HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 173

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[173] πολλάκις δὲ καὶ περὶ ψυχῆς (173a) δρόμος· ὥστ´ ἐξ ἁπάντων τούτων ἔντονοι καὶ δριμεῖς γίγνονται, ἐπιστάμενοι τὸν δεσπότην λόγῳ τε θωπεῦσαι καὶ ἔργῳ ὑπελθεῖν, σμικροὶ δὲ καὶ οὐκ ὀρθοὶ τὰς ψυχάς. τὴν γὰρ αὔξην καὶ τὸ εὐθύ τε καὶ τὸ ἐλευθέριον ἐκ νέων δουλεία ἀφῄρηται, ἀναγκάζουσα πράττειν σκολιά, μεγάλους κινδύνους καὶ φόβους ἔτι ἁπαλαῖς ψυχαῖς ἐπιβάλλουσα, οὓς οὐ δυνάμενοι μετὰ τοῦ δικαίου καὶ ἀληθοῦς ὑποφέρειν, εὐθὺς ἐπὶ τὸ ψεῦδός τε καὶ τὸ ἀλλήλους ἀνταδικεῖν τρεπόμενοι (173b) πολλὰ κάμπτονται καὶ συγκλῶνται, ὥσθ´ ὑγιὲς οὐδὲν ἔχοντες τῆς διανοίας εἰς ἄνδρας ἐκ μειρακίων τελευτῶσι, δεινοί τε καὶ σοφοὶ γεγονότες, ὡς οἴονται. καὶ οὗτοι μὲν δὴ τοιοῦτοι, Θεόδωρε· τοὺς δὲ τοῦ ἡμετέρου χοροῦ πότερον βούλει διελθόντες ἐάσαντες πάλιν ἐπὶ τὸν λόγον τρεπώμεθα, ἵνα μὴ καί, νυνδὴ ἐλέγομεν, λίαν πολὺ τῇ ἐλευθερίᾳ καὶ μεταλήψει τῶν λόγων καταχρώμεθα; (ΘΕΟ.) Μηδαμῶς, Σώκρατες, ἀλλὰ διελθόντες. πάνυ (173c) γὰρ εὖ τοῦτο εἴρηκας, ὅτι οὐχ ἡμεῖς οἱ ἐν τῷ τοιῷδε χορεύοντες τῶν λόγων ὑπηρέται, ἀλλ´ οἱ λόγοι ἡμέτεροι ὥσπερ οἰκέται, καὶ ἕκαστος αὐτῶν περιμένει ἀποτελεσθῆναι ὅταν ἡμῖν δοκῇ· οὔτε γὰρ δικαστὴς οὔτε θεατὴς ὥσπερ ποιηταῖς ἐπιτιμήσων τε καὶ ἄρξων ἐπιστατεῖ παρ´ ἡμῖν. (ΣΩ.) Λέγωμεν δή, ὡς ἔοικεν, ἐπεὶ σοί γε δοκεῖ, περὶ τῶν κορυφαίων· τί γὰρ ἄν τις τούς γε φαύλως διατρίβοντας ἐν φιλοσοφίᾳ λέγοι; οὗτοι δέ που ἐκ νέων πρῶτον μὲν εἰς (173d) ἀγορὰν οὐκ ἴσασι τὴν ὁδόν, οὐδὲ ὅπου δικαστήριον βουλευτήριον τι κοινὸν ἄλλο τῆς πόλεως συνέδριον· νόμους δὲ καὶ ψηφίσματα λεγόμενα γεγραμμένα οὔτε ὁρῶσιν οὔτε ἀκούουσι· σπουδαὶ δὲ ἑταιριῶν ἐπ´ ἀρχὰς καὶ σύνοδοι καὶ δεῖπνα καὶ σὺν αὐλητρίσι κῶμοι, οὐδὲ ὄναρ πράττειν προσίσταται αὐτοῖς. εὖ δὲ κακῶς τις γέγονεν ἐν πόλει, τί τῳ κακόν ἐστιν ἐκ προγόνων γεγονὸς πρὸς ἀνδρῶν γυναικῶν, μᾶλλον αὐτὸν λέληθεν οἱ τῆς θαλάττης λεγόμενοι (173e) χόες. καὶ ταῦτα πάντ´ οὐδ´ ὅτι οὐκ οἶδεν, οἶδεν· οὐδὲ γὰρ αὐτῶν ἀπέχεται τοῦ εὐδοκιμεῖν χάριν, ἀλλὰ τῷ ὄντι τὸ σῶμα μόνον ἐν τῇ πόλει κεῖται αὐτοῦ καὶ ἐπιδημεῖ, δὲ διάνοια, ταῦτα πάντα ἡγησαμένη σμικρὰ καὶ οὐδέν, ἀτιμάσασα πανταχῇ πέτεται κατὰ Πίνδαρον "τᾶς τε γᾶς ὑπένερθε" καὶ τὰ ἐπίπεδα γεωμετροῦσα, "οὐρανοῦ θ´ ὕπερ" ἀστρονομοῦσα, [173] souvent même la vie des orateurs est l’enjeu de la course. Il résulte
de tout cela qu’ils deviennent tendus et âpres, savants à flatter le maître en
paroles et à lui complaire par leurs actions ; mais leurs âmes s’étiolent et
gauchissent ; car la servitude où ils sont astreints leur a ôté la croissance,
la droiture et la liberté, en les forçant à des pratiques tortueuses et en les
