[157] αὐτὸ μὲν καθ´ (157a) αὑτὸ μηδὲν εἶναι, ὃ δὴ καὶ τότε ἐλέγομεν,
ἐν δὲ τῇ πρὸς ἄλληλα ὁμιλίᾳ πάντα γίγνεσθαι καὶ παντοῖα ἀπὸ τῆς
κινήσεως, ἐπεὶ καὶ τὸ ποιοῦν εἶναί τι καὶ τὸ πάσχον αὐτῶν
ἐπὶ ἑνὸς νοῆσαι, ὥς φασιν, οὐκ εἶναι παγίως. οὔτε γὰρ
ποιοῦν ἐστί τι πρὶν ἂν τῷ πάσχοντι συνέλθῃ, οὔτε πάσχον
πρὶν ἂν τῷ ποιοῦντι· τό τέ τινι συνελθὸν καὶ ποιοῦν ἄλλῳ
αὖ προσπεσὸν πάσχον ἀνεφάνη. ὥστε ἐξ ἁπάντων τούτων,
ὅπερ ἐξ ἀρχῆς ἐλέγομεν, οὐδὲν εἶναι ἓν αὐτὸ καθ´ αὑτό, ἀλλά
(157b) τινι ἀεὶ γίγνεσθαι, τὸ δ´ εἶναι πανταχόθεν ἐξαιρετέον, οὐχ
ὅτι ἡμεῖς πολλὰ καὶ ἄρτι ἠναγκάσμεθα ὑπὸ συνηθείας καὶ
ἀνεπιστημοσύνης χρῆσθαι αὐτῷ. τὸ δ´ οὐ δεῖ, ὡς ὁ τῶν
σοφῶν λόγος, οὔτε τι συγχωρεῖν οὔτε του οὔτ´ ἐμοῦ οὔτε
τόδε οὔτ´ ἐκεῖνο οὔτε ἄλλο οὐδὲν ὄνομα ὅτι ἂν ἱστῇ, ἀλλὰ
κατὰ φύσιν φθέγγεσθαι γιγνόμενα καὶ ποιούμενα καὶ ἀπολλύμενα
καὶ ἀλλοιούμενα· ὡς ἐάν τί τις στήσῃ τῷ λόγῳ,
εὐέλεγκτος ὁ τοῦτο ποιῶν. δεῖ δὲ καὶ κατὰ μέρος οὕτω
λέγειν καὶ περὶ πολλῶν ἁθροισθέντων, ᾧ δὴ ἁθροίσματι
(157c) ἄνθρωπόν τε τίθενται καὶ λίθον καὶ ἕκαστον ζῷόν τε καὶ
εἶδος. ταῦτα δή, ὦ Θεαίτητε, ἆρ´ ἡδέα δοκεῖ σοι εἶναι, καὶ
γεύοιο ἂν αὐτῶν ὡς ἀρεσκόντων;
(ΘΕΑΙ.) Οὐκ οἶδα ἔγωγε, ὦ Σώκρατες· καὶ γὰρ οὐδὲ περὶ
σοῦ δύναμαι κατανοῆσαι πότερα δοκοῦντά σοι λέγεις αὐτὰ ἢ
ἐμοῦ ἀποπειρᾷ.
(ΣΩ.) Οὐ μνημονεύεις, ὦ φίλε, ὅτι ἐγὼ μὲν οὔτ´ οἶδα οὔτε
ποιοῦμαι τῶν τοιούτων οὐδὲν ἐμόν, ἀλλ´ εἰμὶ αὐτῶν ἄγονος,
σὲ δὲ μαιεύομαι καὶ τούτου ἕνεκα ἐπᾴδω τε καὶ παρατίθημι
(157d) ἑκάστων τῶν σοφῶν ἀπογεύσασθαι, ἕως ἂν εἰς φῶς τὸ σὸν
δόγμα συνεξαγάγω· ἐξαχθέντος δὲ τότ´ ἤδη σκέψομαι εἴτ´
ἀνεμιαῖον εἴτε γόνιμον ἀναφανήσεται. ἀλλὰ θαρρῶν καὶ
καρτερῶν εὖ καὶ ἀνδρείως ἀποκρίνου ἃ ἂν φαίνηταί σοι περὶ
ὧν ἂν ἐρωτῶ.
(ΘΕΑΙ.) Ἐρώτα δή.
