HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 174

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[174] (174a) καὶ πᾶσαν πάντῃ φύσιν ἐρευνωμένη τῶν ὄντων ἑκάστου ὅλου, εἰς τῶν ἐγγὺς οὐδὲν αὑτὴν συγκαθιεῖσα. (ΘΕΟ.) Πῶς τοῦτο λέγεις, Σώκρατες; (ΣΩ.) Ὥσπερ καὶ Θαλῆν ἀστρονομοῦντα, Θεόδωρε, καὶ ἄνω βλέποντα, πεσόντα εἰς φρέαρ, Θρᾷττά τις ἐμμελὴς καὶ χαρίεσσα θεραπαινὶς ἀποσκῶψαι λέγεται ὡς τὰ μὲν ἐν οὐρανῷ προθυμοῖτο εἰδέναι, τὰ δ´ ἔμπροσθεν αὐτοῦ καὶ παρὰ πόδας λανθάνοι αὐτόν. ταὐτὸν δὲ ἀρκεῖ σκῶμμα ἐπὶ πάντας (174b) ὅσοι ἐν φιλοσοφίᾳ διάγουσι. τῷ γὰρ ὄντι τὸν τοιοῦτον μὲν πλησίον καὶ γείτων λέληθεν, οὐ μόνον ὅτι πράττει, ἀλλ´ ὀλίγου καὶ εἰ ἄνθρωπός ἐστιν τι ἄλλο θρέμμα· τί δέ ποτ´ ἐστὶν ἄνθρωπος καὶ τί τῇ τοιαύτῃ φύσει προσήκει διάφορον τῶν ἄλλων ποιεῖν πάσχειν, ζητεῖ τε καὶ πράγματ´ ἔχει διερευνώμενος. μανθάνεις γάρ που, Θεόδωρε· οὔ; (ΘΕΟ.) Ἔγωγε· καὶ ἀληθῆ λέγεις. (ΣΩ.) Τοιγάρτοι, φίλε, ἰδίᾳ τε συγγιγνόμενος τοιοῦτος (174c) ἑκάστῳ καὶ δημοσίᾳ, ὅπερ ἀρχόμενος ἔλεγον, ὅταν ἐν δικαστηρίῳ που ἄλλοθι ἀναγκασθῇ περὶ τῶν παρὰ πόδας καὶ τῶν ἐν ὀφθαλμοῖς διαλέγεσθαι, γέλωτα παρέχει οὐ μόνον Θρᾴτταις ἀλλὰ καὶ τῷ ἄλλῳ ὄχλῳ, εἰς φρέατά τε καὶ πᾶσαν ἀπορίαν ἐμπίπτων ὑπὸ ἀπειρίας, καὶ ἀσχημοσύνη δεινή, δόξαν ἀβελτερίας παρεχομένη· ἔν τε γὰρ ταῖς λοιδορίαις ἴδιον ἔχει οὐδὲν οὐδένα λοιδορεῖν, ἅτ´ οὐκ εἰδὼς κακὸν οὐδὲν οὐδενὸς ἐκ τοῦ μὴ μεμελετηκέναι· ἀπορῶν (174d) οὖν γελοῖος φαίνεται. ἔν τε τοῖς ἐπαίνοις καὶ ταῖς τῶν ἄλλων μεγαλαυχίαις οὐ προσποιήτως ἀλλὰ τῷ ὄντι γελῶν ἔνδηλος γιγνόμενος ληρώδης δοκεῖ εἶναι. τύραννόν τε γὰρ βασιλέα ἐγκωμιαζόμενον, ἕνα τῶν νομέων, οἷον συβώτην ποιμένα τινα βουκόλον, ἡγεῖται ἀκούειν εὐδαιμονιζόμενον πολὺ βδάλλοντα· δυσκολώτερον δὲ ἐκείνων ζῷον καὶ ἐπιβουλότερον ποιμαίνειν τε καὶ βδάλλειν νομίζει αὐτούς, ἄγροικον δὲ καὶ ἀπαίδευτον ὑπὸ ἀσχολίας οὐδὲν ἧττον τῶν (174e) νομέων τὸν τοιοῦτον ἀναγκαῖον γίγνεσθαι, σηκὸν ἐν ὄρει τὸ τεῖχος περιβεβλημένον. γῆς δὲ ὅταν μυρία πλέθρα ἔτι πλείω ἀκούσῃ ὥς τις ἄρα κεκτημένος θαυμαστὰ πλήθει κέκτηται, πάνσμικρα δοκεῖ ἀκούειν εἰς ἅπασαν εἰωθὼς τὴν γῆν βλέπειν. τὰ δὲ δὴ γένη ὑμνούντων, ὡς γενναῖός τις ἑπτὰ πάππους πλουσίους ἔχων ἀποφῆναι, παντάπασιν ἀμβλὺ καὶ ἐπὶ σμικρὸν ὁρώντων ἡγεῖται τὸν ἔπαινον, [174] scrutant de toute façon toute la nature et chacun des êtres en son entier,
sans jamais s’abaisser à ce qui est près de lui.