exposant, lorsqu’ils étaient encore dans la tendre jeunesse, à de graves dangers
et à de grandes craintes. Ne pouvant les supporter en prenant le parti de la
justice et de la vérité, ils se tournent aussitôt vers le mensonge, ils
répondent à l’injustice par l’injustice, ils se courbent et se fléchissent en
mille manières, en sorte qu’ils passent de l’adolescence à l’âge d’homme avec un
esprit entièrement corrompu, en s’imaginant qu’ils sont devenus habiles et
sages. Et voilà, Théodore, ce que sont les orateurs. Quant à ceux qui font
partie de notre choeur, veux-tu que je te les dépeigne ou que, sans nous y
arrêter, nous retournions à notre sujet, pour ne pas trop abuser de cette
liberté et de ce changement de propos dont nous parlions tout à l’heure ?
(THÉODORE)
Pas du tout, Socrate ; dépeins-les, au contraire. Comme tu l’as fort bien dit,
nous ne sommes pas, nous qui appartenons à ce choeur, aux ordres de
l’argumentation ; c’est, au contraire, l’argumentation qui est à nos ordres et
chacun de nos arguments attend pour être mené à son terme notre bon plaisir. Car
nous n’avons ni juges, ni spectateurs, comme en ont les poètes, qui nous
président, nous censurent et nous commandent.
(SOCRATE)
XXIV. — Puisque c’est ton avis, à ce que je vois, je vais parler des coryphées ;
car à quoi bon faire mention des philosophes médiocres ? Des premiers, il faut
dire d’abord que, dès leur jeunesse, ils ne connaissent pas quel chemin conduit
à l’agora, ni où se trouvent le tribunal, la salle du conseil ou toute autre
salle de réunion publique. Ils n’ont ni yeux, ni oreilles pour les lois et les
décrets proclamés ou écrits. Quant aux brigues des hétairies qui disputent
les charges, aux réunions, aux festins, aux orgies avec accompagnement de
joueuses de flûte, ils n’ont même pas en songe l’idée d’y prendre part. Est-il
arrivé quelque bonheur ou quelque malheur à l’Etat ; un particulier a-t-il
hérité quelque défaut de ses ancêtres, hommes ou femmes, le philosophe n’en a
pas plus connaissance que du nombre des gouttes d’eau de la mer. Il ne sait même
pas qu’il ignore tout cela ; car, s’il s’abstient d’en prendre connaissance, ce
n’est point par gloriole, c’est que réellement son corps seul est présent et
séjourne dans la ville, tandis que sa pensée, considérant tout cela avec dédain
comme des choses mesquines et sans valeur, promène partout son vol, comme dit
Pindare, sondant les abîmes de la terre et mesurant l’étendue de sa surface,
poursuivant les astres par-delà le ciel,


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Dernière mise à jour : 19/05/2006