(ΣΩ.) Λέγε τοίνυν πάλιν εἴ σοι ἀρέσκει τὸ μή τι εἶναι ἀλλὰ
γίγνεσθαι ἀεὶ ἀγαθὸν καὶ καλὸν καὶ πάντα ἃ ἄρτι διῇμεν.
(ΘΕΑΙ.) Ἀλλ´ ἔμοιγε, ἐπειδὴ σοῦ ἀκούω οὕτω διεξιόντος,
θαυμασίως φαίνεται ὡς ἔχειν λόγον καὶ ὑποληπτέον ᾗπερ
διελήλυθας.
(157e) (ΣΩ.) Μὴ τοίνυν ἀπολίπωμεν ὅσον ἐλλεῖπον αὐτοῦ. λείπεται
δὲ ἐνυπνίων τε πέρι καὶ νόσων τῶν τε ἄλλων καὶ
μανίας, ὅσα τε παρακούειν ἢ παρορᾶν ἤ τι ἄλλο παραισθάνεσθαι
λέγεται. οἶσθα γάρ που ὅτι ἐν πᾶσι τούτοις
ὁμολογουμένως ἐλέγχεσθαι δοκεῖ ὃν ἄρτι διῇμεν λόγον,
| [157] rien n’est tel en soi et par soi, comme nous le disions tout à l’heure ;
c’est dans leurs approches mutuelles que toutes choses naissent du
mouvement sous des formes de toutes sortes, car il est, nous disent-ils,
impossible de concevoir fermement l’élément actif et l’élément passif comme
existant séparément, parce qu’il n’y a pas d’élément actif, avant qu’il soit uni
à l’élément passif, et ce qui, dans telle rencontre, a été agent, apparaît comme
patient, en s’unissant à autre chose. Il résulte de tout cela, comme nous le
disions au début, que rien n’est un en soi, qu’une chose devient toujours pour
une autre et qu’il faut retirer de partout le mot être, bien que nous-mêmes nous
ayons été forcés souvent, et tout à l’heure encore, par l’habitude et
l’ignorance, de nous servir de ce terme. Mais il ne faut pas, disent les sages,
concéder qu’on puisse dire « quelque chose », ou « de quelqu’un », ou « de moi
», ou « ceci », ou « cela », ou tout autre mot qui fixe les choses ; il faut
dire, en accord avec la nature, qu’elles « sont en train de devenir, de se
faire, de se détruire, de s’altérer » ; car si, par sa façon de parler, on
représente une chose comme stable, on s’expose ainsi à être aisément réfuté. Il
faut donc suivre cette règle et à propos des objets particuliers et à propos de
collections d’objets nombreux, auxquelles on donne le nom d’homme, de pierre,
d’animal et d’espèce. Trouves-tu ces théories plaisantes, Théétète, et
sont-elles de ton goût ?
(THÉÉTÈTE)
Je ne sais pas, moi, Socrate ; car je ne puis même pas deviner si toi-même tu
parles selon ta pensée ou pour m’éprouver.
(SOCRATE)
Ne te souviens-tu pas, mon ami, que moi-même je ne sais ni ne m’approprie rien
de tout cela, qu’à cet égard je suis stérile, que c’est toi que j’accouche et
que, dans cette vue, j’ai recours aux enchantements et te sers les opinions de
chaque sage pour que tu les goûtes, jusqu’à ce que, grâce à mon aide, tu aies
mis ta propre opinion au jour ? Quand elle y sera, j’examinerai alors si c’est
du vent ou un produit de bon aloi. Sois donc confiant et patient et réponds
librement et bravement ce qui te paraîtra vrai sur ce que j’ai à te demander.
(THÉÉTÈTE)
Tu n’as qu’à m’interroger.
(SOCRATE)
XIII. — Dis-moi donc encore une fois si tu souscris à l’opinion que rien
n’existe, mais que le bien, le beau et tout ce que j’ai énuméré tout à l’heure
est dans un perpétuel devenir.
(THÉÉTÈTE)
Pour ma part, lorsque je t’entends exposer cette opinion, elle me paraît
merveilleusement fondée en raison, et qu’il faut l’accepter comme tu l’as
présentée.
(SOCRATE)
Maintenant il y a une lacune à combler dans mon exposé. Il reste à parler des
songes, des maladies, notamment de la folie et de ce qu’on appelle entendre,
voir, en un mot sentir de travers. Tu sais, j’imagine, qu’on s’accorde à voir
dans tous ces états la preuve de la fausseté du système que je viens d’exposer,
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