[62] LXII (113d) Τούτων δὲ οὕτως πεφυκότων, ἐπειδὰν ἀφίκωνται οἱ
τετελευτηκότες εἰς τὸν τόπον οἷ ὁ δαίμων ἕκαστον κομίζει, πρῶτον μὲν
διεδικάσαντο οἵ τε καλῶς καὶ ὁσίως βιώσαντες καὶ οἱ μή. Καὶ οἳ μὲν ἂν
δόξωσι μέσως βεβιωκέναι, πορευθέντες ἐπὶ τὸν Ἀχέροντα, ἀναβάντες ἃ δὴ
αὐτοῖς ὀχήματά ἐστιν, ἐπὶ τούτων ἀφικνοῦνται εἰς τὴν λίμνην, καὶ ἐκεῖ
οἰκοῦσί τε καὶ καθαιρόμενοι τῶν τε ἀδικημάτων διδόντες δίκας ἀπολύονται,
εἴ τίς τι ἠδίκηκεν, τῶν τε εὐεργεσιῶν (113e) τιμὰς φέρονται κατὰ τὴν ἀξίαν
ἕκαστος· οἳ δ᾽ ἂν δόξωσιν ἀνιάτως ἔχειν διὰ τὰ μεγέθη τῶν ἁμαρτημάτων, ἢ
ἱεροσυλίας πολλὰς καὶ μεγάλας ἢ φόνους ἀδίκους καὶ παρανόμους πολλοὺς
ἐξειργασμένοι ἢ ἄλλα ὅσα τοιαῦτα τυγχάνει ὄντα, τούτους δὲ ἡ προσήκουσα
μοῖρα ῥίπτει εἰς τὸν Τάρταρον, ὅθεν οὔποτε ἐκβαίνουσιν. Οἳ δ᾽ ἂν ἰάσιμα μὲν
μεγάλα δὲ δόξωσιν ἡμαρτηκέναι ἁμαρτήματα, οἷον πρὸς πατέρα ἢ μητέρα
(114a) ὑπ᾽ ὀργῆς βίαιόν τι πράξαντες, καὶ μεταμέλον αὐτοῖς τὸν ἄλλον βίον
βιῶσιν, ἢ ἀνδροφόνοι τοιούτῳ τινὶ ἄλλῳ τρόπῳ γένωνται, τούτους δὲ
ἐμπεσεῖν μὲν εἰς τὸν Τάρταρον ἀνάγκη, ἐμπεσόντας δὲ αὐτοὺς καὶ ἐνιαυτὸν
ἐκεῖ γενομένους ἐκβάλλει τὸ κῦμα, τοὺς μὲν ἀνδροφόνους κατὰ τὸν
Κωκυτόν, τοὺς δὲ πατραλοίας καὶ μητραλοίας κατὰ τὸν Πυριφλεγέθοντα·
ἐπειδὰν δὲ φερόμενοι γένωνται κατὰ τὴν λίμνην τὴν Ἀχερουσιάδα, ἐνταῦθα
βοῶσί τε καὶ καλοῦσιν, οἱ μὲν οὓς ἀπέκτειναν, οἱ δὲ οὓς ὕβρισαν, καλέσαντες
δ᾽ ἱκετεύουσι (114b) καὶ δέονται ἐᾶσαι σφᾶς ἐκβῆναι εἰς τὴν λίμνην καὶ
δέξασθαι, καὶ ἐὰν μὲν πείσωσιν, ἐκβαίνουσί τε καὶ λήγουσι τῶν κακῶν, εἰ δὲ
μή, φέρονται αὖθις εἰς τὸν Τάρταρον καὶ ἐκεῖθεν πάλιν εἰς τοὺς ποταμούς,
καὶ ταῦτα πάσχοντες οὐ πρότερον παύονται πρὶν ἂν πείσωσιν οὓς ἠδίκησαν·
αὕτη γὰρ ἡ δίκη ὑπὸ τῶν δικαστῶν αὐτοῖς ἐτάχθη. Οἳ δὲ δὴ ἂν δόξωσι
διαφερόντως πρὸς τὸ ὁσίως βιῶναι, οὗτοί εἰσιν οἱ τῶνδε μὲν τῶν τόπων τῶν
ἐν τῇ γῇ ἐλευθερούμενοί τε καὶ ἀπαλλαττόμενοι (114c) ὥσπερ δεσμωτηρίων,
ἄνω δὲ εἰς τὴν καθαρὰν οἴκησιν ἀφικνούμενοι καὶ ἐπὶ γῆς οἰκιζόμενοι.
