ ἐπισταμένου ἐπιδέξια ἐλευθερίως
| [175] parce que, faute d’éducation, ils ne peuvent jamais fixer leurs yeux sur le
genre humain tout entier, ni se rendre compte que chacun de nous a
d’innombrables myriades d’aïeux et d’ancêtres, parmi lesquels des riches et des
gueux, des rois et des esclaves, des barbares et des Grecs se sont succédé par
milliers dans toutes les familles. Qu’on se glorifie d’une série de vingt-cinq
ancêtres et qu’on fasse remonter son origine à Héraclès, fils d’Amphitryon, il
ne voit là qu’une étrange petitesse d’esprit. Le vingt-cinquième ancêtre
d’Amphitryon, et le cinquantième ancêtre de ce vingt-cinquième furent ce que le
hasard les fit, et le sage se moque de ceux qui ne peuvent faire ce calcul ni
débarrasser leur esprit de cette sotte vanité. Dans toutes ces circonstances, le
vulgaire se moque du philosophe, qui tantôt lui paraît dédaigneux, tantôt
ignorant de ce qui est à ses pieds et embarrassé sur toutes choses.
(THÉODORE)
Tout cela se passe exactement comme tu le dis, Socrate.
(SOCRATE)
XXV. — Mais, mon ami, lorsque lui-même est parvenu à tirer quelqu’un vers les
hauteurs et que celui-ci a consenti à sortir de ces questions : « Quel tort
t’ai-je fait, et toi à moi ? » pour passer à l’examen de la justice en elle-même
et de l’injustice, et chercher en quoi consiste l’une et l’autre, et en quoi
elles diffèrent l’une de l’autre et des autres choses ; s’il a renoncé à
s’enquérir si le roi qui possède de grands trésors est heureux, pour considérer
la royauté et le bonheur ou le malheur humain en général, leur essence
respective et la manière dont l’homme doit naturellement rechercher l’un des
deux et fuir l’autre, quand, sur toutes ces questions, cet homme d’esprit
étroit, âpre et chicanier, est contraint à son tour de donner réponse, il doit
subir alors la peine du talion. La tête lui tourne à se voir suspendu si haut
et, comme il n’a pas l’habitude de regarder du milieu des airs, il est inquiet,
embarrassé, bégayant, et il apprête à rire, non pas à des servantes de Thrace,
ni à aucun autre ignorant, car ils ne s’aperçoivent de rien, mais à tous ceux
qui ont reçu une éducation contraire à celle des esclaves.
Tel est, Théodore, le caractère de l’un et de l’autre. L’un, que tu appelles
philosophe, élevé au sein de la liberté et du loisir, ne doit pas être blâmé
d’avoir l’air d’un homme simple et qui n’est bon à rien quand il se trouve en
face de besognes serviles, quand, par exemple, il ne sait pas empaqueter une
couverture de voyage, assaisonner un plat ou tenir des propos flatteurs. L’autre
est capable de faire tout cela avec dextérité et promptitude, mais il ne sait
pas relever son manteau sur l’épaule droite à la façon d’un homme libre,
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