(THÉODORE)
Qu’entends-tu par là, Socrate ?
(SOCRATE)
L’exemple de Thalès te le fera comprendre, Théodore. Il observait les astres et,
comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace,
fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu’il s’évertuait à savoir ce
qui se passait dans le ciel, et qu’il ne prenait pas garde à ce qui était devant
lui et à ses pieds. La même plaisanterie s’applique à tous ceux qui passent leur
vie à philosopher. Il est certain, en effet, qu’un tel homme ne connaît ni
proche, ni voisin ; il ne sait pas ce qu’ils font, sait à peine si ce sont des
hommes ou des créatures d’une autre espèce ; mais qu’est-ce que peut être
l’homme et qu’est-ce qu’une telle nature doit faire ou supporter qui la
distingue des autres êtres, voilà ce qu’il cherche et prend peine à découvrir.
Tu comprends, je pense, Théodore ; ne comprends-tu pas ?
(THÉODORE)
Si, et je pense que tu dis vrai.
(SOCRATE)
Voilà donc, ami, comme je le disais en commençant, ce qu’est notre philosophe
dans les rapports privés et publics qu’il a avec ses semblables. Quand il est
forcé de discuter dans un tribunal ou quelque part ailleurs sur ce qui est à ses
pieds et devant ses yeux, il prête à rire non seulement aux servantes de Thrace,
mais encore au reste de la foule, son inexpérience le faisant tomber dans les
puits et dans toute sorte de perplexités. Sa terrible gaucherie le fait passer
pour un imbécile. Dans les assauts d’injures, il ne peut tirer de son cru aucune
injure contre personne, parce qu’il ne connaît aucun vice de qui que ce soit,
faute d’y avoir prêté attention ; alors il reste court et paraît ridicule. Quand
les gens se louent et se vantent, comme on le voit rire, non pour faire
semblant, mais tout de bon, on le prend pour un niais. Entend-il faire l’éloge
d’un tyran ou d’un roi, il s’imagine entendre exalter le bonheur de quelque
pâtre, porcher, berger ou vacher, qui tire beaucoup de lait de son troupeau. Il
croit d’ailleurs que les rois paissent et traient un bétail plus rétif et plus
traître que les bestiaux du pâtre, et que, faute de loisir, ils deviennent tout
aussi grossiers et ignorants que les bergers, renfermés qu’ils sont dans leurs
remparts, comme ceux-ci dans leurs parcs de montagne. Entend-il parler d’un
homme qui possède dix mille plèthres de terre comme d’un homme
prodigieusement riche, il trouve que c’est très peu de chose, habitué qu’il est
à jeter les yeux sur la terre entière. Quant à ceux qui chantent la noblesse et
disent qu’un homme est bien né parce qu’il peut prouver qu’il a sept aïeux
riches, il pense qu’un tel éloge vient de gens qui ont la vue basse et courte,


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Dernière mise à jour : 19/05/2006