τούτων δὲ αὐτῶν οἱ φιλοσοφίᾳ ἱκανῶς καθηράμενοι ἄνευ τε σωμάτων ζῶσι
τὸ παράπαν εἰς τὸν ἔπειτα χρόνον, καὶ εἰς οἰκήσεις ἔτι τούτων καλλίους
ἀφικνοῦνται, ἃς οὔτε ῥᾴδιον δηλῶσαι οὔτε ὁ χρόνος ἱκανὸς ἐν τῷ παρόντι.
Ἀλλὰ τούτων δὴ ἕνεκα χρὴ ὧν διεληλύθαμεν, ὦ Σιμμία, πᾶν ποιεῖν ὥστε
ἀρετῆς καὶ φρονήσεως ἐν τῷ βίῳ μετασχεῖν· καλὸν γὰρ τὸ ἆθλον καὶ ἡ ἐλπὶς
μεγάλη.
| [62] LXII. — Telle est la disposition de ces fleuves. Quand les morts sont arrivés à l’endroit
où leur démon respectif les amène, ils sont d’abord jugés, aussi bien ceux qui ont mené
une vie honnête et pieuse que ceux qui ont mal vécu. Ceux qui sont reconnus pour avoir
tenu l’entre-deux dans leur conduite, se dirigent vers l’Achéron, s’embarquent en des
nacelles qui les attendent et les portent au marais Achérousiade. Ils y habitent et s’y
purifient ; s’ils ont commis des injustices, ils en portent la peine et sont absous ; s’ils ont
fait de bonnes actions, ils en obtiennent la récompense, chacun suivant son mérite. Ceux
qui sont regardés comme incurables à cause de l’énormité de leurs crimes, qui ont
commis de nombreux et graves sacrilèges, de nombreux homicides contre la justice et la
loi, ou tout autre forfait du même genre, à ceux-là leur lot c’est d’être précipités dans le
Tartare, d’où ils ne sortent jamais. Ceux qui sont reconnus pour avoir commis des
fautes expiables, quoique grandes, par exemple ceux qui, dans un accès de colère, se sont
livrés à des voies de fait contre leur père ou leur mère et qui ont passé le reste de leur vie
dans le repentir, ou qui ont commis un meurtre dans des conditions similaires, ceux-là
doivent nécessairement être précipités dans le Tartare ; mais lorsque après y être
tombés, ils y ont passé un an, le flot les rejette, les meurtriers dans le Cocyte, ceux qui
ont porté la main sur leur père ou leur mère dans le Pyriphlégéthon. Quand le courant
les a portés au bord du marais Achérousiade, ils appellent à grands cris, les uns ceux
qu’ils ont tués, les autres ceux qu’ils ont violentés, puis ils les supplient et les conjurent
de leur permettre de déboucher dans le marais et de les recevoir. S’ils les fléchissent, ils
y entrent et voient la fin de leurs maux, sinon, ils sont de nouveau emportés dans le
Tartare, et de là dans les fleuves, et leur punition continue jusqu’à ce qu’ils aient fléchi
ceux qu’ils ont maltraités ; car telle est la peine qui leur a été infligée par les juges. Enfin
ceux qui se sont distingués par la sainteté de leur vie et qui sont reconnus pour tels,
ceux-là sont exemptés de ces séjours souterrains et délivrés de cet emprisonnement ; ils
montent dans une demeure pure et habitent sur la terre. Et parmi ceux-là mêmes, ceux
qui se sont entièrement purifiés par la philosophie vivent à l’avenir absolument sans
corps et vont dans des demeures encore plus belles que les autres. Mais il n’est pas facile
de les décrire et le temps qui me reste à cette heure n’y suffirait pas.
Ce que je viens d’exposer, Simmias, nous oblige à tout faire pour acquérir la vertu et la
sagesse pendant cette vie ; car le prix est beau et l’espérance est grande.
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